ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 526 Forrige Næste
474 L’EXPOSITION DE BRUXELLES pas, nous l’avouons, à discerner les avantages. Cela est affaire de fourmis. D’autres pensionnaires de l’insectarium pos- sèdent des formes de l intelligence moins vives et plus mystérieuses que les manifestations que nous en donnent les fourmis. Par exemple, quand vous aurez trouvé la cage de verre qui referme la chenille ourapterix sambucaria, il y a fort à parier que vous n’apercevrez dans la cage qu’un bouquet de branches de lierre. La chenille s’y trouve cependant. Suivez d’un œil attentif les rameaux bruns, vous en ren- contrerez quelques - uns qui ont l’air d’être cassés vers le bout, à cinq centi- mètres du tronc d’attache : ce sont les chenilles qui se tiennent toutes raides, dans leur robe, offrant les apparences de l’écorce avec ses rugosités et ses taches. Ces exemples bien connus de mimétisme sont encore une forme de l’intelligence dont on a cherché à rendre compte, un peu en vain. Certes, la che- nille qui ressemblera le plus à la feuille ou à la branche de la plante sur la- quelle elle vit, est aussi celle qui aura, semble-t-il, le plus de chance de n’être pas aperçue par ses ennemis les oiseaux, et qui, par conséquent, perpétuera son espèce, avec son avantageuse ressem- blance. Cette explication laisse encore bien de la place au mystère : on ne constate pas que les espèces dépourvues de mimétisme soient en posture moins bonne que les autres par rapport à la pullulation. Alors quoi ? Nous ne savons pas encore grand’chose, et la plus belle conséquence de nos ignorances relatives, c’est qu’il y a dans l’avenir de bien longs jours encore pour les organisa- teurs des expositions comme celle-ci, consacrées aux progrès des sciences et de l’industrie. Un second exemple de mi- métisme, appliqué plus particulièrement cette fois à la couleur seule, nous est offert, dans les petites cages, par la dendrvlinus pini, qui fréquente, comme son nom l’indique, les bois de pins, où elle cause de grands ravages : cette che- nille imite, dans sa robe soyeuse d’un roux foncé, les longues efflorescences terminales des pins. Pour les amateurs de la nature qui voudraient se donner le plaisir d'élever sous leurs yeux des chenilles dans de coquettes petites boîtes pour les voir se transformer en chrysalides d’où s’échap- peront de ravissants papillons, n’oublions pas d’ajouter pour ces amateurs un détail peu connu, c’est qu’il faut avoir grand soin de renouveler tous les deux jours le bouquet de branches des vases. D’autres cages de l’insectarium hollandais nous montrent que nous n’avons pas que des ennemis dans la nature. Des amis, sans le savoir et qu’il faut connaître, protègent indirectement les biens que nous confions à la terre. Un magnifique coléoptère, le calosoma sycophanta, à reflets verts et rouges, décore ici de l’éclat des plus belles corolles, le petit parterre de sable qui en contient quelques spécimens brillants. Enfermé de la tête à la queue, du dos au ventre, dans son armure étincelante, ce carabe parcourt à longues enjambées les champs, les chemins, les bois, où il rencontre les chenilles de pin, ou les chrysalides de ces chenilles ,- il les saisit qlors et enfonce près de la nuque ses fortes mâchoires. Il faut le voir au combat avec un verre de terre ; si la lutte avait lieu entre des adversaires plus grands, ce serait un spectacle digne des cirques romains ! Après celui-là, qui est un grand tueur brutal, voici un tueur raffiné, aux procédés merveilleux. Il a l’allure élégante de presque tous les hymé- noptères, une des familles entomologiques les plus intelligentes et les plus industrieuses. Il a corselet léger, quatre ailes vitreuses, la taille déliée comme un fil, l’abdomen allongé, terminé UNE FOURMILIÈRE. par un dard. Ce dard, fin comme un cheveu, est creux à l'intérieur, de façon, chez la femelle, à donner passage à un œuf. L’époque de la ponte est-elle arrivée, la femelle de Vichneumon cherche une chenille de belle santé, lui saute sur le dos, s’y cramponne un moment et de son dard cherche vivement le point d’intersection d’une paire d’anneaux, là où la peau est plus tendre. La place trouvée, le dard se raidit, crève la peau, enfonce, l’oeuf est logé dans le corps de la chenille vivante. Celle-ci ne se doute de rien, une fois l'hymenoptère envolé, fouette une ou deux fois l’air de sa queue et se remet à manger. En effet, pour elle ni douleur subséquente ni danger et cependant elle porte la mort. Elle ne connaîtra jamais les ailes et la vie de papil- lon. Que va-t-il arriver ? Les chrysalides de machaon, que nous voyons dans l’insectarium, coques vides à côté des turbulents ichneumon, nous l’apprennent. Voici ce qui se passe. La che- nille qui porte l’œuf d’ichneumon continue son développement normal, sans accident ; la voici adulte, elle file son attache de soie et se trans- forme. Elle devient chrysalide. Alors seulement les choses changent. Voici que de l’œuf enfermé dans la chrysalide sort une larve, un petit ver remuant et fragile qui naît en plein garde- manger ! De quelque côté qu'il se tourne il n’a qu’à ouvrir les mandibules pour déguster, sucer la chair vivante de la chrysalide. Bien entendu, le petit ver est très savant. Il ne s’attaque pas aux parties vitales de la proie où il est si bien logé, il aspire les jus, les sucs et ne s’attaque aux parties importantes que vers les derniers jours. Alors, lui-même est adulte. Il cesse de manger, car il n’a plus autour de lui qu’une coque vide ! Sa larve se transforme dans son habitacle ; bien au chaud, bien protégée, elle devient insecte parfait. Et voilà par quel miracle on voit un jour une chry- salide de papillon donner l’essor à un... ichneumon ! C’est autant de gagné pour les bourgeons des arbres. Des bocaux d’eau limpide enferment le monde des eaux ; on y voit de lentes larves et d’agiles coléoptères mêlés aux serpentements souples des plantes aqua- tiques aux fines colorations. Ici, ce sont les paisibles hydrophiles, végétariens ; là, à peu près de même forme et plus petits, ce sont les acilius, carnivores, mangeurs de petits vers et de cadavres de petits poissons ; carnivores avides sont encore, dans ce vase, les notonecta glaucus, prêts à manger tout ce qu’ils rencontrent de vivant, pourvu que la proie soit plus petite qu’eux. De la di- mension d’un grain de café, ils passent leur vie dans la position bizarre, Je ventre en l’air, soit qu’ils chauffent leur abdomen au soleil en se laissant flotter, soit qu’ils descendent se rafraîchir dans les forêts aquatiques, suspendus aux branchages. Les larves de libellules ou demoi- selles font aussi partie de ce monde aquatique ; en voici une, elle semble à l’affût sous les lentilles d’eau ; elle est vive, bien que sans ailes encore, et re- garde se trémousser sous ses gros yeux des larves de mouche. Les trichoptères méritent aussi notre attention. Ces larves industrieuses, na- turellement nues, se confectionnent de petits vêtements cylindriques, tout à fait semblables aux fourreaux de laine de nos mites. Ceux des tricoptères se composent seulement de fragments de plantes, de petites coquilles, d’opercules agglutinés, formant des cylindres à cinq plans que la larve, très agile, traîne partout avec elle, comme une coquille, sans sortir de sa gaine jamais plus d'à moitié. Elle s’y pré- serve des dangers de l’existence jusqu’au jour de sa métamorphose, où elle sort des eaux insecte ailé et radieux. Un original solitaire dans son bocal, le ranatra linearis. Au lieu de respirer comme tout le monde par la bouche ou par des branchies, c’est par derrière qu’il respire ! Tranquillement posé sur un rameau aquatique à plusieurs cen- timètres sous la surface de l’eau, un tuyau de scaphandrier, singulièrement appliqué, relie ses voies respiratoires à l’air libre I Cet insectarium est digne de tous les éloges, autant pour l’ingéniosité de l’idée que par sa réalisation pittoresque. On ne saurait trop attirer l’attention des hommes sur les rapports qui unissent constamment leurs entreprises et le torrent de la vie universelle, toujours prêt à détruire si l’œil ne veille.