Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
pas, nous l’avouons, à discerner les avantages.
Cela est affaire de fourmis.
D’autres pensionnaires de l’insectarium pos-
sèdent des formes de l intelligence moins vives
et plus mystérieuses que les manifestations que
nous en donnent les fourmis. Par exemple,
quand vous aurez trouvé la cage de verre qui
referme la chenille ourapterix sambucaria, il y
a fort à parier que vous n’apercevrez dans la
cage qu’un bouquet de branches de lierre. La
chenille s’y trouve cependant. Suivez d’un œil
attentif les rameaux bruns, vous en ren-
contrerez quelques - uns qui ont l’air
d’être cassés vers le bout, à cinq centi-
mètres du tronc d’attache : ce sont les
chenilles qui se tiennent toutes raides,
dans leur robe, offrant les apparences
de l’écorce avec ses rugosités et ses
taches. Ces exemples bien connus de
mimétisme sont encore une forme de
l’intelligence dont on a cherché à rendre
compte, un peu en vain. Certes, la che-
nille qui ressemblera le plus à la feuille
ou à la branche de la plante sur la-
quelle elle vit, est aussi celle qui aura,
semble-t-il, le plus de chance de n’être
pas aperçue par ses ennemis les oiseaux,
et qui, par conséquent, perpétuera son
espèce, avec son avantageuse ressem-
blance. Cette explication laisse encore
bien de la place au mystère : on ne
constate pas que les espèces dépourvues
de mimétisme soient en posture moins
bonne que les autres par rapport à la
pullulation. Alors quoi ? Nous ne savons
pas encore grand’chose, et la plus belle
conséquence de nos ignorances relatives,
c’est qu’il y a dans l’avenir de bien
longs jours encore pour les organisa-
teurs des expositions comme celle-ci,
consacrées aux progrès des sciences et de
l’industrie. Un second exemple de mi-
métisme, appliqué plus particulièrement
cette fois à la couleur seule, nous est
offert, dans les petites cages, par la
dendrvlinus pini, qui fréquente, comme
son nom l’indique, les bois de pins, où
elle cause de grands ravages : cette che-
nille imite, dans sa robe soyeuse d’un
roux foncé, les longues efflorescences terminales
des pins.
Pour les amateurs de la nature qui voudraient
se donner le plaisir d'élever sous leurs yeux des
chenilles dans de coquettes petites boîtes pour les
voir se transformer en chrysalides d’où s’échap-
peront de ravissants papillons, n’oublions pas
d’ajouter pour ces amateurs un détail peu connu,
c’est qu’il faut avoir grand soin de renouveler
tous les deux jours le bouquet de branches des
vases.
D’autres cages de l’insectarium hollandais nous
montrent que nous n’avons pas que des ennemis
dans la nature. Des amis, sans le savoir et qu’il
faut connaître, protègent indirectement les biens
que nous confions à la terre. Un magnifique
coléoptère, le calosoma sycophanta, à reflets
verts et rouges, décore ici de l’éclat des plus
belles corolles, le petit parterre de sable qui en
contient quelques spécimens brillants. Enfermé
de la tête à la queue, du dos au ventre, dans
son armure étincelante, ce carabe parcourt à
longues enjambées les champs, les chemins, les
bois, où il rencontre les chenilles de pin, ou
les chrysalides de ces chenilles ,- il les saisit
qlors et enfonce près de la nuque ses fortes
mâchoires. Il faut le voir au combat avec un
verre de terre ; si la lutte avait lieu entre des
adversaires plus grands, ce serait un spectacle
digne des cirques romains !
Après celui-là, qui est un grand tueur brutal,
voici un tueur raffiné, aux procédés merveilleux.
Il a l’allure élégante de presque tous les hymé-
noptères, une des familles entomologiques les
plus intelligentes et les plus industrieuses. Il
a corselet léger, quatre ailes vitreuses, la taille
déliée comme un fil, l’abdomen allongé, terminé
UNE FOURMILIÈRE.
par un dard. Ce dard, fin comme un cheveu,
est creux à l'intérieur, de façon, chez la femelle,
à donner passage à un œuf. L’époque de la
ponte est-elle arrivée, la femelle de Vichneumon
cherche une chenille de belle santé, lui saute sur
le dos, s’y cramponne un moment et de son dard
cherche vivement le point d’intersection d’une
paire d’anneaux, là où la peau est plus tendre.
La place trouvée, le dard se raidit, crève la peau,
enfonce, l’oeuf est logé dans le corps de la
chenille vivante. Celle-ci ne se doute de rien,
une fois l'hymenoptère envolé, fouette une ou
deux fois l’air de sa queue et se remet à manger.
En effet, pour elle ni douleur subséquente ni
danger et cependant elle porte la mort. Elle
ne connaîtra jamais les ailes et la vie de papil-
lon. Que va-t-il arriver ? Les chrysalides de
machaon, que nous voyons dans l’insectarium,
coques vides à côté des turbulents ichneumon,
nous l’apprennent. Voici ce qui se passe. La che-
nille qui porte l’œuf d’ichneumon continue son
développement normal, sans accident ; la voici
adulte, elle file son attache de soie et se trans-
forme. Elle devient chrysalide. Alors seulement
les choses changent. Voici que de l’œuf enfermé
dans la chrysalide sort une larve, un petit ver
remuant et fragile qui naît en plein garde-
manger ! De quelque côté qu'il se tourne il n’a
qu’à ouvrir les mandibules pour déguster, sucer
la chair vivante de la chrysalide. Bien entendu,
le petit ver est très savant. Il ne s’attaque pas
aux parties vitales de la proie où il est si bien
logé, il aspire les jus, les sucs et ne s’attaque
aux parties importantes que vers les derniers
jours. Alors, lui-même est adulte. Il cesse de
manger, car il n’a plus autour de lui qu’une
coque vide ! Sa larve se transforme dans son
habitacle ; bien au chaud, bien protégée,
elle devient insecte parfait. Et voilà par
quel miracle on voit un jour une chry-
salide de papillon donner l’essor à un...
ichneumon ! C’est autant de gagné pour
les bourgeons des arbres.
Des bocaux d’eau limpide enferment
le monde des eaux ; on y voit de lentes
larves et d’agiles coléoptères mêlés aux
serpentements souples des plantes aqua-
tiques aux fines colorations. Ici, ce sont
les paisibles hydrophiles, végétariens ;
là, à peu près de même forme et plus
petits, ce sont les acilius, carnivores,
mangeurs de petits vers et de cadavres
de petits poissons ; carnivores avides sont
encore, dans ce vase, les notonecta
glaucus, prêts à manger tout ce qu’ils
rencontrent de vivant, pourvu que la
proie soit plus petite qu’eux. De la di-
mension d’un grain de café, ils passent
leur vie dans la position bizarre, Je
ventre en l’air, soit qu’ils chauffent leur
abdomen au soleil en se laissant flotter,
soit qu’ils descendent se rafraîchir dans
les forêts aquatiques, suspendus aux
branchages.
Les larves de libellules ou demoi-
selles font aussi partie de ce monde
aquatique ; en voici une, elle semble à
l’affût sous les lentilles d’eau ; elle est
vive, bien que sans ailes encore, et re-
garde se trémousser sous ses gros yeux
des larves de mouche.
Les trichoptères méritent aussi notre
attention. Ces larves industrieuses, na-
turellement nues, se confectionnent de
petits vêtements cylindriques, tout à fait
semblables aux fourreaux de laine de nos mites.
Ceux des tricoptères se composent seulement
de fragments de plantes, de petites coquilles,
d’opercules agglutinés, formant des cylindres à
cinq plans que la larve, très agile, traîne partout
avec elle, comme une coquille, sans sortir de
sa gaine jamais plus d'à moitié. Elle s’y pré-
serve des dangers de l’existence jusqu’au jour
de sa métamorphose, où elle sort des eaux
insecte ailé et radieux.
Un original solitaire dans son bocal, le ranatra
linearis. Au lieu de respirer comme tout le
monde par la bouche ou par des branchies,
c’est par derrière qu’il respire ! Tranquillement
posé sur un rameau aquatique à plusieurs cen-
timètres sous la surface de l’eau, un tuyau de
scaphandrier, singulièrement appliqué, relie ses
voies respiratoires à l’air libre I
Cet insectarium est digne de tous les éloges,
autant pour l’ingéniosité de l’idée que par sa
réalisation pittoresque. On ne saurait trop attirer
l’attention des hommes sur les rapports qui
unissent constamment leurs entreprises et le
torrent de la vie universelle, toujours prêt à
détruire si l’œil ne veille.