Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

L’EXPOSITION DE BRUXELLES 79 L’Exposition des Beaux=Arts. L’inauguration solennelle de l’exposition des Beaux-Arts a eu lieu mercredi après-midi, au palais du Cinquantenaire. Parmi la foule des officiels qui attendaient l’arrivée du Souverain, on notait les ministres Schollaert, Davignon, Hubert, Renkin, Helle- putte, MM. de Favereau, Carton de Wiartj, Hymans, Michel Levie, le président du Sénat vicomte Simonis, MM. le baron Janssen et Dupret, du Comité exécutif, les ministres de la plupart des nations représentées à Bruxelles, les commissaires-généraux des diverses sections de l’Exposition. Vers 2 h. 1/2, MM. Schollaert, Beernaert et les membres du comité organisateur se sont dirigés vers l’entrée de l’avenue des Nerviens au devant du Roi et de la Reine. Quelques minutes se pas èrent, et des cris de: « Vive le Roi! Vive la Reine! » bientôt s’élevaient. Le Roi, en grande tenue de lieutenant général, la Reine, en toilette noire, corsage gris rehaussé de dentelles, manteau noir couvert de broderies ct grand chapeau à plumes faisaient leur entrée, suivis d’un nombreux cortège dans lequel le comte Jean de Mérode, le colonel baron de Moor, MM. le baron Beyens, le comte de Briey, Godefroid et Ingenbleck. Dans le salon d’honneur de la section belge, un cercle se formait alors, et M. Schollaert prenait la parole. Après avoir salué les souverains, le chef du cabinet parle éloquemment d’art et finit en souhaitant la bienvenue aux artistes. M. Frantz Courtens, président du jury, prend la parole à son tour et s’exprime en ces termes : « Sire, Madame, » Les artistes belges montrent avec con- fiance à Vos Majestés les fruits de leur labeur. » Ils n’ont point l’orgueil de croire trop en ce qu’ils ont fait, mais ils sont sûrs de la bienveillance du Roi et de la Reine. » Sire, le jour où, salué par les acclamations, Votre Majesté, prêta le serment constitutionnel, M. DUJARDIN-BEAUMETZ Sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts (France) en formulant ses espoirs, elle disait: « Seules, es forces intellectuelles et morales d’une nation ’condent sa prospérité », ct elle poursuivait en montrant la Belgique clans sa marche vers (s conquêtes pacifiques du travail et de la sc>ence, tandis que les artistes et les écrivains 1 ’landre et de Wallonie sèment le chemin e leurs chefs-d’œuvre. » Sire, nous n’avons pas la prétention de ne vous montrer que des chefs-d’œuvre. Une géné- ration n’en laisse généralement qu’un nombre restreint. Mais, fidèles aux traditions d’une école BEAUX-ARTS. — SALON D’HONNEUR DE LA SECTION FRANÇAISE. glorieuse qui en enfanta beaucoup, nous espé- rons demeurer dignes de ce passé, tout en con- tribuant à exprimer un peu de la sensibilité et des aspirations de notre temps. » Et nous savons que le souverain qui pro- nonça les paroles que je viens de rappeler appré- ciera notre effort. » Madame, » Nous pouvons compter aussi sur la solli- citude de la Reine. Cette sollicitude s’est mani- festée déjà, attentive, passionnée. Elle s’est affir- mée récemment en une visite à l’un des nôtres qui nous a tous émus. » Votre Majesté en a trouvé l’exemple à cette Cour de Bavière où certains d’entre nous re- çurent un accueil dont ils se souviennent avec émotion. » Sire, Madame, » Pour toutes ces raisons nous saluons avec joie, avec confiance et avec respect la venue de Vos Majestés. » Des bravos saluent cette péroraison ; la Reine remercie d’un geste gracieux et ému et le Roi prend la parole. « Je remercie vivement le ministre de ses très aimables paroles. » La Reine et moi nous avons été extrême- ment sensibles, mon cher monsieur Courtens, à votre discours. Il nous est particulièrement agréables de vous rencontrer en cette exposition et vous manifester les sentiments que nous éprouvons pour le grand artiste qui est une des gloires de notre école nationale. » Nous sommes heureux de manifester notre haute sympathie à tous les artistes qui ont exposé ici. » La Belgique a toujours, depuis les temps les plus reculés, été un centre d’art. Depuis 1830, la floraison d’art a été de plus en plus remarquable, formant le corrolaire des succès que remportèrent notre industrie ct notre com- merce. » Et ce m est une joie, au début de mon règne, d’assister au développement du progrès artistique et littéraire dû à nos artistes. » C’est avec plaisir que la Reine et moi nous nous sommes rendus à votre invitation pour vous apporter l’hommage de notre estime et de notre consideration ct favoriser d’une manière constante ceux qui se dévouent au progrès de l’Art et de la Science ! » On acclame cette péroraison dite avec force par le Roi, et le défilé commence à travers les salons. Dans le salon d’honneur de la section fran- çaise, le Roi a été reçu par M. Beau, ministre de France, M. Dujardin-Beaumetz, sous-secré- taire d’Etat aux beaux-arts, MM. Saglio, Chap- sal, Dedet, Gandereau, Faure, Goyer, Davant, Bigart-Fabre et de nombreux artistes français, parmi lesquels MM. Rodin, Lalotix, Giraut, Franz Jourdain, L’Estrangin. M. Beau a présenté le sous-secrétaire des beaux-arts au Roi ct un échange de compli- ments a eu lieu. Puis la visite royale s’est continuée par la section française et les sections de l’Exposition. A 5 heures, les souverains quittaient les beaux-arts, salués par les vivats du public. Le défilé des maiLcoaches. Mardi, à 5 h. 1/2, le nombreux public qui se promenait dans les jardins de l’Exposition a assisté à un spectacle brillant. Le Cercle des « Four in hand » a fait une entrée à sensation. Une douzaine de mail-coa- ches, precedes de piqueurs en livrée rouge, ont pénétré, au trot, dans les jardins et défilé devant la façade principale. Dans ces équipages élé- gants, aux teintes variées, avaient pris place des dames en toilette claire, des officiers et de nombreuses personnalités. Tous les coaches, traînés par de magnifiques chevaux, se sont arrêtés devant Bruxelles-Kermesse. Les proprié- taires ct leurs invités ont pris ensuite le thé dans la grande rotonde du « Chien Vert ». Le Président du Brésil. On annonce que le maréchal Hermes da Fon- seca, président du Brésil, arrivera à Bruxelles le il juin, pour présider à l’inauguration du pavillon brésilien édifié à l’Exposition.