ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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82 L’EXPOSITION DE BRUXELLES curieux de M. Auguste Oleffe, le portrait 'du peintre Jean F. se détachant, en tons hardis sur le décor d’un port animé, dans l’atmosphère vivante d’un ciel gris mais vibrant ; puis, un groupe de femmes et d’enfants réunis autour d’une table. Incontestablement cela est éclairé d’une belle lumière et peint en tonalités vigou- reuses. M. Alfred Bastien tenterait-il de rénover la peinture historique, à tort ou à raison presque abandonnée chez nous ? Son grand tableau re- présentant le Charnier de Waterloo pourrait le faire croi-e. Au premier plan, nous remarquons le fameux chemin creux d’Ohain, rempli de ca- davres d’hommes et de chevaux. Le sang couvre les herbes foulées. C’est le spectacle de la mort dans sa tragique désolation. La campagne s’étend au loin, confondant sa crépusculaire mé- lancolie avec la tristesse d’un ciel nuageux, qui semble partager l’immense douleur de la terre. L’impression ne manque pas de grandeur qui consiste à représenter la catastrophe sur un espace plutôt restreint de la toi e, tandis que la majeure partie est réservée au vaste espace dé- solé, silencieux et sans vie. Pourtant cela crée une dualité dans la sensation visuelle qui nuit peut-être à l’impression totale. Ainsi en la vou- lant créer plus forte, l’artiste l’a-t-il peut-être légèrement troublée, car cette dispersion dans l’effet crée, en somme, une double sensation. Cependant dans la grande ligne de son exécu- tion, cette toile est remarquable et indique chez l’artiste qui sait ainsi modifier sa manière un tempérament curieux. D’ailleurs, l’exposition belge plaît par sa di- versité. Tous les genres y sont réunis, et c’est à peine si l’on pourra reprocher à nos peintres de nous donner trop de paysages. Pourtant, il en est parmi ceux-ci d’excellents. Nous avons parlé des Heymans, nous voudrions dire quel- ques mots des Wytsman. Ces deux peintres, Rodolphe et Juliette Wytsman, ont une vision fleurie et délicieuse. M. Wytsman nous montre la campagne sortant au matin de sa robe de vapeurs bleutées avant de paraître en triompha- trice à nos yeux charmés. Mme Wytsman nous la présente dans toute sa splendeur, chantante et exultante. C’est la joie des vallées en fleurs, l’hymne à l’été resplendissant et toute une gamme de couleurs l’entonne, depuis le jaune éclatant des genêts jusqu’au mauve adouci et un peu mélancolique des hori:ons lointains. Le talent de ces deux artistes se complète très heureusement. Dans une salle voisine, nous rencontrons un tableau de M. Franz Gaillard. La vision de cet artis e est encore enveloppée des lumières de la Grèce, et c’est dans une apothéose de couleurs où les nuances se fondent délicieusement qu’il fait surgir à nos yeux le temple d’Egine. Nous aimons à découvrir cet idéalisme chez nos peintres à qui fut souvent adressé le reproche de matérialiser à l’excès. Cette tendance semble de plus en plus s’affirmer d’ai’leurs parmi un groupe d’artistes. M. Gustave-Max Stevens l’in- dique aussi dans son Annonciation, où des ré- miniscences de Burne-Jones se perçoivent. Le métier n’est pas parfait. Qu’importe ! Nous ne cachons pas la sympathie que nous éprouvons pour ce peintre très artiste. Nous signalerons encore dans une autre note les Brodeuses, de Van Zevenbergen, exécutées dans une jolie note chantante de bleus, puis un Deuil en Gascogne, de Ferdinand Willaert. Nous nous reprocherions de ne pas citer quelques « images ». 11 y en a de très bonnes. Ne les dédaignons pas trop. Les Retires, de Léon Brunin, et la Leçon de pein- ture, de William Geets, peuvent retenir quelques instants notre attention. Une salle entière est réservée à 1’« art monu- mental ». Peut-être cette expression fera-t-elle jef lempoels — - Le Thé sourire ceux qui considérant ces vastes toiles, la prendront au sens littéral du mot. Cependant, elle n’a rien qui nous déplaise si par elle est indiqué plus clairement le but de la peinture. Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que de- viennent les bons tableaux admirés aux expo- sitions ? Quelle galerie publique les recueille ? Quel amateur les achète ? Ils iront, souvent, grossir les réserves d’un musée de province, où personne nè pourra les examiner, ou bien leur destin sera pire encore, et l’artiste, décou- ragé, les reléguera dans un coin de son atelier. Nous voudrions que nos peintres ne perdént pas ainsi le but de leurs efforts et que leur talent se fixât d’une manière plus durable sur les murs de nos monuments. L’art ne doit pas se tenir éloigné de la foule, il ne doit pas rester enfermé dans ces temples écartés qu’on appelle des musées, où l’hommage des fidèles ne lui rend qu’un faible et tardif encens. Puis- qu’il est une représentation de la vie, il doit se confondre avec elle, être présent à ses mani- festations, les accompagner en les anoblissant. Bien des efforts ont été faits en ce sens. Ils doivent être continués, développés. Ainsi notre vie contemporaine si active, si féconde, prendra conscience d’elle-même, de sa tâche très élevée et de sa mission profonde. Il y a deux ans, lorsqu’elle parut à l’Expo- sition du printemps, nous exprimions le désir que la belle fresque décorative de M. Montald, Sub arbore sacro, ornât l’aula d’une de nos universités ou la grande salle d’un édifice consa- cré à la science et au travail. Mais cette toile très vaste, décorative par le nom seul ou plutôt uniquement par le genre auquel elle appartient, ne pourra désormais décorer qu’à grand’peine, car ses dimensions s’accorderont mal avec l’en- droit qu’on lui aurait tardivement assigné. Il est donc désirable que la peinture déco- rative ou monumentale, comme on l’entend, soit de plus en plus encouragée chez nous. Et le meilleur moyen d’y parvenir est de donner aux efforts de nos artistes un but pratique et lo- gique, celui d’orner, de décorer nos édifices. Nous revoyons donc dans la grande salle de la peinture monumentale, avec un plaisir mitigé par la constatation de son manque d’utilité, la belle toile de M. Montald. En face d’elle se détache, remarquable de dessin et de composi- tion, mais d’un coloris malheureusement assez pauvre, une autre fresque bien connue aussi et plus ancienne, l'Ecole de Platon, de M. Jean Delville. Sa présence ici, dans ce local, suggère les mêmes regrets. Cette sorte d’abandon où est laissée chez nous la peinture décorative expliquerait en partie pourquoi les œuvres de ce genre sont si peu nombreuses, si peu neuves en tout cas. En effet, nous retrouvons là les Femmes, l’Abandon, de M. Ciamberlani, la Méditation, les Cinq Sens, de M. Prosper Colmant, la Musique, de M. Lan- gaskens, la Paix divine, de M. Emile Motte, tous morceaux remarquables ou estimables, mais qui n’apportent rien de bien nouveau. Cependant, M. Auguste Lévêque a envoyé deux toiles qui méritent de retenir l’attention ; ce sont l’Escaut et la Lys et les Provinces belges échangeant leurs produit. La conception, bien harmonisée, a de la puissance, les tons de chair ressortent très heureusement. L’artiste semble avoir recherché la difficulté de grouper ses figures de femme dans un mouvement plein de vie et de passion, et il a triomphé de cette difficulté. Le coloris est chaud, vivant, très agréable. Et c’est là tout ce que nous ayons à signaler dans la peinture décorative. Dans le compartiment du Blanc et Noir, nous remarquons les envois des artistes connus et appréciés en ce genre : Auguste Danse, Rassen- fosse, Henry Meunier, Wollès. M. Henri Otte- vaere nous revient avec son Arc-en-ciel sur les polders. M. Fernand Khnoppf semble synthé- tiser dans son triptyque exécuté en souvenir d’œuvres rêvées et perdues (son rêve de préciosité mystique.