Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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Les
Expositions
Leur
BRUXELLES-EXPOSITION
Leur origine
utilité
La PREMIER!: AFFICHE (FRAGMENT)
Parmi les problèmes chers aux érudits, il y a
l’origine des expositions. Ce thcme ^c prête, en
effet, aux plus fantaisistes variations.
Ceux qui ne sont pas remontés plus haut que le
déluge — il faut savoir se borner! — ont voulu
voir le premier grand concours d'animaux — qui
ne dut pas être, sur la fin surtout, un concours de
bêtes grasses! — dans la ménagerie réunie par Noë
dans son arche.
Autant donner l’Eden, de notre mère Eve,
pour origine aux Floralies gantoises!
Les dictionnaires historiques, en lesquels il ne
faut avoir qu’une confiance modérée cependant,
nous apprennent qu’un historien grec du IIe siècle,
du nom d’Athénée, rapporte que sous Ptolémée
Philométor il fut donné une fête pompeuse où un
pharaon avait fait exposer — exposer, le mot v est,
paraît-il — par les marchands de Thèbes et de
Memphis tout ce que l’Egypte produisait de
luxueux.
A partir de cette époque reculée jusqu’aux foires
du moyen âge et de la Renaissance, on ne retrouve
plus que très rarement quelque chose qui res-
semble à une réunion des produits industriels d’une
cité ou d’une nation.
On doit cependant signaler le curieux essai d’ex-
position de produits français à Londres, dont
Louis XI chargea, en 1470, deux marchands , de
Tours, « afin que les habitans dudit royaume
d’Angleterre cogneussent par effect que les Fran-
çois estoient puissans pour les fournir comme les
aultres nacions », et aussi les étalages des mer-
ceries de Venise aux dates solennelles de l'instal-
lation du doge, de la nomination du procurateur.
Ces ’ curieux essais pratiques n’ontque des rap-
ports très éloignés avec nos foires mondiales; aussi
c’est chCz Tes penseurs, chez les théoriciens, que
l’on rétfhuVé, en somme, l’idée première des expo-
sitionsTè't'tétes concours tels que nous les conce-
vons maintenant.
*
* *
Il est convenu de vanter l’activité humaine, ses
pas de géant dans la voie du meilleur devenir, etc.
Ces affirmations flattent notre vanité, ce qui en
explique le succès, mais elles ne sont qu’en
partie vraies. En réalité, l’humanité est misonéiste
et sa paresse d’esprit sans égale. Relisez, pal-
exemple, la Liste des desiderata et questions de
l'Exposition de 1897,ouvrez la Nouvelle Atlantide,
comparez, et vous constaterez que le concours est
la réalisation pratique d’une conception chère à
Bacon.
Le célèbre chancelier, dont le nom vivra plus
longtemps.certainement que celui du chancelier de
fer, frappé de l’éparpillement des efforts intellec-
tuels dans l’humanité, où tant de forces se
dépensent sans profit, avait rêvé de grouper des
phalanges entières, de coordonner tous les tra-
vaux dans une vaste organisation qui aurait assuré
un échange rapide et fécond de toutes les décou-
vertes.
Il avait esquissé son plan en décrivant l’Institut
Salomon de l’ile de Ben Salem, l’Atlantide.
Cette académie possédait dès plagiaires, des col-
lectionneurs, des compilateurs et des lampes.
Les lampes étaient chargées de rechercher les
routes nouvelles. Ce sont les spécialistes, ce sont
les commissions de concours qui enregistrent les
desiderata de la science et de l’industrie.
Mais le rêve de Bacon ne s’arrêtait pas là. Son
académie possédait des tours avec des observa-
toires, de profondes cavernes, des sources artifi-
cielles servant à des expériences, des lacs d’eau
douce et d’eau salée, avec des rochers, des gouffres
et des cataractes; des jardins.et des enclos où l’on
élevait-toutes sortes de plantes' et d’animaux, des
maisons pour la fabrication de toutes sortes d’ali-
ments, boissons et remèdes, des palais pour expé-.
riences d’optique, d’acoustique, de saveurs et
d’odeurs, des machines de tout genre, douées de
forces extraordinaires. , '>
Cette seconde partie du songe de Bacon a été
réalisée par Edison. L’inventeur du phonographe
a établi à Menlo Park, on le sait, un immense ate-
lier, un véritable palais ^expériences, où tout
homme qui a une idée neuve trouve assistance
pécuniaire, aide et conseils pour ses recherches et
ses travaux.
Et qu’est-ce que cet atelier d’inventeur toujours
en activité, sinon une sorte d’exposition perma-
nente, réalisation d’un projet jadis exposé par
Proudhon ?
C’était en 1855, lors de l’Exposition universelle:
l’empereur Napoléon III manifesta le désir de
faire servir le Palais de l’Industrie à quelque fon-
dation d’utilité publique. Le prince Napoléon,
chargé de lui présenter une proposition pour cet
objet, demanda à Proudhon ce qu’il y avait à
faire. Le célèbre polémiste développa aussitôt un
projet d’exposition perpétuelle, qui devait contri-
buer à réaliser ses vues de réformes économiques
et sociales.
Il s’agissait de s’emparer du Palais de l’Indus-
trie pour une institution durable.
Dans ce projet d'exposition perpétuelle, Prou-
dhon revenait à son idée de la Banque d’échange,
exposée dans divers de ses écrits et qu’il avait
essayé de réaliser en 1848.
Mais qui songe encore à cela ?
Nous avons dit que l’humanité exagérait quelque-
peu lorsqu’elle vantait son amour du progrès.
La vérité est que le monde fut très longtemps
misonéiste et que s’il est devenu néophile, c’est
plutôt en vertu de la vitesse acquise que d’une
conformation particulière du crâne. Le XIXe siècle
a fait plus de conquêtes scientifiques et indus-
trielles que tous les âges passés réunis ensemble.
Et aujourd’hui on réalise plus de progrès en dix-
ans que jadis en un siècle entier. Et ceci va nous
permettre de donner une réponse à la double ques-
tion que les esprits d’humeur chagrine se posent
régulièrement.
Doit-on encore faire des expositions? A-t-on
intérêt à exposer?
La principale objection que les pessimistes font
aux expositions, c’est leur fréquence. « Comment
voulez^yous, disent-ils, que les arts et les indus-
tries de i<)io diffèrent, par exemple, sensiblement
des arts et des industries de 1807 et igo5? Vous
allez nous présenter des objets déjà vus. Vous
n’aurez pas du neuf. »
Ces objections ne résistent pas à Pexamen des
faits. Elles pouvaient être plausiblesnautrefois, il
y a cent ans : elles ne le sont plus. Le monde se
renouvelle toutes les décades. Et si l’homme,
comme on le prétend, n’a pas beaucoup changé, on
peut faire observer qu’il a tout changé autour de
lui, — et il continue son œuvre de transformation.
L’Extrême-Orient a vu surgir un peuple nou-
veau, plus redoutable encore peut-être, dans les
luttes pacifiques que sur les champs de bataille;
l’Afrique Australe a des trains de plaisir du Cap
aux Victoria Falls! la Russie elle-même évolue.
Des marchés s’ouvrent partout, marchés convoités
par tous les producteurs.