Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
du globe. 11 y a quelques 'années un comité s’est
formé à Malines pour assurer l’achèvement de la
flèche d’après le plan primitif. Mais nous croyons
que des difficultés financières ont empêché la réali-
sation de cette conception grandiose, comme l’ap-
pelle M. Paul Saintenoy.
« La tour de Saint-Rombaut, a écrit l’éminent
architecte, est vraiment un de ces édifices prodi-
gieux qui marquent leur place au premier rang
des œuvres architecturales du monde et dont Vander
Willighe eût pu dire, mieux que de la flèche de
Zierickzee :
Gebouw, dat monster hiet, en monster is voorwaar.
» C’est, en effet, une conception grandiose que
celle de cette flèche qui s'élèvera un jour — je
souligne ces mots à dessein — à 167 mètres de
hauteur; conception prodigieuse, si l’on songe
même au temps, cependant si prodigue d’œuvres
semblables, où elle fut conçue.
» Pour ma part, la tour de Malines m’a toujours
intéressé très vivement. J’y ai longtemps vu le
dernier mot de cette admirable époque de l’art qui
s’appelle le moyen âge. C’est son suprême poème de
pierre à lui qui a lancé vers le ciel tant de pinacles
effilés, tant de flèches élancées, exprimant l’âme
populaire, chantant sa foi, ses croyances et un peu
aussi sa vanité. Car il y a de tout cela dans les
sentiments du peuple du moyen âge, dans son
« esprit de clocher » que l’on a eu grand tort de
dédaigner, alors qu’il lui a fait faire de si belles
choses. C’est lui, en effet, qui a armé les commu-
niers ; c’est lui aussi qui a fait le XIVe siècle, cette
époque héroïque et tragique de la Flandre, comme
dit Taine; c’est lui enfin qui a fait surgir les
monuments de nos plaines flamandes, et dire aux
Gantois, s’adressant aux volontaires d’Artevelde :
< <N’ayez nulle espérance de retrouver, sinon à
» votre honneur, car sitôt que nous ouïrons nou-
» velles que vous êtes morts ou déconfits, nous
» bouterons le feu en la ville et nous détruirons
» nous-mêmes. »
» Froissart nous rapporte ces paroles, elles aussi
héroïques, qui expriment bien l’âme de ces gens.
S’ils disaient à leurs maîtres d’œuvres : Faites
riche, sachant qu’ils l’étaient, ils ignoraient le
ne pouvant la faire belle, ils la firent riche. Leurs
monuments devaient l’être comme eux.
» O cet esprit de clocher! en a-t-on dit du mal,
l’a-t-on calomnié! O sainte ardeur de nos ancêtres
pour leurs foyers! vous qui avez fait élever grands
dans le monde nos hôtels de ville et nos églises,
vous qui avez fait se produire ces énormes poèmes
de pierre qui font rêver le penseur, s’enthousiasmer
l’artiste et s’enorgueillir le patriote, vous a-t-on
assez vilipendée, assez dénigrée.
» Et cependant, il est toujours vivant, cet esprit-
là, cet amour du sol natal, car il est dans le sang
même de l’homme.
» J’aperçois, pour ma part, avec amour, ces
âges du passé qui ont connu ces rivalités de ville
et ces relents d'héroïsme. Les hommes d’art d’alors
avaient peut-être moins de science, mais vibraient
mieux que nous pour les choses de l’art.
» Toujours avec un vif enthousiasme, j’évoque
en moi le souvenir de ces temps bénis ; et toujours,
avec la même foi en leur splendeur, je rêve la
persistance de cet esprit de clocher. Oh! oui!
gardons-le longtemps, le plus longtemps possible;
tâchons de conserver à nos villes le meilleur de
nous; et c’est ainsi que renaîtront ces temps admi-
rables où, prises d’une émulation sainte, les villes
se piqueront d’amour-propre et donneront le jour
à des conceptions originales, dignes héritières des
cathédrales de France, d’Allemagne, d’Angleterre,
et des hôtels de ville comme ceux de Belgique et
d’Italie.
» En réalisant la tour de Malines, nous aurons,
dit-il, la véritable expression du rêve architectural
du XVe siècle, de ce siècle dont l’architecture, au
Statue de Marguerite d’Autriche
dire de Viollet-le-Duc, se prêtait si bien à la con-
struction des flèches aériennes aux dentelures de
pierre ayant le ciel comme fond.
» Oui, il faut terminer cette tour, qui fait l’or-
gueil de sa ville; cette tour qu’on salue de loin et
dont l’ombre tutélaire s’étend, depuis des siècles,
sur la vieille cité; ce monument de gloire et de
superbe grandeur, claironnant fièrement dans la
nue les splendeurs d’autrefois de la ville de Mar-
guerite d’Autriche. »
L’Hôtel de ville de Malines ne présente pas un
caractère bien original, bien que ses constructions
primitives soient fort anciennes. On s’efforce
aujourd’hui à lui restituer son cachet d’avant
1715. Y réussira-t-on complètement? On en
peut douter. Quoi qu’il en soit, ces construc-
tions actuelles ne sont? pas dignes d’une grande
et belle cité.
Par les Bailles de fer, ainsi dénommées à cause
des beaux spécimens de grosse ferronnerie du
XVIe siècle que l’on y conserve, et le Grand-Pont,
construit au XIIIe siècle, nous gagnons l’église de
Notre-Dame au delà de la Dyle, qui fut érigée en
1255. Cet édifice présente des particularités
curieuses. Le pignon du transept côté nord porte
à son sommet la date de i5q8; celui du sud celle
de 1572. C’est chose assez étonnante que l’on ait
continué à travailler à l’église en pleine époque
des troubles religieux. Il n’est pas moins singulier
que le style ogival ait été maintenu alors que la
Renaissance avait déjà présidé à la construction
d’une partie du palais de Marguerite d’Autriche et
de la Maison des Poissonniers, avant i53o.
La partie absidiale fut élevée de 1642 à 1652.
La tour, plus ancienne que l’église, est digne
d’attention. Elle est un peu moins large que la nef,
et n’a pas de contreforts de ce côté. Ceux des
angles de la façade principale sont très massifs.
Les façades latérales sont flanquées chacune d’une
cage d’escalier. Le sommet de la tour est cou-
ronné d’un toit pyramidal dont la partie supérieure
fut tronquée au XVIe siècle et surmontée d’une
lanterne pour le placement d’un carillon dont les
cloches furent enlevées en 1798. Notre-Dame est
une église remarquable au point de vue archéolo-
gique. Elle renferme des richesses artistiques de
tout premier ordre, notamment l’oratoire du Bon-
Larron ou de Sainte-Disme. C’est là qu’on peut
admirer les superbes peintures que P.-P. Rubens
fit en 1618 pour la corporation des Poissonniers.
Ils payèrent 1,600 florins pour le triptyque et les
trois petits tableaux placés sous le panneau du
milieu.
Non loin de Notre-Dame est située l’ancienne
porte de Bruxelles, une des douze portes dont était
percée l’ancienne enceinte de Malines. C’est un des
plus remarquables spécimens de l’architecture
militaire du XIIIe siècle.
Le touriste ne peut manquer de visiter l’église de
Notre-Dame d’Hanswyck, construite sur les plans
de l’architecte Luc Fayd’herbe. A l’intérieur, ce
temple est fort beau. L’effet de la coupole, élevée
de 34 mètres, est saisissant.
Nous ne pouvons manquer de signaler à l’atten-
tion du touriste les remarquables constructions
particulières qui ornent le quai au Sel et le quai
aux Avoines, et qui appartenaient pour la plupart
aux anciennes corporations. Celles-ci s’imposèrent
souvent des sacrifices considérables pour en faire
des bijoux d’élégance et de richesse. On peut féli-
citer l’Administration communale de Malines de les
avoir, par une restauration habilement conduite,
préservées de la destruction.
Malines s’est complètement transformé depuis
un quart de siècle. De nombreuses et importantes
industries occupent une population ouvrière con-
sidérable. La ville s’est beaucoup embellie. Le jour
où elle possédera à son tour son réseau de trams
et la lumière électrique elle brillera au premier
rang de nos cités belges.