Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
i55
toutes nos anciennes provinces. On sait l’immense
sensation que cet événement produisit au sein de
la population belge, surtout que le nouvel arche-
Les Halles
vèque n’était autre que le fameux Antoine Perre-
not de Granvelle, le ministre favori de Philippe II
et de Marguerite de Parme, un homme qui fut
incontestablement l’un des plus grands génies de
son siècle.
» Le premier cardinal - archevêque de Malines
fixa sa résidence en i56i dans le palais que Mar-
guerite d’Autriche lui vendit de la main à la main.
» Sous le règne bienfaisant d’Albert et Isabelle,
la pacification temporaire de nos provinces permit
au Grand-Conseil de revenir à Malines, qu’il avait
quitté pour se réfugier à Namur, au milieu des
troubles religieux. Toutefois ce haut corps judi-
ciaire mit comme condition formelle à son retour
l’érection d’un nouveau palais de Justice. En 1609,
la ville de Malines acheta de nouveau l’Hôtel de
Savoie et appropria ce grand enclos à la destina-
tion qu’on avait déjà en vue lors de l’acquisition
en 1547. Le Grand-Conseil, qui fit pendant tant
d’années la célébrité de la ville de Malines et y
avait fixé la haute magistrature des Pays-Bas, périt
en 1794, dans le grand ouragan révolutionnaire.
On transforma alors la salle d’audience d’après les
idées républicaines. Le siège du Souverain fut rem-
placé par les images de la Loi, de la Liberté et de
l’Egalité.
» Le tribunal, qui avait remplacé le Grand-
Conseil, siégea dans l’ancienne construction jus-
qu’en 1842, époque où, sous prétexte de restaura-
tion, on entreprit une mutilation véritable de
l’antique édifice. Un archéologue, M. Steins,
déplore amèrement, dans la remarquable notice
qu’il a consacrée au palais de Marguerite, la perte
des riches boiseries vendues comme bois de chauf-
fage, et de tant de trésors artistiques, qui furent
impitoyablement abattus par le marteau des démo-
lisseurs.
» Les outrages que le temps et la main des
hommes ont fait subir au vénérable monument
ont été réparés avantageusement par l’autorité pro-
vinciale, à qui la Ville vendit les locaux occupés
actuellement par le tribunal de première instance.
La restauration de cet édifice, faite sous la direc-
tion de l’architecte provincial Léonard Blommers
et la surveillance de l’architecte Henri Meyns, fut
une véritable révolution dans l’histoire de l’art. Ce
qui constitue le caractère spécial de cette œuvre,
comme il n’en existe pas une en Belgique, c’est le
vieil art qui se fusionne avec l’art nouveau. Ce
sont les traditions ogivales combinées, amal-
gamées, accouplées avec les éléments de l’archi-
tecture antique, expression des idées nouvelles de
l’époque, »
Non loin de l’ancien palais de Marguerite, nous
trouvons le Petit Séminaire bâti sur l’emplace-
ment des hôtels d’Hoogstraeten et de Coloma. Ces
magnifiques résidences datant de i5i2 furent ven-
dues en 1826 au prince de Méan, archevêque de
Malines, qui les appropria pour un petit séminaire
en 1829. L’établissement a subi de nombreuses
transformations. En i8g8 on lui a fait subir des
changements qui en ont fait un véritable bijou
architectural.
Sur notre parcours nous remarquons les ves-
tiges du palais de Marguerite d’York, la veuve
de Charles le Téméraire, qui avait installé à
Malines une cour princière, et l’église des SS. Pierre
et Paul, une ancienne église des Jésuites, peu
remarquable mais à laquelle s’attache un souvenir
local d'une certaine importance. Le 1 er octobre 1798,
les républicains français y célébrèrent la fête de
la déesse Raison.
Très intéressante la belle église des SS. Jean-
Baptiste et Evangéliste, qui date de 1443 et dont
l’histoire est des plus dramatiques. Le 7 août 1546,
elle subit de terribles dégâts lors de l’explosion de
la poudrière du Sablon, une des plus effroyables
catastrophes dont les annales malinoises fassent
mention. Le 9 avril i58o, l’église Saint-Jean fut
pillée de fond en comble par les Gueux et, pendant
cinq ans, vide et profanée, elle servit à la fois
d’écurie et de caserne pour les troupes En 1799,
l’église fut vendue comme bien national pour la
somme de 220,000 livres en assignats. L’im-
meuble fut repassé par un premier acquéreur à un
second qui en paya, tous frais ' compris, 3,609 flo-
rins ou 6,547 francs.
On trouve dans l’église, Saint-Jean de merveil-
leux tableaux de Théodore Van Loon, de Michel
Caxie, surtout de Rubens; des sculptures de Théo-
dore Verhaegen, de Luc Fayd’herbe et de toute
une série d’artistes de grand mérite.
Dans l’ancienne rue des Vaches, à laquelle on
a donné, depuis igo5, le nom de rue Frédéric-de
Mérode, on remarque encore l’entrée principale de
l’ancienne résidence seigneuriale des Bresleyders,
dans une dépendance duquel fut établi, en 1620,
Je Mont-de-Piété. Cette magnifique demeure abrite
également l’Académie de musique dans une partie
des bâtiments qui longe la rue Saint-Jean.
Au centre d’un quartier populeux nous remar-
quons, à peu de distance de l’église Saint-Jean,
l’église Sainte-Catherine, en style ogival, avec sa
tour au centre et sa chapelle des fonts baptismaux
faisant saillie sur la façade. C’est un charmant
modèle d’église paroissiale. La construction de
Sainte-Catherine date de i336. Dans l’histoire de
notre pays, il est peu d’églises qui subirent de plus
cruelles mutilations. Une restauration menée avec
le plus grand soin a permis de restituer à ce gra-
cieux édifice sa beauté primitive.
Nous aurions, au cours de cette excursion à
travers la ville métropolitaine, à faire revivre
ces souvenirs intéressants pour l’artiste et l’archéo-
logue; mais nous avons hâte d’arriver à la métro-
pole de Saint-Rombaut. Disons en passant qu’on
appelle métropolel’égliseoù pontifie un archevêque-
primat. La cathédrale est l’église d’un évêque
comme la collégiale celle d'un chapitre de cha-
noines ou de chanoinesses.
A ce temple majestueux se rattachent les tou-
chantes et poétiques légendes des deux patrons de
la cité, saint Rumold et saint Libert; la fondation
du monastère de Saint- I^ombaut, l’histoire si mou-
vementée de son chapitre fondé dès 920 par
Notger et ses archevêques. L’église Saint-Rombaut
fut consacrée en i3i2. Depuis elle a passé par une
effroyable série d’incendies, de pillages, de dévas-
tations, d’enlèvement d’objets précieux.
Saint-Rombaut, dit un de ses monographes, est
un édifice gothique d’une imposante beauté, cons-
truit en forme de croix latine. Lentement Saint-
Rombaut reprend la physionomie que lui donnèrent
les bâtisseurs du moyen âge et le temps n’est pas
loin où la métropole des grands archevêques qui
dorment dans sa crypte aura recouvré son antique
splendeur, où l’on y respirera de nouveau tout le
parfum du passé.
Le vaisseau de cette basilique est fort beau et
hardiment ouvert. Sa longueur est de g3m7o. La
longueur totale, depuis la porte d’entrée jusqu’au
fond de la chapelle absidiale derrière le chœur est
de 116 mètres. La grande nef a 28 mètres de hau-
teur sur iim7o de largeur; les trois nefs, ensemble,
ont 25 mètres. Aussi l’aspect en est-il gran-
diose.
Le chœur, avec sa couronne de chapelles, offre
une imitation de cette forme donnée par les archi-
tectes français du moyen âge à la plupart de leurs
églises. L’ensemble des proportions est d’une régu-
larité savamment calculée.
Le bas côté droit de la nef centrale n’a point de
chapelles; celles qui longent le côté opposé sont
un hors-d’œuvre de la fin du XVe siècle, ou plutôt
du commencement du XVIe siècle, comme l’in-
diquent leurs voûtes à compartiments prisma-
tiques, tandis que celles du reste de l’église sont
toutes à nervures croisées. Les fenêtres du bas
côté et celles de la nef centrale sont du style pri-
maire Celles des premières chapelles de circuit,
surtout, sont rayonnantes, de la plus grande
richesse et de vrais modèles en ce genre. Tout dans
cette église évoque le souvenir de saint Rombaut
dont la châsse domine le maître-autel et des arche-
vêques qui illustrèrent le siège archiépiscopal de
Malines, depuis le cardinal de Granvelle jusqu’à
S. E. le cardinal Mercier.
Mais ce qui fait le charme incomparable de
Saint-Rombaut, c’est son imposante tour. Si sou-
vent on a fait son histoire, tant d’auteurs ont
décrit son carillon, ses cloclies, ses beautés, que
nous n’entrerons plus dans des détails suffisamment
connus de tous nos lecteurs. Bornons-nous à
La Dyle et Notre-Dame d’Hanswijck
émettre un vœu. Il manque 70 mètres pour com-
pléter la pensée de l’architecte et pour faire de la
tour de Saint-Rombaut le monument le plus élevé