Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

L’EXPOSITION DE BRUXELLES 161 L’Enseignement primaire M. le baron Descamps, ministre des Sciences et des Arts, vient de lancer une circulaire importante « qui arrête dans ses grandes lignes la participa- Photo Boute. PROSPER WIELEMANS Industriel Commissaire de la Compagnie de l’Exposition tion de l’enseignement primaire à la prochaine exposition de Bruxelles ». Cette circulaire comporte d’abord une critique justifiée, de F « Exposition-bazar » qui se borne à « l’étalage de nombreux travaux de choix exécutés par les élèves : dessins, pages d’écriture, cartes géographiques, herbiers, ouvrages manuels, cahiers de devoirs, etc.; de collections d’estampes rassem- blées par les maîtres, d’appareils plus ou moins ingénieux relatifs à l'outillage didactique ou au mobilier scolaire, etc., etc. » Semblable exhibition ne semble pas de nature à indiquer les tendances dominantes d’un système d’éducation, ni à donner une idée exacte de la valeur réelle des écoles d’un pays. Or, une expo- sition scolaire bien organisée doit viser à la réali- sation de ces deux desiderata : mettre en un jour très vif les tendances dominantes d’un système- éducatif et indiquer les moyens mis en œuvre pour les réaliser. Déjà, aux expositions de Saint- Pétersbourg, de Paris, de Saint-Louis et de Liège, où l’enseigne- ment primaire conquit les plus hautes distinctions, feu Jules de Trooz avait substitué à F « Exposi- tion-bazar », « l’exposition méthodique, c’est- à dire l’exposition destinée à faire connaître dans un cadre relativement restreint comment telle ou telle grande idée éducative est comprise et mise en pra- tique dans la généralité des écoles publiques ». M. Descamps veut qu’une conception analogue préside à l’organisation de la prochaine exposition de l’enseignement primaire. Celle-ci, dit-il, « tiendra à mettre en relief une des faces intéressantes de cet enseignement, savoir: la contribution que peut apporter F « enseignement occasionnel » à la réalisation pratique intégrale de la devise : « l’école pour la vie! » « Enseignement occasionnel! » Ces mots lais- sent rêveurs ceux qui ne sont point initiés aux choses de la psychologie et de la méthodologie. Cela déconcerte aussi, nous le croyons, tous ceux qui ne connaissent l’enseignement primaire que pour avoir jadis suivi, tant bien que mal, les cours... d’un collège et qui, néanmoins, criti- quent l’organisation pédagogique de nos écoles primaires. Ceux-là et ceux-ci ignorent les ressources mul- tiples et les résultats féconds de l’enseignement occasionnel qui constitue, ainsi que le note la circulaire que nous analysons, « un procédé d’en- seignement très fécond et un facteur éducatif d’une réelle importance ». Qu’est-il donc cet enseignement occasionnel et en quoi diffère-t-il de l’enseignement ordinaire? L’enseignement occasionnel est celui qui s’ins- pire des diverses circonstances de la vie scolaire, qui profite des aptitudes actuelles de l’élève, les- quelles varient avec les époques, les âges, qui se donne en même temps que l’enseignement régu- lier mais en ordre secondaire, et qui risquerait d’être inutile s’il n’était prévu, déterminé et ordonné. Ainsi le maître est tenu d’enseigner à ses élèves l’arithmétique. Mais il ne se borne pas à faire du calcul pour du calcul. Il choisit le texte de ses problèmes; il montre, au cours même de sa leçon d’arithmétique, les dépenses considérables faites par l’ouvrier habitué « au petit verre »; il met en relief le profit minime réalisé par l’agricul- teur toujours rivé aux procédés de culture routi- niers et le profit bien supérieur acquis par le cul- tivateur qui met en pratique les découvertes certaines de la science agronomique. La leçon de cet instituteur demeure une leçon d’arithmétique, mais cette leçon même lui donne l’occasion d’en- seigner des notions d’un autre ordre. Celles-ci sont fournies aux enfants par « l’enseignement occa- sionnel ». Or, c’est l’enseignement occasionnel qui permet aux maîtres de nos classes primaires de parcourir le programme que d’aucuns trouvent surchargé, et qui leur donne en outre le moyen d’approprier leur enseignement aux circonstances locales, aux besoins futurs des élèves. La circulaire de M. le baron Descamps ren- ferme le texte de trois sujets de dissertations que les instituteurs développeront au cours de la pré- sente année. Ces sujets, dictés avec précision et méthode, imposent aux instituteurs un travail complet qui sera très fécond et grâce auquel l’exposition pro- chaine de l’enseignement primaire recueillera un vif et légitime succès. L’Enseignement moyen Le but que se propose l’honorable Ministre, au point de vue de l’enseignement primaire, est de mettre en relief les ressources et lesjrésultats féconds de l’enseignement « occasionnel ». La section de l’enseignement moyen, elle, aura directement pour but la mise en valeur du per- sonnel enseignant. On y exposera les travaux des maîtres dans les différents domaines où ils se sont spécialisés, afin d’arriver ainsi à constituer une sorte de salon rétrospectif de tous les ouvrages publiés par le corps professoral depuis ce dernier quart de siècle. Cette exposition visera aussi à rendreapparentes les méthodes suivies par le professeur en choisis- sant quelques types de leçons dans les différentes parties du programme. L’enseignement du dessin — pour ne prendre que cette branche du pro- gramme — sera présenté dans toute son ampleur. Quatre sections ont été prévues. Dans l’une sera exposé tout ce qui a trait à la décoration murale et mobile des salles de dessin, dans la seconde tout ce qui concerne le mobilier, dans la troisième seront présentés les collections, dessins usuels d’après nature, ornements, gravures, photogra- phies à utiliser comme moyen d’enseignement dans les causeries d’art, etc., dans la quatrième enfin seront indiquées les méthodes à suivre pour l’enseignement du dessin. On y verra notamment comment ce cours contribue à l’éducation du sens esthétique, comment on peut amener les élèves à observer, à respecter et à juger les œuvres d’art. Une série de compartiments seront consacrés de même à la physique, à la zoologie et à la bota- nique, à la chimie, à la géographie économique et commerciale, à l’histoire, à l’économie domestique, aux langues anciennes et modernes, etc. Enfin le Ministère des Sciences et des Arts va s’efforcer en vue de l’Exposition de reconstituer l’histoire de tous les établissements d’enseignement moyen. On tâchera pour cela, avec le concours d’anciens préfets ou d’anciens professeurs, de dres- ser un historique succinct de chaque athénée et école moyenne, et de réunir des indications aussi précises que possible sur le rayonnement de l’Ecole, la marche de la population, les frais de l’établissement, les succès marquants obtenus dans les concours généraux, le bien qu’a produit l’école, etc. Cette documentation offrira au point de vue historique un très vif intérêt. Les Travaux Les travaux de l’Exposition marchent avec une promptitude insoupçonnée du grand public et qui tiendra quelque peu du prodige dans ses consé- quences; en effet, ce n’est pas trop s’avancer que de prévoir leur achèvement total pour la fin de la présente année. Les travaux de terrassement sur Ixelles et Bru- xelles sont, dès à présent, complètement terminés. On procède actuellement à l’achèvement des ter- rassements des terrains de la plaine sise entre le Solbosch et Boendael. Dès que ceux-ci seront ache- vés, on entamera le déblaiement des huit hectares sis Photo Boute. JEAN CARSOEL Entrepreneur Commissaire de la Compagnie de l’Exposition derrière le Café du Lac, où seront installés : les attractions, le pavillon de l’Horticulture, la plaine des jeux et le ballon dirigeable. On vient d’entamer la construction des halls de l’Industrie vers Bruxelles, et, aux premiers jours, on procédera au montage de la façade principale.