Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
BRUXELLES-EXPOSITION
LA PEINTURE FLAMANDE
LES PRIMITIFS (Suite)
Gérard David
Voici un autre peintre brugeois, de très près
apparenté à Hans Memling, au point que ses œuvres
furent longtemps confondues avec celles de ce
maître. L’identification des tableaux de Gérard
David est récente. Une providence a tiré son nom
de l’oubli et l’a rendu à la gloire.
Gérard David participe à la fois de Thierry
Bouts et de Memling. Du premier il a souvent le
goût pour les spectacles cruels (Jugement de Cam-
buse et Ecorc/iement du juge prévaricateur)-, du
second il a la douceur, la grâce et la
somptuosité. Ce maître sait être à
la fois tendre et barbare, sé-
duisant et terrible Image
fidèle de ce siècle d’in-
dividualités profondes
où sans cesse semblent
se confondre les senti-
ments les plus opposés,
où l’humanité ne songe
pas à dissimuler ses
passions, où elle se
montre à nu, avec ses
colères et ses haines,
que tempèrent parfois
une cruauté, uneépou-
vante,la force de l’idée
religieuse et la piété
ardente.
C’est dans la pein-
ture de ses madones
que le charme de Gé-
rard David se révèle
tout entier. Il les peint
magnifiques, somp-
tueusement parées; il
grave sur leur visage
cette suavité, cette grâ-
ce qu’il emprunte aux
plus belles filles de
Bruges, célèbres alors,
si nous en croyons les
écrivains du temps,
pour leur beauté. Elles
trônent sur des chaises
d’or et, autour d’elles,
des cortèges d’anges,
de reines et de prin-
cesses forment à leur divinité une cour triomphale.
Ce sont les beautés et les richesses splendidement
étalées de la ville opulente qui, après les peines et
les soucis du trafic mercantile, se plaît au parfum
de 1 encens et se pénètre de son rêve mystique.
Mais unefenêtre s’ouvre. Et c’est toute la Flandre
qui, derrière la madone, apparaît et se déploie (La
Vierge et l'Enfant, du Musée de Bruxelles). Et,
certes, c est là une Flandre idéalisée, vue à travers
un œil d artiste et de poète. Comme certains mvs-
tiques pensèrent en Dieu leurs écrits, on pourrait
dire que Gérard David pensa ses paysages en
beauté : un pré verdoyant au milieu duquel court
un blanc chemin, puis la large porte d’une métairie
aux toits rouges; plus loin un bois aux frondaisons
sombres, de l’azur dans le ciel, du bleu aussi très
pur a la surface des étangs tranquilles qui miroitent
au soleil.
,Gérard David est né à Oudewater. Après avoir
reçu ses premiers enseignements dans un atelier
de Harlem, il vint à Bruges et s’y fixa, vers jq83.
Cependant il voyagea parfois encore. Il dut visiter
l’Italie. 11 subit à une certaine époque de sa vie
l’influence des maîtres de ce pays, sans que celle-ci
altérât le caractère bien flamand de sa peinture.
Une délicatesse méridionale vint seule s’allier à la
tendresse de l’artiste du Nord.
Au nom de Gérard David doit être joint celui
d’un peintre qui semble être l’héritier de sa manière :
Quentin Matsys. —■ La Légende de sainte Anne
nous voulons parler d’Adrien Ysenbrant, qui
pourrait bien être ce maître d’Oultremont dont
l’œuvre n’est pas encore parfaitement établie.
LES PREMIERS PAYSAGISTES
Patenier Blès
Van Eyck, Memling et Gérard David avaient
placé leurs personnages dans dés paysages gra-
cieux, mais ceux-ci formaient le fond de leur
tableau; ils encadraient un sujet pieux ou profane
et lui donnaient par un effet d’opposition un éclat
plus grand. Chez ces artistes le paysage, si idéa-
lisé qu’il fût, n’était qu'un accessoire. Voici des
peintres qui amèneront une révolution. Ils accor-
deront à la description des sites naturels la pre-
mière place; les personnages seront relégués au
second plan. C’est ainsi qu’on a pu 'appeler Pate-
nier et Blès les créateurs du paysage, bien que les
grands maîtres que nous venons de citer en aient
eu avant eux une conception souvent parfaite.
Joachim Patenier est né à Bouvignes, près de
Dinant, vers i5oo. Le peintre vint de bonne
heure s’établir à Anvers. En I52o il était membre
de la corporation de Saint-Luc. Il se maria dans
cette ville, acquit bientôt une certaine aisance et
mourut jeune encore, croit-on.
Henri Blès, également originaire de Bouvignes,
fut l’élève de Patenier. On a peu de détails sur sa
vie. Blès, qui veut dire en flamand « touffe »,
n’était probablement qu’un surnom. Peut-être se
nommait-il Henri de Patenier. On le
supposerait alors le neveu de son
maître. Quoi qu’il en soit, ces
deux peintres ont entre eux
une étroite parenté de
talent. Le sujet qu’ils
traitent est presque
toujours le même : des
sites rocheux, de vastes
horizons de monta-
gnes, de rivières ou de
plaines qui s’estom-
pent dans des brumes
bleuâtres Disséminés
parmi les rochers aux
amples formes dente-
lées, des personnages
s’agitent : c’est laVierge
fuyant avec l’enfant
Jésus, ce sont des fou-
les écoutant la prédi-
cation d’un saint. Mais
ici le paysage domine;
ces bois, ces monta-
gnes, ces rivières don-
nent une impression
d’infini, l’homme qui
vit à travers cette natu-
re immense n’est qu’un
atome perdu dans cette
splendeur et comme
égaré dans ces soli-
tudes.
Jérôme Bosch
Le réalisme dont
s’étaient servis Van
Eyck et Memling pour traduire leurs visions
célestes, Jérôme Van Aken, dit Jérôme Bosch, du
lieu de sa naissance (Hertogenbosch, Bois-le-Duc),
'va après eux l’employer pour peindre ses imagina-
tions infernales. Le moyen âge eut des enthou-
siasmes et des terreurs qu’ignorent les hommes
d’aujourd’hui. Il eut, selon le mot de Montalem-
bert, la sublime folie de la croix, il eut aussi la
hantise des peines éternelles. Dans la candeur juvé-
nile d’une humanité qui venait d’éclore à la « vie
nouvelle » et à de divines espérances, il s’effraya
de tout ce qui pouvait le détourner du but unique
de son existence, son salut. Autour de lui des êtres
immondes rôdaient, dont l’action sans cesse vigi-
lante était un danger de tous les instants : sorciers,
nécromans en quête de maléfices, démons appli-
qués à la tentation. Ce sont ces visions qui
obsèdent le peuple et les artistes ses interprètes.
C’est l’idée constante qui les torture, et sa repré-
sentation matérielle entretient leur piété. Un