Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
pays et de l’étranger et avait groupé ainsi une
phalange d’élite, qui devait assurer à la jeune
université le patronage et les sympathies du
monde entier.
L’Allemagne avait donné le juriste Arendt et
le savant historien Jean Moeller ; la France était
représentée par le comte de Coux, économiste
et publiciste de valeur, et par l’abbé de Cazalès,
brillant écrivain et professeur de littérature ;
l’Italie avait envoyé un mathématicien illustre,
G.-M. Pagani, des marquis della Torre ; la
Hollande donnait à la jeune école J.-Th. Beelen,
scripturiste et orientaliste célèbre.
A ces étrangers se joignaient des Belges tels
que Baguet, latiniste distingué, le chanoine
David, un des pères de l’histoire nationale,
Guillaume Crahay, remarquable physicien, Van
Beneden, le zoologiste et paléontologue qui de-
vait atteindre une célébrité mondiale, Malou,
professeur de dogmatique et futur évêque de
Bruges. A la faculté de droit professaient les
trois frères Ernst, dont l’un, Antoine, fut mi-
nistre de la justice, Smolders, Quirini, Ch.
Delcour, qui fut ministre de l’intérieur et mi-
nistre d’Etat. La faculté de médecine se mettait,
dès ses débuts, hors pair avec des chirurgiens
tels que Craninx et le baron Michaux, avec un
oculiste comme Hairon, fondateur de l’Institut
ophtalmologique de l’armée, avec un gynéco-
logue comme le docteur Hubert.
Ainsi organisée, la jeune université eut un
brillant et rapide développement. Autour de
l'Alma Mater se rouvrirent, tout d’abord, trois
des anciennes pédagogies destinées à héberger
les étudiants: le Collège du Saint-Esprit et
le Collège du Pape Adrien V/, en 1835; le
Collège de Marie -Thérèse, en 1837. En 1844,
Jean Moeller créait l'Institut philologique et,
le premier en Belgique, y donnait des cours
pratiques ; vers la même époque, se fondaient les
deux premières sociétés d’étudiants : la Société
littéraire et la société flamande Met Tijd en
Vlijt. En même temps, les facultés de science
et de médecine complétaient leur enseignement,
perfectionnaient leur outillage technique, fon-
daient leurs collections.
Les progrès de l’université et les services
qu’elle rendait provoquèrent, dès 1841, l’initia-
tive d’une proposition de loi ayant pour but de
lui conférer la personnalité civile ; mais la poli-
tique s’en mêla, la question fut étrangement
dénaturée, on exploita mille épouvantails et on
finit par renoncer à une mesure aussi
juste que rationnelle.
Cette hostilité d’une partie de l’opinion
envers la liberté de l’enseignement supé-
rieur ne fit que s’accentuer : la loi de
1849 entama la situation des universités
libres en leur déniant tout droit aux bour-
ses du gouvernement, en inaugurant le
régime des jurys combinés et en subor-
donnant à une épreuve préparatoire l’ad-
mission aux grades académiques. Cette
épreuve préparatoire, supprimée en 1857,
par une nouvelle loi qui instituait, entre
autres choses, les cours à certificat, « la
plus invraisemblable invention qui ait pu
disqualifier un régime », reparut en 1861
sous le nom d’examen de gradué en lettres.
Finalement, la loi spoliatrice de 1864, sur
les bourses d’études, priva l’université
d’une partie de ses ressources, en ordon-
nant la réorganisation de toutes les fonda-
tions existantes, sans souci de la volonté
des fondateurs, et en rendant impossible
constitution de fondations nouvelles.
Ces modifications législatives obligèrent l’uni-
versité à refondre en conséquence ses pro-
grammes, mais ne nuisirent en rien à sa pros-
périté. Aussi était-ce avec une pleine et légitime
Louvain — Les halles universitaires
satisfaction que, le 3 novembre 1859, l’université
catholique put célébrer le vingt-cinquième anni-
versaire de sa fondation. Le nombre de ses
élèves s’élevait à huit cents et le corps profes-
soral, qui, depuis plusieurs années déjà, avait
commencé à se recruter parmi les anciens disci-
ples de l'Alma Mater, répandait au loin le
renom de la science belge et remportait les
distinctions les plus élevées et les grands prix
quinquennaux.
Cette prospérité était, en grande partie, due à
Mgr de Ram. Le recteur pourvoyait à toutes
les nécessités, trouvait des ressources, veillait
à l’organisation des études, rédigeait les règle-
ments avec un zèle, un tact et un succès égale-
ment admirables.
Nous terminerons l’exposé de son long et
fécond rectorat en rappelant un incident qui
Université de Louvain. — La bibliothèque
la met en relief la prudence et l’habileté du digne la
prélat.
On sait combien la période de 1848 avait été
troublée, surtout dans les sphères universitaires,
et on se rappelle la grande part prise par la
jeunesse des écoles dans les révolutions d’Alle-
magne et d’Autriche. Cette agitation avait eu
son contre-coup à Louvain ; quelques étudiants
avaient signé une adresse à leurs condisciples
d’Allemagne et avaient organisé des manifesta-
tions auxquelles l’autorité académique mit fin,
estimant qu’elles étaient « incompatibles avec le
calme et le sérieux des études » et ne pouvaient
que développer des germes de discorde. En
guise de protestation, les étudiants s’étaient mis
en grève et quelques-uns d’entre eux s’avisèrent
même de s’improviser professeurs et de donner
des cours. Dans la période troublée que l’on
traversait, toute atteinte à l’autorité revêtait un
caractère de gravité exceptionnelle et, d’autre
part, toute mesure de rigueur risquait d’échouer
devant l’exaltation de toutes ces jeunes têtes.
Mgr de Ram se tira en homme d’esprit de cette
situation délicate. Comme on approchait de
Pâques, il fit avancer de quelques jours la date
des vacances. Les élèves des cours de grève ne
résistèrent pas à la tentation, ils désertèrent
leurs maîtres improvisés ; ceux-ci, à leur tour,
rentrèrent au foyer paternel et, lorsque, quel-
ques semaines plus tard, l’université rouvrit ses
portes, tout était rentré dans l’ordre.
*
* *
Sous le rectorat de Mgr Laforêt, de 1865 à
1872, le cadre des études de l’université fut
étendu et complété par l’adjonction à la faculté
des sciences d’une Ecole spéciale du génie civil,
d'industrie et des mines et par da création de
^Institut Juste-Lipse, école à la fois littéraire,
scientifique et pédagogique, destinée à pourvoir
au recrutement du personnel enseignant dans les
collèges ecclésiastiques.
Le corps professoral se maintenait à la hau-
teur de la tâche de plus en plus lourde qui
lui incombait. C’est à cette époque qu’entrèrent
dans le haut enseignement Mgr Lamy, scrip-
turiste et orientaliste ; M. Reusens, historien,
paléographe et archéologue ; des juristes de
valeur hels que Schollaert, qui fut vice-président
de la Chambre ; Thonissen, qui fut ministre de
l’intérieur ; l’économiste Périn, le Dr Lefebvre,
les philologues Alberdingk-Thijm et Willems,
l’orientaliste de Harlez.
Une mention toute spéciale doit être faite
pour Mgr Cartuyvels, pendant vingt-neuf années
vice-recteur de l’université, orateur sacré du
plus haut talent.
Avant de mourir, Mgr Laforêt avait eu la
suprême consolation de voir, en 1872, le
nombre des étudiants s’élever à plus de
mille.
*
* *
De 1872 à 1881, le troisième recteur
magnifique, Mgr Namèche, humaniste et
historien de grande valeur, continua à
présider, avec le même zèle et la même
sagesse, au développement continuel de
l’université catholique.
Ce développement fut favorisé par la loi,
vraiment libérale, du 20 mai 1876, qui
donnait à chaque université le droit de
conférer à ses élèves les grades légaux,
en conformité d’un programme minimum
tracé par la loi. Un maître de Louvain,
Ch. Delcour, alors ministre de l’intérieur,
avait pris l’initiative de cette sage réor-
ganisation de l’enseignement supérieur.
L’Alma mater se montra à la hauteur de
confiance qu’avait mise en elle la législature.
La faculté de médecine reçut un nouveau déve-
loppement par la création de l'Institut Vésale,
école d’anatomie, par la fondation d’une poly-
clinique obstétricale, par la rénovation de l’an-
cienne école de pharmacie.