ForsideBøgerExposition Universelle In… De L'exposition, Vo.l 1

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sted: Bruxelles

Sider: 452

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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L’EXPOSITION DE BRUXELLES 277 LES COLLABORATEURS ANONYMES Derrière les palissades hermétiquement closes qui enserrent les vastes terrains qu’occupera l’Exposition universelle de Bruxelles, le gros œuvre s’achève, et bientôt disparaîtront des chantiers les premières équipes de ces colla- borateurs anonymes qui sont pour beaucoup dans le succès d’une entreprise aussi considé- rable qu’une exposition universelle, et qui pour- tant sont généralement oubliés dans le palmarès officiel qu’on égrène pompeusement dans les banquets obligatoires. Ce gros œuvre, le public ne le voit pas et ne s’en rend pas compte. Il fournit pourtant un des aspects les plus intéres- sants d’une exposition, et l’on peut y voir en quelque sorte toute une revue du travail, que les proportions de l’entreprise rendent particulière- ment curieuse. Une fois que la grande foire internationale est ouverte, et que les curieux s’y pressent, elle n’est, en somme, qu’une exhibi- tion des produits. Pendant la période où on l’organise et où on l’aménage, elle apparaît comme l’exposition de toutes les industries essentielles qui font vivre l’homme ; elle est même une exposition rétrospective, car, à cote des métiers les plus compliqués et les plus savants, elle met en action des métiers élémen- taires, qui n’ont, pour ainsi dire, point changé depuis le commencement du monde. Tel est le métier de terrassier, le premier des collabora- teurs d’une exposition, chronologiquement par- lant. Depuis les grands travaux de canalisation qui modifièrent l’aspect de l’Egypte à l’epoque la plus reculée de son histoire, les modes de terrassement n’ont presque pas changé, car il paraît établi qu’on disposait alors des chemins munis de rails en bois où roulaient de petites charrettes assez semblables aux wagonnets qui Charpentier transportent aujourd'hui les terres. La seule nouveauté, c’est la petite locomotive qui les tire, et, en vérité, cela ne modifie pas beaucoup le travail de l’ouvrier. Celui-ci, aujourd hui comme il y a des milliers d’années, se sert de la bêche, de la pelle et de la pioche, et ne se recommande à l’entrepreneur que par la force de ses bras. Pour le métier de terrassier, point d’apprentis- sage. Le premier homme venu, pour peu qu’il soit vigoureux et résistant, peut s’y engager, et si les Flamands et les Piémontais se sont fait une réputation universelle comme remueurs de terre, c’est qu’ils appartiennent à une race vi- goureuse, mais en général peu instruite et qui, par conséquent, se contente de faibles salaires. La simplicité du métier lui a toujours valu un rang assez inférieur dans l’ancienne organisation du travail. Il ne fut jamais compris dans le système corporatif et il ne bénéficia pas des pro- tections que ce système valait aux travailleurs. Le métier de maçon, au contraire, fut considère, dès l’origine, comme une profession assez rele- vée. L’art de construire fut, en effet, aux épo- ques reculées, le signe tangible d’une civilisation supérieure. Les grands peuples constructeurs ont tous été de grands peuples civilisateurs. L’idée de bâtir sa maison sur le sol conquis, fertilisé par les ancêtres, est la première manifestation du sentiment de continuité dans l’effort humain. Aussi l’architecture fut - elle tenue longtemps pour le plus noble de tous les arts. N’était-il pas entouré d’une sorte de cérémonial religieux, et les vieux peuples n’inscrivaient-ils pas sur leurs édifices toute leur conception du divin, du monde et de la vie ? Or, dans l’antiquité, comme au moyen âge, l’architecte n’était que le maître maçon. Aussi la corporation des com- pagnons de la truelle a-t-elle sa légende qui se mêle même dans une certaine mesure à celle de la franc-maçonnerie, en ce sens que la franc- maçonnerie a emprunté une partie de son sym- bolisme à la corporation des constructeurs. Sans s’égarer dans des légendes et des traditions plus ou moins authentiques, on peut remarquer que la corporation des maçons était autrefois particu- lièrement surveillée. En France, au XIIIe siècle, ils étaient soumis à la juridiction du maître maçon du roi, plus tard maître des œuvres. La durée et le prix de leur journée de travail était fixé administrativement et leurs jurés élus à vie et non pour deux ans, comme dans la plupart des communautés. Certes, comme ces offices de jurés ou de maître des œuvres étaient venaux, le fisc avait intérêt à les maintenir et à les multiplier. Mais ils n’en ont pas moins pour origine l’importance que l’on attribuait à l’art de bâtir. L’antiquité de la corporation des maçons fait que beaucoup d’anciens usages s’y sont maintenus. Les Mémoires d'un maçon, cités par M. Paul Sédillot dans ses Légendes et curiosités des métiers, assurent que de tout temps le maçon a eu le droit de traiter son gâcheur paternellement, c’est-à-dire de le rosser pour faire son éducation. Les mœurs ont changé avec le temps, mais il est certain que les maçons qui, à leurs débuts dans le métier, ont été en butte à des vexations traditionnelles, ne manquent pas de les faire subir à leur tour aux enfants chargés de les servir. Ce métier d’aide-maçon n’est pas si facile qu’on pourrait se l’imaginer ; il n’est pas à la portée de tout le monde, et un fabliau nous apprend que le diable dut y renoncer. La satire n’a pas épargné les compagnons de la truelle. Comme les maçons, obligés de cal- culer la place de la pierre, de rogner ce qui dépasse, vont plus lentement que d’autres gens de métier, des proverbes les accusent de se ménager à l’excès : Sueur de maçon Où la trouve-t-on? La journée de travail du maçon est relative- ment assez élevée, mais dans les pays d hiver, comme le nôtre, ils subissent durant la froide saison un terrible chômage, de sorte que leur condition demeure, malgré tout, assez précaire. * * * Les tailleurs de pierre faisaient jadis partie Manœuvres de la même corporation que les maçons, et bénéficiaient de leurs privilèges. Pourtant, le métier est bien différent, et il a ses légendes : les pays de carrières ont, en général, un folklore assez riche où le diable joue, d’ordinaire, un grand rôle. Dans presque toutes ces légendes, le bon compagnon carrier arrive, à force d’ingé- niosité ou d’habileté professionnelle, à « rouler » l’éternel ennemi du genre humain. Pourtant, la