ForsideBøgerExposition Universelle In… De L'exposition, Vo.l 1

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sted: Bruxelles

Sider: 452

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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278 L’EXPOSITION DE BRUXELLES sagesse populaire accuse les tailleurs de pierre d’aimer, autant que les cordonniers, à chômer les saints et a fêter la dive bouteille. Témoin la chanson : Staffeur Les tailleurs de pierre sont pis que des évêques, Car du lundi ils font une fête. Va, va, ma petite Nanette, Va, va, le beau temps reviendra. Car du lundi ils font une fête Et le mardi ils continuent la fête. Et le mercredi ils vont voir leur maîtresse, Et le jeudi ils ont mal à la tête. Le vendredi ils font une pierre peut -être, Le samedi leur journée est complète Et le dimanche il faut de l’argent mettre. Il est vrai que la plupart des métiers sont tou- jours plus ou moins raillés par la susdite sagesse populaire. * * * Comme les maçons, comme les tailleurs de pierre, les charpentiers ont une noble légende. De même que le travailleur du fer, le febvre, le travailleur du bois occupait dans l’antiquité romaine une situation privilégiée que l’on re- trouve au moyen âge. Dans un colloque entre divers « compagnons » mis en scène par l’ar- chevêque Alfric, un charpentier s’écrie: « Qui de vous peut se passer de moi, puisque je fais des maisons et toutes sortes de vases et de navires ? » En effet, les charpentiers d’autrefois faisaient tous les ouvrages dont la matière pre- mière était le bois. La séparation en spécialités est assez récente. Les menuisiers ou « justes » prirent d’abord le nom de « charpentiers de la petite cognée ». Ce n’est que vers la fin du XIVe siècle, selon M. Paul Sédillot, qu’on com- mença à les appeler « menuisiers », du mot « menu », parce qu’ils faisaient en général les petits ouvrages. Au temps des compagnonnages, l’association des menuisiers de Salomon, dits compagnons du Devoir de liberté, ou Gavots, se composait de trois ordres distincts: compagnons reçus, compagnons frères et compagnons initiés. Vers 1830 un schisme divisa les gavots me- nuisiers en deux partis : les vieux et les jeunes, Les jeunes, plus nombreux, ridiculisaient les vieux en les appelant damus et épiciers ; les vieux répliquaient par les épithètes de révoltés et de renégats. Le métier de menuisier a naturellement ses légendes. Une des plus jolies est celle qui se rapporte au choix de leur patronne, sainte Anne. Lorsque, séparés des charpentiers, ils se déci- dèrent à avoir un autre patron, cinq d’entre eux, dit-on, furent chargés d’aller au paradis pour en demander un. Mais saint Pierre leur ferma la porte au nez en leur disant qu’ils étaient cinq ânes. Les cinq compagnons revenaient peu char- més et se demandaient comment ils rendraient compte de leur mission, quand l’un d’eux, se frappant le front, dit : « Nous devons avoir mal entendu ; saint Pierre a dû vouloir nous dire que nous prenions sainte Anne.» Et depuis lors sainte Anne est la patronne des braves menuisiers, charpentiers à la petite cognée. * * * Si les charpentiers, les maçons, les tailleurs de pierre sont des ouvriers privilégiés, les cou- vreurs, par contre, étaient, dans l’ancienne orga- nisation corporative, des manières de parias. Ils figuraient au nombre des artisans auxquels il était interdit de témoigner en justice. Le métier de couvreur était classé parmi les métiers mé- prisés, pour des causes diverses: « Ceux sont vilains nattes de quelconque lignage qu’ils soient qui s’entremettent de vilains métiers comme estre écorcheurs de chevaux, de vilaines bestes, garzailles, truendailles, pendeurs de larrons, porteurs de pastés et de plateaux en tavernes, crieurs de vins, cureurs de chambres cirées, faiseurs de clochers, couvreurs de pierres, etc., telles gens ne sont dignes d’eux entremettre de droit ni de coutume.» D’où vient cet ostracisme ? D’Aristote, s’il faut en croire Hevin, d’Aristote qui range dans la catégorie des artisans infâmes les gens de métier qui exposent leur vie pour peu de chose. Il faut avouer que la logique est singulière, mais il est évident que le métier est des plus dangereux, et c’est à ce danger que se rappor- tent en général les légendes et les dictons qui touchent à la corporation. Le DERNIER COUP DE POUCE Grimm rapporte, dans les Veillées allemandes, que d’après les lois qui régissaient le corps des couvreurs, quand un fils montait sur un toit en présence de son père et qu’il commençait à perdre la tête, son père était obligé de le saisir aussitôt et de le précipiter lui-même, afin de n’être pas entraîné dans sa chute. Un jour un jeune couvreur devait faire son coup de maître et haranguer le peuple du haut d’un clocher heureusement achevé. Au milieu de son discours, il commença à se troubler et tout à coup il cria à son père qui était en bas parmi la foule nombreuse: « Père, les villages, les montagnes des environs qui viennent à moi ! » Le père se prosterna aussitôt à genoux. Il avait compris que son fils était perdu. Bientôt celui-ci tomba et se tua. * * * Peintres De tous les ouvriers qui travaillent aux im- menses constructions d’une exposition universelle les plus importants sont peut-être aujourd’hui les ouvriers du fer, les ajusteurs et les mécani- ciens qui dressent les énormes charpentes en fer dont se forment les halls. Dans cette profession, tout semble moderne, tout semble récent, et, en effet, dans nos modernes syndicats on ne trouve guère de survivance des coutumes ni des légendes qui entouraient autrefois le travail du fer: on lui attribuait une origine sacrée, et durant tout le moyen âge ce fut encore une profession noble. Les fabricants d’armes, notam- ment, avaient dans certains pays rang de gentil- homme. Mais les perfectionnements de la science de l’ingénieur, l’emploi constant de la machine- outil ont diminué de beaucoup l’importance de l’habileté professionnelle, s’ils ont accru celle des connaissances techniques. La fondation des vastes usines métallurgiques, scientifiquement organisées, a également beaucoup contribué à détruire dans cette profession l’ancien folklore corporatif. * * * Les peintres n’en ont guère non plus. Mais, du moins, ont-ils leurs mœurs et leurs dictons. En général, les proverbes et les chansons popu- laires ne leur sont guère favorables. La tra- dition veut que l’ouvrier peintre soit le type du « compagnon rigoleur », du « gaudisseur ». II travaille facilement, sans trop de fatigue, et son métier, confinant plus ou moins à l’art, l’incite à mettre quelque fantaisie dans sa vie. Il réa- lise toujours plus ou moins le personnage décrit par les Goncourt, dans Germaine Lacerteux, le peintre Gautruche : « Gautruche avait la gaîté de son état, la bonne humeur et l’entrain de ce métier libre et sans fatigue, en plein air, à mi-ciel, qui se distrait en chantant et perche sur une échelle au-dessus des passants la blague d’un ouvrier. » Peintre en bâtiments, il faisait la lettre ; il était le seul, l’unique homme de Paris qui attaquât l’enseigne sans mesure à la ficelle, sans esquisse au blanc, seul qui du premier coup fuît à sa place chacune des lettres dans le cadre d’une affiche, et, sans perdre une minute à la ranger, filât la majuscule à main levée. Il avait encore la renommée pour les lettres monstres, les lettres de caprice, les lettres ombrées repi-