Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
quées de tons de bronze ou d’or, en imitation
de ceux dans la pierre. Aussi faisait-il des
journées de quinze à vingt francs. Mais comme
il buvait tout, il n’en était pas plus riche et il
avait toujours des ardoises arriérées chez les
marchands de vin.
» Il possédait une platine inépuisable, imper-
turbable ; sa parole abondait, jaillissait en mots
trouvés, en images cocasses, en ces métaphores
qui sortent du génie comique des foules. Il
avait le pittoresque naturel de la farce en plein ”
vent. Il était tout débordant d’histoires réjouis-
santes et de bouffonneries, riche du plus riche
répertoire des scies de la peinture en bâtiment.
» Membre de ces bas caveaux qu’on appelle
des lires, il connaissait tous les airs, toutes les
chansons et les chantait sans se lasser.»
Gautruche est Parisien et ses confrères bruxel-
lois ne chantent pas tout à fait les mêmes chan-
sons, ou du moins les chantent-ils en marollien ;
mais, cette part faite à la différence des milieux,
il a les mêmes mœurs, les mêmes habitudes,
il chôme les mêmes saints. Aussi bien, si
l’ouvrier peintre ne se distingua pas d’ordinaire
par l’assiduité et le labeur régulier, il est de
ceux à qui l’on peut généralement demander
beaucoup en cas de coup de feu ; il s’intéresse
à son ouvrage, et lors de certaines expositions
en retard on a vu la corporation des peintres
exécuter de véritables tours de force. Comme les
travaux se poursuivent normalement à l’Exposi-
tion de Bruxelles, il est du reste probable qu’on
n’aura pas à leur en demander.
Dumont-Wilden.
Claeys. — La rade d’Anvers.
LA PEINTURE BELGE
Le paysage tient une place très importante
dans l’évolution de notre art contemporain.
Pour s’en convaincre il suffit de visiter une de
nos expositions de peinture. Plus de la moitié
des toiles suspendues à la cimaise reproduisent
des sites naturels. Sans doute, on serait tenté
de regretter cette abondance, si on ne songeait
aux causes qui la font naître.
Dans les contrées du Nord la nature a pour
le peintre une attirance toute particulière. Chez
nous surtout, comme chez nos voisins du Nord
les Hollandais, les cieux changeants offrent à
l’œil une succession d’aspects et de lumière qui
sollicitent l’artiste. Les rayons du soleil filtrés à
travers l’air humide donnent aux choses une co-
loration douce et soyeuse ; le vert de nos prairies
forme avec la blancheur de l’atmosphère une
opposition vibrante ; les tons s attenuent, se
confondent, s’harmonisent dans une symphonie
dont l’artiste perçoit tous les détails. Le désir
le tente de peindre cette lumière aux nuances si
multiples. Et lorsque de nouvelles écoles de
paysage imposèrent l’observation et l’étude
attentive de la nature, ce fut chez nos peintres
comme un éveil, et le rappel d anciennes tra-
ditions.
Pendant des siècles, des yeux d’hommes se
sont fixés sur la nature enchantée, sur les prés
LES PAYSAGISTES
fleuris aux premiers souffles du printemps, sur
les roses de l’été, sur les splendeurs crépuscu-
laires de l’automne, sur les vallées, sur les
monts, sur les plaines, et chaque génération a
reçu de ces merveilles des impressions diffé-
rentes. Nous ne voyons plus aujourd’hui la mer
comme la voyaient les contemporains d’Homère.
Nous n’éprouvons plus l’effroi que ressentaient
les vieux Germains devant les vastes forêts aux
mystérieuses profondeurs, et nous ne frémissons
plus de la terreur sacrée qui remplissait l’âme
des anciens Gaulois en face du spectacle de la
mer déchaînée.
Mais si notre esprit a perdu de sa juvénile
sensibilité, notre regard s’est affiné, notre vision
s’est intensifiée ou plutôt elle s’est diversifiée.
Nous nous sommes assimilés des notions nou-
velles. La couleur a chez nous perdu de sa
puissance, mais la nuance est née et s’est mul-
tipliée.
L’histoire de l’art tout entière est là pour
affirmer ce progrès. Son origine indiqua un raf-
finement de notre vision et, depuis lors, celle-ci
s’est élargie jusqu’à comprendre de minimes
détails de la nature que nos lointains ancêtres
n’avaient pas soupçonnés. C’est une conquête
nouvelle dont témoignent les œuvres de nos
peintres. Depuis les primitifs, quel chemin par-
couru, quel déroulement de cette toile immense
et merveilleuse que la nature offre sans cesse a
nos regards 1
Nous pouvons dire, non sans fierté, que nous
avons conquis le monde extérieur. Le premier
peintre qui fixa sur la toile ou le bois le pre-
mier paysage rudimentaire aida a la lealisa-
tion de ces conquêtes futures. Il pensa la na-
ture, il la créa. Car, comme le fait remarquer
Schopenhauer, quelle réalite aurait 1 univers si
un être intelligent n’en avait la conception rai-
sonnée et subjective ? Quand, à la suite de quel-
que définitif cataclysme, le dernier homme aura
disparu, la beauté du monde aura cesse d exister,
puisqu’elle aura cessé d’être vue, ressentie et
comprise.
Notre conception esthétique de l’univers étant
d’ordre psychologique, il est naturel qu’elle se
soit modifiée selon le temps, les lieux et les
circonstances, et surtout selon le plus ou moins
de développement des organes visuels par les-
quels elle pénètre dans notre entendement. Et
ceci explique les phases si nombreuses et si di-
verses que, dans l’histoire de la peinture, subit
l’évolution du paysage.
Dans ce court exposé de l’art flamand, nous
avons vu le paysage traité avec timidité par les
primitifs, combiné avec les grandes compositions