Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
L’HABITATION POPULAIRE A L’EXPOSITION
(Deuxième Article [i])
Que le confort, l’hygiène et même la propreté ,de
l’habitation sont des nouveautés modernes. — Le
passé. — Les systèmes de Robert Ôwen, en Angle-
terre; Pourier et son école en France; Ducpétiaux
en Belgique; F. Lasalle et les économistes et com-
munistes allemands. — La « cité ouvrière » dans
les différents pays d’Europe. — L’idée coopérative
appliquée à la construction de logements populaires.
Les lois de 1801 et de 1867, en Belgique.
I
Le confort, l’hygiène, la propreté de l’habita-
tion, et de l’habitation des riches comme de celle
des pauvres, sont des nouveautés modernes. Les
générations qui nous ont immédiatement pré-
SOCIÉTÉ DE GARANTIE DH LIÉGE
Exposition de Liège 1905,
COOPÉRATIVE dTxeLLES SOCIÉTÉ DE NAMUR
cédées vécurent parmi l’incurie, les préjugés et
la superstition quant à l’état dans lequel il conve-
nait de tenir un intérieur ; on jouissait du luxe,
mais le water-closet était inconnu ; on possédait
de l’art un sentiment fort élevé, mais on ignorait
le moyen de construire une cheminée remplis-
sant exactement son rôle et ne refoulant pas la
fumée dans les chambres. De même qu’on était
persuadé qu’un certain degré de crasse et
qu’une certaine épaisseur de vermine étaient
nécessaires au bon développement corporel de
l’enfance, de même on s’imaginait qu’un cou-
rant d’air, une lumière un peu vive, une installa-
tion de bains dans un logis privé devaient être
funestes aux poumons, à la. vue, à la morale
de l’habitant de ce logis. Au moyen âge, la
malpropreté n’était-elle pas considérée comme
un trait significatif de sainteté ?
C’était un axiome parfaitement admis, du reste,
que « la maladie du corps constituait, en quel-
que sorte, la santé de l’âme ».
Cependant, le bon sens et la raison devaient,
peu à peu, prévaloir contre ces absurdités du
mysticisme, et l’on finit par reconnaître, non
seulement qu’il n’est pas d’enfant vigoureux
dans la saleté, mais qu’il n’est de maisons
salubres que celles où l’air circule librement,
où la lumière est répandue en abondance, où
la canalisation d’eau permet le lavage fréquent
des habitants et de l’habitation. On avait
(1) \'oir le n’ 19 de l’Exposition de Bruxelles.
compris en même temps que, si des âmes su-
blimes furent parfois enfermées en des corps dé-
biles, c’est, le plus souvent, des corps sains qui
abritent les âmes saines et que la propreté, l’hy-
giène, le confort du logis auront sur cette
double santé physique et morale une influence
considérable.
Voila ce dont tout le monde est convaincu
aujourd’hui. Mais cette conviction rationnelle
fut lente à s’imposer, lente,, surtout, à donner des
résultats pratiques et, naturellement, quand enfin
elle commença d’être admise, ce sont les classes
aisées et non les classes pauvres qui profi-
tèrent, d’abord, de ses bienfaits.
Dans la plupart des villes industrielles, dans
toutes les grandes capitales d’Europe, le prolé-
taire habite des quartiers dont les rues sont
étroites, tortueuses, lépreuses ; où les impasses
qui entravent la circulation de l’air sont en
grand nombre, ainsi que les « cours » intérieures
destinées à devenir des cloaques. Là, le loge-
ment des gens du peuple est distribué dans
de vieilles masures, quand ce ne sont pas de
simples baraques en torchis et en clayonnage,
surmontées d’un toit de carton goudronné. Ces
habitacles sont privés d'air, de jour et d’eau.
Souvent toute une famille couche dans une
seule chambre où il faut faire la cuisine sur
un poêle ou sur un réchaud, prodigues d’oxyde
de carbone, tandis qu’on y doit conserver durant
de longues heures, faute de déversoirs spéciaux,
les épluchures de légumes, les ordures et les
eaux ménagères. Etonnez - vous, après cela,
qu’entre le cabaret et même la rue ou bien un
logis accommodé de cette façon, l’ouvrier, sa
journée de travail finie, choisisse de préférence
le cabaret et la rue !
Non seulement la tristesse et la pestilence
de son foyer doivent lui être en horreur, mais
il est naturel que le malaise qu’il y éprouve tienne
l’esprit de cet homme dans un état de sourde
irritation : dans nos capitales, l’opulence et le
faste sont trop près de la misère pour que la
comparaison ne s’impose pas au jugement de
celui qui souffre de ce paradoxal voisinage.
L’état déplorable des habitations ouvrières, en
général, est une injure à notre civilisation.
II
Cet état préoccupa dès longtemps ceux qui
s’intéressent aux souffrances d’autrui ; dès la
fin du XVIIIe siècle, l’Anglais Robert Owen pro-
posait de substituer insensiblement aux grands
centres manufacturiers de sa patrie, des bourgs
industriels et agricoles épars, çà et là, et où
les ouvriers pourraient avoir des logements sa-
lubres, à bon marché. Sa cité modèle de New-
Lamark, sur la Clyde, fut longtemps considérée
comme le type le meilleur du genre ; à la vé-
rité, elle donna des résultats très satisfaisants.
Le fondateur y avait rassemblé tout ce qui peut
rendre la vie digne, aisée et même plaisante :
on y trouvait, outre de jolies maisonnettes, un
restaurant, des boutiques, un établissement de
bains, une place publique consacrée aux jeux
en plein air et jusqu’à une salle de bal, sans
parler de l’école ni de l’église.
Peu après Owen, Saint-Simon, puis Fourier et
ses disciples apportaient des vues neuves et
hardies sur la question des avantages de la soli-
darité par l’organisation sociétaire de la com-
mune ; ces derniers battaient en brèche tout ce
qu’avait fait Owen avant eux, tout ce qu’avait
préconisé Saint-Simon (i).
Le fouriérisme, comme chacun sait, s’efforce
vers une union, vers une harmonie parfaites des
éléments qui semblaient le moins faits pour
s’entendre : c’est la méthode de la conciliation
des intérêts de la petite propriété et de la petite
épargne avec ceux des grands capitaux et de la
grande industrie.
F. Lasalle, suivi des économistes et commu-
nistes allemands du siècle dernier, ont fait, eux
aussi, dans le but de loger l’ouvrier le mieux
possible et au plus bas prix possible, des ten-
tatives respectables. A ce moment Ed. Ducpé-
tiaux avait déjà publié son livre sur l’Asso-
ciafion dans ses rapports avec l’amélioration
du sort de la société ouvrière (2), étude pleine
de magnifiques théories qui, réalisées — si elles
eussent été réalisables, — auraient certainement
donné à la Belgique le premier rang quant à la
solution du grave problème de l’habitation po-
pulaire.■
EXP( SITION DE LIÉGE 1903
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE DE MAISONS OUVRIÈRES
III
Avec la Révolution française de 1848, une
idée excellente, aussi ingénieuse que généreuse,
(1) Voir le livre de Fourier intitulé : Pièges du
charlatanisme des deux sectes de Saint-Simon et
d’Owen.
(2) Bruxelles : 1860.