Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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BRUXELLES-EXPOSITION
Vue GÉNÉRALE DES ÉTABLISSEMENTS DE LA SOCIÉTÉ John COCKERILL, A SeRAING
LA SIDERURGIE BELGE
Si nous devions le progrès moderne à l’une de
ces bonnes fées qui enrichissaient l’imagination,
aux époques d’ignorance et de médiocrité, pour
sûr que sa baguette magique serait en acier.
N’est-ce pas, en effet, grâce à cette matière que les
inventions et les audaces industrielles de la seconde
moitié du XIXe siècle ont pu prendre corps, se réa-
liser, centuplant le domaine de l’activité? Certes,
on fabriquait de l’acier depuis fort longtemps et
l’on doit peut-être au génie industriel de nos popu-
lations, qui bien avant la venue des Romains
produisaient du fer en quantité, la création du
métal, si puissamment évolutionniste. Un gri-
moire datant de i63o autorise deux armuriers de
Maestricht, ville de la Principauté de Liège, à
transformer le fer en acier. Mais le métal résis-
tant, obtenu à cette époque par le procédé au
creuset, apparaît aujourd’hui comme un produit
de laboratoire. Et cependant jusqu’en 1863 —
songez si c’est rapproché de nous! — on ne con-
nut pas d’autre moyen de dégager du fer ce qui
est à la fois son âme, ses nerfs et son muscle :
l’acier ! Oui, c’est en i863 que l’usine « Cockerill »,
qui déjà successivement avait construit les pre-
mières machines à vapeur, le premier haut four-
neau, la première locomotive et les premiers rails
de chemins de fer sur le continent, appliqua éga-
lement, avant tous autres établissements euro-
péens, le procédé Bessemer, éjectant tout à coup,
comme une lave sortant d’un cratère, l’acier qui
jusqu’alors mijotait en petit volume dans les
creusets.
Quelle révolution industrielle devait jaillir de
l’éblouissante gerbe de métal en fusion! C’est ce
jour-là que la métallurgie mit ses bottes de sept
lieues — bottes aux semelles d’acier! — pour con-
quérir pacifiquement, et parfois autrement, le
monde entier! De l’inépuisable cornue d’abondance
s’élancèrent les ponts capables de franchir d’un
élan des espaces de 5oo mètres, prêtant leur échine
robuste au passage des express vertigineux, les tra-
vées qui allaient dresser, devant l’émerveillement
universel, la galerie des machines du Champ-de-
Mars, recouvrant 6 hectares d’étendue, sans le
soutien d’une seule colonne, les rails qui soudèrent
depuis les continents, et enfin tous les outils que
le divin souffle de l’électricité réclamait pour créer
une civilisation nouvelle!
Oui, tout cela et encore mille choses formidables
et minimes, depuis les steamers longs de plusieurs
centaines de mètres jusqu’à la boucle de soulier,
se créent chaque jour, chaque nuit, sous le feu
d’artifice d’étincelles qui annonce aux desservants
des « convertisseurs » Bessemer et Thomas que le
miracle de l’acier est consommé!
*
* *
J’ai voulu, à la veille de consacrer cette
monographie à l’enorgueillissante sidérurgie
belge, assister à l’un de ces phénomènes accom-
plis par la matière grâce au génie industriel de
l’homme.
Caressées par le pâle soleil du printemps, les
tourelles blindées ou cerclées des hauts fourneaux
digèrent, en ronflant, le minerai et le coke versés
à la cuillère, semble-t-il, dans les « gueulards » par
les wagonnets culbutants.
La fonte extraite frémissante des entrailles du
fourneau est recueillie dans une « poche » d’une
contenance de quinze tonnes et traînée par une
locomotive vers le hall des « mélangeurs ».
Un élévateur porte le bec de la poche à hauteur
de celui du mélangeur, dont l’office consiste à uni-
fier les qualités du métal provenant des différents
hauts fourneaux de l’usine. Ce réservoir colossal
amalgame ainsi dans un doux mouvement de ber-
ceau cent à cent cinquante tonnes de fonte portée
à la température infernale de treize cents à quinze
cents degrés !
Mais davantage encore que ce spectacle passa-
blement impressionnant déjà est celui offert par le
hall fulgurant de la fusion, de la conversion, du
miracle enfin qui stupéfierait les chercheurs qui se
penchèrent jadis sur leur creuset à acier!
Les cinq convertisseurs Bessemer et Thomas
de Cockerill sont animés d’une chaleur de
1,800 à 2,000 degrés. En voici un dont les quinze
tonnes de métal fusant sont cinglées par l’haleine