Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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BRUXELLES-EXPOSITION
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de la soufflerie, qui n’a pas moins de quatre mille chevaux
de force.
« L’arc en ciel » brûlant qui jaillit de la cornue jusqu’à
dix mètres de hauteur rejette ses écharpes ébarbées et ses
averses d’étincelles sur la cloison métallique reflétant, la nuit,
sur la contrée entière un éclairage aveuglant et diabolique.
Les impuretés légères vannées par ce procédé auquel les
bons cyclopes n’auraient pas songé, la cornue bascule auto-
matiquement, et de son ventre s’échappent, en une coulée
laiteuse, les scories liquéfiées dont il faut surtout débarrasser
l’acier.
C’est à la couleur et à l’éclat des étincelles qui se détachent
en fusée de cette cascade de feu et recouvrent comme d’un
manteau de féerie tous les alentours : wagonnet, locomotive,
piliers, c’est, dis-je, aux étincelles orange et crépitantes
ou bleuâtres et silencieuses que les ouvriers discernent la
scorie de l’acier.
Bientôt le métal pur remplissant jusqu’au bord le récipient
qui lui est destiné s’éloigne sur railway, mettant dans le noir
de l’usine des myriades d’étoiles scintillant pendant un instant.
Et tour à tour les cinq cornues engloutissent le métal qui
entre en convulsion dans leur sein et le vomissent
Les Aciéries d’Ougkée-Marihayi-, a Ougrée
transformé, fonctionnant avec un automatisme
saisissant, accompagné du signal des syrènes, des
sifflets et des sonneries.
Quelques ouvriers seulement suffisent à desservir
ces appareils fantastiques actionnés par le génie
de la mécanique.
Non moins attachantes sont les opérations
consistant à amincir et à étirer, au moyen de l’ou-
tillage si curieux du « train blooming » et du
« gros train finisseur », les blocs d’acier sortis
incandescents des lingotières. Qu’on songe que le
second train seul nécessite la force du moteur de
dix mille chevaux admiré par tous à l’Exposition
universelle de Liége. L’organisation mécanique du
travail dans les halls immenses des laminoirs
frapperait également bien fort les métallurgistes
de l’ancien temps! L’ouvrier d’à présent, la main
posée sur un guidon de déclanchement ou des
commutateurs, semble une sorte de garde-excen-
trique. Ici le convoi est un énorme serpent de
feu qui ondule vers les mâchoires du laminoir.
**
Comme on le voit, l’usine Cockerill, qui débuta
la première sur le continent dans l’application des
procédés de production d’acier en grande masse,
est outillée selon le tout dernier « cri industriel ».
Ces émules belges, dont je parlerai tout à l’heure,
possèdent également un matériel exemplaire. Nos
aciéries ne peuvent, d’ailleurs, trop fabriquer,
puisque la vogue de leur produit va sans cesse
grandissant : en igo5 on a consommé i million
193,000 tonnes d’acier belge, contre 38o,ooo tonnes
de fer, soit près de quatre fois plus du premier
métal que du second, dont l’emploi tend de plus en
plus à se restreindre. Au 1er juillet 1907 la produc-
tion totale des aciéries belges était de 1 million
930,000 tonnes La sidérurgie des trois districts
étrangers voisins avec lesquels nous sommes en
concurrence pouvant fabriquer, annuellement,
85o,ooo tonnes dans le grand-duché de Luxem-
bourg et la Wurme, i,5oo,ooo tonnes dans la
Lorraine française et 2,200,000 tonnes dans la
Lorraine allemande, notre sidérurgie atteint donc
presque à la puissance de cette dernière contrée,
dont l’activité industrielle est devenue prodigieuse.
La répartition de notre production nationale
entre nos grandes aciéries prouve que toutes
font un grand effort de travail. La Société
John Cockerill inscrit sur ce tableau 3oo,ooo
tonnes, la Société d’Ougrée-Marihaye 36o,ooo
tonnes, La Louvière 100,000 tonnes, la Société
de Thy-le-Château 120,000 tonnes, la Société
des Aciéries d’Angleur 250,000 tonnes, la Société
de Couillet i85,ooo tonnes, la Société de la Pro-
vidence 265,000 tonnes, la Société de Sambre-
et-Moselle 220,000 tonnes, et enfin la Société
d’Espérance-Longdoz 100,000 tonnes.
Ai-je donné une idée suffisante de la puissance
de l’outillage capable de créer annuellement cette
masse de deux millions de tonnes d’acier et des
prodiges d’organisation exigés par une produc-
tion aussi intensive ? Je l’espère. L’approvisionne
ment des aciéries, qui engloutissent des quantités
phénoménales de matières premières, joue aussi un
rôle important dans cette industrie. Comme
Cockerill fabrique toutes les machines, elle produit
elle-même, peut-on dire, l’aliment complet de ses
hauts fourneaux. En Espagne gisent ses sources
de minerais riches; dans le grand-duché de
Luxembourg et dans les deux Lorraines se
trouvent ses exploitations de minerais pauvres.
Ses carrières de calcaire s’approfondissent dans la
province de Namur, enfin à Seraing même, dans
le domaine de John Cockerill sans cesse agrandi,
plusieurs charbonnages puissants et de multiples
fours à coke donnent aux fournaises de métal tout le
combustible qu’elles réclament. Aussi l’établisse-
ment Cockerill, pourvu de la sorte, peut-il fournir,
par an, outre ses 3oo,ooo tonnes d’acier, 100 loco-
motives, i5o machines à vapeur d’autres types,
i,5oo constructions mécaniques diverses, 10,000
tonnes de ponts, charpentes, chaudières, sans
compter les bateaux petits et grands, les canons,
les coupoles cuirassées, etc., etc. !
*
Concentrant toute son activité sur un seul point,
Usines de « Sambre-et-Moselle », Montigny-sur-Sambre
la Société d’Ougrée-Marihaye détient actuellement le record
pour l’importance de la production de l’acier brut en
Belgique. Mais cet organisme ne se contente pas de ce ré-
sultat brillant : il possède, indépendamment de son usine
d’Ougrée, des aciéries à Rodange et à Vireux, ce qui lui
permet de jouir en Allemagne et en France du traitement
le plus favorisé que la protection respective de ces pays lui
assure. « Ougrée » fut fondée entre i83o et i83i, sous le
patronage de la Banque de Belgique; elle a fait du chemin
depuis! Comme Cockerill, la Société d’Ougrée-Marihaye
possède en différentes contrées ses minières et ses char-
bonnages.
*
* *
Voici une autre firme synonyme de force et de succès, « la
Providence », qui a son berceau d’activité et de feu à Mar-
chienne-au-Pont et des succursales d’intense production a
Rehon (Longwy) et à Hautmont. C’est ainsi que 1 initiative
courageuse fait naturaliser les produits belges à l’étranger.
Y a-t-il cosmopolitisme plus louable ? Le domaine minier
de la Providence ne comporte pas moins de 4,533 hectares !