Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
nationaux revendiquant une réglementation uni-
forme des conditions du travail dans tous les
pays et érigeant la grève internationale en
moyen d’action ; la finance, dont les moyens
techniques pour l’association des capitaux et la
mobilisation de la propriété se sont étendus à
la terre tout entière, engendrant cette consé-
quence de faire entrer dans tout patrimoine in-
dividuel quelque parcelle de la fortune interna-
tionale (les titres au porteur sont évalués à
732 milliards négociables sur les diverses places-
financières du monde).
4° Au point de vue intellectuel: les sciences,
déjà internationales par leur objet, qui ne peut
être circonscrit à un territoire politique déter-
miné, sont de nos jours devenues mondiales par
leur organisation. Les travailleurs de tous pays
ont été enrégimentés dans les cadres de leur
vaste armée. Elles ont leurs universités et leurs
académies, leurs associations scientifiques, leurs
congrès, où se rencontrent des savants de toutes
nationalités et où se parlent toutes les langues.
— Quant aux lettres et aux arts, ils manifestent
de plus en plus des sentiments universels ; les
écoles se font connaître et comprendre du monde
entier, et à tour de rôle on voit celles d’un
pays influencer les productions des autres pays.
Ainsi se forme graduellement une communauté
d’idées et de sentiments. Celle-ci s’exprime
d’une manière permanente par les documents1
(textes et images, livres, revues, journaux), dont
le nombre va sans cesse croissant et qui se
répandent à travers toute la terre (tout journal
européen est tenu au courant par de longs
câblegrammes des moindres événements d’Amé-
rique et réciproquement ; 150,000 livres nou-
veaux publiés chaque année ; plus de 20,000
périodiques paraissant régulièrement ; une cen-
taine de revues internationales en cours de
publication ; l’exportation des seuls livres alle-
mands atteignant annuellement plus de 100
millions de mark ; les bibliothèques telles que
celles de Paris, Londres, Berlin, Washington,
offrant chacune à leurs lecteurs des collections
internationales de 1 1/2 à 3 millions d’ouvrages
en toutes langues).
5° Au point de vue politique et social: les
violences éliminées de plus en plus du sein
des nations civilisées, formées chacune de grou-
pes d’hommes aussi nombreux que l’était au
moyen âge l’Europe tout entière (Etats-Unis,
75 millions ; Allemagne, 60 millions ; Russie,
115 millions) 5 limitation du nombre de guerres
entre les grands Etats européens et leur espa-
cement à des intervalles de plus en plus éloi-
gnés, conduisant les peuples à se familiariser
avec le régime bienfaisant de la paix et à
désirer celle-ci comme la condition même de
leur vie et de toute leur activité, tant privée
que collective ; réglementation des droits de la
guerre et de l’arbitrage international par la
Conférence de La Haye (35 Etats, représentant
1,285 millions d’habitants, votent en faveur de
l’arbitrage obligatoire) ; 80 traités d’arbitrage
obligatoire conclus de 1903 à 1908 ; neutralité
perpétuelle de certains Etats ; constitution de
systèmes juridiques internationaux de plus en
plus complets en droit international privé (statut
personnel, exécution de jugements étrangers,
protection de la propriété artistique et de la
propriété industrielle, etc.) ; transformation des
systèmes politiques, basés de plus en plus sur
l’autonomie des groupes, d’une part, et leur
fédération, d’autre part (exemples probants de
la Suisse, des Etats-Unis, de l’Empire d’Alle-
magne, de l’Afrique du Sud, de l’impérialisme
anglais, l’Europe déjà réduite à deux grands
groupes de puissances marchant vers une confé-
dération fatale), concentrations ethniques dans
les grands mouvements du panslavisme, du pan-
germanisme, du panlatinisme.
LA PEINTURE BELGE
L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE
Dans la seconde partie du XIXe siècle, l’art
subit une crise. La peinture s’universalise ; elle
s’affranchit des préceptes des écoles ; elle semble
s’évader des nationalités et des races pour s’unir
au delà des frontières artistiques dans une com-
munauté d’idées nouvelles.
Cette crise, c’est-à-dire cette période de trans-
formation, se caractérise par un besoin de créer
des formes qui soient communes aux aspirations
scientifiques ou démocratiques du siècle, de tra-
cer des voies à travers des contrées pas encore
explorées de l’imagination et de la poésie, de
reculer les limites de la sensation et de l’im-
pression. On veut sentir autrement que ceux
qui nous précédèrent, voir plus fortement qu’ils
n’ont vu, décrire plus intensément qu’ils n’ont
décrit.
Certes, une partie de cette activité porte en
elle son artificialité, c’est-à-dire son impuis-
sance. L’artiste ne crée pas, selon sa fantaisie,
des modes d’expression nouveaux. Il est toujours
l’esclave des idées dans l’ambiance desquelles il
vit et se meut. Il n’est que la résultante, la
force consciente de tendances embryonnaires. Sa
puissance créatrice est de les développer, de les
distinguer, de les faire sortir du germe pour
en hâter l’éclosion splendide et féconde.
A l’époque dont nous parlons, bien des for-
mules sont devenues caduques. Leurs règles
désuètes sont en ruines et, comme des feuilles
inertes, elles jonchent le sol de l’art. Immé-
diatement, d’autres plantes, jeunes celles-là,
apparaissent, portant déjà les bourgeons printa-
niers, pleins des promesses de l’avenir. Les faire
s’épanouir tous à la fois en une floraison su-
perbe semble le désir de chacun. La hâte est
dans la main du peintre, comme dans le cer-
veau du poète. Une activité fébrile remplace le
recueillement de jadis. Ce n’est pas sous les
rayons apaisés du soleil, mais dans l’atmo-
sphère surchauffée des serres que paraissent
naître, se développer et grandir les théories
nouvelles jetées en pâture à un besoin inassouvi
de création.
Cette crise apporta avec elle ses troubles et
ses inquiétudes, elle eut ses impuissances et
ses avortements, et cependant elle fut féconde.
L’activité créatrice ne répondit pas toujours à
l’appel des vaillants initiateurs du mouvement
d’art nouveau. On alla très loin, on dépassa le
but entrevu. Après avoir reconnu la nécessité
de se débarrasser des formules surannées, des
tons bruns, ocreux ou grisâtres, on rêva de
F. Courtens. — Les vieilles de Schiedam.
créer de toutes pièces un art original, où tout
serait taches de lumière ou de couleur, de soleil
ou d’ombres, d’où le dessin serait banni, où le
point remplacerait la ligne. Certaines de ces
audaces échouèrent, une partie du problème
resta non résolu. Mais, comme il arrive toujours
en ces circonstances, les quelques années qui
passèrent sur les exagérations des novateurs
firent la part de la vérité et de l’erreur. Celle-ci
produisit ses résultats. On peut les constater,
aujourd’hui que l’ivraie est séparée du bon
grain.
De même qu’à l’époque où se discutent les