Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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LES VOIES D'ACCES A L'EXPOSITION
L’AVENUE LOUISE PROLONGÉE
LES JARDINS DE LA CAMBRE
Le plan que nous publions de la future avenue
Louise prolongée fixera définitivement les idées
très diverses qui courent à propos de ce projet.
Nous avons dit que cette artère formerait une
grandiose voie d’accès à l’Exposition de igio. Il
suffira de jeter un coup d’œil sur l’ensemble du
LA MARE AUX CANARDS (Photog. Nels.)
travail préparatoire pour se convaincre que nous
n’exagérions rien.
A la hauteur de la rue de l’Aurore, un peu au
delà des massifs de rhododendrons, dont certains
avaient, bien à tort, annoncé la disparition, l’avenue
Louise bifurquera.
A partir du Rond-Point l’avenue actuelle, débar-
rassée de ses pelouses, apparaîtra considérablement
élargie; sa zone carrossable, l’allée réservée aux
cavaliers, son chemin pour piétons se partageront
tout l’espace.
La ligne de tramways poursuivra le tracé d’au-
jourd’hui pour tourner à gauche, à l’entrée du Bois,
a l’endroit où s’élève la gare des trams, et s’en-
gager dans une allée nouvelle qui ne s’arrêtera
qu’à l’entrée de l’Exposition (point B). La voie
nouvelle obliquera à gauche dès la rue de l’Aurore.
L’avenue prolongée, large et monumentale, s’ou-
vrira sur le beau panorama de la Cambre. Ce sera
comme une voie suspendue au-dessus des vestiges
monastiques et de la profonde végétation de la
vieille abbaye. Un mur de soutènement (C C)
haut de 25 mètres, ouvrage formidable de maçon-
nerie, aura l’air, pour ceux qui se trouveront dans
le fond, de porter vers les nues l’avenue et la mul-
titude qui s’y pressera. Une balustrade de pierre,
ornee de candélabres et de groupes décoratifs assez
semblable à celle du Jardin botanique, et précédée
d un trottoir large de g mètres, étendra sa protec-
tion tout le long de ce gouffre gracieux.
Cette disposition spéciale aura l’inconvénient,
malheureusement, de séparer l’avenue prolongée
des squares qui s’épanouiront à l’emplacement de
1 abbaye. On sait, en effet, que l’Ecole militaire
tiansférée dans ses nouveaux locaux, des trans-
formations importantes seront faites à la Cambre.
L église de l’abbaye, située dans le coin de la cour,
deviendra une paroisse d’Ixelles, tandis que le corps
de bâtiment principal, aménagé pour y loger le
clergé desservant l’église, sera une cure bruxelloise.
■a limite territoriale (A A) passera entre le temple
et le presbytère.
La Commission des monuments a exprimé le
vœu de voir conserver l’ensemble de la propriété.
Cette conservation est désirable tant au point de
vue des traditions monastiques que du caractère
essentiellement pittoresque qui se dégage des con-
structions et des jardins. C’est M. l’architecte
Collès, dont la compétence et le sentiment artis-
tique sont reconnus, qui élabore le projet d’amé-
nagement complet.
Il serait regrettable que la ville, la commune
d’Ixelles et l’Etat, qui tous trois ont voix au cha-
pitre, ne tombassent pas d’accord pour sertir ce
petit joyau comme il convient.
L’histoire de l’abbaye n’est pas sans intérêt.L’éta-
blissement fut fondé en 1201 par Henri Ier, duc de
Brabant, sur les instances de Gisèle, dame noble
de Bruxelles, qui y établit la règle de Citeaux.
L’église fut construite entre l’année 136e et le
commencement du XVe siècle. En 15’78 elle fut
incendiée par les Espagnols, qui craignent qu’elle
ne servit de refuge aux rebelles. L’abbaye fut réin-
tégrée par les religieuses en i5gg. Aussitôt com-
mencèrent les travaux de restauration.
Par son charme pittoresque, le vieil immeuble
s’assure la sollicitude de tous les amoureux du
beau.
Depuis l’entrée, de style Louis XIV, avec ses
détails ravissants, ses fioritures dont la principale
séduction est la pureté des lignes, on est saisi par
l’élégance et la poésie de tout ce qui environne. En
dépit d’un affreux badigeon et de grossiers contre-
forts prodigués avec excès, l’œuvre délicate des
bâtisseurs rayonne dans toute sa richesse et dans
toute son élégance. La présence de ceux qui s’ini-
tient à l’art de la guerre dans ces lieux évocateurs
de calme extatique est une dérision étrange. Ce
séjour, où le bruit des armes ne devrait pénétrer,
est fait pour abriter de la dévotion et de la poésie.
Ce qui subsiste encore des jardins peut donner
une idée de leur merveilleuse beauté d’autre-
fois. Ils furent desssinés par Lenôtre, le créateur
célèbre du parc de Versailles. Ils s’étagent en
paliers que relient entre eux des degrés de pierre
aujourd’hui ravagés par la vétusté, mais. .sur
lesquels, à l’ombre des arbustes grimpants aux
floraisons de pastel, passent encore comme des
silhouettes monacales, mélancoliques et blanches.
Ces jardins, où l’on rencontre des coins dont
LA CHAPELLE
la disposition jolie n’est plus dans la conception
moderne, étaient situés en dehors de l’enceinte
du couvent. Ils formaient ce qu’on appelait
alors le « Bois de la Cambre ». Ils étaient ouverts
aux bourgeois, qui avaient, fait de ces allées
ombreuses et de ces parterres fleuris leur prome-
nade favorite.
Si l’entente se faisait entre les différents pouvoirs,
peut-être pourrait-on reconstituer ce « bois » d’au-
trefois et le faire courir de palier en palier, de
degré en degré, jusqu’à l’avenue prolongée, d’où
l’on pourrait, ainsi agréablement descendre et
s’égarer jusqu’à ce sitçr charmant que présente la
« mare aux canards » et à la chapelle de Saint-
Boniface, une autre petite merveille de fraîcheur
et de pittoresque.
Saint Boniface vécut pendant dix-huit ans à
l’abbaye et il y mourut en 1260. La maison où il
rendit le dernier soupir fut convertie en chapelle.Elle
brûla. Onla reconstruisit en 1781. C’est ainsi qu’on
la voit dans la reproduction graphique ci-dessus.
La mare et la chapelle n’ont pas de chance. On
parle de combler la première. On va emprisonner
l’autre dans les constructions de l’avenue Courbe
dont Ixelles projette la construction et dont on
peut voir le tracé dans la partie supérieure de notre
plan. Cette avenue n’aura qu’un côté bâti. Les
maisons feront face aux squares et bosquets de
l’abbaye.
Il y a des obstinations déplorables. Le Minis-
tère de la Guerre ne refuse-t-il pas de laisser démolir
les locaux de l’Institut cartographique, (D) qui
demeureront, verrue abominable, dans l’oasis
fraîche et riante de la Cambre!
Ne pourrait-on pas installer l’Institut cartogra-
EcOLE MILITAIRE — LA COUR D’HONNEUR
phique dans les bâtiments qui resteront dispo-
nibles de l’ancien couvent ou le reléguer tout sim-
plement à la nouvelle Ecole militaire?
Fern. W.