ForsideBøgerExposition Universelle In… De L'exposition, Vo.l 1

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sted: Bruxelles

Sider: 452

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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L’EXPOSITION DE BRUXELLES 35g LA PEINTURE BELGE L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE (Suite) Nous avons parlé, dans le précédent article, des paysagistes contemporains. Nous avons com- mencé par Gilsoul, nous avons fini par Courtens, ces deux représentants d’un genre que chez nous on pourrait presque dire national. Il y aurait bien des noms à citer encore. A côté de M. Rodolphe Wytsman il faudrait mentionner aussi Mme Wytsman, dont les toiles nous rendent une impression si pénétrante, l’intime commu- nion de l’artiste avec la nature fleurie aux vastes horizons mauves ou bleutés ; le bon peintre de plein air François, dont une récente exposition au Cercle artistique rappela le talent à ses admirateurs, M. Paul Mathieu, M. Georges Bernier, Mlle Montigny, tous les peintres de l’école d’Astène et de Termonde. De très près apparentés avec ces artistes sont les peintres de villes. Ils sont légion chez nous, ceux qui fixèrent sur la toile ou reproduisirent par l’aquarelle les visions si caractéristiques de nos villes flamandes. Il n’est guère d’expo- sition qui ne nous montre la séduction de ses paysages urbains et avec quel amour nos artistes les peignirent. Et pourquoi s’étonner de cet émerveillement de nos peintres devant ces pierres ? Peu de contrées en possèdent de semblables. Pierres frangées d’or des vieilles cités flamandes, sur lesquelles le soleil mourant du crépuscule se repose, pierres de carmin, que nos cieux ternes brunissent aux heures d’ombre et de mélancolie, pierres rosées par les aurores, un Willaert les a nuancées de tous les tons de sa palette, un Omer Coppens les a peintes rutilantes et nacrées, un Gilsoul a fait passer sur elles la gamme des couleurs, un Opsomer en a rendu la savoureuse bigarrure, un Hannotiau en a fixé le charme avec émotion, avec piété, avec amour. Les pierres du pays de Flandre sont comme le miroir fidèle qui reflète toute la pensée frémissante d’un peuple héroïque, toute la vie ardente de généra- tions qui ont vécu, aimé et souffert à leur ombre. Et l’on dirait que parfois ces pierres s’illuminent, vers le soir, de feux de pierreries, de rubis et de topazes. Ruskin a écrit un livre sur les pierres de Venise. Qui dira la beauté des pierres de Flandre ? Mais nos artistes aiment aussi à pénétrer dans ces habitations où tout parle à l’âme le langage muet, si ému et si troublant, des choses fami- lières. Dans la disposition de son humble mobi- lier, le paysan flamand a mis un peu de sa personnalité, et dans sa fruste simplicité une chambre de ferme, une pièce en apparence mi- sérable de quelque logis provincial nous révèle l’existence des gens qui y vécurent. Le peintre malinois Alexandre Struys excella à nous rendre la poésie de ces intérieurs ; il y retrace parfois un épisode de la vie des pauvres gens, et c’est alors un tableau ému et douloureux qu’il nous livre, telle que la Visite au malade, du Musée de Bruxelles. Une observation précise, une ten- dresse, une pitié s’y révèlent. Il faut à Alfred Verhaeren, coloriste puissant, des intérieurs plus somptueux pour que sa pa- lette puisse montrer ses richesses. Un atelier, une église, une sacristie lui permettent de faire vibrer la splendeur de ses verts, de ses rouges. la symphonie puissante de ses couleurs chaudes, qui s’harmonisent en des accords d’une tonalité exquise. Le pinceau élégant de M. René Janssens re- produit les intérieurs opulents où s’affirme la recherche du luxe et une savante préciosité. La peinture historique est un genre presque abandonné aujourd’hui. Le romantisme l’avait mise en honneur. Il semble qu’elle soit morte avec lui. Les artistes contemporains ne se sou- cient plus de reconstituer les grands événements du passé. Nous n’aimons plus l’emphase du geste et de l’attitude. A l’étranger, deux artistes célèbres tentèrent de rénover le genre en Je transformant, en le parant de somptuosité, en lui imprimant un caractère de grandeur qui l’imposa quelque temps encore, c’étaient Makart et Munckasy en Autriche, Rochegrosse en France. Les peintres belges n’eurent pas cette imagi- nation ; on peut dire que chez nous le genre his- torique ne se modifia pas et qu’il mourut de sa mort naturelle, sans tenter ce prestigieux effort de survivance. Les successeurs de Wappers, de De Keyser et de Ferdinand Pauwels, dont on remarque des fresques curieuses au château de la Wartbourg, en Thuringe, Jean Portaels, dont nous avons parlé déjà, Godefroid Guffens, au- teur des fresques de l’hôtel de ville d’Ypres, Edouard Hamman, André Hennebicq, Albert de Vriendt, Gustave Vanaise (Gand 1854-1892), influencé par Bastien Lepage, et qui s’impose encore par ses grandes toiles de Pierre l’Ermite prêchant la première croisade, la Prédication de Saint-Liévin, du Musée de Gand, et mieux peut- être par ses portraits et ses tableaux de genre, tous ces peintres enfin ont pour continuateurs notre contemporain Emile Wauters (Bruxelles 1846), qui peignit ces tableaux si connus du Peintre Hugues Van der Goes au château de Rouge-Cloître et de Jean Sobieski devant Vienne (Musée de Bruxelles). Et nous ne trouvons plus dans ce genre d’autres noms à citer. Cependant, en parlant d’un genre désuet, nous dirons quelques mots du bon peintre Eugène Smits, l’auteur depuis longtemps célèbre de Roma et des Saisons, artiste à l’imagination ro- mantique, souvent inspiré par les anciens Ita- liens, originalité puissante, créateur d’œuvres délicates et fines. M. Léon Frédéric (Bruxelles, 1851) nous apparaît, dans la partie la plus importante de son œuvre, comme le peintre des miséreux et des paysans. Qui ne connaît ces toiles célèbres du Musée de Bruxelles, les Ages du paysan et les Marchands de craie, la première qui symbo- lise d’une manière si frappante, avec une poésie si puissante, la destinée du travailleur de la terre, la seconde qui est empreinte de tant de mélancolie et de tant de pitié, qui nous montre dans la tristesse des banlieues les colporteurs dolents prenant le maigre repas grâce auquel ils pourront encore prolonger leur vie de misère et d’amertume ? Mais M. Léon Frédéric peut aussi nous offrir de plus riants tableaux. Il donne libre cours à son imagination dans le Ruisseau, où, sous l’inspiration de la « Pasto- rale » de Beethoven, il a produit une conception souriante qui, par la voix des enfants blonds et roses, chante au milieu de la forêt pleine de sève la chanson du printemps éternel. Plus austère que Léon Frédéric, fidèle à son âpre pays de Campine, dont il est l’interprète ému, Jacob Smits est, lui aussi, le peintre des paysans. Un peu de mysticisme se mêle souvent à son art. Imitant le Bavarois Uhde, l’artiste nous représente dans un de ses tableaux du Musée de Bruxelles (Le Symbole de la Cam- pine) le Christ prenant place à la table du villa- geois. M. Smits veut ainsi exprimer la piété ardente des humbles paysans de la région des bruyères. Il excelle d’ailleurs à nous rendre les types bien caractérisés des Campinois, les faces anguleuses, les fronts obstinés et têtus, les yeux illuminés où passe comme un éclair venu d’un foyer intérieur de pensée et de foi. En chacun de ses personnages semble vivre un symbole. C’est aux mêmes sources que Franz Van Leemputten (Wechter 1850) va puiser son ins- piration. Son Dimanche des Rameaux en Cam- pine caractérise bien son art sincère, son souci de l’observation, son amour des humbles, des paysans campinois dont il peint l’existence mo- notone et triste avec poésie, avec émotion. M. Jean Mayné, artiste savoureux, révèle dans ses œuvres, très diverses, de précieuses qualités d’observation. M. Jan Stobbaerts continue chez nous, avec une originalité savoureuse, les traditions des peintres animaliers. Il nous montrera l’intérieur d’un fournil, celui d’une étable ou d’une écurie, avec ses habitants, les bœufs qui paresseusement sommeillent, les petits cochons blancs ou rose, ou encore dans une boucherie l’animal qui ago- nise sous le couteau meurtrier. Il fait passer sur ces intérieurs rustiques, une belle lumière d’ambre ou d’or. Les peintres du portrait sont nombreux. On connaît les portraits de Lempoels, d’André Cluy- senaer, de Léon Herbo, de Watelet, de Maurice Wagemans, de Lucien Wollès, de Mme Louise de Hem, etc. La peinture de genre en laquelle excellèrent jadis les Hollandais, cette notation minutieuse ou fantaisiste des scènes intimes et familières ouvre à l’imagination de nos artistes des hori- zons presque sans limites. Leur imagination peut s’exercer à loisir dans ces tableaux où ils décri- vent un petit événement de l’existence quoti- dienne, où ils expriment la grâce d’une attitude, la gaîté d’une situation, le pittoresque d’une intimité. M.Jean Gouweloos révèle un sentiment délicat dans ses interprétations féminines, dans le rendu des chairs lumineuses, des étoffes soyeuses. M. Charles Michel, artiste rare et précieux, nous donne la gamme des demi-teintes exquises dans ses tableaux d’observation ou de fantaisie, où la technique du peintre n’a d’égale que la sub- tile imagination de l’artiste. M. Melchers est le peintre des boudoirs élégants. La virtuosité de M. Alfred Bastien s’est exer- cée dans des genres très divers. Certaines nota- tions des paysages italiens et africains ont remis récemment en lumière le talent de cet artiste, qui, abandonnant les tonalités un peu sombres qu’il