Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

426 L’EXPOSITION DE BRUXELLES qu’on trouvera ici ceux dont on peut espérer le meilleur rendement: le café, le cacao, la vanille, la canne à sucre, les cotons indigènes, le copal et surtout le tabac, qui réussit remar- quablement au Congo : celui de Lukolela est déjà renommé au pays des calumets. » La collection des monnaies indigènes est une des plus remarquables qui soient : elle com- prend toutes les monnaies existantes, disparues ou en voie de disparition, depuis l’introduction du numéraire et des marchandises d’Europe. La monnaie ancienne est représentée par des an- neaux et des colliers de fer, de cuivre et de laiton, par des pièces de fer énormes, en forme de sabres ou de lances. Une inscription nous apprend que quinze pièces de ce genre suffi- saient à payer l’achat d’une femme, et que la valeur d’un homme était estimée à neuf pièces plus une lance, tandis qu’on ne donnait qu’une poule en échange d’une de ces pièces ! » * * * « La galerie des marbres, qui occupe toute la longueur de la façade vers le Parc, est d’une grande richesse. Le sol et les murs, jusqu’à la naissance de la voûte, sont tapissés des marbres les plus rares. »Au milieu de cette galerie, qui a grande allure, une rotonde couverte d’un dôme élancé s’ouvre sur le jardin et l’on découvre de là l'un des sites les plus beaux du merveilleux parc de Tervueren : une succession d’étangs pittores- quement étagés dans la verdure et allant se perdre au loin dans la forêt. C’est sous ce dôme que s’érigera sur un socle très riche le buste en ivoire du roi Léopold II, par Vinçotte. Trois hautes portes de fer ouvragé donneront accès au jardin central, tout fleuri de parterres de roses. » La galerie des Marbres est réservée exclusi- vement à l’ethnographie. L’une est consacrée au district de l’Equateur ; c’est la seule qui soit achevée ; l’autre au district des Bangalas. On a fait, au point de vue ethnographique, une étude aussi complète que possible de ces deux régions et les résultats en ont été admirablement concrétisés. » Dans chaque vitrine, qui a en quelque sorte sa spécialité, les objets ont été disposés avec un goût et un soin si parfaits qu’il serait injuste de ne pas louer ceux qui s’y sont employés. Telle vitrine groupe dans un harmonieux ensemble tous les engins utilisés par l’indigène pour la pêche, les flèches dont il se sert pour harponner le poisson, comme les filets à mailles serrées qu’il dispose dans le fleuve pour emprisonner ses victimes. Telle autre vitrine abrite des pa- noplies d’armes, d’arcs et de flèches ; telle autre encore étale sous nos yeux la plus étonnante collection de couteaux de guerre et de couteaux d’exécution qui se puisse voir. Voici encore des pirogues grossièrement façonnées, des bou- cliers, des tambours, plusieurs armoires pleines de poteries, de fétiches grimaçants, de colliers et de ceintures dont se parent les « élégantes » de l’Equateur. Il y a parmi ces « joyaux » qui servent de parure aux femmes riches un amour de collier en cuivre massif pesant la bagatelle de 40 livres ! » Détail intéressant pour les habitués du Parc de Tervueren : les collections de la galerie des Marbres seront constamment renouvelées. Tous les trois mois, le personnel scientifique de l’ad- ministration coloniale nous présentera l’ethno- graphie d’une autre région et ainsi de suite, jusqu’à ce que le Congo tout entier ait défilé sous nos yeux.» * * « De la galerie des Marbres on arrive bientôt dans la seconde partie du Musée, dont les salles correspondent exactement comme disposition aux précédentes. La première salle dite des Sciences minérales, n’est pas encore très avancée. La décoration a été confiée à Ciamberlani, qui a reproduit quelques sites congolais, principale- ment des paysages du Haut-Congo. Le centre de cette section sera occupé par la grande carte géologique en relief du professeur Cornet. » La seconde salle, dont la décoration a été confiée à Fabry, offre sur ses panneaux une vue du Stanley-Pool et la traversée du col de Pala- bala par le chemin de fer. Cette salle est ré- servée aux poissons, aux reptiles et aux batra- ciens. Deux énormes crocodiles, montés sur un rocher artificiel, y exhibent dans la verrière cen- trale une paire de mâchoires peu engageantes... » La.troisième salle est consacrée aux oiseaux. Hy a là tout un monde de volatiles aux plu- mages chatoyants qui attendent qu’on les empri- sonne dans leurs cages de verre. Beaucoup de rapaces et une très belle collection d’échassiers. » La visite s’achève par la galerie des mam- mifères, où nous trouvons les grands animaux, le lion, le léopard, un rhinocéros blanc — le plus beau spécimen existant dans les musées, — un éléphant, une girafe, le fameux okapi, les chimpanzés, les buffles, les antilopes, etc. De quoi amuser et intéresser grands et petits. » Il reste à signaler encore, pour terminer, les deux grandes galeries qui relient les extrémités de la salle des Marbres, d’une part, à la salle des mammifères, et, de l’autre, à la salle d’ex- portation. On y a peint, sur les murailles, quatre grandes cartes du Congo d’un développement de 60 mètres carrés chacune : la carte politique, la carte économique, la carte physique et enfin la carte des explorateurs, indiquant les itiné- raires suivis par les héros de l'entreprise afri- caine. » Tout cela est vraiment très beau, très riche et très intéressant. Le Musée de Tervueren sera, dans les premiers jours de mai, prêt pour l’inau- guration solennelle à laquelle le Roi, on le sait, compte présider en personne. Ce résultat n’aura pas été obtenu sans peine et c’est pourquoi il ne faut pas marchander les éloges au directeur de l’établissement et à tous ceux qui l’ont vail- lamment secondé : MM. Coard, conservateur de la section de géologie ; Maes, attaché à la section ethnographique ; Dewaet, chef du per- sonnel, et les trois préparateurs : MM. Swinens, Opdenbosch et Duchêne. » INFORMATIONS DIVERSES La cérémonie d’ouverture. Les détails de la cérémonie d’ouverture vien- nent d’être arrêtés définitivement. La cérémonie aura lieu, répétons-le, le 2 3 avril, dans la grande salle des fêtes, à 2 heures de l’après-midi. Une grande estrade latérale sera réservée aux membres de la famille royale. Aux deux côtés prendront place les ministres, les membres du corps diplomatique, les ministres d’Etat, les re- présentants et les sénateurs et leurs femmes ; les membres du comité exécutif, les directeurs- généraux et les membres du commissariat géné- ral. Tout le monde en uniforme, habit de cour ou frac. A l’extérieur de la salle, le service sera fait par des sous-officiers de l’armée portant des brassards aux couleurs de la ville de Bruxelles. A l’intérieur se trouveront des commissaires choisis parmi le personnel des ministères et des sous-lieutenants de l’Ecole d’application portant des brassards aux couleurs nationales. Dans la salle, il y aura exactement 2,644 places assises et 400 places debout. Le discours d’inauguration sera prononcé par le baron Janssen, président du comité exécutif. Puis, le ministre de l’Industrie et du Travail NAÏADE, PAR M. V. DEHAEN. prendra la parole au nom du gouvernement. Après la réponse du Roi commencera la visite de l’Exposition. Le cortège royal se rendra d’abord dans la section belge, où il sera reçu par le commis- saire-général du gouvernement, entouré des membres du commissariat- général, et par M. Beernaert, président du comité de patro- nage. Puis le Roi visitera les principaux pavil- lons étrangers. Pour éviter l’encombrement dans les galeries, celles-ci seront fermées au public pendant la visite royale. En dehors des personnages offi- ciels, n’y seront admis que les exposants, les membres des comités de groupes et de classes, qui auront fait retirer en temps utile leurs cartes de circulation, et les membres de la presse. Les abonnés et les visiteurs pourront circuler dans les jardins. Pour les non-abonnés, le prix d’entrée sera de 2 francs. Un raout, offert par l’Administration commu- nale, aura lieu le lendemain, dimanche 24 avril, à 9 heures du soir, à l’Hôtel de Ville. Pour éviter l’encombrement. Le comité exécutif a décidé, en vue d’éviter l’encombrement dans les galeries, au cours de