L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
3
ses désirs, et les poupées doivent coûter
fort cher à établir, — mais de dessins co-
loriés, où nous aurions suivi les modiii-
cations dos robes d’IIortense et des coupes
• I habit de, Banville, durant les vingt-cinq J
ou trente années pendant lesquelles la
puice a été dans le train. Une longue
i'iterruption et alors nous avons un cos-
tume, le costume idéal de 18.30.
Voilà de quoi regarder et de quoi phi-
losopher ! mais quel enseignement, quelle
idée théorique voulez-vous que je tire
des dessins exposés? On me donne les
quinze dessins de la reprise de Ruy-Blas
en 1879 ; mais il fallait me mettre à côté
ceux de la première représentation; et
de même pour les trois dessins du Roi
s amuse 1882. Si vous ne m’offrez pas
un point do comparaison, vos dessins ne
nie renseignent pas mieux sur les progrès
<le la mise en scène que le spectacle, où
je puis assister en prenant mon billet pour
la Comédie-Française.
Les curiosités, qui ne sont que des cu-
riosités, abondent à l’Exposition et la.
rendent très divertissante. Vous savez
tous (c’est une façon de parler, car ces
sortes de choses ne se savent guère que
flans notre petit monde), vous savez
<ionc ou vous ne savez pas qu’il y a à
Paris un original fort riche et très amou-
reux de théâtre, qui s’est mis en tète de
former, pour son plaisir personnel, une
galerie très complète de portraits et ta-
bleaux intéressant la Comédie-Française
contemporaine. Il s’appelle M. Pasteur,
et n’a d’autre rapport avec notre illustre
savant que cette homonymie.
Avec l’idée fixe, on arrive à des pro-
üiges. Personne n’a réuni plus de docu-
ments sur la maison de Molière, telle
qu elle se comporte aujourd’hui. Il a mis
sa collection tout entière au service des
organisateurs de l’Exposition. théâtrale,
foute la Comédie-Française revit dans la
série des portraits qu’a rassemblés cet ai-
mable monomane.
Entremêlés à ces portraits, dont quel-
ques-uns sont excellents, mais qui, pour
la plupart, valent plus comme documents
que comme œuvres d’art, vous trouve-
rez un certain nombre de bustes, qui sont
de la main de M. Francesclii :Mmes Bartet,
Barretta, Carvalho ; MM. Gounod, Régnier
et Sardou. Tous ont la vie, mais non
1 immortalité : j’entends cet au-delà, qui
que, regardant au foyer de la Comé-
ie-1 rançaise le Rotrou, — une pure mer-
veille, . le Molière ou le Corneille, nous
sommes saisis et ne pouvons plus nous
figuier 1 original sous d’autres traits.
Près de ces bustes, d’autres qui ont
été exécutés, enlevés plutôt pour servir
aux exhibitions du musée Grévin. Ces
bustes crient de ressemblance ; car le
trait qui est caractéristique est violem-
ment exagéré, comme il arrive toujours
dans ces reproductions, qu’on fait pour
frapper la grosse foule. Parmi ces bustes,
figure celui de Zola, qui ne s’attendait
guère, sans doute, à figurer dans une
e-xhibition théâtrale.
Sous une vitrine, on a placé quelques
autographes de compositeurs de musique.
Il parait qu’ils sont très curieux. On m’a
expliqué que dans la phrase de Guillaume
Tell comme dans celle de Robert le
Diable, où se marquait la main des deux
plus grands musiciens de ce temps, il y
avait le premier jet ou le premier tâton-
nement de l’homme de génie, cherchant
son idée, qu’il ne mènera que plus tard
à son point de perfection. Le malheur
est que pour le passant, qui regarde à la
volée, peur moi-mème, hélas! ce n’est
qu’une page de musique manuscrite. Il
faudrait, pour rendre sensible à la foule
la curiosité de cette feuille, qu’un confé-
rencier, aidé d’un chanteur, lui révélât
les divers états par lesquels a passé la
phrase musicale, avant d’arriver à celui
où s’est definitivement arreté l'auteur.
Autour du pavillon réservé à l’Exposi-
tion théâtrale, les organisateurs ont dis-
posé en circonférence un nombre consi-
dérable de maquettes des décorations du
nouvel Opéra (1875-1877). C’est de toute
l’exposition la partie qui semble exercer
le plus d’attraction sur le public. On voit
la foule incessamment tourner autour do
ce promenoir, jetant à chaque maquette
un coup d’œil sur la décoration qu’elle
représente derrière la vitre qui la pro-
tège.
La décoration est un art où nous n’a-
vons pas de rivaux, il y a dans ces
maquettes exposées quantité de chefs-
d’œuvre, qui sont par malheur destinés à
périr. Quelques-unes passent déjà, et les
Ions se sont, pour ainsi dire, enfumés.
Comme il serait impossible de les passer
toutes en revue, je n’en citerai que deux,
parce qu’elles résument le faire particu-
lier de deux ateliers rivaux : celui de
M. Lavastre et celui de MM. Rubé, Chape-
ron et Jambon.
M. Lavastre est admirable surtout par
la façon dont il sait rendre ce qu’il y a
d’architectural dans un décor ; il point
plus volontiers los intérieurs, les grands
édifices, et il en ouvre les longues et ma-
gnifiques perspectives. Allez voir les ma-
quettes de l’IIôtel de Ville dans l’opéra
de Patrie. C’est un tableau grandiose,
qui est de toute beauté. Et remarquez-le,
je vous prie : si vous ne pouvez le regar-
der sans tressaillir, ce n’est pas du tout
qu'il soit une reproduction exacte du véri-
table Hôtel de Ville de Gand. Non; c’est
que, par la disposition architecturale du
lieu, le peintre décorateur a eu Fart d'é-
veiller chez le spectateur l’idée d’un
drame extraordinaire d’héroïsme qui doit
avoir lieu dans celle vaste salle. C’est
l'imagination que l’artiste met en branle ;
ce n’est pas à la mémoire qu’il s’a-
dresse.
Rubé, Chaperon et Jambon, trois noms
qui sont inséparables, excellent dans le
paysage. Allez voir la lande des Kor-
rigans, dans la Korrigane, ou plutôt
encore, dans le Ciel, le merveilleux ta-
bleau du camp, avec la mer qui étincelle
à l’horizon.
Il va sans dire que je ne voudrais
faire tort ni à M. Chéret. qui est un maî-
tre, lui aussi, ni à M. Carpezat qui est, je
crois, un élève de Lavastre.
On a dit souvent que notre école de
sculpture était la première de toutes, et
qu’aucun nation no pouvait, sur ce ter-
rain, entrer en lutte avec nous. Il en va
de même de notre école de décoration
théâtrale. Aucun peuple ne pourrait rien
opposer à cette admirable série de chefs-
d’œuvre que l’Opéra vient d’exposer, sans
remonter plus loin que 1785.
Il me semble pourtant que, depuis quel-
ques années, nous nous laissons séduire
au goût du paillon, qui nous vient d’Italie ;
nous avons une tendance à nous contenter
du décor de pacotille, violemment éclairé
par des jets crus de lumière électrique.
Gardons soigneusement celte supériorité,
une dos dernières qui nous restent.
J’ai fait le tour de cette exposition. Ce
n’est pas ma faute si le compte rendu est
quelque peu décousu. Jene puis pascréer
après coup un ordre artificiel là où les
organisateurs n'en ont pas mis. Allez, à
i cette exposition comme vous entreriez
dans un magasin do curiosités, formé de
bric et de broc, auliasanl delà fourchellc,
par un amateur de théâtre.
Francisque Sarcey.
LA PAGODE BOUDDHIQUE
Tous ces étrangers qui peuplent l’Exposition,
me paraissent, en général, doués d’une forte
dose d’indifférence et d’impassibilité. Je sais
bien que l’Oriental est grave et rit en dedans;
mais cette gaieté tout intérieure n’explique
pas le flegme et l’indolence dont ces gens sem-
blent accablés. De tous ceux, Chinois, Arabes,
Sénégalais, Annamites, Indiens, Javanais, avec
lesquels j’ai été amené, depuis trois mois, à lier
conversation, aucun ne m’a paru s’intéresser
réellement à la nouveauté du spectacle extraor-
dinaire que leur procure le voyage de France.
Quelques-uns sont pourtant d’une intelligence
rare et d’une singulière vivacité d’esprit. Oui
n’a rencontré à l’Esplanade un jeune Annamite
en robe bleue, rattachée au cou par un bouton
de verre jaune? Son teint est blanc, sa démarche