ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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102 L’EXPOSITION DE PARIS a recherché des formes légères, sans saillies accentuées, sans hérissement de pinacles, d’acrotères et d’astragales, une décoration simple et riche à la fois. Ces exigences techniques ont été pour lui ce que la rime elle mètre sont au poète. Elles Font amené à condenser sa composition, à en harmoniser toutes les parties, avec une grande précision, et l’œuvre d’art est devenue ainsi l'enveloppe du mécanisme, d’horlogerie, comme le vers est le vête- ment de l’idée. Avec la renaissance moderne de la sculpture et la découverte des procédés économiques de réduction, l’industrie a adopté une nouvelle forme, en contradic- tion radicale avec cc principe : la pendule socle. Le système contraire d’autrefois, dont les Trois Grâces de Falconet sont restées le type le plus célèbre, était do meilleur goût et un peu plus logique. Cette utilisation industrielle de la statuaire con- stitue une monstrueuse hérésie artistique. Il semble, d’ailleurs, que les fabricants qui s’y livrent, avec entrain et profit, en aient la conscience. J’ai constaté agréable- ment que dans la plupart des pièces de ce genre qui se trouvent à l’Exposition, on a disposé les cadrans de telle façon qu’ils sont à peine visibles ; pas do fonds écla- tants; un léger anneau de métal enserre les aiguilles, très ténues. C’est là un véritable socle qui paraît simplementorné. Cet aveu de culpabilité mérite quelque indulgence; il fait prévoir heureusement la conversion prochaine et complète des hérétiques, pénitents. Qu’on modèle en torchères, en cariatides, ou en gaines, toutes les déesses, nymphes et bacchantes qu’il plaira; qu’on les coule, en cuivre, en fer, enplomb ou en stéarine, peu importe. Mais convertir en sujet de pendule ou en un instrument quelconque d’utilité mobi- lière la Vénus de Milo, le Narcisse, le Jour et la Nuit de Michel-Ange, etc., c’est une profanation qui, aux temps anti- ques, eût attiré le châtiment des dieux. Cola me rappelle la fantaisie épaisse d’un richissime amateur étranger, qui, pour témoigner publiquement, dansun banquet, de son ardente passion de l’art, avait imaginé de faire reproduire, en bouchons de bouteilles et de carafes, tous les chefs- d’œuvre de Phidias, de Polycïète et de Lysippe. On lui souhaita le châtiment de Midas; il l’avait bien mérité. L’industrie des montresneprésentepas, au point de vue artistique, une moindre diversité de styles, de fantaisies et d’ex- centricités, et il n’est guère plus facile do tirer de 1 analyse de son exposition des indices pour déterminer avec exactitude le caractère de la production pendant cette fin de siècle. La seule particularité évidente est le développement de la fabri- | cation de la montré d'art, ou qui, tout au moins, tend à passer pour telle. A aucune Exposition antérieure, je n’avais vu une proportion aussi considérable de pièces décorées. Le goût actuel du public riche est incontestablement porté vers ce genre, auquel il a été initié par l’organisation des musées d’art et d’industrie, par les expo- sitions rétrospectives et par les ouvrages d’érudition artistique. En écartant, par principe, toute la catégorie des pièces dites dß haute nouveauté, les pommes de parapluies et do cannes, les briquets ou porte-cigarettes, les bracelets, les noi- settes, oignons, bonbonnières, etc., les pièces fabriquées spécialement en vue de l’Exposition actuelle, avec des tours Eiffel, des portraits de M. Carnot, des emblèmes et des allégories du centenaire, ou peut déclarer, sans trop de présomp- tion, qu il y a dans cotte seclion plus d’art, plus de goût et d’originalité, que dans la section des horloges et des pendules. L’imitation servile et banale du passé s’y manifeste moins audacieusement et les témoignages d une préoccupation élevée do produire de belles œuvres y sont plus nombreux. L’industrie française des horloges et pendules n'a pas, à l’Exposition, de con- currents; mais la Suisse lutte do puis- sance cl outillage, d’habileté technique et de goût avec la France, dans la section dos montres. Elle a envoyé de fort belles pièces, d’une forme gracieuse et d’une décoration artistique. Les ciseleurs et les graveùrs ont cherché, sans faire de la compilation ni du vieux neuf, des inspi- rations fécondes dans les meilleures épo- ques d art, tant en Italie et en Allemagne qu’en France; ils se sont ingéniés à varier les procédés de décoration, à mettre delà couleur dans leurs compositions, par des alliages habiles de métaux et par l’emploi intelligentdesémauxmoderneset anciens. Nos artistes, cependant, ne leur sont inférieurs en rien: ils n’ont ni moins de passion pour leur métier, ni moins de souci de la perfection, et, tout chauvi- nisme écarté, je n’hésite même point à tenir encore non seulement les Parisiens, mais ceux de Besançon, comme les vrais maîtres pour faire une pièce d’art. L’Ex- position en est la preuve éclatante. Il y a là des œuvres exquises, aussi originales qu’élégantes et d’un travail fort précieux. J ai eu grand plaisir également à décou- vrir que les montres à matières de prix, perles, diamants, pierres, sont moins nombreuses qu’autrefois ; que les pièces à bon marché témoignent toujours, par quelque côté, d’une préoccupation d’art. Dans dos fantaisies excentriques même, des réveille-matin de poche, des montres à mouvements invisibles, des cigales qui, par leur cri, remplacent le traditionnel nœud de mouchoir, on a fait appel au concours d un artiste pour donner une plus-value à la trouvaille de l’inventeur. C’est là un indice très caractéristique du développement du goût. En résumé, cette grande industrie nationale de l’horlogerie est en progrès ; nous devons nous en féliciter, car elle occupe plus de 60,000 ouvriers, et donne lieu a un mouvement commercial annuel d’environ 65 millions de francs. Marius Vachon. ^EXPOSITION DU BRÉSIL L’étude de la situation actuelle du Brésil nous est rendue facile par une série de publications faites sous la direction de M. de Santa-Anna Nery, journaliste brésilien, qui écrit le français de façon à nous faire envie, et qui est un éco- nomiste estimé en même temps qu’un bon écri- vain. C’est d’abord un grand ouvrage, Le Brésil en 1889, rédigé avec le concours d’un certain nombrede littérateurs et de savants nationaux; puis c’est un Guide de l'émigrant au Brésil, et enfin une Notice descriptive sur le Brésil à l’Ex- position de 1889. On trouve dans ces publica- tions un ensemble de renseignements qu’on de- manderait vainement à d’autres documents français. Il convient cependant de les manier avec prudence. Je ne sais pourquoi les totaux quinquennaux y sont constamment donnés pour des moyennes, ce qui pourrait induire grave- ment en erreur. Le Brésil avait exposé en 1867 et s’était abstenu en 4878. Il y avait donc vingt-deux ans qu’il ne s’élail présenté iï notre examen. Il l’a fait cette fois avec une ampleur dont il faut re- mercier les particuliers qui ont pris l’initiative de son Exposition. Trois grands faits dominent son histoire éco- nomique pendant celte période: l’émancipation des esclaves et l’accroissement considérable de 1 immigration qui en est la conséquence; l’ou- verture du bassin de l’Amazone au commerce; le développement extraordinaire de la culture du café. Le recensement de 1872, le dernier qui ait été fait, avait relevé l’existence de 1,510,806 es- claves sur une population totale de 9,930,472 ha- bitants. L’asservissement de ces malheureux était une honte, mais la question était de sa- voirs! la suppression de cette honte n’entraîne- rait pas la ruine des cultures du pays. Il n’a point manqué de prophètes de malheur pour prédire au Brésil qu’il ne remplacerait pas le travail servileet que par conséquent c’en serait fait do sa force productive. Il est consolant de constaler que ces prophètes se trompaient et que, pour celte fois, la fortune a été du côté de la e^nérosité. La loi qui a émancipé définitivement les es- claves, et qu’on a baptisée du beau nom de « loi dorée », n’est que du 13 mai 1888; elle n’a donc pas encore donné ses conséquences, mais l’ex- périence du passé permet de les attendre sans inquiétude. En effet, la traite étant supprimée, l’esclavage ne se recrutant plus, et une série de mesures d’affranchissement ayant été prises, le nombre des esclaves avait été réduit de moitié