L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
vive, ses yeux brillants; on le nomme le Petit
Jules, et son nom est en effet Jules Luong. 11 a
15 ans. 3st né à Hanoï, parle et écrit le français
avec une grande facilité, et sert d’interprète
aux Annamites; on le voit un peu partout, se
promener gravement, une badine à la main, et
parfois un lorgnon bleu fixé, tant bien que mal,
sur son nez aplati.
Le Petit Jules a bien voulu me servir dïntro-
ducteur à la pagode de la Grande Tranquillité
que M. Dumontier, l’un de nos compatriotes
qui connaît à fond les mœurs et la langue des
pays d’Orient, a fait construire dans un terrain
voisin du Pavillon central des Colonies.
Nous entrons : la charpente est un-admirable
travail de sculpture, exécuté à Hanoï en moins
de deux mois. Les bois — sorte de bois de fer
■ appelé go-lim et provenant des forêts de Thanh-
lloa — ont la dureté et la couleur du bronze;
les entre-colonnements de la façade sont fermés
de volets en bois découpés avec la finesse et la
patience que l’on sait.
— Ta-fou-tueng! cria Jules en se penchant
vers un autel bas, recouvert de toile rouge. Une
sorte de grognement répondit à cet appel, la
toile s’ouvrit, et je vis sortir à quatre pattes,
d’une espèce de réduit grand comme une malle,
un homme vêtu d’une robe de couleur cachou
et la tête couverte d’un capuchon noir. Il n’était
plus jeune et portait au m'enton un petit balai
dur de barbe grise : c’était le chef des bonzes;
il habite là, dans cette niche où il ne peut se
tenir que couché, et son lit se compose d’une
simple natte de paille tressée.
Très obligeamment, d’ailleurs, il me détailla
les merveilles de sa pagode; par l’intermédiaire
de mon interprète, je fis connaissance avec
Chuan-dê, la déesse de l’abondance, et avec
Thieng-thou, la déesse aux mille mains, dont
la statue dorée porte en effet mille mains qui
forment rayons autour de son corps. J’appris
que Tay-phuong-jida-phât était la déesse de la
terre, que Dong-phuong-duoc-sou-phât était le
patron des médecins et que Man-phuong-bao-
tuong-phât produit l’or, les métaux et la nacre.
Presque tous ces bouddhas de bois doré
appartiennent à M. Dumontier, qui se propose,
une fois l’Exposition terminée, de les offrir au
musée des Religions. Rangées en pyramide, sur
deux autels ornés de bibelots, de fruits en bois
peint, de lampes, de fleurs artificielles, de dra-
peries brodées, ces statues accroupies ne lais-
sent pas que de produire un effet décoratif assez
imposant.
Quand l’heure de l’office est venue, les neuf
bonzes qui desservent la pagode de la Grande
Tranquillité se réunissent devant l’aulel; un
tam-tam résonne auquel répond un énorme
grelot de bois peint et doré; cette symphonie
barbare forme un inénarrable charivari... je
vous assure qu’elle ne mérite guère son nom, la
pagode de la Grande Tranquillité ; puis Ta-fou-
tueng se couvre d’une longue pièce de satin
rouge sur laquelle il revêt un manteau de soie
jaune à raies bleues; il se couvre la tête d’une
sorte de mitre brillante de broderies, et la prière
commence, tandis que les bonzes, assis de chaque
côté de l’autel sur des bancs de bambou, chan-
tent, sur un air monotone et lent, une mélopée
en l’honneur des bouddhas spéciaux de la
pagode. Le public n’est pas admis dans l'en-
ceinte sacrée, mais il peut contempler du
dehors cette scène curieuse, les baies du temple
demeurant ouvertes et les rideaux relevés.
G. Lenotre.
LA ROUMANIE A L’EXPOSITION
Un des pays qui a le plus fait parler de lui à
l’Exposition est sans contredit la Roumanie. Ce
résultat est dû principalement au gentil chalet-
restaurant que le comité roumain a fait instal-
ler dans le prolongement de la rue du Caire et
qui est un des clous de l’Exposition.
C’est que ce n’est pas simplement un restau-
rant banal, où l’on ne va que pour manger,
boire et s’empresser de demander l’addition : le
cabaret roumain constitue, au contraire, une
véritable exposition nationale et des plus pitto-
resques. Outré l’architecture du pays, représenté
par la construction même, la décoration inté-
rieure avec des tapis, des étoffes et des poteries
roumaines très curieuses, le cabaret roumain
a cette particularité qu’il reproduit fidèlement
une partie de la vie nationale roumaine et que
le public s’y croit vraiment transporté sur les
bords du Danube, à trois mille kilomètres de
Paris. Tout concourt à donner cette illusion : la
musique des 'lautars d’abord, cette musique
qui fait tourner bien des têtes, à cause de la
virtuosité des artistes naturels qui l’interprètent
avec autant de sentiment et de douceur; les
jeunes filles roumaines, qui sont toutes authen-
tiques, venues de si loin pour nous montrer la
beauté de la femme roumaine sous son superbe
costume national ; enfin, les plats et les boissons
roumains, qui prouvent qu’on trouve encore, en
Europe, une bonne cuisine en dehors de la cui-
sine française et des crus qui valent les nôtres.
Les vins de M. Jonesco, surtout les blancs,
ceux de Dragvshani et la tamaïosa, une espèce
de muscat fort agréable à boire, auront beau-
coup contribué à faire une grande réputation
aux vins roumains.
Quant à la cuisine roumaine, elle a cette
qualité d’être simple et saine tout en étant
délicieuse. On ne risque pas de se donner une
indigestion avec du borch (potage aigrelet), des
sarmale (choux farcis), des frigarui (filet de
bœuf en brochette), des mititei (saucisses à la
roumaine), des piments doux et des aubergines
à la grecque, ou farcis ou en salade. Tous ces
plats exquis sont préparés avec art et très pro-
prement servis. Là où la cuisine roumaine
excelle encore, c’est dans la préparation des
gâteaux et des confitures. C’est une spécialité
comme on n'en trouve nulle part ailleurs. Et
quand vous irez déjeuner; ami lecteur ou
aimable lectrice, au cabaret roumain, n’oubliez
surtout pas de terminer votre repas par le
fameux café turc, qui mérite une mention toute
spéciale.
Le succès de cette partie de l’Exposition rou-
maine a été si grand, qne toute la société
élégante de Paris, tous les artistes et les
hommes de lettres, ainsi que les étrangers de
distinction ont tenu à la visiter, et nous pou-
vons citer, parmi les personnes les plus mar-
quantes, le prince et la princesse de Galles, le
roi de Grèce, le roi Dinah-Salifou, la reine Isa-
belle d’Espagne, etc.
Nous devons adresser à cette occasion nos
sincères félicitations à M. Alexandre Ciurcu,
ancien directeur de VIndépendance roumaine,
qui a ôté le promoteur de la participation de la
Roumanie à l’Exposition de 1889. Sans son
initiative et son activité, aidées par le patro-
nage du prince Bibesco, la Roumanie ne figurait
point à l’Exposition.
Il est vrai qu’une fois l’affaire mise en train
par M. Ciurcu, le concours des hommes illustres
de Roumanie, tels que MM. Catargi, Floresco,
Lahovary, lernesco, Mano, Boeresco, Nicolas
Blaramberg, ne lui a pas manqué. Mais c’est
M. Ciurcu qui seul a pris l’initiative de la parti-
cipation de son pays et qui s’est ensuite active-
ment occupé de l'organisation de l’Exposition
roumaine avec MM. le colonel Daily, de Linche,
Philippesco, Lecœur, Grant, membres du co-
mité de Paris, sans parler de ceux de Bucarest,
qui sont légion. Quant au charmant cabaret
roumain, c’est sa création toute personnelle.
M. Ciurcu est un jeune journaliste roumain
qui habile depuis plusieurs années Paris et
dont on s’est beaucoup occupé il y a deux ans,
lors des expériences qu’il faisait en Seine avec
un moteur à explosifs, inventé par lui et par
Just Buisson, el destiné spécialement à la navi-
gation aérienne. On sait qu'à la suite d’une
terrible explosion, Just Buisson ainsi qu’un
mousse furent tués et que M. Ciurcu, le seul
survivant de cette catastrophe, a pu se sauver
à la nage, quoique grièvement blessé.
M. Ciurcu n’a pas abandonné son invention,
quoique ses travaux scientifiques aient subi un
temps d’arrêt à cause des occupations que lui
a données l’Exposition. Espérons qu’il repren-
dra bientôt ses expériences si intéressantes,
maintenant qu’il a assuré le succès de son pays
à l’Exposition Universelle de 1889.
LE PAVILLON DE MONACO
Le pavillon de Monaco est une jolie construc-
tion, d’un aspect gai et pittoresque, qui est si-
tuée sur la terrasse du Palais des Beaux-Arts,
au milieu des rhododendrons, des palmiers, des
cactus et des fleurs les plus variées ; il se compose
d’un grand hall central, flanqué de quatre petits
pavillons carrés, en façon de campanile, avec
terrasse et colonnettes de marbre orange.
Les tuiles rouges et vertes de la toiture, les
faïences et les mosaïques qui encadrent les fe-
nêtres et les portes, la blancheur éclatante des
murs donnent à ce pavillon le caractère des
villas italiennes que l’on rencontre à Mantoue, à
San-Remo, à Savone et sur toute la corniche
qui s’étend de Nice à Gênes.
En avant du hall se trouve un portique, une
sorte de loggia, à laquelle on accède par un
perron garni de ces magnifiques poteries que l’on
fabrique dans les environs de Monte-Carlo. Les
fenêtres et les baies à vitraux multicolores sont
encadrées de boiseries en forme d’auvent, au-
tour desquelles grimpent la clématite, la vigne
vierge et les jasmins. Une serre, de style gra-
cieux, renferme des plantes rares et complète'
heureusement cet ensemble.
En passant devant ce petit palais, et en lisant
au-dessusclu portique : « Principauté de Monaco »
le public ne manque pas de dire : « Allons voir
la roulette et le tapis vert. » Mais l’Exposition de
Monaco est d’un tout autre ordre ; elle offre le
plus grand intérêt, grâce à la louable idée qu’a
eue le gouvernement de placer sous les yeux des
visiteurs le résultat des fouilles faites dans
l’océan Atlantique par S. A. le prince Albert, à
des profondeurs jusqu’alors inexplorées.
Il y a non seulement tous les engins et les
appareils qui ontservi àcespêchesmiraculeuses,
mais tous les produits qui ont été amenés à la
surfaefî cJg 1 Océan. A. côte des filets, des nasses
des sondes, des lanternes <i projection éløctricjuc,
il y <i des poissons fcint<isti(jue>s? des homards
monstrueux, des crevettes grosses comme le