ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 459 Forrige Næste
6 L’EXPOSITION DE PARIS vive, ses yeux brillants; on le nomme le Petit Jules, et son nom est en effet Jules Luong. 11 a 15 ans. 3st né à Hanoï, parle et écrit le français avec une grande facilité, et sert d’interprète aux Annamites; on le voit un peu partout, se promener gravement, une badine à la main, et parfois un lorgnon bleu fixé, tant bien que mal, sur son nez aplati. Le Petit Jules a bien voulu me servir dïntro- ducteur à la pagode de la Grande Tranquillité que M. Dumontier, l’un de nos compatriotes qui connaît à fond les mœurs et la langue des pays d’Orient, a fait construire dans un terrain voisin du Pavillon central des Colonies. Nous entrons : la charpente est un-admirable travail de sculpture, exécuté à Hanoï en moins de deux mois. Les bois — sorte de bois de fer ■ appelé go-lim et provenant des forêts de Thanh- lloa — ont la dureté et la couleur du bronze; les entre-colonnements de la façade sont fermés de volets en bois découpés avec la finesse et la patience que l’on sait. — Ta-fou-tueng! cria Jules en se penchant vers un autel bas, recouvert de toile rouge. Une sorte de grognement répondit à cet appel, la toile s’ouvrit, et je vis sortir à quatre pattes, d’une espèce de réduit grand comme une malle, un homme vêtu d’une robe de couleur cachou et la tête couverte d’un capuchon noir. Il n’était plus jeune et portait au m'enton un petit balai dur de barbe grise : c’était le chef des bonzes; il habite là, dans cette niche où il ne peut se tenir que couché, et son lit se compose d’une simple natte de paille tressée. Très obligeamment, d’ailleurs, il me détailla les merveilles de sa pagode; par l’intermédiaire de mon interprète, je fis connaissance avec Chuan-dê, la déesse de l’abondance, et avec Thieng-thou, la déesse aux mille mains, dont la statue dorée porte en effet mille mains qui forment rayons autour de son corps. J’appris que Tay-phuong-jida-phât était la déesse de la terre, que Dong-phuong-duoc-sou-phât était le patron des médecins et que Man-phuong-bao- tuong-phât produit l’or, les métaux et la nacre. Presque tous ces bouddhas de bois doré appartiennent à M. Dumontier, qui se propose, une fois l’Exposition terminée, de les offrir au musée des Religions. Rangées en pyramide, sur deux autels ornés de bibelots, de fruits en bois peint, de lampes, de fleurs artificielles, de dra- peries brodées, ces statues accroupies ne lais- sent pas que de produire un effet décoratif assez imposant. Quand l’heure de l’office est venue, les neuf bonzes qui desservent la pagode de la Grande Tranquillité se réunissent devant l’aulel; un tam-tam résonne auquel répond un énorme grelot de bois peint et doré; cette symphonie barbare forme un inénarrable charivari... je vous assure qu’elle ne mérite guère son nom, la pagode de la Grande Tranquillité ; puis Ta-fou- tueng se couvre d’une longue pièce de satin rouge sur laquelle il revêt un manteau de soie jaune à raies bleues; il se couvre la tête d’une sorte de mitre brillante de broderies, et la prière commence, tandis que les bonzes, assis de chaque côté de l’autel sur des bancs de bambou, chan- tent, sur un air monotone et lent, une mélopée en l’honneur des bouddhas spéciaux de la pagode. Le public n’est pas admis dans l'en- ceinte sacrée, mais il peut contempler du dehors cette scène curieuse, les baies du temple demeurant ouvertes et les rideaux relevés. G. Lenotre. LA ROUMANIE A L’EXPOSITION Un des pays qui a le plus fait parler de lui à l’Exposition est sans contredit la Roumanie. Ce résultat est dû principalement au gentil chalet- restaurant que le comité roumain a fait instal- ler dans le prolongement de la rue du Caire et qui est un des clous de l’Exposition. C’est que ce n’est pas simplement un restau- rant banal, où l’on ne va que pour manger, boire et s’empresser de demander l’addition : le cabaret roumain constitue, au contraire, une véritable exposition nationale et des plus pitto- resques. Outré l’architecture du pays, représenté par la construction même, la décoration inté- rieure avec des tapis, des étoffes et des poteries roumaines très curieuses, le cabaret roumain a cette particularité qu’il reproduit fidèlement une partie de la vie nationale roumaine et que le public s’y croit vraiment transporté sur les bords du Danube, à trois mille kilomètres de Paris. Tout concourt à donner cette illusion : la musique des 'lautars d’abord, cette musique qui fait tourner bien des têtes, à cause de la virtuosité des artistes naturels qui l’interprètent avec autant de sentiment et de douceur; les jeunes filles roumaines, qui sont toutes authen- tiques, venues de si loin pour nous montrer la beauté de la femme roumaine sous son superbe costume national ; enfin, les plats et les boissons roumains, qui prouvent qu’on trouve encore, en Europe, une bonne cuisine en dehors de la cui- sine française et des crus qui valent les nôtres. Les vins de M. Jonesco, surtout les blancs, ceux de Dragvshani et la tamaïosa, une espèce de muscat fort agréable à boire, auront beau- coup contribué à faire une grande réputation aux vins roumains. Quant à la cuisine roumaine, elle a cette qualité d’être simple et saine tout en étant délicieuse. On ne risque pas de se donner une indigestion avec du borch (potage aigrelet), des sarmale (choux farcis), des frigarui (filet de bœuf en brochette), des mititei (saucisses à la roumaine), des piments doux et des aubergines à la grecque, ou farcis ou en salade. Tous ces plats exquis sont préparés avec art et très pro- prement servis. Là où la cuisine roumaine excelle encore, c’est dans la préparation des gâteaux et des confitures. C’est une spécialité comme on n'en trouve nulle part ailleurs. Et quand vous irez déjeuner; ami lecteur ou aimable lectrice, au cabaret roumain, n’oubliez surtout pas de terminer votre repas par le fameux café turc, qui mérite une mention toute spéciale. Le succès de cette partie de l’Exposition rou- maine a été si grand, qne toute la société élégante de Paris, tous les artistes et les hommes de lettres, ainsi que les étrangers de distinction ont tenu à la visiter, et nous pou- vons citer, parmi les personnes les plus mar- quantes, le prince et la princesse de Galles, le roi de Grèce, le roi Dinah-Salifou, la reine Isa- belle d’Espagne, etc. Nous devons adresser à cette occasion nos sincères félicitations à M. Alexandre Ciurcu, ancien directeur de VIndépendance roumaine, qui a ôté le promoteur de la participation de la Roumanie à l’Exposition de 1889. Sans son initiative et son activité, aidées par le patro- nage du prince Bibesco, la Roumanie ne figurait point à l’Exposition. Il est vrai qu’une fois l’affaire mise en train par M. Ciurcu, le concours des hommes illustres de Roumanie, tels que MM. Catargi, Floresco, Lahovary, lernesco, Mano, Boeresco, Nicolas Blaramberg, ne lui a pas manqué. Mais c’est M. Ciurcu qui seul a pris l’initiative de la parti- cipation de son pays et qui s’est ensuite active- ment occupé de l'organisation de l’Exposition roumaine avec MM. le colonel Daily, de Linche, Philippesco, Lecœur, Grant, membres du co- mité de Paris, sans parler de ceux de Bucarest, qui sont légion. Quant au charmant cabaret roumain, c’est sa création toute personnelle. M. Ciurcu est un jeune journaliste roumain qui habile depuis plusieurs années Paris et dont on s’est beaucoup occupé il y a deux ans, lors des expériences qu’il faisait en Seine avec un moteur à explosifs, inventé par lui et par Just Buisson, el destiné spécialement à la navi- gation aérienne. On sait qu'à la suite d’une terrible explosion, Just Buisson ainsi qu’un mousse furent tués et que M. Ciurcu, le seul survivant de cette catastrophe, a pu se sauver à la nage, quoique grièvement blessé. M. Ciurcu n’a pas abandonné son invention, quoique ses travaux scientifiques aient subi un temps d’arrêt à cause des occupations que lui a données l’Exposition. Espérons qu’il repren- dra bientôt ses expériences si intéressantes, maintenant qu’il a assuré le succès de son pays à l’Exposition Universelle de 1889. LE PAVILLON DE MONACO Le pavillon de Monaco est une jolie construc- tion, d’un aspect gai et pittoresque, qui est si- tuée sur la terrasse du Palais des Beaux-Arts, au milieu des rhododendrons, des palmiers, des cactus et des fleurs les plus variées ; il se compose d’un grand hall central, flanqué de quatre petits pavillons carrés, en façon de campanile, avec terrasse et colonnettes de marbre orange. Les tuiles rouges et vertes de la toiture, les faïences et les mosaïques qui encadrent les fe- nêtres et les portes, la blancheur éclatante des murs donnent à ce pavillon le caractère des villas italiennes que l’on rencontre à Mantoue, à San-Remo, à Savone et sur toute la corniche qui s’étend de Nice à Gênes. En avant du hall se trouve un portique, une sorte de loggia, à laquelle on accède par un perron garni de ces magnifiques poteries que l’on fabrique dans les environs de Monte-Carlo. Les fenêtres et les baies à vitraux multicolores sont encadrées de boiseries en forme d’auvent, au- tour desquelles grimpent la clématite, la vigne vierge et les jasmins. Une serre, de style gra- cieux, renferme des plantes rares et complète' heureusement cet ensemble. En passant devant ce petit palais, et en lisant au-dessusclu portique : « Principauté de Monaco » le public ne manque pas de dire : « Allons voir la roulette et le tapis vert. » Mais l’Exposition de Monaco est d’un tout autre ordre ; elle offre le plus grand intérêt, grâce à la louable idée qu’a eue le gouvernement de placer sous les yeux des visiteurs le résultat des fouilles faites dans l’océan Atlantique par S. A. le prince Albert, à des profondeurs jusqu’alors inexplorées. Il y a non seulement tous les engins et les appareils qui ontservi àcespêchesmiraculeuses, mais tous les produits qui ont été amenés à la surfaefî cJg 1 Océan. A. côte des filets, des nasses des sondes, des lanternes <i projection éløctricjuc, il y <i des poissons fcint<isti(jue>s? des homards monstrueux, des crevettes grosses comme le