L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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bras, des coquillages et des algues extraordi-
naires. D’intéressantes réductionsdu yacht d’où
ces recherches étaient dirigées, des descriptions
et des vues des Açores, dans le parage desquelles
on naviguait, complètent cette exposition, qui
fait le plus grand honneur àlu haute intelligence
et aux goûts scientifiques du prince héritier.
Parmi les produits qu’expose la principauté,
il faut citer les faïences, les poteries, les majo-
liques, les produits alimentaires, tels que con-
serves, des huiles, de l’eau de fleur d’oranger,
des vins et des liqueurs. Tout cela est fort bien
disposé sur d’élégantes tables ou ddns les riches
vitrines, avec profusion de fleurs et de plantes.
GITANÂS et bruses
Trois grandes danses, à l’Exposition, s’offrent
aux. yeux. A vrai dire, c’est peu. Où sont les
danses des bayadères, des Zingari, des peuples
du nord de l’Europe, et la tarentelle d’Italie?
Seules, les Javanaises représentent l’Asie, les
aimées l’Afrique et les gitanas l’Europe. 11 est
vrai que leurs danses, très vivantes, sont belles,
tant elles diffèrent de caractère et d’âme : rien
ne ressemblant moins à la languide et mysté-
rieuse procession des Javanaises, que l’ardente
et fiévreuse sauterie des Espagnols, ou le mono-
tone et lascif ondulement du ventre des aimées.
De plus, ces trois danses ont quelque chose
d’immémorial, d’anlique : on sent bien qu’elles
ne se sont guère modifiées, qu’asiatiques ou
africaines elles ont dû exister de toute éternité, et
qu’espagnoles, elles doivent rappeler ces mêmes
danses qu’acclamaient les Romains, fort épris
alors des troupes de saltatrices venues d’Espagne,
f Aussi, Javanaises, aimées et gitanas font-elles
grand plaisir à voir; car la danse est ce qui
parle le mieux au cœur, même à celui des igno-
rants et des simples. Elle grise les yeux, charme
l’imagination et la rêverie, émeut le désir, et,
au son fraternel de la musique qui l’accompagne,
induit à l’extase, à l’ivresse, ou aux doulou-
reuses et charmantes nostalgies.
S’il fallait choisir entre les impressions pro-
voquées par ces danses et ces musiques, ne
donnerions-nous pas la palme aux Javanaises,
pour ce quelles nous apportent de curieux,
d’inédit, de non connu encore? Ensuite, entre
aimées et gitanas, ne préférerions-nous pas de
beaucoup à la grâce monotone, animale, tou-
jours grossière des premières, la fièvre saine des
gitanas?
.l’entends bien. C’est l’amour physique, l’a-
mour charnel qu’elles expriment. Mais avec
quelle naïveté! Quelle franchise ingénue et tou-
chante! Il n’y a point là de cynisme, c’est l’ins-
tinct même qui parle. Et ne fais-je allusion qu’à
certaines expressions du désir et du plaisir, à
de curieuses ondulations, où il semble que le
corps souple de la gitane se replie et descend
sur lui-même en spirales. Comme cela est
compensé par les jolies et coquettes manières,
les renversements de buste et d’épaules, les cam-
brements fiers, les nobles cadences des jambes
et des bras, les sauts prompts, la grâce singu-
lière, cet on ne sait quoi de capricieux et de
libre qui fait penser aux chèvres des montagnes,
aux oiseaux, et qui bondit, palpite, s’envole et
retombe, au rythme palpitant des mains, au
fracas trépidant dns pieds, à la forte clameur
des ollèl et des refrains qui grisent, tandis que
les guitares étouffées égrènent par-dessous leurs
petites plaintes vibrantes!
Et certes, il faut que cette sensation soit puis-
sante, pour que nous l’éprouvions à ce point,
ici, transplantée, dépaysée, loin de son milieu
propre, de l’Espagne ardente et des spectateurs
enthousiastes, loin des cris et des applaudisse-
ments fous, des oranges et des fleurs pleuvant
sur la scène, — ici, au milieu de paisibles et
cosmopolites spectateurs, en cette salle vul-
gaire de café-concert, qui n’a pour elle que de
n’être pas encore empoisonnée par l’âcre fumée
des pipes et des consommations, et qui présente
toute la banalité de nos théâtres d’exhibition.
Les danseurs si curieux avec leur pâleur
glabre, leur souplesse élégante, l’harmonie do
leurs vêtements sombres; et les femmes avec
leurs éclatantes couleurs, ia signera Maccarona,
l’étoile de la troupe, et la charmante Soledad,
n’en ont que plus de mérite à plaire, en un
pareil décor.
Combien, à côté, si curieuse qu’elle soit,
paraît inférieure l’expression du désir amoureux
chez les aimées, et davantage encore, dans une
petite maison de la rue du Caire, chez les
Driises. Car les vraies aimées, les moresques
d’Alger ou de Tunis ont pour elles la grâce de
leurs grands pantalons bouffants, de leurs haïcks
de soie, de leur chair à peine gazée et qu’on
entrevoit; tandis que chez les Druses, au con-
traire, les danseuses, vêtues de robes roses
frangées de paillon, n’ont pour plaire que les
lourds colliers d'or faux qui leur chargent la poi-
trine, et qu’elles secouent en manière de grelots.
Mécanique, automatique est leur danse. Tantôt
le buste seul s’agite, rapidement, avec un cli-
quetis clair, tandis qu’à ! urs mains, armées de
castagnettes de métal tintent des sonnailles
vives mêlées aux. roi Elements des tambourins
et au nasillement des flûtes. Tantôt leur ventre
et leur croupe ondulent, cependant qu’un léger
tremblement, pareil à celui d'un animal saisi
par le froid ou la fièvre, descend dans leurs
jambes et leurs pieds écartés. D’autres fois elles
s’avancent, une hanche en avant; et leur ventre
bombé saille et recule par à-coups, comme un
bateau qui tangue. Rien de souple et de pliant
— à l’opposé des moresques — chez ces filles au
teint bistré, aux traits fins, aux cheveux de
jais. La partie d’elles qui trépide n’a aucun
l'apport avec le reste de leur corps. Et le charme
qui sort de leur danse est tout de tristesse et de
spleen, car il suggère l’idée d’une volupté triste,
sans variété et sans àmé, tant elle est, en quel-
que sorte, mécanique et animale.
Cependant, au milieu de ces divertissements
alternant avec des danses de nègres ou des
combats simulés de guerriers, une très grande
laide femme intéresse.
Avec un sourire de perversité, elle tourne,
les yeux clos. Un rythme préside aux ondu-
lations de ses hanches, et le tremblement
de sa chair se propage en-ondes frissonnantes
sous le léger vêtement qui voile sa taille libre
et sous sa robe longue jusqu’aux talons. Celle-là
a presque l’air d’une prêtresse; et elle évoque
l’énigme de rites lointains et secrets. Son sou-
rire de femme laide et ses yeux fermés semblent
étranges vraiment. — Mais que ce remuement
de croupe est morne et borné !
S’il fallait définir les trois grandes danses de
l’Exposition et leur assigner un sens à les voir : —
l’Asiatique avec ses graciles flexions de mains;
l’Espagnole avec son corps, ses jambes et ses
bras endiablés; l’Africaine avec sa croupe bes-
tiale, — on pourrait dire que toutes trois expri-
mant l’amour, les Javanaises en incarnent le
rêve, les gitanas le désir, et les aimées la satiété.
Paul Margueritte.
LISTE OFFICIELLE
DES
MEMBRES DU JURY DES RÉCOMPENSES
de l’exposition universelle de 1889*
classe 72 bis (suite)
Muntz (Achille), chimiste agronome, profes-
seur, chef des travaux chimiques à l’institut
national agronomique, membre du jury des
récompenses à l’Exposition de Paris 1878.
Ronna, ingénieur agronome, membre du
conseil supérieur de l’agriculture.
classe 73 ter
Chauveau (le docteur), inspecteur général
des écoles vétérinaires.
Duclaux, membre de l’institut
l’rillieux (Édouard), inspecteur général de
l’enseignement agricole, professeur à l’institut
national agronomique, membre du jury des
récompenses à l’Exposition de Paris 1878.
Tisserand, conseiller d’Etat, directeur de
l'agriculture au Ministère de l’Agriculture,
membre du jury des récompenses à l’Exposition
de Paris 1878.
Vassilière, inspecteur général de l’agri-
culture.
CLASSE 74
Bénard, agriculteur, membre de la Société
nationale d'agriculture.
Bignon aîné père, membre de la Société natio-
nale d’agriculture.
Bornot, agriculteur.
Dehérain (P.-P-), membre de l’institut, pro-
fesseur au muséum d’histoire naturelle.
Desprez (Florimond), agriculteur, vice-pré-
sident de la Société d’agriculture du Nord.
Gomot, député.
Heuzé, inspecteur général honoraire de l’agri-
culture, membre du jury des récompenses à
i'Exposition de Paris 1878.
Jobard, sénateur.
Lavalard (Edmond), membre de la Société
nationale d’agriculture, administrateur de la
cavalerie et des fourrages à la Compagnie géné-
rale des omnibus, membre du jury des récom-
penses à l’Exposition de Paris 1878.
Lemoine, aviculteur.
Lecouteux, président de la Société nationale
d’agriculture, professeur au Conservatoire
national des arts et métiers et à l’institut natio-
nal agronomique, membre du jury des récom-
penses à l’Exposition de Paris 1878.
Le Play (Albert), agriculteur, membre de Ja
Société nationale d’agriculture.
Macarez, agriculteur, président de la Société
des agriculteurs du Nord.
Récipon, député. (A suivre.')
FÊTE COLONIALE
A. L’ESPLANADE
Le pays de rêves où s’élèvent à la fois et
s’entremêlent, avec le minaret de Sid-ab-el-
Rainmam et le tombeau de Sidi-ben-Arouz, les
sept frontons superposés de la pagode d’Angkor
et le toit quadrangulaire de la tour de Saldé,
présentait le soir, ces derniers mardis, un
aspect légèrement fantastique.
1. Voir les n0» à 40.