L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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Cl
L’EXPOSITION DE PARIS
est de vivre en société; l’homme est, suivant
l’expression d’Aristote, un animal politique, et
c’est précisément l’état social qui détermine la
plupart des manifestations intellectuelles : les
langues, les arts, l’industrie, les religions, les
sciences, nécessairement aussi les divers sys-
tèmes politiques. Il y a là toute une mine de
renseignements, qui permettent d’apprécier la
valeur morale et intellectuelle d’une race ou
d’un groupe ethnique : aussi le département
sociologique est-il le plus vaste et de beaucoup
le plus intéressant des districts anthropolo-
giques.
« Tous ces côtés de l’anthropologie une fois
étudiés, on a, dans l’ensemble et les détails,
une idée suffisante du genre humain actuel; on
le connaît dans l’espace; reste à l’étudier dans
le temps. En effet, la grande dissemblance
physique, morald et intellectuelle des races
humaines suggère une question d’origine.
L’homme a-t-il toujours été ce qu’il est actuel-
lement? Les races inférieures ne représente-
raient-elles pas des degrés successivement
franchis par les races supé-
rieures? Sur ce point, l’histoire
ne peut fournir que des ren-
seignements absolument insuf-
fisants : car l’homme a vécu
durant des cycles chronolo-
giques avant de songer à écrire
ses annales. L’archéologie pré-
historique vient soulever le
voile; elle retrouve les traces
de l’homme jusque durant l’é-
poque terliairc; elle nous fait
assister à ses premiers essais
industriels, exhume parfois les
débris de son s<; lelclte, et éta-
blit sans conteste que la con-
dition de l’homme primitif a été
absolument bestiale, qu’il ne
s’est d'abord distingué des au-
tres mammifères que par une
industrie des plus rudimen-
taires, que c’est avec une len-
teur extrême qu’il a progressé,
qu’il a lutté pour l’existence
pendant des myriades de siè-
cles, et qu’il est, par suite, per-
mis d’espérer pour le genre
humain de glorieuses destinées encore cachées
dans l’avenir.
« Une fois l’homme ainsi étudié dans le
temps et dans l’espace, la tâche de l’anthropo-
logie n’est pas encore achevée, car il reste à
élucider nombre de questions capitales, à côté
desquelles ont passé toutes les investigations
précédentes. L’archéologie préhistorique nous
dit bien que la condition première des sociétés
humaines a été des plus humbles, mais elle se
tait sur la généalogie du genre humain. Quelle
a été l’origine de l'homme? A qael moment ce
premier des primates s’est-il nettement dégagé
de l’animal? Y a-t-il eu un ou plusieurs types
primitifs? Où se sont formés ce ou ces types?
L’homme actuel constitue-t-il une ou plusieurs
espèces? Quelles sont les lois, quels sont les
eflets des croisements qui ont manifestement
joué un grand rôle clans la formation des types
humains actuels? Quelles ont été les princi-
pales migrations des groupes humains primi-
tifs? Quelle est l’influence des agents extérieurs
sur la forme de l’homme, la constitution des
races? Toutes ces grandes questions forment le
couronnement des sciences anthropologiques
et elles relèvent de l’anthropologie générale. »
On voit par ce magistral exposé combien est
importante la science anthropologique. On fera
donc bien de consacrer quelques moments aux
deux cabinets où le Dr Topinard vient chaque
semaine décrire, avec le talent qu’on lui connaît,
les divers objets, moulages et tableaux exposés.
Une inscription spéciale appelle notre atten-
tion sur une branche de l’anthropologie qui,
depuis quelque temps, sous l’influence des
savants italiens, a pris une extension tout à
fait considérable. Nous voulons parler de
Vanthropologie criminelle, qui étudie le crime à
un point de vue absolument concret, qui exa-
mine les repris de justice directement, physi-
quement, et compare les résultats ainsi obtenus
à ceux que fournit l’examen des individus nor-
malement constitués, ou aliénés, note les carac-
tères physiques, intellectuels et moraux des
délinquants, étudie leurs habitudes et leur
langue, et, groupant tous les résultats ainsi
obtenus, atriveà tracer leslignesdedémarcation
d’une sorte d’anthropologie criminel le ou science
de l’homme criminel, ü’autrapart, laslatistiquea
Exposition rétrospective du Travail. — Reconstitution d’ur.e grotte
de la Vezère.
dégagé certains facteurs qui produisent le crime,
l’entretiennent ou le font diminuer : nombre
des crimes, lieux, les circonstances, sexe, âge,
degré d’instruction du criminel. « Groupez ces
faits,dit M. le professeur Garraud, rapprochez-les
d’autres faits, tels que les bonnes ou les mau-
vaises récoltes, le riombré des naissances ou des
décès, la consommation de l’alcool, le nombre
des faillites, la température, etc., et vous aiirez
des éléments nombreux, précis, qui pourront
servir à caractériser à un moment donné l’état
de la criminalité,' envisagéé sous les rapports
territoriaux, individuels, politiques, industriels,
intellectuels, religieux et économiques. »
C’est de l’ensemble de. ces recherchés qu'est
née l’anthropologie criminelle, dont les trois
objets distincts sont : l’étude du monde de la
criminalité dans le passé comme dans le pré-
sent; la recherche des causes qui produisent le
crime ; l’indication et l'organisation des moyens
de le combattre. Ainsi entendue, cette science a
sans doute des rapports étroits avec le droit
pénal, mais elle ne se confond pas avec lui
parce qu’elle étudie le crime à un point de vue
tout différent. Le législateur ne s’occupe pas
des individus, mais de l’individu, c’est-à-dire
qu’il suppose un type de criminel uniforme ; en
cela, il n’est pas absolument logique, car les tri-
bunaux ne jugent pas un seul type de criminel,
mais tel voleur, tel assassin ; il faudrait donc
laisser au juge le droit d’indivi dualiser la peine,
au lieu de l’obliger à l’appliquer d’une manière
générale sans pouvoir tenir réellement compte
du milieu physique et social, des circonstances
héréditaires, etc. Un anthropologiste italien,
Lombroso, a été jusqu’à soutenir que le crime
est le résultat d’une organisation spéciale qui
vole les individus criminels du type actuel pour
les rapprocher du type de l’homme primitif.
« De même que l’anatomiste retrouve dans le
corps humain des traces d'organes inuliles ou
nuisibles, de même il retrouve, dans le corps
social, I instinct primitif perpétué en quelques
représentants de la sauvagerie passée.» C’est aller
un peu loin, mais ne craignez pas de voir celte
théorie de l’irresponsabilité s’introduire dans
nos Codes en faveur de ces criminels d’habitude
dont les moulages nous montrent la hideuse
physionomie et les traits. (A suivre.)
LISTE OFFICIELLE
DES MEMBUES DU
JURY DES RÉCOMPENSES
A l’Exposition universelle de 1889 1
CLASSE 17
Abadie (Egbert), négociant.
classe 18
Garaux (Louis), négociant
commissionnaire.
classe 28
liehns (Aron), fabricant de
parfumerie.
classe 32
Duché (Pierre), ancien fabri-
cant.
classe 63
DelvaI(Rug.), manufacturier.
classe 73
Savignon (Henri), commis-
sionnaire-importateur.
CLASSE 74
Polin (Paul), agriculteur.
Art. 8. — Sont, nommés membres sup-
pléants du jury des récompenses (section
de la Tunisie ) :
classe 29
Bortoli (Joseph), négociant commissionnaire.
classe 43
Coulombs! (Isidore), négociant en éponges.
Art. 9. — Le président du Conseil,
ministre du Commerce, de l’industrie et des
Colonies, commissaire général de l’Exposi-
tion Universelle, est chargé de l’exécution
du présent décret.
Fait à Paris, le 29 mai 1889.
Carnot.
Par le Président de la République:
Le président du Conseil^
ministre du Commerce^ de l’industrie
et des Colonies,
P. Tirard.
1, Voir les n09 22 à 53.