L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
L’EXPOSITION DE PAKIS
115
fictif d’une monture métallique ; à côté de
spécimens de ce genre, où la vraisem-
blance est obtenue sans préjudice de la
minceur du verre, M. Lötz montre des
vases marron chinés d’or et bizarrement
traversés de larges sillons blancs ; leur
ornementation, sans attrait ni significa-
tion, a nécessité la superposition de trois
couches : l’une opaque, la seconde nuan-
cée, la dernière incolore; par surcroit, le
peintre et le graveur s’y sont successive-
ment employés. On ne songe pas sans re-
gret à tant de peine dépensée en vain.
Le cristal blanc est soumis à des traite-
ments plus heureux : taillé à facettes par
placés, on d’autres il reçoit de M. Ilegen-
barth des émaux translucides ; MM. Feix,
qui prennent conseil du Japon pour le
choix des formes et l’arrangement des in-
tailles, innovent l’application de l’émail
parla galvanoplastie; M. Lötz, très cher-
cheur, incruste, sur l’épiderme encore
tiède, des pâtes teintées qui plus tard
s’agrémenteront de gravures. De sembla-
bles essais ne laissent pas d’intéresser;
ils no vous trouvent jamais plus sensible
qu’à l’instant où l’attention et lo regard
se prennent de fatigue au spectacle de tant
de redites turbulentes. Certes, les nuances
chaudes ne messeyent pas aux pastiches
arabes ou byzantins ; nous les avons ap-
plaudies sur les Willkomm, sur les services
qui en dérivent, et sur les cruches bos-
niaques dont le fond laiteux se dissimule
sous un vernie brunâtre ; mais que penser
de ces brocs aux couleurs communes, dé-
gradées ou unies, partout recouverts de
Heurs bariolées en dépit de la nature,
puis serties à leur contour d'un épais li-
néament d’or, et de ces jattes historiées
de mêmes motifs, mais plus haïssables
encore, puisque, pour mieux atteindre à
l’effet, au clinquant, l’or seul a été em-
ployé à les décorer?
L’Angleterre'se garde de conventions
si puériles et si vaines. Sa gobeleterie, —
l’abstention de Baccarat lui enlève un
parallèle redoutable, — ne lo cède à
aucune pour l’éclat, l’eau chatoyante du
cristal ; en dehors de la beauté de la ma-
tière, la diversité des types et la pra-
tique de la ciselure sont aussi à exalter.
Tandis que les découpures rectilignes, en
diamant, ont été réservées aux modèles
simples, droits ou anguleux, la taille des-
sine sur les silhouettes tourmentées, bos-
suées, des plis, des ondes, des torsades,
des spirales, des hélices, qui, loin de con-
trarier le mouvement des galbes, l’accom-
pagnent et sc lient avec lui. A la gravure
encore il a été fait appel pour relever le
prix do ces imitations ivoirines sur la
matité desquelles M. Wcbb aime à piquer
les notes vives de cabochons grenats...
La part qui revient dans ces résultats à
l’enseignement de South-Kensington n’est
pas douteuse ; hésiterait-on à la recon-
naître, il sera aisé de rappeler que les fa-
bricants d’outre-Manche sont gens in-
fluençables au point que le vase Portland
exerce sur la production une action tou-
jours posante; le temps dure encore des
camées blanchâtres et l’impatience me-
nace, car le soin demeure impuissant à
racheter la routine de l’exécution, lo sou-
verain désaccord des tonalités associées ;
notez que le procédé prête à d’excellents
effets, mais on croirait que, pour être
agréablement mis en œuvre par M. Wcbb,
il se doive appliquer à des objets où la
transparence reprend totalement ou en
partie ses droits, telles les jardinières
avec des poissons qui fendent les courbes
et les remous d'une nier agitée, telles les
potiches vei’t bouteille à dragons d’émail
blanc.
(4 suivre.) Roger Marx.
LE PAVILLON DE LA MARINE
A L’EXPOSITION
Aux Expositions précédentes, le pavillon ré-
servé à la marine était peu fréquenté par les
visiteurs. Cette année, il n’en a pas été de même
et le public s’est porté en foule à l’élégant pavil-
lon spécialement affecté à l’Exposition maritime
et situé sur la rive gauche de la Seine, en amont
du pont d’Iéna. Cola tient à ce que, depuis dix
ans, les questions de marines traitées, soit par
des journaux spéciaux, soit par la presse quo-
tidienne, sont devenues plus familières au public;
cela tient aussi, et surtout peut-être, au reten-
tissement qu’ont eu certaines catastrophes, et
notamment la perte du torpilleur 110. Émue
par ces désastres, l’attention générale s’est
portée sur ces terribles engins de destruction
que met en mouvement la marine moderne et
il n’est pas étonnant que les visiteurs aient
voulu voir de près ces navires compliqués et
terrifiants, dont le maniement est si dangereux
même en pleine paix.
Cette légitime curiosité a-t-elle été complète-
ment satisfaite? On ne saurait l’affirmer. Le
public s’attendait à voir tout au moins un de
ces torpilleurs dont il a tant entendu parler et
pensait être admis à le visiter, au moins dans
les parties qu’il n’est pas nécessaire de tenir
secrètes. Il n’en a rien été et le bassin à flot, qui
promettait un intérêt tout particulier, est resté
à peu près vide. Nous n’avons pas à juger ici
les motifs qui ont déterminé la décision de
l’Administration de la Marine, nous nous bor-
nons à constater qu’un des attraits attendus de
l’Exposition maritime a fait défaut. Le public
s’est dédommagé d’ailleurs en admirant les
modèles des différents types de la flotte exposés
à l’intérieur du pavillon et qui sont réellement
d’une exécution parfaite.
Dans la page de croquis que M. Brun présente
à nos lecteurs, figure d’abord un coin du bassin
à flot, laissant voir un angle du pavillon très
réussi, édifié sur les plans et sous la direction
de M. Bertsch-Prousl, architecte. Au fond on
voit la goélette Volage, yacht appartenant à
M. de Grainville, dont le pont a été foulé par
un nombre incalculable de visiteurs, heureux
de se trouver, en pleine Seine, sur un navire
d’aspect bien marin. On voit, à gauche, l’im-
mense roue d’une embarcation destinée à la
démonstration d’un nouveau système de traction
sur les rivières, sans aucun moteur. L’embar-
cation prend son point d’appui sur une chaîne
noyée comme celle des loueurs, et le courant,
agissant sur les palettes de la roue, doit faire
remonter le navire.
Au n° 2, nous voyons les superbes modèles
de la marine de l’État dont il vient d’être ques-
tion plus haut. Même ainsi réduits aux dimen-
sions d’un joujou d’étagère, les navires de la
flotte donnent encore l’idée de leur formidable
puissance et font deviner que la guerre sur mer
dépassera de beaucoup tout ce que l’on a inventé
jusqu’à nos jours dans l’art et la science de
la destruction. Voici le croiseur le Sfax, de
4,500 tonneaux, filant 15 nœuds; le Trident,
cuirassé de 8,670 tonneaux, donnant une vitesse
de 14 nœuds; le Formidable, beaucoup plus
puissant, qui déplace 11,380 tonneaux et a
réalisé aux essais une vitesse de 16 nœuds avec
8,300 chevaux; le Duquesne, croiseur, de
5,522 tonneaux, filant 16 nœuds.
Au n» 4, la section du Magenta, cuirassé de
10,580 chevaux, permet de se rendre compte
des dispositions intérieures de nos grands na-
vires de guerre et particulièrement du « cloi-
sonnement » de la coque, formant des cellules
étanches, grâce auxquelles les voies d’eau sont
localisées.
Pour ne pas abandonner la marine de guerre,
qui forme la partie la plus importante de l’Ex-
position, nous passons au n° 5, où nous voyons
le croiseur russe Amiral-Korniloff, construit à
Saint-Nazaire par la Société des ateliers et chan-
tiers de la Loire. A côté, des navires du com-
merce et des grands paquebots, entre autres la
Plata, de la Compagnie des Messageries mari-
times; V Uruguay, de la Compagnie des Char- •
geurs-Réunis; la Touraine, de la Compagnie
Transatlantique.
Au n° 3, M. Brun a représenté une partie de
l’importante exposition du Yacht-Club de
France, la société d’encouragement du sport
nautique en France. Au premier plan figure le
magnifique yacht à vapeur Eros, appartenant
à M. le baron Arthur de Rothschild. C’est cer-
tainement le plus grand des yachts qui soient
à flot, même en Angleterre. Il jauge 820 ton-
neaux. A côté, on voit un modèle très fini et
très soigné, dont la disposition à jour permet
de se rendre compte de la construction d’un
yacht, il a été exécuté par M. Bensa, de Nice,
un véritable artiste dans ce genre difficile. Au-
dessus, on voit le modèle d& coque du steam-
yacht Linotte, appartenant à M. Pérignon, in-
génieur de grand mérite, qui en a dirigé et
surveillé lui-même la construction, et qui est
parvenu à avoir un bateau d’une marche plus
rapide que celle de navires même bien supérieurs
en tonnage. Le modèle muni de sa voilure
représente la Mouquette, un bateau de course
célèbre du Cercle de la Voile de Paris, apparte-
nant àM. Caillebotte, le peintre impressionniste
bien connu.
Au n° 6, la lanterne du phare exposé, à
MM. Sautter, Lemonnier et C10, les célèbres
constructeurs d’appareils électriques.
Enfin, le salon de musique du Polynésien, des
Messageries maritimes, salon orné avec une
richesse et un goût dignes de cette compagnie
vraiment nationale.