ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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130 L’EXPOSITION DE PARIS LES TAPISSERIES ET LES TISSUS D’AMEUBLEMENT Le complément nécessaire de l’ébë- nisterie et de la menuiserie d’art, c’est l’étoffe, c’estle tissu, quijouentdans notre ameublement un rôle prépondérant. Sans tenture, sans tapis de pied, sans couver- tures de meubles il n’y aurait point, en effet, de mobilier confortable; il n’y au- rait point, non plus, d’intérieur coquet et douillet. Tout, dans nos habitations, paraîtrait froid, étriqué, nu, car l’art de l’ébéniste et celui du bronzier sont insuffisants pour animer une pièce. Os fournissent les carcasses de nos meubles, c’est aux tissus que revient l’honneur de les habiller. A ce titre, ces derniers mé' ritent assurément une étude attentive. Nous n’avons pas, toutefois, Tintention de passer en revue toutes les étoffes em- ployées dans l’ameublement. Le nombre en est trop considérable, il augmente à chaque saison, et il n’est presque pas de mois qui n’en voie se produire de nouvelle. Nous nous bornerons à parler des principales et nous commencerons par la plus artistique, par la Tapisserie. .Jamais, au point de vue des savantes combinaisons des nuances et delà perfec- tion technique, on n’a fait mieux qu’on ne fait actuellement aux Gobelins et à Beau- . vais. Jamais les artisans auxquels est confiée l’exécution de ces modèles invrai- semblablement compliqués, n’ont fourni de preuves plus manifestes d’une maîtrise accomplie, d’une impeccable habileté. En vain l’artiste, auteur du carton original, donne-t-il le plus souvent un libre cours à sa verve créatrice, sans tenir compte des difficultés do la traduction. En vain, au feu de la composition, oublie- t-il que le premier devoir de son modèle est d’ètre fermement écrit. En vain feint-il d'ignorer que les colorations de la tapis- serie sont chose spéciale et que les rap- ports de tons ne sont plus les mêmes que dans la peinture à l’huile. Le tapissier patient et modeste remédie à tout. Collaborateur effacé, il complète sans fracas ce qui manque à l’artiste; il accuse les formes et les plans qui sont demeurés indécis; il détache les fleurs elles fruits que le peintre a laissés se noyer dans la masse, et avec une précision merveilleuse il transpose, lu coloration d’un tableau compliqué, comme on transpose la nota- tion d’un air de musique, sans que pendant les quatre ou cinq années que durera l’exécution de son œuvre, il laisse jamais échapper une fausse note ou se produire un désaccord. Et cette précision est d’autant plus ex- traordinaire que pendant ce long espace de temps, le tapissier ne verra jamais dans son ensemble le panneau au quel i I travaille. Chaque matin, il reprendra son ouvrage au point où il Ta laissé la veille, avançant ainsi progressivement et sans eontrôle certain, et il faudra attendre son achève- ment complot, pour que la tapisserie déroulée révèle aux artistes qui Font exécutée qu’ils n’ont commis durant cette suite d’années ni maladresses, ni défail- lances. Quand un art est arrivé à ce degré de perfection technique, il semble qu’il soit appelé à suivre doucement à travers les âges une destinée glorieuse et calme. L’ensemble des talents et des vertus qu’il exige chez ceux qui le mettent en pra- tique, est, en effet, tout à l’honneur de l’humanilé. Eh bien ! il n’en est pas ainsi. Ce n’est pas sans un sentiment de vague tristesse que nous contemplons la belle exposition du Champ de Mars. A travers les excla- mations admiratives que provoque la vue de ces œuvres magistrales, il nous semble entendre comme un glas funèbre. A l’instar des gladiateurs romains, ces admi- rables panneaux défilant sous nos yeux semblent répéter le traditionnel iïlorituri te salutant. L’art de la tapisserie est, en effet, condamné à périr et l’on peut pré- voir le temps assez proche où il aura cessé d’exister. Déjà l’industrie privée, qui jadis excella dans ce genre d’ouvrages, les a à peu près complètement abandonnés. C’est à peine si, en dehors de nos Manufactures na- tionales, on compte en France quatre ou cinq fabriques produisant encore des œuvres estimables ; et l’étranger n’en pos- sède qu’une, la Manufacture royale de Malines, dirigée par M. Braquenié. Si l’on veut se souvenir de l’ancienne activité de la Flandre, de ces ateliers d’Audenarde, de Bruxelles et d’Anvers, qui fournissaient les Pays-Bas, l’Angle- terre et l’Allemagne, de l’an tique renom- mée d’Arras, de la puissance productrice de Paris, de Lyon, d’Aubusson et de Felletin, on est à la fois attristé et surpris de retrouver cette admirable industrie réduite à une expression si simple. A quelles causes faut-il attribuer co ra- lentissement de production? Est-ce donc que le personnel ne puisse plus se recru- ter? En aucune façon. Les apprentis sont partout nombreux et dociles. L'enseignement est-il moins bon que jadis? Jamais, au contraire, il n’a été plus rapide ni meilleur. Au siècle dernier, l’apprentissage était de six années; au- jourd’hui, il est réduit à trois ans à peine. Regardez attentivement, sous le dôme central qui donne accès dans la galerie de trente mètres, les envois exposés par l’École des Gobelins. Ils vous apprendront qu’après un an de travail assidu, un bon élève arrive àrendre un feuillage, à mode- ler un fruit, à traduire unedraperie. Après deux ans, il exécute une main, un pied, un visage, et, pour peu qu’on le guide, c’est bientôt un ouvrier accompli. Si vous visitiez FÉcole de la manufac- ture de Beauvais ou l’École nationale des Beaux-Arts d’Aubusson, vous verriez que partout l’avancement de l’éducation est à peu près le même. On apprend donc plus vite et mieux que jadis. Quant à l’exé- cution, l’exposition des Gobelins et de Beauvais prouve surabondamment qu’on peut faire au moins aussi bien qu’à au- cune autre époque. Elle est charmante dans sa sobriété, cette double exposition. Bien qu’ayant réuni au premier étage le plus grand nombre des ouvrages sortis de ses ate- liers, la manufacture des Gobelins occupe, à droite et à gauche du dôme central, deux énormes panneaux. A droite on contemple la Filleule des fées, à gauche Les Lettres, les Sciences et les Arts, exécutées, la première d’a- près M. Mazerolle, la seconde d’après M. Ehrmann. Au point de vue de l’exé- cution, ces généreuses compositions sont irréprochables, et leur éclat comme leur beauté ne sont nullement écrasés par les somptuosités de ce dôme, décoré cependant avec une profusion magique. Au premier étage, on a installé les ouvrages de moins d’importance comme dimensions. On y voit des paysages de haut style, étoffés d’animaux pittoresques, qui doivent prendre place dans l’escalier du Sénat. Ce sont : le Chevreuil, d’après M. Rapin; les Cigognes, d’après M. Paul Colin; le Faisan, d’après M. Lansyer; Y Ara rouge, d’après M. de Curzon. M. Galland, chargé de la décoration du salon d’Apollon, au palais de l’Élysée, expose de son côté seize panneaux sur fond jaune, d’une délicatesse singulière, dont la composition ingénieuse et la colo- ration distinguée exhalent un charme pénétrant et discret. Il faut citer encore le Manuscrit et Y Imprimerie, allégories fièrement cam- pées de M. Ehrmann, les Digitales d’après M. Desgoffes, le Héron d’après M. Bellel, la Marine, Y Art, les Sciences et la Guerre d’après M. Charles Lameire et une grande pièce en travail de la Savon- nerie, dont MM. Lavastre et Luc-Olivier Merson ont fourni le modèle. Dans une note d’application plus directe, mais non moins parfaite comme exécution, la manufacture de Beauvais expose, au rez-de-chaussée, une suite d’ouvrages d’un intérêt également consi- dérable. Tout d’abord on y acjmire un