L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
et le chef-d’œuvre de M. Eiffel paraîtra bien
mesquin, même aux yeux de ses plus fervents
admirateurs!
Autrefois, les procédés d’extraction étaient
assez rudimentaires, et de hardis aventuriers,
s’enfonçant dans des régions encore peu con-
nues, n’hésitaient point à procéder, avec i’aide
de quelques outils assemblés à grand’peine, au
forage des puits à pétrole. Travail interminable
et souvent ingrat, car, maintes fois, les res-
sources du travailleur s’épuisaient avant qu’il
fût parvenu à découvrir la source convoitée.
On raconte que l’un d’eux, après avoir consacré
jusqu’à son dernier dollar à cette entreprise
pénible et infructueuse, remontait, désespéré,
du fond de son puits, à la surface du sol, quand
tout à coup le pétrole, jusque-là introuvable,
jaillit avec une violence inouïe et noya le mal-
heureux au moment où il allait toucher le prix
de ses efforts.
Une partie du pétrole extrait des couches
profondes du sol est raffinée sur place; l’autre
est transportée à l’état brut pour alimenter les
raffineries d’Europe. Ce transport se fait, le plus
souvent, en vrac, dans des navires aménagés
d’une façon spéciale et portant le nom de
tanksteamers. Ces navires possèdent une seconde
cale intérieure, séparée de la cale proprement
dite par des cloisons étanches. La cale intérieure
est divisée en compartiments, ou tanks, que l’on
remplit de pétrole. La machine, qui se trouve
environnée de tous les côtés par le pétrole, est
séparée des tanks par deux cloisons creuses
juxtaposées, l’une remplie de sable, en contact
direct avec elle, et l’autre vide, que l’on appelle
safety room (chambre desûreté). On n’a jamais
eu à signaler un seul accident produit par le
voisinage des tanks et de la chaudière. La seule
catastrophe qui se soit produite à bord de l’un
de ces bateaux est due à l’imprudence du capi-
taine, qui descendit dans un des tanks à moitié
rempli avec une cigarette allumée. Les vapeurs
de pétrole accumulées dans cet espace étroit
s’enflammèrent, et tout l’arrière du navire fit
explosion. L’avant coula, mais on pat le rame-
ner à la surface et en sauver la cargaison qui
fut dirigée sur Dunkerque, où, d’ailleurs, elle
était destinée.
Le pétrole, une fois épuré et raffiné, est ren-
fermé dans d’immenses réservoirs (semblables
à celui de l’exposition panoramique), d’où on le
soutire pour le mettre en barils. Voici comment
se pratique cette opération. Chaque réservoir
communique par un tuyau avec une conduite
principale. Le long de cette conduite sont ins-
tallés, d’espace en espace, des robinets qui s’a-
daptent aux barils. Au moyen d’un mécanisme
d’une très grande sensibilité, ces robinets se
ferment d’eux-mêmes dès qu’ils affleurent à la
surface du pétrole qu’ils ont versé dans les
barils, de telle façon qu’il n’y a jamais une
goutte d’huile perdue.
Parmi les résidus utilisables du pétrole, il
faut compter la paraffine, qui sert à fabriquer
des bougies très répandues dans le commerce.
La paraffine, à l’état naturel, est noirâtre, et
elle s’effrite en écailles brillantes. Mais, au
moyen d’une série de manipulations, on l’épure,
et on lui donne sa forme définitive; on parvient
même à la colorer avec des oxydes métalliques.
Nous avons eu sous les yeux une boîte d’échan-
tillons qui reproduisent avec une richesse de
tons incomparable toute la gamme des couleurs
de l’arc-en-ciel.
Avec un autre résidu du pétrole, on fabrique
la vaseline. C’est ainsi que cette huile, nauséa-
bonde à l’état brut, parvient à fournir aux par-
fumeurs un de leurs produits les plus estimés.
Pendant longtemps, il a existé un préjugé
contre le pétrole. Des accidents, causés par les
imprudences ou les négligences des consomma-
teurs, avaient jeté le discrédit sur cette huile
minérale. Mais, aujourd’hui, il est démontré
que le pétrole est absolument inoffensif quand
on sait s’en servir. On peut voir à l’exposition
panoramique toute une série d’appareils des-
tinés à vérifier les propriétés de l’huile fabri-
quée; et pas un seul baril n’est livré au com-
merce sans qu’on en ait au préalable démontré,
au moyen de ces appareils, les qualités inoffen-
sives. D’ailleurs, la réaction en faveur du pétrole
est aujourd’hui complète ; la mode s’en est em-
parée, et il sert d’unique aliment à ces lampes,
d’une forme si gracieuse, que l’on peut admirer
depuis quelque temps dans les salons les plus
élégants.
11 nous resterait bien des détails techniques à
fournir sur cette intéressante question. Malheu-
reusement l’espace nous est mesuré. D’ailleurs,
une visite à l’exposition panoramique de
MM. Deutsch renseignera mieux nos lecteurs que
les explications les plus exactes et les plus dé-
taillées. Aussi les engageons-nous vivement à
s’y rendre. Le visiteur, même absolument étran-
ger à cette grande industrie avant son entrée
dans le Pavillon du pétrole, pourra, en le par-
courant attentivement, se rendre un compte
exact des diverses manipulations que subit
l’huile minérale et recevoir une leçon de choses
qui agrandira son bagage de connaissances
utiles et lui révélera l’importance qu’a prise
dans le monde une industrie qui n’a que trente
années d’existence.
L’ART DES ÉTATS-UNIS
AU CHAMP DE MARS1
M. Sargent a bien du talent, je vous
l’ai dit. Son art principal, dans le portrait
(car M. Sargent ne peint guère que des
femmes), consiste dans l’aimable fantaisie
de la pose , dans la virtuosité avec laquelle
il traite les étoffes, .sans nuire pourtant
au visage, qu’il modèle, au teint, dont il
rend la fraîcheur et la délicatesse avec
une habileté consommée. Je ne dirai pas
dø tous ses portraits qu’ils se valent,
mais il en est d’exquis. J’appellerai en
particulier l’attention sur une harmo-
nieuse étude d’intérieur, où les noirs, les
blancs, les bleus et les roses jouent la
plus harmonieuse symphonie : c’est le
portrait des jeunes Misses F... Dans un
salon éclairé seulement par la gauche,
trois fillettes sont debout; la quatrième,
qui n’est encore qu’un bébé, joue, assise
par terre, avec une poupée proportionnée
à sa taille. Les deux fillettes du fond,
vêtues de noir avec de blancs tabliers à
bavettes, se perdent à moitié dans la pé-
nombre ; de chaque-côté du coin où elles
ont élu domicile, deux potiches du Japon,
plus hautes qu’elles, montent lu garde, et
1. Voir le n” 56.
de leur long col d’émail blanc, parsemé
de dessins d’un bleu doux, jettent des
notes lumineuses, douces aussi, dans
cette ombre, tandis que le tablier blanc,
la jupe rose, les cheveux blonds de la
troisième fillette, le noir et le blanc du
bébé, s’éclairent, au premier plan, du
jour plus vif de la fenêtre. C’est un mor-
ceau d’une importance capitale dans
1 œuvre de M. Sargent, que ce Portrait
des Misses V...
M. Chase, comme AI. Sargent, a subi
les influences whistlériennes, et je trouve
un charme infini à la toile qu’il désigne
sous ce titre très simple : Mère et enfant.
Drapée dans les plis droits et tombants
d’une ample robe japonaise à fond noir,
rehaussé de broderies rouges, une jeune
femme aux cheveux d’un noir d’encre
regarde amoureusement le frais bébé
qu’elle étreint de ses bras maternels.
Comme dans les portraits de Whistler, le
relief est à peine sensible sous l’enve-
loppe savoureuse des beaux noirs. Mais
l’œuvre y gagne en couleur, en puissance,
et l’ombre de mystère qui s’y joint lui
donne une pénétrante et poétique douceur
que je retrouve à un degré presque égal
dans le bébé blond, en robe blanche, de
M. Weir, exécuté sous l’empire de préoc-
cupations analogues.
Il est bon de constater que M. Chase,
en même temps que portraitiste, est un
paysagiste sincère et très fin. Les vues de
Long-Island et de City-Park sont char-
mantes ; il montre même de l’esprit dans
le paysage, mais de l’esprit à la dose
voulue, un esprit qui réside surtout dans
le contraste de ce titre éminemment paci-
fique, la Paiæ, et des pièces de canon
dont la masse sombre s’allonge, inquié-
tante, sur le vert tendre et doux des
gazons.
Parmi les portraitistes qui méritent
encore plus qu’une simple mention, nous
trouverons au premier rang MM. Stewart,
Johnson, Dewing, Millet, Rolshoven,
Beckwith et Story. La manière de
M. Stewart est adroite, mais se ressent,
dans sa terrible sécheresse, des maîtres
dont il a reçu les leçons, feu Lamacoïs et
M. de Madrazo. Il y a de l’éclat dans son
coloris, dans son dessin de la sûreté, mais
les prestiges de la lumière lui échappent
et le charme lui manque; soit au pastel,
soit à l’huile, il a des bleus, des jaunes,
des rouges qui vibrent avec une rare
puissance, mais il lui manque le don d’en-
velopper ses figures, et de noyer dans
F air leurs contours. De là cet aspect quasi-
métallique qui distingue ses toiles. Ren-
dons justice cependant à un délicieux por-
trait de la jeune Baronne de B... Cette
toile est séduisante, par extraordinaire.
Si j’en juge de lui par un merveilleux