L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
151
Ce modèle, cette fleur de vase, impi-
toyablement copié dans toutes ses imper-
fections, fit croire au moulage. Ou se
trompait. M. Gcmito était doué d’une
grande habileté; il l’a prouvé depuis.
Mais il fut le père d’une sculpturê grouil-
lante et populacière qui n a plus rien de
commun avec la statuaire de Phidias ou
de Cléomène. En France, l'influence do
Millet porta les naturalistes vers le pay-
san. L'influence de M. Gemito poussa ses
imitateurs vers la copie du gamin des
villes, du guappo, comme on dit de l’au-
tre côté des monts. C’est un charmant
idéal. Vous verrez au Champ de Mars
plusieurs spécimens de cet art, entre
autres, cinq bronzes de M. Rosso, dont
l’un a été acheté par M. Zola, l’autre par
M. Munkacsy. Ce sont de suaves statuettes
à mettre en-un cabinet d’études.
Sculptures de modistes, sculptures do
cabaret, tel est l’art que produisent au-
jourd’hui les Italiens. Le salut viendra-
t-il pour eux? Nous ne lo pensons pas, car
le mal s’est singulièrement aggravé de-
puis 1878.
Le fâcheux est que ces productions
puériles sont applaudies et achetées par
nombre de gens sans culture, qu’elles
sont exportées en Amérique. Leurs au-
teurs persévèrent donc. Pourtant, cette
race est douée, on ne saurait le nier. On
est frappé, jusque dans ses plus mauvai-
ses productions, de l’aisance extraordi-
naire qu’ils apportent à rendre le côté
pittoresque, le mouvement, la vie. Vous
trouverez souvent, dans ces marbres, ridi-
culement polis et lustrés, un sentiment
très juste de la plénitude des formes, un
lourde main, un brio que vous chercheriez
vainement dans les académies sèches des
Anglais. Ce qui l'ait défaut aux Italiens,
c’est la culture intellectuelle, la concep-
tion do la grandeur et de la dignité sculp-
turale, l’élévation dans la pensée. Ils ne
comprennent plus les œuvres de leurs
maîtres, et s’ils copient un Raphaël ou un
Léonard, ils le faussent ou l’enjolivent.
Exemple bon à méditer, qui montre jus-
qu’où peut tomber Fart d un pays qui a
rompu avec ses traditions.
Ces traditions n’ont jamais existé pour
la sculpture espagnole. Au moyen âge, la
Bourgogne envoya ses artistes qui sculp-
tèrent les cathédrales de Burgos, de
Barcelone, de Tolède. Plus tard, dos Flo-
rentins, entre autres ce Torrigiano, qui,
dans un accès de rage, écrasa d’un coup
de masse lo nez de, Michel-Àngo, vinrent
s’installer en Espagne. Quelques peintres
comme Alonzo Cano prirent l'ébauchoir
et laissèrent des œuvres de premier or-
dre. Mais les mouvements créés par ces
artistes ne s’étendirent pas, nulle École
ne se forma. Aujourd’hui, le gouverne-
ment espagnol entretient une Académie
à Rome, sur le Janiculc. Tous les pen-
sionnaires y sont livrés à l’influence ita-
lienne moderne, ce qui est regrettable,
car plusieurs d’entre eux font preuve de
talent, particulièrement M. Querol, qui a
au Champ de Mars un buste en marbre,
très aminé, exécuté crime main large et
savante. Il est très fâcheux que son
groupe, la Tradition, montre qu’il cher-
che ses inspirations bien plutôt dans les
ateliers de la via de] Babuino qu'au mu-
sée du Capitole ou au Vatican.
Pour retrouver la santé, la vérité elle
goût, il nous faut remonter au Nord, vers
ces régions que la rudesse de leur climat
ne prédisposait pas à l’étude de la sta-
tuaire, vers le Danemark, la Suède, la
Norvège, la Finlande. Pour ces pays, la
sculpture fut comme une fleur frisson-
nante que Thorwaklsen alla chercher à
Rome an commencement de ce siècle,
transplanta et acclimata à Copenhague;
de là elle se répandit dans les contrées
environnantes. Les doctrines esthétiques
du célèbre sculpteur danois étaient celles
de Winckelmann, et il emprunta sa ma-
nière à Canova. Il y ajouta une certaine
raideur et plus de sévérité dans le des-
sin. Son influence est encore manifeste
aujourd’hui, et nous voyons au Palais des
Beaux-Arts les Écoles des pays du nord
de l’Europe se partager nettement entre
ceux qui retiennent encore renseigne-
ment do l’illustre Danois et ceux qui sui-
vent les tendances françaises. Ces der-
niers, à la vérité, gagnent tous les jours
du terrain. Ils sont fort assidus à notre
École des Beaux-Arts et suivent avec
passion notre développement artistique.
MM. Hasselberg et Akermann so dis-
tinguent entre eux par beaucoup de
charme, de suavité, de délicatesse. Leurs
œuvres ont comme un souvenir de colles
de M. Falguière et de M. Lcfeuvre. Elles
sont plus froides d’exécution, niais élé-
gantes, poétiques, et procèdent d’un vé-
ritable sentiment d’art.
La statuaire belge est comme une pro-
vince de la sculpture française. Mêmes
traditions, même enseignement, mêmes
tendances. Tous les artistes belges en-
voient régulièrement leurs travaux à nos
Salons, et leurs noms se mélangent dans
nos catalogues aux noms français. Nous
voyons donc chez eux, comme chez nous,
se développer parallèlement 1 Ecole natu-
raliste etl’Ecole spiritualiste. La première
est représentée ici par M. Mignon, avec
ses Taureaux énergiques et décoratifs, et
par AI. Devillez, dont les Sylvains font
admirer l’habileté et la franchise qu il
apporte à copier la nature, sans la choisir
ni l’interpréter. MM. Dillens, de Vigne et
Vanderstappen tiennent la tête du mou-
vement spiritualiste. Le dernier semble
avoir subi l’influence de M. Mercié ; son
Homme à l'èpèe rappelle involontairement
le David. Le sculpteur belge, tout en met-
tant dans sa statue une noble dignité, n'a
pas su lui donner assez d’aisance ni de
souplesse. C’est une sculpture de mor-
ceaux, très habilement exécutés, mais
qui ne se tiennent pas, et d’où ne so dé-
gagent ni le mouvement, ni la vio : il
reste en elle un souvenir du modèle d ate-
lier. Ajoutons que l’aspect de l’œuvre
est froid. Combien nous préférons la
Figure tombale de M. Dillens! Nue,
affaissée dans sa douleur, pleine d une
émotion pénétrante, cette jeune fille
touche très délicatement notre âme et
ravit nos yeux. Il y a là une exécution
d’un charme tout corrégien, une concep-
tion poétique telle que. M. nonner se
plaît à les rêver. Nous ne retrouvons pas
un mérite semblable dans la Justice du
même artiste... Nousy voyons do grandes
prétentions décoratives, mais la forme y
est abandonnée et le dessin sacrifié à
l’effet. M. de Vigne montre une élégance
un peu apprêtée dans son Immortalité,
beau marbre très souple, qui a le defaut
de rappeler Canova. Nous devons surtout
louer son grand groupe en bronze, Brei-
del et de Coninc, rempli d’énergie, de
fierté, de vérité, où le statuaire fait preuve
des véritables qualités du décorateur : la
largeur et la fermeté.
A. Paillier.
RÉCONIPENSES AUX EXPOSANTS
LES GRANDS PRIX*
Classe 16. — Cartes et appareils de géographie,
cosmographie, etc.
Grands prix (suite). — Imfeld, Suisse. Mi-
nistère de l’Agricuiture, France. Ministère de
la Guerre, France. Ministère de l’intérieur,
France. Ministère de la Marine, France. Minis-
tère des Travaux publics, France. Ministère
des Travaux publics (expositions collectives),
France. Ministère des Travaux publics (carte
géologique), France. Prince héréditaire Albert
de Monaco, Monaco. Secrétariat des travaux
publics, Mexique. Simon, Suisse. Société de
géographie de Paris. United States Coast and
Geodetic Survey. United States Signal Service,
États-Unis. United States Geological Survey,
États-Unis. Ville de Paris. Wurster Randegger
et C'e, Suisse.
GROUPE III
Mobilier et accessoires.
Classe 17. — Meubles à bon, marché et meubles
de luxe.
Grands prix,. — Damon et Gie, France. Henry
Dasson et Cie, France.
1. Voir les n" 55 à SS.