L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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peintures. L’éventailliste dessine, d’une main
délicate, ses jolis rêves sur la soie qu’il a ten-
due; le forgeron, dont le soufflet ressemble à
une pompe, parforme des gongs sonores qui
donnent toutes les notes de la gamme. Le tisse-
rand invente la flore fantastique ornant les
merveilleuses soieries qu’il confectionne. De
même pour le brodeur, dont l’aiguille imagina-
tive orne comiquement les étoffes tissées par
lui.
Ceux-là, quelque adroits et délicats qu’ils
soient, ne sont que des ouvriers. Mais, en par-
lant des sculpteurs sur bois et des ciseleurs, il
faut rendre le nom d’artistes à ces virtuoses du
ciseau qui, avec des outils informes, parachè-
vent'des merveilles d’élégance. Je ne vois
guère capable de leur être comparé qu’un fan-
taisiste poète qui, avec du fil de fer, recouvert,
de papier gommé, crée des lanternes et des
objets votifs dont les formes inattendues sont
du plus curieux effet.
Le village tonkinois n’a pas le bonheur de
posséder de femmes, mais les habitants, habi-
tués à se servir eux-mêmes, ne sont pas restés
embarrassés : ces messieurs se sont institués
leurs propres cuisinières. Derrière les cases,
sur des charbons retenus par des pierres, ils
font cuire le riz à l’étouffée. Au coup de tam-
tam, tout le monde se met à table, et c est plai-
sir de voir avec quelle adresse les convives se
servent pour manger des deuxpetites baguettes
traditionnelles.
EXPOSITION DE LA VILLE DE PARIS
LE SERVICE DE L'ASSAINISSEMENT
________
Le service de l’assainissement comprend, dans
ses attributions, l’inspection des logements in-
salubres, et le service des égouts; nous avons
déjà examiné longuement la maison salubre
opposée à la maison insalubre, que M. Masson a
fait édifier dans le pavillon de droite de la Ville
de Paris; aujourd’hui, nous resterons dans ce
service, pour nous arrêter à l’importante ques-
tion des égouts.
Ce n’est pas à première vue un sujet bien
intéressant peut-être, au moins pour les per-
sonnes qui ne font pas de l’hygiène leur préoc-
cupation habituelle, qu’un article sur les égouts
parisiens et cependant j'espère, si le lecteur veut
bien me suivre pendant quelques colonnes,
trouver assez de faits intéressants sur ce sujet,
pour ne pas lui faire regretter cette lecture et
lui faire désirer, au contraire, une visite dans le
grand égout collecteur.
À mesure que les sociétés se civilisent, que
les agglomérations humaines augmentent, il
naît des difficultés nouvelles, des problèmes
sociaux et économiques jusque-là inconnus.
Dans une ferme ou dans un village, la question
est bien vite résolue. La fosse à fumier, le jardin
derrière la maison, au besoin le champ un peu
plus éloigné reçoivent sans grands inconvénients
les déchets de la maison.
Mais ce procédé primitif ne saurait être uti-
lisé aussitôt que la population augmente : fosse
à fumier, jardin, tout cela adisparu, il ne reste
plus cjue des maisons étroitement serrées les
unes contre los autres, gagnant en hauteur ce
qu’elles ne peuvent avoir en largeur, et plus la
ville est importante, plus aussi la densité de la
population s'élève Dans les grandes villes
comme Paris, Marseille, cette densité atteint un
chiffre insensé.
On conçoit aisément que, dans ces conditions,
l’éloignement des immondices, de tous les
déchets organiques s’impose impérieusement.
Toutefois, deux procédés peuvent être utilisés :
1° le collectionnement plus ou moins durable;
2° l’évacuation immédiate et systématique.
Nous ne nous étendrons pas sur le procédé du
collectionnement, c’est-à-dire des réservoirs,
fosses fixes, etc., que l’on vide à des époques
plus ou moins fréquentes. Ce qui nous arrêtera
surtout, c’est l’établissement du réseau d’égout
tel qu’il a finalement été construit à Paris. Mais
ici, comme pour le service des eaux, nous pour-
rons suivre, grâce aux plans et gravures exposés
par le service de l’assainissement, le dévelop-
pement graduel des égouts dans Paris et tous
les perfectionnements successivement apportés
dans leur construction, système de nettoyage,
etc., etc.
Pendant longtemps, Paris n’a connu comme
système d’évacuation pour ses eaux sales, que
le ruisseau qui passait au milieu de la chaussée:
tels sont encore les Rinnsteine des vieux quar-
tiers de Berlin, le Griibli en Suisse, le fil d'eau
de Lille. A la rigueur, dans les villes situées sur
une élévation et où toutes les rues présentent
une forte pente, on conçoit que ce système, si
défectueux qu’il soit, puisse être utilisé quand
ondispose, enoutre, d’une massed’eau suffisante
pour laver abondamment la rue, et c’est le cas
de Fribourg en Brisgau.
A propos de ces ruisseaux urbains, M. Napias
signalait récemment, dans une étude parue à
la Revue d’Hygiène, quelques arrêtés fort curieux
qui montrent qu’au xiv” siècle déjà les édiles
parisiens se préoccupaient de la pollution des
rivières et qu’ils étaient alors adversaires du
« tout à l’égout », bien que le mot ne fût pas
encore inventé.
En 1348, en effet, sous le règne de Philippe de
Valois, un prévôt des marchands, le maire de
Paris de cette époque, défendait « de jeter des
immondices en temps de. pluie, afin qu’elles ne
soient pas portées à la rivière ». Deux ans plus
tard, un édit du roi Jean confirme celle prohi-
bition. Charles VI, par lettres patentes, interdit
« de jeter des boues et fumiers dans la Seine
sous peine de 60 sols d’amende ».
.Enfin l’ordonnance du 26 août 1530, sous
François Ier, qui prescrivait les mesures sani-
taires à prendre contre la peste, faisait défense :
« Aux chirurgiens de l’IIôlel-Dieu, de jeter
dans la Seine le sang des saignées faites sur les
malades atteints de la peste. »
Le conseil supérieur d’hygiène d’alors était-
il donc convaincu déjà de la transmissibilité
possible des maladies contagieuses par l’eau?
Quoi qu’il en soit, les premières notions cer-
taines que nous possédions sur les égouts de
Paris datent de 1663. Le premier plan exposé
par le service de l’assainissement porte cette
date. Un léger relief indique suivant la couleur
(verte ou rouge) qu’il s’agit d’égouts à ciel ou-
verts ou d’égouts couverts. A cette époque, le
système se composait simplement d’un grand
fossé de deux mètres de large au radier, plus ou
moins bien maçonné, et qui, partant du quartier
des Filles-du-Calvaire, suivait la direction des
grands boulevards actuels pour venir se jeter
dans la Seine à la hauteur de la Savonnerie. Sur
ce fossé, égout collecteur de l’époque, venaient
se jeter quelques petits égouts couverts, dont
un seul, un peu important, desservaitle quartier
duMaraisensuivantlarueSaint-Louis, la ruede
Turenne actuelle. Si l’on se reporte à l’article que
j aipubliédans cejournal sur le service des eaux,
on comprendra quelle petite quantité d’eau
pouvait être utilisée pour laver ce fosse et dans
quel état il devait se présenter aux yeux des
Parisiens.
Le second plan porte la date 1740 et indique
déjà quelques progrès, mais avec quelle len-
teur ! L’arc de cercle incomplet formé par le
grand égout à ciel ouvert est désormais fermé
par un nouveau fossé qui, partant de la Bastille,
vient se jeter en Seine en suivant le boulevard
de Contrescarpe. C’est à peu près le trajet du
canal Saint-Martin.
Le Palais-Royal, les Tuileries sont desservis
par de courtes branches couvertes qui débou-
chent en Seine à la hauteur du Pont-Royal. Sur
la rive gauche, quelques tronçons viennent se
jeter dans le petit bras de la Seine.
Sous le règne du grand Roi, il n’y avait en-
core que 5,148toises d’égouts, soit 10,033 mètres
dont 2,000 seulement étaient couverts.
Le plan de 1789, le troisième de cette collec-
tion si intéressante, nous montre que le réseau
continue à s’étendre. Sous l’influence des écono-
mistes du xvnie siècle, les questions d’hygiène
commencent à prendre de l’importance. Des
ministres comme Turgot etNecker ne pouvaient
y rester indifférents. C’est Turgot, en effet, qui
fait reconstruire complètement l’égout collec-
teur, c’est lui qui fait organiser un réservoir
contenant 32,000 muids d’eau pour assurer
un lavage raisonnable de la conduite jusqu’à
Chaillot.
En 1789, le plan nous montre 20,000 mètres
d’égouts, et, à partir de cette époque, le pro-
grès va marcher avec une grande rapidité.
Jusqu’en 1854, le développement du réseau,
ainsi que le montrent les plans de 1837, 1840,
est relativement lent, c’est seulement de cette
année que chaque plan nouveau devient de
plus en plus chargé, bien que les dates en soient
très rapprochées. Ici encore laissons parler
l’éloquence des chiffres.
Longueur des égouts
en kilomètres.
-1660.............................................. 4
4740........................................
1789.....................................................................
........................................
........................................
........................................
•1840........................................
18oG........................................
1860.........................................
J 863........................................
•1870........................................
1878.........................................
-10
20
100
200
300
400
700
900
-1889............................................... 1,239
Le grand plan de 1889 montre que tout Paris
est désormais couvert d’uq inextricable réseau
de conduites; à peine peut-on noter quelques
taches blanches coïncidant avec les points les
plus élevés et où la pente est trop intense en
même temps que la densité de la population
très faible, telle la Butte-Montmartre, la Butte-
aux-Cailles et quelques points de Méni [montant.
Dans la travée consacrée à ce service, on
trouve des modèles au dixième ou à des échelles
moindres de tous les systèmes ou types d’égouts
utilisés par le service parisien. Comme on peut
le constater, tous ont « la forme générale d'un
œuf debout sur sa pointe déprimée ». C’est ainsi
que s’exprimait Dupuis en 1854, et, on le voit,
c’est son projet qui a réussi, à Paris du moins.
Les dimensions des égouts varient évidem-
ment suivant le volume des eaux qu’ils doivent
recevoir. A Paris, le grand collecteur d’Asnières
a une hauteur de 4ln,40et une largeur de 5m,50
avec deux trottoirs latéraux de 0m,90 de large.
Depuis ce collecteur qui porte le n° 1 jusqu’aux