L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION 1)13 PARIS
mie, la scolastique et la sorcellerie ne
nous touchent. Il y faudrait le pinceau
d’un Van Eyck, et M. Van I love ne, l'a pas.
La sculpture des Belges a moins d’ori-
ginalité que leur peinture.
Depuis Michel-Ango, qui on a fait l’ob-
servation le premier, jusqu’à M. Taine,
qui l'a répété en ternies modernes, les
critiques se sont accordés à reconnaître
que le climat brumeux du pays, où toutes
les lignes s’estompent, oft le contour dis-
parait, tandis que la couleur vibre, n’est
pas favorable au développement do la
sculpture. Rendons justice pourtant au
Puddleur de M. Constantin Meunier,
œuvre forte, à un groupe historique de
hcllo allure deM. de Vigne, au Taciturne
et à l'Homme à l’épée de M. Van der
Stappen, à la Iléro do Al. le Roy, à la ro-
buste nourrice où s’allaitent les Sylvains
de M. Devillez, à la délicate Figure
tombale »lo Al. Dillens, à la gracieuse
Prière de M. Guillaume Charlier, et à ce
groupe symbolique et puissant de M. Isi-
dore de Rudder, le Commencement et la
Fin. — Le reste de la .sculpture est quel-
conque; mieux vaut n’en point parler;
l’art belge en vérité y perdrait.
Thiébauj.t-Sisson.
LE PLOMB ET L’ÉTAIN
Pour n’oublier aucun des métaux em-
ployés dixiis F ameublement, je dois dire
un mot, du plomb et de l’étain mis on œu-
vre par nos fondeurs. Tous ceux qui ont
étudié les arts du mobilier savent quel
usage considérable nos pères firent de ces
deux métaux. Pendant dix siècles, le
plomb servit aux décorations extérieures.
C’est à lui qu’on eut recours pour orner
les llèches de nos églises et les toitures
de nos cathédrales. On l’employa égale-
ment à fondre des statues, et les jardins
de Versailles prouvent, encore aujour-
d’hui,, que les ligures et les groupes de
plomb étaient fort appréciés du temps de
Louis XIV. Pour l’étain, qui était consi-
déré comme métal noble, on en confec-
tionna, jusqu'à la découverte de. la porce-
laine, toute l’orfèvrerie de table des gens
de condition moyenne et qui ne pouvaient
s’offrir d’argenterie véritable.
Depuis qn siècle, l’élain et le plomb
ont cessé c ’ètr»! employés sans qu’on ait
pu trouver à ce délaissement une raison
valable. Aussi est-ce avec grand intérêt
que j’ai remarqué, dans Texposilion de
MM. Thiébaud frères, un superbe vase
do jardin en plomb, d’une largeur de
conception tout à fait exceptionnelle ; et
c’eut avec un phusir non moins vif que
j’ai passé de longs instants à contempler
les modèles charmants d’orfèvrerie d’étain
queM. Brateau a disposés avec goût dans
sa curieuse vitrine.
On a conservé le souvenir dos chefs-
d’œuvre d’élégance et de finesse qui ont
été enfantés dans ce genre par les potiers
d’étain do la Renaissance, et tous les
amateurs connaissent le bassin et l’ai-
guière de la Tempérance, qui ont suffi à
illustrer le nom de Briot. 11 faut donc sa-
voir gré à M. Brateau d’avoir cherché à
copier ce célèbre modèle et d’avoir mis
au jour une œuvre assez parfaite en son
genre pour supporter la comparaison avec
son admirable devancière. M. Brateau ex-
pose, en outre, toute une collection de
plats, d’assiettes, de gantières d’un goût
exquis et d’une finesse d’exécution irré-
prochable. On a pu faire aussi bien dans
le passé, on n’a certes pas fait mieux.
On voit, par ce rapide compte rendu,
que l’Exposition du Champ de Mars offre
aux amateurs do bronze et d’orfèvre-
rie de nombreux et précieux sujets d’é-
tude. Pour nous, nous sommes heu-
reux do constater que ces deux arts si
foncièrement intéressants ont grandement
progressé depuis dix ans, et que si l'on
remonte plus en arrière, on peut s’aper-
cevoir que, depuis un siècle, les artistes
français n’ont pas dégénéré.
Henry Havard.
HISTOIRE D’UNE PÉPITE D'OR
On peut voir au Champ de Mars, dans la
galerie affectée aux minerais, une pépite d’or
d’un demi-kilogramme découverte en France.
Cette pépite a toute une histoire. Clément
Trouillas gardait ses chèvres, il y a quelques
années, auprès du hameau des Avols, dans
l’Ardèche. Une chèvre s'étanl montrée récalci-
trante, Trouillas ramassa une pierre, singu-
lièrement lourde, et lui lança le pesant cail-
lou. ’l’out dernièrement, son beau-frère, Adrien
Noël, aperçut au même endroit un objet bril-
lant qu’il examina à loisir. C’était la pierre de
Trouillas, paraît-il, et cette pierre était une
pépite d’or dont un horloger du village voisin
offrit -1,200 francs. Des gens avisés s’interpo-
sèrent et pensèrent qu’il ne fallait pas livrer
à la fonte un échantillon aussi rare. Un litté-
rateur distingué, M. Mazon, écrivit à ce propos
à M. Stanislas Meunier, du Muséum. M. Mazon
se fit même envoyer à Paris le précieux caillou.
Il porte une fente sur l’une de ses faces, ce qui
permet d’apercevoir le métal très compact.
Cette pépite mesure 94 millimètres de long,
50 millimètres dans sa plus grande largeur.
8 millimètres dans sa plus grande épaisseur.
M. Riche, qui en a fait l’analyse, a trouvé
980 millièmes d’or, 48 millièmes d’argent, et de
petites quantités d’oxyde rouge. La densité est
de 16. La pierre rappelle, par sa forme, certains
silex taillés ; on la compare aussi à une pomme
de terre écrasée 1.
1. D’après M. Stanislaa Meunier, Nature.
M. des Cloizeauxs’est demandés! cette pépite
n’aurait pas déjà eu quelque propriétaire qui
l’aurait rapportée d’Amérique et l’aurait perdue
da^s ce pays où les minéralogistes n’ont jamais
fait pareille trouvaille. M. l’abbé Canaud, curé
de Gravières, a été prié de faire une enquête et
de la transmettre à M. Boussinesy, de l’Acadé-
mie des sciences. On sait bien que César a qua-
lifié notre pays de Gallia aurifera, que l’Ariège
tire son nom des paillettes d’or qu’il charrie.
Agricola a écrit : Aurum in Cebennis inve-
nitur in lapillis aigris. Mais enfin, il s’agit ici
d’un bloc de 543 grammes qui met l’Ardèche
sur le même rang que les placers de l’Oural.
Sans admettre que le pays soit un placer, il
faut cependant savoir que les pépites ne sont
pas aussi rares qu’on pourrait le croire dans
l’Ardèche. M. l’abbé Canaud rappelle qu’il y a
trente ans, on trouva aux Albourniers une
belle pépite ; elle fut découverte par un nommé
Etienne Pellet. M. Canaud a 'été voir le fils de
M. Pellet : « Mon père, dit-il, a trouvé ce mor-
ceau d’or en piochant une vigne située au
levant et près des Albourniers et à petite dis-
tance des Aynessets. La pépite, grosse comme
une petite noix, fut vendue 60 francs à un
orfèvre. » A Monjoc, une pépite fut encore
trouvée par le « père Henri Robert », qui plan-
tait un jeune châtaignier. Enfin, il y a soixante
ans, dans les mêmes Avols qui viennent d’en-
richir Noël, Joseph Merle fit une découverte
analogue. « Il existe encore, dit M. l’abbé
Canaud, dans le village des Avols, un vieillard
appelé Trouillas qui se souvient bien avoir vu
cette pépite. Elle était de la forme et de lagros-
seur du manche d’un petit couteau ; elle était
engagée entre deux pierres détachées duschiste,
dans le lit creusé du ruisseau de )a fontaine,
au-dessous du village des Avols. La pépite fut
payée 380 francs par M. Bertrand, orfèvre. »
M. Canaud a joint à son enquête un croquis
relevé sur le plan cadastral et sur lequel il a
marqué les points où l’on avait ramassé les
diverses pépites.
La plus grande partie de la région aux pé-
pites est occupée par un énorme contrefort de
la montagne de la Barre, au point appelé
Serre de Monjoc. Les Avols forment le bas
d’une vallée dénudée, un peu au-dessus du
point de jonction des eaux du Fayet avec celles
du Chassezac. C’est en plein micaschiste que
les pépites ont été trouvées. Un grand nombr e
de filons de toute nature intercalés entre les
couches relevées de ces micaschistes, sillonnent
dans tous les sens la terre de Monjoc et les
collines de Tincousses, par exemple celui de
plomb argentifère des Albourniers. celui de py
rites de Bon-Abri, celui de fer des Chaussi, etc.
II ne paraît donc pas douteux, surtout après
les recherches de l’abbé Canaud, que la pépite
d’AvoIs ne soit parfaitement bien originaire du
pays. Il serait à désirer maintenant que cette
pépite fût achetée par le Muséum de l’École
des mines, et ne restât pas, comme aujour-
d’hui, dans une collection privée.
LE PRISONNIER Â L’EXPOSITION
Parmi les mille et une œuvres d’art (?) exhi-
bées dans l’Exposition pénitentiaire, et qui
sont dues à l’imagination et à l’habileté des
détenus de France, il en est deux qui me pa-
raissent symboliser de tous points l’ensemble de
cette exposition. Ga sont deux statuette« qui sa