ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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Side af 459 Forrige Næste
L’EXPOSITION DE PARIS 167 font vis-à-vis, et qui sont désignées sous les noms Autrefois et Aujourd’hui. Autrefois, c’est un forçat dépenaillé, à peine vêtu, pieds nus, enchaîné, l’air méchant (il a l’intention, 'du moins, d’avoir cet air) et qui tend un poing me- naçant, sans doute vers la société en général, et vers les juges plus spécialement. Aujourd’hui, c’est un détenu, vêtu confortablement du cos- tume réglementaire, bien chaussé, libre de toutes entraves, qui se repose un instant do son travail, et, appuyé sur son outil, lit un livre. Ce personnage a un air moral et bienveil- lant qui est évidemment exagéré : il paraît trop doux, trop bon, trop heureux. Volontiers j’ima- gine que ces deux statuettes, d’exécution d’ail- leurs naïve, sont l’œuvre de quelque affreux chenapan qui a jugé pouvoir, par là, s’intro- duire de force dans les bonnes grâces de son directeur Grâce à une flatterie qui ne se dissi- mule point, il a sans doute espéré quelque dimi- nution de peine, ou augmentation de rations alcooliques. S’il y a erreur, j’en adresse mes excuses à l’artiste; à l’exemple de ses confrères en liberté, il est peut-être fort chatouilleux, et pourrait vouloir me venir chercher des raisons, au jour où les portes de la prison s’ouvriront devant lui. C’est bien, en effet, le passé et le présent du prisonnier, qu’a voulu nous montrer l’adminis- tration pénitentiaire, et Je but, il le faut avouer, est bien rempli. Ce sera certainement l’avis du visiteur qui, sans se laisser rebuter par l’expo- sition des objets aussi variésquepeu intéressants qui lui sont offerts comme produits de là cervelle et de la main des détenus, regardera de plus près et discernera l’intention des organisateurs. Le passé nous est montré un peu succincte- ment, il est vrai, mais d’une façon très précise et fort intéressante, par une série d’objets, de photographies, de documents et d’images, ayant trait aux prisons et aux pénalités d’autrefois. C’est une exhibition attachante, mais doulou- reuse à la fois, que l’on fera bien de parcourir avec attention. Voici d’abord une série de photographies, montées sur tableaux verticaux, et qui nous représentent un certain nombre de prisons d’au- jourd’hui ou d’autrefois, intéressantes par leur histoire et leur architecture. C’est la prison de Thouars, ancien château des la Trémoille; puis vient le château de Tarascon (xve siècle), prison désormais célèbre par le séjour qu’y a fait le grand ami de Tartarin, le « prince » Gregory du Monténégro ; c’est encore Fontevrault (xie siècle) avec un petit modèle de la belle tour d’Evrault enclavée dans sa construction, et dont les proportions gracieuses et hardies appellent l’admiration des archéologues; c’est Gaillon, réédifié au xve siècle; c’est la Conciergerie, la prison célèbre entre toutes, dont on a photogra- phié encore les parties les plus intéressantes : le cachot de Marie-Antoinette, la Salle des Girondins. l’escalier du tribunal révolution- naire. Voyez ensuite la prison de Laval et celle de Loches. A la porte de cette dernière, un pri- sonnier avait écrit : « Entrez, messieurs, chez le Roi notre maître. » C’était, en effet, une prison d’État, où l’on n’entrait que sur ordre royal. Loches est célèbre par la cage de fer, étroite et io.urde cage faîte de gros barreaux assemblés, large de 8 pieds, et n’ayant que la hauteur d’homme avec un pied en plus. « Le premier qui la devina fust l’Évesque de Verdun, qui, en la première qui fut faicte fut mis incontinent et y a couché 14 ans », raconte le chroniqueur. On voit l’image de cette cage dont Commines aussi « tasta pendant huict mois » ; d’ailleurs à Thouars l’on en avait aussi, et dans ces cages, reléguées aux combles d’une tour, l’on enfer- mait les faux-sauniers. Les prisons de Dinan, de Vitré, d’Avignon sont aussi fort intéres- santes à examiner. Mais le visiteur sera plus attiré par différents documents qui sont exposés à sa vue, et qui représentent les écrous de cer- tains prisonniers historiques, et les procès- verbaux de tels jugements ou exécutions cé- lèbres. Voici les écrous de Ravaillac, d’Eléonore de Galigaï, la femme de ce turbulent maréchal d’Ancre qui éprouva si complètement les faveurs et les défaveurs royales, femme intelli- gente, faite pour dominer, et qui mourut sans fai- blesse; voici l’écrou de l'autre régicide, Damiens, — dont on peut voir les traits sur une estampe de l’époque; -— voici encore ceux de Marie-An- toinette, de Philippe-Egalité, de Mmc Roland, du Masque de fer ; voici les registres du tribunal révolutionnaire, le plus souvent terminés par ces mots : « Désécroué et guillotiné le... » Il est malaisé de passer devant ces documents sans s’arrêter à les regarder longuement, tant ils évo- quent de souvenirs, et tant ils rapprochent le visiteur du drame sanglant et féroce dont ils demeurent les vestiges accusateurs. Voici en- core des lettres de cachet : elles concernent Voltaire et Latude. Ou ne peut les regarder sans se rappeler les éloquentes fureurs do .Mira- beau, qui, lui aussi, connut les prisons d’État, grâce à son père, et put en parler en témoin compétent : « Quelle mutilation de l’existence f s’écrie-t-il; c’est cesser de vivre, et ne pas jouir du repos que procure la mort. » Il y a cependant quelque chose de plus affreux, et c’est le spectacle des peines et tortures qu in- fligeait l’ancienne justice. Le spectacle nous est fourni, dans l’Exposition pénitentiaire, par un certain nombre de photographies d’estam- pes anciennes, figurant diverses exécutions cé- lèbres, et les principales tortures que le magis- trat avait le droit et le devoir d infliger aux suspects pour leur arracher des aveux. Le juge était doublé d’une bête féroce, d’un être ingénieux en l’art de provoquer la souf- france; il choisissait les moyens qu il croyait les meilleurs ; il en prescrivait l’application, il assistait à la torture, écoulant et notant les effets de celle-ci, les plaintes, les angoisses, les réponses. La sensibilité était évidemment mé- diocre, non seulement chez lui, mais chez la plupart des contemporains. Le tendre Racine — c’est l’épithète consacrée — n’a-t-il point mis dans la bouche de Dandin et d’Isabelle ce petit dialogue? ■Ö. — N’avez-vous jamais vu donner la question ? I. — Non, et no le verrai, que je crois, de ma vie. D. — Venez, je vous en veux faire passer l’envie. I. — Eh, monsieur, peut-on voir souffrir les malheureux? D. — Bon! cela fait toujours passer une heure ou deux ! Il ne faut pas oublier, aussi, qu’en 1757, à l’époque du procès de Damiens, quatre méde- cins eurent communication des procédés de torture employés en France, et que deux d'entre eux, Boyer et Foubert, ne craignirent point de recommander certaines modifications propres à rendre plus efficace la torture par le brode- quin. Inutile d’ajouter que les magistrats, trop heureux de recevoir d’aussi précieux conseils, expérimentèrent aussitôt les nouveaux procé- dés. Ils en furent satisfaits, est-il dit. On a peine à concevoir, aujourd’hui, pareille sauva- gerie chez l’homme qui doit, au plus haut degré, faire du bien à ses semblables, et leur épargner la douleur physique. Les femmes elles-mêmes considéraient la torture d’un ce.il calme, et M"10 du Deffand, écrivant à Walpole au sujet delà condamnation et de la torture de l’infortuné et courageux Lally-Tollendal qui s’était efforcé de nous conserver l’empire des Indes, nous donne un procès-verbal exact de l’ignoble spectacle qu’elle termine ainsi : « On a été content de tout ce qui l’a rendu plus igno- minieux (le supplice) ; du tombereau, des me- nottes, du bâillon... Lally était un grand fripon et de plus il était fort désagréable. » C’est une femme qui écrit ainsi. 11 fallut que Walpole, le compatriote de ceux contre qui avait lutté Lally-Tollendal, la vînt rappeler au sens des convenances : « Oui, vous êtes des sauvages, des Iroquois, vous autres... Mon Dieu, que je suis aise d’avoir quitté Paris avant cette hor- rible scène. Je me serais fait déchirer ou mettre à la Bastille ! » (A suivre). O- DE VAlilGNY. L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DU TRAVAIL 1 Campement de Samoïèdes. — Parmi les indus- tries primitives, celle des Samoyèdes est parti- culièrement rudimentaire. Les Samoyèdes habi- tent le nord-est de la Russie et le nord-ouest de la Sibérie. Ils forment plusieurs groupes : You- racks, Tanghis, Yénisséens, Ostiacks. On n’est pas d’accord sur leur origine, mais on sait que leur langue est apparentée avec le finnois, le tongouse, etc., c’est-à-dire appartient à la famille ouralo-altaïque. Ils ont les cheveux noirs, peu ou point de barbe, la figure plate, l’œil petit et noir, les pommettes saillantes, le cou très court, le corps trapu. Leur seule industrie, c’est celle du renne. Ils l’élèvent, ils en vivent, ils en tirent tout ce qu’on peut en tirer. « Leur richesse est tout en trou- peaux de rennes et en fourrures d’animaux sau- vages. Des uns et des autres ils tirent leur ali- mentation et leurs habits qui consistent en une pelisse, des culottes et de longues bottes, avec un haut bonnet pour hommefe, et une coiffure plate et arrondie pour les femmes. Ils habitent des tentes à carcasse de bois et à ouverture d’écorce et de peau. Enfin, leurs conceptions religieuses ne s’élèvent pas au-dessus des super- stitions fétichiques : vénération profonde de tous les objets qui les frappent, voire des ani- maux qu’ils tuent, et culte des esprits et âmes des morts. » (Girard déRialle.) Nomades comme les Lapons, ils ont des traîneaux dont on verra le modèle à la Galerie du Travail. Exposition rétrospective de la physique et de la chimie. — L’Exposition rétrospective de la physique est des plus modestes. Le photomètre et le polarimètre d’Arago, une lentille à échelons de Fresnel, une machine "hydraulique d’Arni- slrong, un anémomètre d’Ons-en-Bray (173-4 et 1732), un microscope ancien, un baromètre à cadran, une pile à godets de 23 marcs, la pre- mière pile à colonnes de Volta, la machine pneumatique à étrier de Nollet, l’aimant artifi- ciel du même, enfin le miroir articulé de Buffon destiné à répéter les expériences supposées 1. Voir les aus 34 à 60.