L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
ou un Portugais. Le gouvernement est une
monarchie constitutionnelle : le roi est un
membre d’une des grandes familles, et ses mi-
nistres sont blancs et indigènes.
Pour apprécier les résultats acquis, il suffit
de jeter un coup d’œil sur l’Exposition ha-
waiienne; le passé et le présent s’y trouvent
représentés, et avec assez de clarté pour que
l’on puisse mesurer le chemin parcouru.
Le passé, on le voit dans toutes ces reliques et
ces curiosités d’autrefois : ce sont des armes en
pierre, et en bois, qui servaient à la chasse et
surtout à la guerre. Le fer était inconnu aux
Hawaiiens : ce métal ne se trouve point dans
l’archipel, et les quelques fragments qu’on en a
trouvés proviennent de naufrages anciens,
ét probablement aussi de dons, ou d’acquisitions
faites lors du passage aux Hawaii de différents
vaisseaux espagnols qui les relevèrent, au xvie et
au xvii0 siècle principalement. Ce sont encore ces
manteaux de plumes que revêtaient autrefois
les rois de la dynastie des Kaméhaméha, la
famille qui a fait l’unité du royaume, et a sou-
mis à son pouvoir les chefs des différentes îles;
faits en plumes d’oiseaux des îles, ces man-
teaux ont une grande valeur. Chaque oiseau
ne présente que deux de ces plumes jaunes,
et l’espèce en est rare. On l’attrapait dans
des pièges, et après lui avoir pris ses plumes
on lui rendait la liberté. Tel manteau royal
a occupé onze générations de chasseurs, et
représente plusieurs millions. Ce sont aussi ces
images des anciens temples, enceintes faites de
pierres épaisses, renfermant des idoles mons-
trueuses, en pierre ou en bois, temples où les
victimes étaient sacrifiées à la colère des dieux,
mais où, par un contraste singulier, le criminel
et le persécuté pouvaient se réfugier, et trouver
un asile assuré contre la mort et la souffrance.
Parmi les vestiges du passé, je vois encore ces
étoffes curieuses, dont les teintes et les dessins
sont parfois très heureux, que les Hawaiiens
faisaient avec des libres de différents arbres :
Les outils primitifs dont ils se servaient sont
également là; je vois aussi les instruments de
musique grossière dont les indigènes accompa-
gnaient leurs danses lascives en l’honneur des
dieux, les outils primitifs qui servaient dans
leur industrie non moins rudimentaire.
Pour le présent, le voici représenté par ces
résidences superbes, entretenues avec un luxe
du meilleur aloi, qu’habitent les grands plan-
leurs : maisons élégantes, mobilier somptueux,
parcs superbes. Avec cela, toutes les commo-
dités modernes : le téléphone partout, —el meil-
leur marché qu’à Paris, croyez-le bien, — la
lumière électrique, les chemins de fer et les
tramways partout où ils sont utiles. Des jour-
naux en anglais, en hawaiien, en portugais,
officiels, indépendants, favorables au gouver-
nement, ou trouvant leur plaisir dans une oppo-
sition qui ne fait de mal à personne ; politiques,
religieux, littéraires, commerciaux, techniques,
pittoresques, etc. Il ne manque que le journal
scientifique, et la revue. Avec cela, un sport
très développé : les courses de chevaux sont
Pavillon des Iles Hawaii, au Champ de Mars.
nombreuses, et très suivies. Du côté officiel, un
ministère de l’instruction publique qui a admi-
rablement organisé l’enseignement primaire et
secondaire et qui a bien mérité les deux mé-
dailles d’or que le jury lui a décernées pour
l’éducation; des écoles, en quantité; de beaux
séminaires, — laïques, — où, à l’américaine,
jeunes gens et jeunes filles font leurs études en
commun jusqu’à un certain point, sans acci-
dents, ce qui surprend toujours les Français; un
ministère de la Santé publique, qui s’occupe
réellement de la santé de la communauté, et
prescrit les mesures nécessaires pour éviter les
épidémies, pour isoler les malades atteints d’af-
fections contagieuses. Les nombreux échantil-
lons de sucre, café et riz, ne donnent toutefois
pas une idée suffisante delà prospérité agricole
actuelle, qui ira certainement se développant
encore, en raison de l’abondance des terres
arables et de la fertilité du sol.
11 est une question qui se pose invinciblement
à l’esprit. Pourquoi notre colonie voisine, Tahiti,
dont le climat est si beau, si pareil à celui des
Hawaii, dont le sol est si fertile, n’a-t-elle point
prospéré comme celles-ci? C’est une question qui
vient naturellement à l’esprit, mais qui ne se
résout point avec facilité. Ce doit être surtout
une question administrative. Le gouvernement
hawaiien a toujours été intelligent, actif, et plein
d’initiative : l’élément américain a dominé, et a
évidemment exercé une influence bienfaisante.
Libre de ses mouvements, nullement embarrassé
de traditions administratives surannées et inin-
telligentes, le pouvoir local a pu s’inspirer des
exemples utiles à suivre, et les a suivis. Hawaii
est un pays jeune; entre nos mains, Tahiti est
un pays vieux : là est la différence.
Il me reste quelques points encore à signaler
dans l’Exposition hawaiienne. Ce sont, d’abord,
de nombreuses séries de belles photographies
représentant des vues de la capitale, Honolulu,
du palaisroyal,des bâtiments du gouvernement,
des paysages. Ces paysages sont fort beaux, et
pour quiconque aime la nature et les sites pit-
toresques, il y a là une ample moisson à récolter.
Pour les amateurs de timbres-poste, — l’espèce
en est nombreuse, —je signalerai un cadre dans
lequel un amateur a réuni tous les timbres-poste
hawaiiens, passés et présents. Il en est d’une
rareté extrême, et un amateur en a offert la
somme extravagante, — pour celui qui n’a point
le feu sacré, — de 20,000 francs!
Mais l’espace fait défaut pour tout énumérer
et pour montrer combien la civilisation s’est
emparée de ce petit pays. Elle a fait son œuvre
complètement et en un temps très court: qu’est-
ce qu’un siècle, dans l’histoire d’une race ? Et
pourtant ce siècle, s’il a vu des progrès énor-
mes, est témoin d’un fait attristant. 11 voit dis-
paraître la race hawaiienne au moment de son
plus grand développement ; si l’on n’y prend
point garde, avant 100 ou 50 ans, il n’y aura
plus d’Hawaiiens. La civilisation est-elle donc
un poison ? Bienfaisante à petites doses gra-
duelles, serait-elle mortelle à dose massive? 11 le
semblerait, et d’ailleurs la race hawaiienne ne
serait pas la première à en faire la coûteuse
expérience. II. de Varigny.
LES ANGLAIS
Pendant le mois de septembre, plus de 100,000
Anglais ont traversé le détroit pour venir visi-
ter TExposition. 47,843 sont venus vitl Calais-
Douvres; 35,584 via Dieppe-Newhaven; 18,425
vitl Boulogne-Folkestone.