ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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176 L’EXPOSITION DE PARIS ou un Portugais. Le gouvernement est une monarchie constitutionnelle : le roi est un membre d’une des grandes familles, et ses mi- nistres sont blancs et indigènes. Pour apprécier les résultats acquis, il suffit de jeter un coup d’œil sur l’Exposition ha- waiienne; le passé et le présent s’y trouvent représentés, et avec assez de clarté pour que l’on puisse mesurer le chemin parcouru. Le passé, on le voit dans toutes ces reliques et ces curiosités d’autrefois : ce sont des armes en pierre, et en bois, qui servaient à la chasse et surtout à la guerre. Le fer était inconnu aux Hawaiiens : ce métal ne se trouve point dans l’archipel, et les quelques fragments qu’on en a trouvés proviennent de naufrages anciens, ét probablement aussi de dons, ou d’acquisitions faites lors du passage aux Hawaii de différents vaisseaux espagnols qui les relevèrent, au xvie et au xvii0 siècle principalement. Ce sont encore ces manteaux de plumes que revêtaient autrefois les rois de la dynastie des Kaméhaméha, la famille qui a fait l’unité du royaume, et a sou- mis à son pouvoir les chefs des différentes îles; faits en plumes d’oiseaux des îles, ces man- teaux ont une grande valeur. Chaque oiseau ne présente que deux de ces plumes jaunes, et l’espèce en est rare. On l’attrapait dans des pièges, et après lui avoir pris ses plumes on lui rendait la liberté. Tel manteau royal a occupé onze générations de chasseurs, et représente plusieurs millions. Ce sont aussi ces images des anciens temples, enceintes faites de pierres épaisses, renfermant des idoles mons- trueuses, en pierre ou en bois, temples où les victimes étaient sacrifiées à la colère des dieux, mais où, par un contraste singulier, le criminel et le persécuté pouvaient se réfugier, et trouver un asile assuré contre la mort et la souffrance. Parmi les vestiges du passé, je vois encore ces étoffes curieuses, dont les teintes et les dessins sont parfois très heureux, que les Hawaiiens faisaient avec des libres de différents arbres : Les outils primitifs dont ils se servaient sont également là; je vois aussi les instruments de musique grossière dont les indigènes accompa- gnaient leurs danses lascives en l’honneur des dieux, les outils primitifs qui servaient dans leur industrie non moins rudimentaire. Pour le présent, le voici représenté par ces résidences superbes, entretenues avec un luxe du meilleur aloi, qu’habitent les grands plan- leurs : maisons élégantes, mobilier somptueux, parcs superbes. Avec cela, toutes les commo- dités modernes : le téléphone partout, —el meil- leur marché qu’à Paris, croyez-le bien, — la lumière électrique, les chemins de fer et les tramways partout où ils sont utiles. Des jour- naux en anglais, en hawaiien, en portugais, officiels, indépendants, favorables au gouver- nement, ou trouvant leur plaisir dans une oppo- sition qui ne fait de mal à personne ; politiques, religieux, littéraires, commerciaux, techniques, pittoresques, etc. Il ne manque que le journal scientifique, et la revue. Avec cela, un sport très développé : les courses de chevaux sont Pavillon des Iles Hawaii, au Champ de Mars. nombreuses, et très suivies. Du côté officiel, un ministère de l’instruction publique qui a admi- rablement organisé l’enseignement primaire et secondaire et qui a bien mérité les deux mé- dailles d’or que le jury lui a décernées pour l’éducation; des écoles, en quantité; de beaux séminaires, — laïques, — où, à l’américaine, jeunes gens et jeunes filles font leurs études en commun jusqu’à un certain point, sans acci- dents, ce qui surprend toujours les Français; un ministère de la Santé publique, qui s’occupe réellement de la santé de la communauté, et prescrit les mesures nécessaires pour éviter les épidémies, pour isoler les malades atteints d’af- fections contagieuses. Les nombreux échantil- lons de sucre, café et riz, ne donnent toutefois pas une idée suffisante delà prospérité agricole actuelle, qui ira certainement se développant encore, en raison de l’abondance des terres arables et de la fertilité du sol. 11 est une question qui se pose invinciblement à l’esprit. Pourquoi notre colonie voisine, Tahiti, dont le climat est si beau, si pareil à celui des Hawaii, dont le sol est si fertile, n’a-t-elle point prospéré comme celles-ci? C’est une question qui vient naturellement à l’esprit, mais qui ne se résout point avec facilité. Ce doit être surtout une question administrative. Le gouvernement hawaiien a toujours été intelligent, actif, et plein d’initiative : l’élément américain a dominé, et a évidemment exercé une influence bienfaisante. Libre de ses mouvements, nullement embarrassé de traditions administratives surannées et inin- telligentes, le pouvoir local a pu s’inspirer des exemples utiles à suivre, et les a suivis. Hawaii est un pays jeune; entre nos mains, Tahiti est un pays vieux : là est la différence. Il me reste quelques points encore à signaler dans l’Exposition hawaiienne. Ce sont, d’abord, de nombreuses séries de belles photographies représentant des vues de la capitale, Honolulu, du palaisroyal,des bâtiments du gouvernement, des paysages. Ces paysages sont fort beaux, et pour quiconque aime la nature et les sites pit- toresques, il y a là une ample moisson à récolter. Pour les amateurs de timbres-poste, — l’espèce en est nombreuse, —je signalerai un cadre dans lequel un amateur a réuni tous les timbres-poste hawaiiens, passés et présents. Il en est d’une rareté extrême, et un amateur en a offert la somme extravagante, — pour celui qui n’a point le feu sacré, — de 20,000 francs! Mais l’espace fait défaut pour tout énumérer et pour montrer combien la civilisation s’est emparée de ce petit pays. Elle a fait son œuvre complètement et en un temps très court: qu’est- ce qu’un siècle, dans l’histoire d’une race ? Et pourtant ce siècle, s’il a vu des progrès énor- mes, est témoin d’un fait attristant. 11 voit dis- paraître la race hawaiienne au moment de son plus grand développement ; si l’on n’y prend point garde, avant 100 ou 50 ans, il n’y aura plus d’Hawaiiens. La civilisation est-elle donc un poison ? Bienfaisante à petites doses gra- duelles, serait-elle mortelle à dose massive? 11 le semblerait, et d’ailleurs la race hawaiienne ne serait pas la première à en faire la coûteuse expérience. II. de Varigny. LES ANGLAIS Pendant le mois de septembre, plus de 100,000 Anglais ont traversé le détroit pour venir visi- ter TExposition. 47,843 sont venus vitl Calais- Douvres; 35,584 via Dieppe-Newhaven; 18,425 vitl Boulogne-Folkestone.