L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
LE QUAI D’ORSAY
Le grand serpent de mer. — Venise sans eau. — Les
palais du quai d'Orsay. — Porte monumentale. —
L’Espagne. — Souvenir à’Hernani. — Les sous-sols
du palais de l’Alimentation. — Une découverte du
maréchal de Richelieu. — La section champenoise. —
Gambrinus ou Jean Primus. — Le pavillon des Cham-
bres de commerce. — Le panorama des Transatlan-
tiques. — En mer. — Les petits commerces de
l’Exposition. — Les tickets.
Aux jours heureux où la politique chômait
quelquefois, — il y a de cela presque un demi-
siècle, — un journal à court de nouvelles à
sensation avait inventé un monstre marin, long
de plusieurs lieues, que les navigateurs rencon-
traient quand le besoin s’en faisait sentir. La
copie venait-elle à manquer? Vite on rédigeait
deux colonnes : le monstre était signalé en plein
Atlantique, voguant vers les côtes de France...
11 faisait régulièrement son apparition à l’époque
des réabonnements : les lecteurs attendaient
avec anxiété la suite des prouesses de cet ani-
mal étrange, qui se trouva n’être, en fin de
compte, qu’un gigantesque canard. Qui n’a
entendu parler du grand serpent de mer du
Constitutionnel ? La nouvelle qui nous arrive
aujourd’hui des bords de l’Adriatique paraît
être de la môme famille : Venise, prise de la
nostalgie des tramways et des omnibus, serait
décidée à combler ses canaux; le quai des Escla-
vons ressemblerait au boulevard Haussmann,
et le canal Orfano, qui, dans les drames, a
charrié tant de cadavres, prendrait l’aspect de
la rue du Temple ; on serait à tout jamais privé
de faire rimer gondole avec barcarolle, ce qui
porterait un coup mortel à la poésie; pont
des Soupirs et le Rialto serviraient de passerelles
aux piétons pressés, désireux d’éviter les encom- i
brements de voitures.
Si notre Exposition devait durer toujours, le I
mal ne serait pas bien grand, car, sur les bords
de la Seine, s’est élevée une ville nouvelle, dont
les constructions viennent mirer leurs façades
Un ticket de l'Exposition.
de tous styles dans l’eau de la rivière qui vaut
bien celle des lagunes ; c’est une véritable Venise
mouvementée et pittoresque que cette partie de
l’Exposition du quai d’Orsay : sur le fleuve,
passent incessamment de gros bateaux à proue
dorée, à lanterneau monumental, quifontsonger
au Minotaure et semblent conduire le doge aux I
noces de 1 Adriatique j Jes façades des palais,
que I eau reflète, semblent le grandissement
d’une toile de Canaletto; VAlimentation vous a
un faux air du palais ducal, et l'Espagne res-
semble aux maisons peintes du Campo San
Vitale; il n’est pas jusqu’à cet arc étrange et
colossal qui sert d’entrée au pont de l’Alma et
au travers duquel s'estompe la silhouette du
dôme central, assez semblable à la coupole de
Saint-Marc, qui ne rappelle la courbure élégante
et l’arche hardiment cintrée du pont du Rialto.
Et c’est un voyage charmant que la traversée
en bateau à vapeur du pont de la Concorde à la
passerelle de Passy : cette série ininterrompue
de pavillons, de passerelles, d’édicules, de gale-
ries, pavoisés de drapeaux de toutes couleurs,
surmontés de dômes blancs, de minarets à tons
vifs, de coupoles bronzées, ces I errasses où la
foule circule sous les platanes et où semble
régner sans cesse une sorte de joie sans pareille,
tout cela forme un des aspects les plus carac-
téristiques et les plus vivants de l’Exposition.
Voici d’abord la porte étrange formée de deux
pylônes stupéfiants et contournés, qui sert
d’entrée principale au quai d’Orsay : ces deux
colonnes, de style peut-être oriental, peut-être
Scandinave, je n’oserais me prononcer, très
élégantes dans leurvbizarrerie, hérissées de
statues, d’excroissaffces, complétées par des
minarets surmontés d une llèche qui domine
une boule..., semblent être mises là pour vous
dire : Préparez-vous à l’ahurissement ! Sur la
berge, sont les expositions balnéothérapiques
qu’on aurait dû plus grandement installer, les
ciments, les matériaux de construction, et, — il
faut bien un peu de tout, — les monuments
funèbres.
Les arbres du quai abritent quelques chalets
Les abords de i. Exposition
La passerelle du pont de l'Almai