L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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188
L’EXPOSITION DE PARIS
demi de vapeur par kilo de charbon, on
trouve qu’il entre dans la chaudière 30 litres
d’eau par seconde, 108 mètres cubes par heure
et plus de 15,000 pendant le voyage.
Ce volume représente une couche d’eau recou-
vrant la totalité du Champ de Mars (50 hec-
tares) d’une hauteur de 3 centimètres. Mais
ce n’est pas par les chaudières qu’est con-
sommée la plus grande quantité d’eau dans
une machine à vapeur; il faut, en effet, 40 litres
environ d’eau froide pour condenser un kilo-
gramme de vapeur. Le volume d’eau que jet-
tent les pompes de circulation pour refroidir
les condenseurs, s’élève à 1,200 litres par se-
conde, à 622,000 mètres cubes au voyage.
Ce n’est plus une simple pellicule d'eau
qui couvrirait alors le Champ de Mars,
pour continuer la comparaison, mais une
masse d’eau de lm,27 ou, si l’on veut une
autre comparaison, les 85 centièmes du
volume d’eau qui arrive à Paris pendant
le même temps par l’aqueduc de la Vanne.
Quelques mots encore sur les machines
des navires de guerre. L’Exposition mari-
time comprend un certain nombre de mo-
dèles de cuirassés, de croiseurs ou de
torpilleurs; mais si l’on peut, à simple
vue, prendre une idée de la forme du na-
vire, de son armement, il est difficile de
se rendre un compte exact de ses aména-
gements intérieurs.
On continue toujours à construire des
cuirassés, quelles que soient les vives atta-
ques qui ont été dirigées contre ces énor-
mes machines qui coûtent des sommes
insensées.
Comme pour les paquebots, les trans-
formations des navires de guerre depuis
1878, année que nous prendrons toujours
pour point de départ, ont été très impor-
tantes. En 1878, le plus puissant cuirassé
de notre escadre était le Colbert ; aujour-
d'hui nous pouvons comparer ce dernier
avec VAmiral-Baudin, représenté dans le
pavillon du quai d’Orsay.
Partout le bois et même le fer ont dû
céder la place à l’acier, aussi malléable dé-
sormais, plus résistant et surtout plus lé-
ger. La mâture est complètement suppri-
mée; un ou deux mâts mobiles, très courts,
servent simplement de poste d’observa-
tion, mais n’ont plus aucune utilité pour
appuyer le navire par les gros temps. Le
Colbert déplaçait 8,000 tonneaux, VAmiral-
Baudin, 11,000. Enfin, la lutte continuelle
entre l’obus et la cuirasse, entre l’ingé-
nieur et l’artilleur, ont amené à porter
l’épaisseur des blindages d’acier de 220 à
550 millimètres !
Les machines ont suivi la même progression.
Le Dupuy-de-Lôme, qui a été mis sur les chan-
tiers l'année dernière, aura une machine à
triple expansion de 13,000 chevaux qui action-
nera trois hélices, permettant d’imprimer à ce
puissant navire une vitesse de 20 nœuds.
Mais pour obtenir cette vitesse, il faut brûler
une quantité considérable de charbon ; pour
brûler du charbon, l’oxygène de l’air est néces-
saire et l'on a dù recourir au tirage forcé pour
amener la ventilation énergique des foyers.
Sur les locomotives, le tirage forcé est réalisé
en envoyant dans la cheminée la vapeur qui
s’échappe des cylindres, mais à bord, où l’on
économise précieusement l’eau douce prove-
nant des chaudières, on emploie plutôt le souf-
flage, bien que l’expérience de tirage forcé soit
seule employée. Les chambres de chauffe, une
fois les hommes introduits, sont hermétiquement
closes et, à l’aide de puissants ventilateurs, on
injecte de l’air qui ne peut s’échapper que par
les foyers et active ainsi la combustion.
A côté des énormes machines des cuirassés
et des croiseurs, nous avons les machines des
torpilleurs, vrais bijoux d'horlogerie de préci-
sion, où il fallait à la fois réunir une extrême
légèreté pour ne pas surcharger le petit navire
et une grande puissance pour lui imprimer une
vitesse considérable, puisqu’elle constitue son
seul et unique moyen de défense. Malheureuse-
ment cette légèreté est trop souvent obtenue
Jardinière en granit avec garniture en bronze,
EXPOSÉE PAR MM. ThiÉBAUT FRERES.
aux dépens de la stabilité et de la résistance,
de Yendurance suivant un néologisme adopté,
et il arrive fréquemment qu’après un coup de
collier de quelques heures, soit pour obtenir la
vitesse maximum, soit pour lutter contre une
mer déchaînée, le torpilleur est forcé de rallier
le port pour réparer sa machine surmenée et
détraquée.
Cet aperçu, nécessairement très court, sur les
progrès effectués dans les machines marines,
suffira, je crois, pour montrer que nulle part
ailleurs l’art de l’ingénieur n’a développé plus
de travail, dépensé plus d’énergie, ni montré, en
un mot, plus de génie.
P. L.
L’EXPOSITION DU TONKIN
S’il était possible de photographier l’image
que beaucoup de Français se font du Tonkin
d’après les journaux d’opposition, il est pro-
bable qu’on obtiendrait quelque chose qui
ressemblerait à un marais où les Chinois
embusqués dans les roseaux guettent ceux de
nos malheureux soldats qu’épargnent le choléra
et la lièvre. Je rêvais une Exposition où ce
pays dont on parle tant sans le moindre souci
de la réalité révélerait ce qu’il est, dissiperait,
rien qu’en se montrant, les préjugés extraordi-
naires répandus sur son compte, et gagne-
rait enfin sa cause auprès du public.
Mais il en est des pays comme des gens,
il y en a qui ont de la chance et d’autres
qui n’en ont point. Le Tonkin n’est pas
heureux devant l’opinion. Le sort contraire
qui l’accable d’une impopularité à laquelle
on ne comprendra rien dans vingt ans, l’a
poursuivi jusque sur l’Esplanade des In-
valides.
Premièrement, les colons se sont pres-
que tous abstenus.
En mettant en regard les services que
leur rend l’administration et les difficul-
tés qu’elle leur suscite, vous comprendrez
pourquoi.
Côté des services : L’administration as-
sure l’ordre et la sécurité; là se borne son
rôle. En m’occupant des expositions des
pays de l’Amérique latine, j’ai été amené
à étudier leurs procédés pour dériver
l’émigration vers leurs ports. La plupart,
quand les colons leur arrivent, s’appliquent
à les renseigner pour leur épargner les tâ-
tonnements du début. A ceux qui n’appor-
tent que leurs bras, on indique où ils trou-
veront du travail. A ceux qui apportent un
capital, on indique où il y a des terres A
acheter et des industries à entreprendre.
Les concessions sont prêtes à l’avance ; en
quelques jours un colon est mis en pos-
session des moyens d’agir. Au Tonkin,
rien de semblable. Paul ßert avait créé
un bureau de renseignements ; il a dis-
paru. On avait organisé un musée où l’ar-
rivant pouvait prendre une idée très com-
plète des productions du pays; ce musée a
disparu aussi. Que le colon se débrouille!
Si du moins on le laissait se débrouiller!
Côté des ennuis : C’est qu’on ne le laisse
pas se débrouiller. Dans un pays nouvel-
lement ouvert à l’exploitation, tout devrait
être subordonné à l’encouragement de l'ini-
tiative privée ; d’elle, et d’elle seule, dé-
pend l’avenir. L’administration devrait se
borner à faire respecter les droits acquis.
C’est ce qui semble impossible à comprendre
pour des fonctionnaires français. Si l’on ex-
cepte le trop court passage du regretté Paul
Bert, et la période qui commence à l’arrivée de
M. Constans et qui dure heureusement encore,
le Tonkin a été ordinairement géré comme une
préfecture de la métropole, avec tout le forma-
lisme de notre vieux pays. Une concession sur
les bords lointains du fleuve Rouge entraîne les
mômes démarches, les mêmes délais et Ja même
paperasserie qu’à Nanterre ou dans la plaine
Saint-Denis. Bien loin de se charger de la
besogne préparatoire, l’administration la rend
aussi lourde que possible au colon : elle exige
des plans relevés par des géomètres, des dessins
des bâtiments à construire et exécutés par des