L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
•187
des modèles de machines ou de bâtiments; il est
impossible, on le conçoit, de monter les moteurs
gigantesques qui actionnent nos grands paque-
bots ou nos énormes cuirassés. En 1867, la
machine du Friedland avait fait l’admiration
de tous les visiteurs, mais cette machine est bien
dépassée aujourd’hui et c’est à montrer les
progrès accomplis dans ces dernières années
que je consacrerai cet article qu’il m’eût été
difficile certainement de mener à bien, si je n’a-
vais eu sous les yeux l’excellente conférence
faite par M. Daymard, à l’Association française
pour l’avancement des sciences, sur les progrès
récents de la navigation à vapeur. Il était
impossible de s’adresser à une meilleure source,
M. Daymard étant l’éminent ingénieur en chef
qui dirige avec tant de talent et de succès le
service technique de la Compagnie générale
transatlantique. J’éviterai, autant que possible,
les termes techniques; quelques-uns cependant
sont indispensables, mais une courte expli-
cation dans ce cas permettra aux lecteurs peu
au courant des termes du métier de suivre
quand même.
Que demande-t-on à une machine motrice
placée à bord d’un navire?
Une grande paissance, capable d’imprimer au
navire une vitesse considérable.
Mais cette puissance est facteur du poids de
la machine et de la quantité de combustible
dépensée. Ce que l’ingénieur doit donc chercher,
c’est de diminuer le poids par cheval-vapeur et
chercher à se rapprocher du rendement théo-
rique pour le combustible utilisé.
Au point de vue du poids, les progrès réalisés
sont considérables, mais les procédés employés
pour arriver à ce résultat sont multiples et
complexes.
On a d’abord, par une construction plus soi-
gnée, l’emploi de métaux plus résistants, pu
augmenter la pression dans les cylindres.
Avant 1876, cette pression ne dépassait géné-
ralement pas 4 kilogrammes; or elle a été
élevée successivement et les grands cylindres
actuels supportent une pression de 6 et 10 ki-
logrammes. On conçoit facilement l’économie
de poids obtenue par ce résultat, puisque, le
poids du cylindre et du piston ne variant pas,
la force agissant sur la surface du piston est
considérablement augmentée. Une autre écono-
mie de poids, ou, ce qui revient au même, une
augmentation de force sans augmentation du
poids du moteur, réside dans l’accélération de
la vitesse des pistons. Le travail produit est en
effet proportionnel au chemin parcouru par Je
piston.
Les pistons qui, jadis, étaient animés d’une
vitesse de2 mètres à 2m,50 au plus par seconde,
arrivent maintenant à courir avec une vitesse
de 4m,50, fournissant ainsi un travail double.
Mais on conçoit avec quelle précision, quelle
exactitude doivent être calculées, puis con-
struites les puissantes machines animées de pa-
reille vitesse. Il n’existe aucune pièce pour la-
quelle de longs et minutieux calculs ne doivent
être faits. Les forces d’inertie, presque négli-
geables dans les petites machines à marche
lente, acquièrent ici une puissance redoutable.
Enfin la substitution exclusive de l’acier au
1er, et quelquefois du bronze, a contribué encore
à diminuer le poids du cheval-vapeur. Sur les
paquebots, ce poids est d’environ 200 kilos, tan-
dis qu’autrefois il variait entre 250 et 300kilos.
Quand il s’agit d’une machine de 12,000 che-
vaux, comme celle qui inet en mouvement le
nouveau bâtiment de la Compagnie transatlan-
tique la Touraine, on voit que l’économie réa-
lisée atteint 600,000 kilos.
Tout en réalisant des progrès si importants
dans le poids des machines, on cherchait en
outre à diminuer la consommation du combus-
tible, à obtenir en un mot un meilleur rende-
ment.
Si à terre, pour les machines fixes, on fait
tous ses efforts pour diminuer la quantité de
charbon, cette question a une importance bien
plus grande encore à bord. Il ne s’agit pas
seulement, dans ce cas, d’une économie sur le
prix d’achat du charbon, économie qui, par
elle-même, est loin d’être négligeable, quand il
s’agit d’une dépense de 3 à 400 tonnes par jour,
mais aussi et surtout dans l’approvisionnement
du navire. Le charbon destiné à la machine
occupe, en effet, une notable partie du navire,
et c’est autant d’enlevé au fret. Pour un bateau
tel que la Touraine, que nous continuerons à
prendre comme type, puisque c’est notre plus
grand navire commercial, la consommation de
charbon, malgré tous les progrès réalisés, s’élè-
vera encore à 300 tonnes par jour, soit, pour la
traversée, 2,100 tonnes occupées parle combus-
tible; pour un navire de 8,000 tonneaux de
jauge, près du quart, on le voit.
Cette économie de combustible, elle est réa-
lisée par une meilleure disposition clans les
surfaces de chauffe et surtout par la transfor-
mation des machines elles-mêmes. Dans les
machines anciennes, où l’on marchait avec une
pression relativement faible, la vapeur, aussitôt
son effet produit sur le piston, ne possédait plus
aucune force et cessait d’être utilisée comme
force motrice; mais lorsque l’industrie put
livrer des chaudières et des cylindres permet-
tant de marcher avec une pression de 4 kilos,
on comprit qu’il y avait un avantage considé-
rable à détendre la vapeur dans deux cylindres
successifs. C’est ce système que. l’on désigne
sous le nom anglais de système compound,
c’est-à-dire composé. Mais on ne devait pas
s’arrêter dans cette voie aux. chaudières four-
nissant de la vapeur à -151°, c’est-à-dire sous
quatre atmosphères; on a substitué de nouvelles
machines, supportant facilement une pression
de 8 et même 9 kilos (174' pour la vapeur). Et
c’est alors qu’au système dit compound à deux
cylindres, on a fait supporter à la vapeur trois
détentes successives
Les machines à tri pie expansion sontd’origine
française, car c’est en 1872 que Benjamin Nor-
mand les construisit pour la première fois,
devançant l’Angleterre de deux ans.
Où s’arrêtera-t-on dans cette voie? Déjà on
a construitdes machines àquadrupleexpansion,
et nul doute que ce dernier système ne devienne
pratique avec des pressions de 12 et IS kilos,
chiffre auquel nous arriverons bientôt.
En 1860, on évaluait la dépense en charbon
par heure et par kilo à 2 kilogr. la.
En 1875, ce chiffre tombe à 1 kilogr. 15.
En 1888, il descend à 800 grammes.
Nous parlions tout à l’heure de la machine de
la Touraine. Si en 1860 on avait voulu, en
admettant que le fait fût possible pour d’autres
conditions, animer un navire d’une pareille
niasse avec la vitesse actuelle, il aurait fallu,
pour la traversée de l’Atlantique, utiliser
6,000 tonnes de charbon. C’est-à-dire que le
combustible aurait occupé, avec la machine,
tout le navire.
11 nous reste à parler du but final, cherché
par cet accroissement de puissance : la vitesse.
Mais comme, en marine, on se sert constamment,
comme mesure de vitesse, du nœud, il est bon
de donner quelques indications sur cette mesure
spéciale.
La vitesse d’un nœud correspond àl,852mètres
à l’heure (comme moyen mnémonique, on peut
remarquer que c’est la date de l’avènement du
second Empire).
On peut donc, pourd&s calculs approximatifs,
ramener la mesure marine au kilomètre en mul-
tipliant par 2. Le chiffre est un peu plus fort,
évidemment, mais il ne s’agit que d’une erreur
de 7 0/0.
Comme point de comparaison , l'appelons
enfin qu’une vitesse delà nœuds, (28 kilomètres),
vitesse d’un grand nombre de paquebots actuels,
correspond à celle d’un train de marchandises,
et que les torpilleurs, dont quelques-uns attei-
gnent une marche de 24 nœuds (45 kilomètres)
vont aussi vite que nos trains-omnibus de voya-
geurs.
En 1878, au moment de l’Exposition Univer-
selle, les coureurs les plus rapides atteignaient
à peine 13 nœuds.
Mais depuis cette époque, la lutte de vitesse
a atteint une acuité considérable ; c’est principa-
lement sur les lignes transatlantiques qui relient
New-York avec les grands ports de l’Europe :
Liverpool, le Havre, Brème, que cette course
se produit dans toute son ardeur.
Au début de cette campagne, le pavillon an-
glais tenait victorieusement la tète avec les
steamers de la White Star Line et de la Compa-
gnie Cunard : Britannia, Alaska, Erylhrœa, L'm-
bria; mais, en 1884, la Compagnie transatlan-
tique française, avec ses magnifiques navires,
la Champagne, la Bourgogne, la Bretagne, la
Gascogne, prend décidément la tête, et occupe la
première place sur la liste que publie annuelle-
ment le Postinaster général de New-York. Si,
au point de vue de la vitesse, ses navires se
maintiennent simplement et sans les dépasser
avec ceux de la Compagnie Cunard, au point
de vue de la sécurité et du confort ils sont de
beaucoup supérieurs.
Mais, dans cette lutte, il ne faut pas songer à
se reposer un instant. Aux paquebots du Havre
filant 17 nœuds, les Anglais se disposent à op-
poser de nouveaux steamers donnant 19 nœuds.
Ils trouvent toutefois un sérieux adversaire
dans la Touraine. J’emprunterai quelques
chiffres très intéressants au Bulletin de la Société
des ingénieurs civils. Mieux que toutes les des-
criptions ils donneront, je l’espère, une idée
nette du travail développé par ces immenses
machines marines.
Ces calculs ont été faits sur le City of Paris,
navire de 170 mètres de longueur et de 13 mètres
de creux, dont le tonnage est de 10,500 tonnes.
Sa machine, de 20,700 chevaux, consomme
seulement 300 tonnes de charbon par jour.
Les deux hélices font 88 tours par minute,
760,320 pendant les six jours de la traversée.
Comme elles ont 17m,28 de circonférence, l’ex-
trémité de l’aile parcourt 24m,50 par minute
et pendant la traversée 13,164 kilomètres, le
tiers du lourde la terre.
La puissance développée, 20,700 chevaux, per-
mettrait théoriquement, et appliquée idéale-
ment à des engins de levage appropriés, de lever
la tour Eiffel, qui pèse 7,500 kilogrammes, à la
hauteur de 300 mètres dans un laps de temps
de vingt-cinq minutes. En faisant la part des
frottements de la machine et de l’appareil de
levage, on pourrait compter une heure.
La consommation de charbon s’élève à ÜOO
tonnes par jour. En comptant huit kilos et