ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 459 Forrige Næste
U L’EXPOSITION DE PARIS Aujourd’hui la royale forteresse musulmane domine encore la ville aux cent tours; du haut de ses terrasses, le regard se promène sur un horizon immense : on aperçoit la vega de Gre- nade et les rives du Douro ; les pics de la Sierra Nevada et la tète ronde de la Parapauda; là, sur les bords du Genil, se voit la petite cha- pelle où les chrétiens vainqueur^ s'arrêtèrent pour prier avant de faire leur entrée triomphale dans Grenade; ici s’ouvrent les roches brûlées, qu’habitent, depuis des siècles, des familles de bohémiens; plus près, s’élèvent les toits plats du faubourg de l’AIbazin, les fumées des forges où travaillent les gilanos... Car cette race mystérieuse, qu’on appelle en France les boliéiiùens, en Allemagne les tziganes, en Espagne les gilanos, qui semble être d'ori- gine indienne et venue des bords du Sindy où l’on retrouve encore des tribus qui ont le même type et parlent la même langue, celte race mys- térieuse travaille, au grand scandale des liers Espagnols qui jugent que l’homme n’est fait que pour se repeser ou combattre. Les bohé- miens, qu’au moyen âge on désignait sous le nom d’Égyptiens — une rue de Paris a conservé le souvenir de celte appellation : rue de la Jus- sienne (de l Égyptienne) — sont, en Allemagne, diseurs de bonne aventure ; en Hongrie, méné- triers ambulants ; en Russie, charpentiers, tourneurs, vétérinaires; en Espagne, ils sont hôteliers, forgerons, chaudronniers, ou maqui- gnons: leurs filles et leurs femmes, les gitanes, lorsqu’elles sont jolies, vont, le soir, devant les posadas de Grenade, et là, poui* quelques sous, se livrent, en pleine rue, à toute la liberté de leur danse lascive. On les voit errer par les carre- fours, portant encore la basquine courte à trois volants de l’ancien costume espagnol; leur tête est chargée de Heurs ; un grand peigne d’écaiile retient les tresses de leur chevelure; elles s’en- veloppent d'écharpes de soie de couleurs tran- chées et renferment leurs pieds mignons dans des souliers de cuir écarlate. Cette excursion oms. roches brûlées de l’Alham- bra et au faubourg de l’AIbazin de Grenade serait absolument hors de propos, si l’Exposi- tion ne possédait — que ne possède-t-elle pas ? — une troupe de gitanes qui fait les délices des amateurs de pittoresque et de couleur locale. — Sous la direction de Pépé, leur capitan, ces tilles de Bohême, aux regards libres et hardis, aux accroche-cœur plaqués sur la tempe, aux dents d’une blancheur éblouissante, dansent au son de la guitare et des castagnettes, dans un décor largement brossé qui est la reproduction exacte d’une de ces eue cas creusées dans les rochers des environs de Cadix etdeTAlhambra; la Maccarona exécute là les fandangos les plus mouvementés, la Pépay esquisse les entrechats les plus excentriques et les plus étranges, taudis que la bande entière les encourage de ses cris et de ses battements de mains. Même on peut y voir — et ce n’est pas la partie la moins origi- nale du spectacle — un grand diable nommé Pigeri, aux jambes souples et maigres, au corps coquettement serré dans une veste courte, faire assaut de légèreté et de grâce avec ses compagnes, et se tortiller de façon à rappeler les contorsions des aimées d'Orienl. Cet étique Pigeri, exécutant la danse du ventre, est iné- narrable. J’ai pénétré dans les coulisses du Grand Théâtre où, pendant toute la journée, vit cette troupe d’artistes gitanes; le spectacle en vaut la peine. La présence continue de ces bohémien- nes aux mœurs étranges a communiqué aux sous-sols du théâtre je ne sais quelle couleur locale qui n’est point sans charme. Dans un coin sombre est l’écurie, ou un âne, un véri- table âne d Andalousie, dresse ses longues oreilles au bruit des castagnettes et des « oilé! » traditionnels^ plus loin est installé le réfec- toire; sur une longue table s’alignent les assiet- tes de terre commune et les cruches remplies d eau. Les gitanes ne boivent pas de vin à leur repas et composent elies-mèmes leur menu : j’ai vu là — et senti — un plat d’un inoubliable parfum, un vrai plat de bohème : du riz battu dans des œufs, auxquels on mêlait par fortes portions des tomates, des oignons et de l’ail... ajoutez à cela une copieuse ration d’eau-de-vie, lorsqu’elles peuvent s’en procurer, ou un fiasco de vin commun d’Oropeza, et vous aurez une idée de 1 ordinairo do cgs ballerines exotiques. Et pendant que mijotait l’épouvantable ra- goût que je viens de dire, l’une de ces filles, mélancoliquement drapée dans sa mantille, les yeux perdus, 1 air rêveur, chantait sur un air lent une chanson de là-bas, une vieille chanson <lu temps des Maures : Si tu quisieses, Granada, Contigo nie caseria, Cordoba y Sevilla Dare te en arras y dote. — Casado soy, rey don Juan, El Moro que a mi me tiene Moy grande bien me queria. « Si tu voulais, Grenade, te marier avec moi, je te donnerais en dot Séville et Cordoue. « — Je suis mariée, roi don Juan; et le Maure qui me possède, m’aime d’un amour infini. » Les gitanes n’habitent point dans l’enceinte de l’Exposition; chaque soir, la représentation terminée, elles regagnent, sous la conduite des garçons du théâtre, un hôtel de la rue de la Smalah où des chambres leur sont réservées; et souvent, parmi les curieux qui assistent au défilé de la troupe, viennent se mêler les tore- ros des arènes voisines; alors un bonjour s’échange, un baiser s’envoie, un appel, un signe qui met au cœur de ces exilés comme un rayon du soleil de l’Espagne. Car ces gens aiment leur pays et n’aiment que lui; Paris ne les attire que par Fappâl du gain; ces gitanes n’ont point la curiosité de parcourir la grande ville; celles qui se sont laissé tenter et qui se sont fait conduire dans l’un de nos grands magasins, en sont revenues ébahies, presque effrayées et sans avoir osé rien dire, rien regarder ni rien acheter; elles quitteront Paris sans l’avoir vu, et à ceux qui cherchent à exciter leur curiosité, elles répondent, — et un éclair passe dans leur œil noir : « El que no ha visto Sevilla no ha visto maravilla ; el que no ha visto Granada no ha visto nada. — Celui qui n’a pas vu Grenade n’a rien vu. » G. Lenotre. EXPOSITION DE Lft VILLE DE PARIS LA MAISON SALUBRE ET LA MAISON INSALUBRE Dans l’Exposition particulière de la Ville de Paris, lo service de l’assainissement a eu l’idée ingénieuse de montrer au public les différences qui existent entre une maison où tous les desi- derata des hygiénistes (et ils sont nombreux) sont remplis, où It- guerre aux microbes, aux miasmes quels qu’ils soient, est entreprise victo- rieusement, avec toutes les armes gue l’industrie énergiquement dirigée de ce côté livre au par- ticulier, et la maison, au contraire, dans laquelle rien, ou presque rien n'a été fuit pour lutter contre les dangers sans nombre provenant d’une cohabitation nombreuse. Il serait à. désirer qug 1 on puisse ranker la. maison baptisée par l’Administration de l’épi- thète d’insalubre dans une section d’architec- ture rétrospective,clans IHistoirede l’habitation, par exemple; malheureusement, il n’en est pas encore Ainsi, et le type tel (ju’ii est exposé paraîtra encore aux yeux du public u ne demeure somptueuse, saine même, comparée aux misé- rables réduits où s’entassent les populations ouvrières si interessantes de nos grandes villes. Puisse cette véritable leçonde choses faite jour- nellement aux visiteurs de l’Exposition, leur montrer les avantages immenses que présente une maison construite suivant les règles de l’hygiène moderne. Ces deux maisons sont construites à l’entrée du pavillon de droite. Elles sont à rez-de- chaussée et deux étages, la maison insalubre étant assise directement sur le terrain, la maison salubre au contraire possédant un sous-sol bien aménagé. Les deuxièmes étages sont reliés entre eux par une passerelle qui établit la communication et le système de bar- rières installées dans chacune d’elles est tel que le visiteur est forcé de passer successivement dans toutes les pièces, depuis son entrée jusqu’à sa sortie, qui s’effectue par la cave de la seconde maison. Outre les divers appareils exposés en nature, des tableaux, des modèles et des notices courtes etprécises, affichés dans toutes les pièces, complètent et facilitent la démonstration. Avant d’entrer, nous pouvons constater immé- diatement des défauts. Sur la façade, le tuyau de fonte qui jette les eaux sales dans la rue (grave erreur hygiénique) est mal jointoyé, mais ce n’est que le commencement. Dans la cuisine du rez-de-chaussée, l’évier, mal construit, jette son eau dans la rue par une gargouille. Ici, c’est un inconvénient surtout pour la rue; dans une cuisine d’un autre étage, le tuyau de chute est en communication avec un puisard ou avec l’égout, mais aucun obstacle ne s’oppose aux émanations qui s’échappent par le trou de la pierre à évier. Il est vrai que cet inconvénient est mis à proüt par les ména- gères; pour elles, l’évier est une sorte de baro mètre: « Quand la pierre sent mauvais, le temps va se mettre à la pluie », disent-elles. Je suis persuadé que la majorité des lecteurs de ï’E.rpo- sition de Paris préfèrent un simple baromètre anéroïde, beaucoup plus exact et moins désa- gréable à l’odorat. On a cherché à remédier à cet inconvénient et nous voyons, soit en dessins, soit reproduits en nature, les différents palliatifs essayés : bou- chons, bondes siphoïdes, etc. Mais tous ces pro- cédés ne méritent guère que le nom de palliatifs que je leur ai donné, soit que l’interception entre l’égout et l’air ambiant ne puisse être réali- sée, soit qu’ils s’encrassent si rapidement que la cuisinière ne les enlève elle-même pour se débarrasser plus vite de ses eaux sales. lout en haut, au dernier étage, on trouve les plombs et les cuvettes tournantes, ces affreuses cuvettes qu il a suffi d’entrevoir une seule fois dans quelques maisons de notre Paris, sales, puantes, oxydées, ne tournant plus sur leur pivot, véritable foyer d’infection, pour les con- damner irrévocablement. Ici, nous n’avons pas I odeur, mais l’organisateur, pour rester autant (jne possible clans la vérité, a fait reproduire sur les murs de l'intérieur et delà courette, par