L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

te L’EXPOSITION DE PARIS L’AUSTRALIE A L’EXPOSITION Peu de pays ont présenté un dévelop- pement aussi remarquable que les,divers États de l’Australie et son histoire, qui date d’hier seulement, est presque une légende. Entrevue pour la première fois par un Français, le pilote provençal Guillaume le Testa, en 1542, la terre australienne lut sans doute visitée par des aventuriers espagnols et portugais dans le xvi° siècle, mais ce n'est qu’au xvin“ que des explo- rateurs, Jels que Tasman, Dampier et surtout le grand Cook, établirent les bases d'une connaissance sérieuse d’une partie de la côte d Australie. C’est en 1788 que rétablissement an- glais de Port-Jackson qui devait devenir plus tard la ville de Sydney fut fondée parle gouverneur Philippe. L’année dernière, les colonies australiennes fê- taient le centenaire de leur fondation par une magni- fique exposition à Mel- bourne. Que de chemin parcouru , depuis cette époque ! En 1888, la population blanche, qui n’existait pas sur le continent avant la dernière partie du siècle, comptait déjà 2,800,000 ha- bitants. Il nous est impossible d’entrer dans l’historique de ce développement mer- veilleux des colonies aus- Italiennes et nous nous con- tenterons de montrer ce qu elles sont aujourd hui. La magnifique exposition de Victoria, au Champ de Mars et au quai d’Orsay, parle déjà éloquemment. L’Australie est une île immense qui représente en superficie les quatre cinquièmes de l’Europe et qui est quatorze fois plus grande que la France. Celte île fait partie en totalité del’Empire britannique, mais, fidèle à sa politique libérale, l’Angleterre laisse ses enfants expatriés se gouverner à leur guise, ré- ddisant au miniinuni les liens qui unis- sent. la mère patrie à la colonie naissante. C est ainsi que l’Australie est divisée en six colonies : Population Victoria............... Nouvelle-Galles du Sud . Queensland............. Australie du Sud . . . Australie occidentala. , Territoire du Nord Ces colonies jouissent d’une autonomi presque absolue. absolue. par kil. carré. 4.003.000 4.4 1.001.000 1.2 342.000 0 2 312 000 0 3 39.000 0.01 4 000 0 003 La constitution est analogue à celle de l’Angleterre. Le gouverneur seul est nommé directement parle gouvernement de Londres, mais les ministres sont choi- sis dans les deux Chambres qui constituent le Parlement de. la colonie. Ces deux Chambres sont électives. Le « Legislative council », qui correspond à notre Sénat, est élu, comme lui, par le suf- frage restreint : seuls les électeurs cen- sitaires sont électeurs. Quant à la « Le- gislative Asscmbly », elle est élue par le suffrage universel. C’est ccltc dernière Chambre qui, par scs attributions budgé- taires, est la maîtresse du gouvernement. Pays neuf, sans vieille noblesse, ni préju- gés de castes, les colonies australiennes ont un gouvernement qui, bien que copié sur los institutions de l’Angleterre, tend Peinture allégorique du bureau des Commissaires de la Section australienne. à être essentiellement démocratique. Un trait caractéristique de l’indépen- dance de ces colonies : L’Angleterre, comme on sait, n’est pas représentée officiellement à l’Exposition Universelle de Paris. Le Comité anglais s’est constitué spontanément, sans aucune attache du gouvernement de la Reine. Or, la colonie de Victoria, au contraire, a adhéré officiellement à l’Exposition. Los Chambres ont voté des crédits spé- ciaux et, comme les actes diplomatiques sont faits au nom de la reine d’Angleterre, il s’est présenté ce fait curieux, qu’en même temps que le gouvernement bri- tannique refusait de participer à l’Expo- sition, la reine Victoria, le 11 janvier 1889, nommait pour la colonie de Victoria une commission officielle et un commissaire général : l’honorable W. F. Walcker, ministre du commerce et des douanes. Au point de vue social, peu de pays sont aussi avancés. Les salaires des ou- vriers varient de 62 francs à 100 francs par semaine; les manœuvres, hommes de peine, obtiennent 7 à 10 francs par jour. Et ces chiffres sont élevés, parce que les dépenses de premières nécessités ne sont pas aussi fortes proportionnellement C’est ainsi que la viande, le pain, les lé- gumes sont moins chers qu’en Europe, seuls les vêtements et le logement présen- tent des prix supérieurs. L’organisation du travail, ce problème si grave, dont la solution parait si difficile et môme si redoutable pour les vieux Etats de l'Europe, est presque un lait accompli en Australie, grâce à l’initiative intelligente des sociétés ouvrières. Tous les ans, au mois d’avril, les villes de la province do Victoria célèbrent par une fête publique « le jour des huit heures ». C’est l’anniversaire du jour où fut sanctionnée par la loi coloniale, la durée de huit heures de travail journalier ducs par un ouvrier à son patron. Le samedi à partir de midi, les magasins, les bu- reaux so ferment et tous les employés sont libres jus- qu’au lundi à dix heures. Toutes ces colonies, is- sues d’uno mémo origine, parlant la même langue, liées encore étroitement entre elles par leur attache à la mère pairie, pour- raient oublier qu’il existe dans d’autres contrées moins-fortunées des bruits et des menaces de guerre; elles pourraient consacrer forces, toute leur énergie toutes, leurs « à l’état naissant », suivant l’expression dos chimistes, à leur développement pa- cifique, intellectuel et matériel.’ El cepen- dant, l’homme est ainsi fait, qu’il lui faut songer à la guerre, à la destruction, quand même ! Les colonies australiennes commencent à jeter une partie de leur florissant bud- get dans des dépenses de guerre et de 'marine, et les Australiens sont très fiers de vous raconter que, pendant la campagne soutenue par les Anglais au Soudan, ils ont envoyé un contingent pour prendre part à la lutte. Bien que le secours austra- lien soit arrivé trop tard pour essuyer « le feu (?) » des Soudaniens, les colons lui ont fait au retour une entrée triom- phale et dans les fastes de la colonie on n’oublie jamais de citer l’expédition sou danienne ! L’Exposition australienne est surtout