L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
été importés avec les habitants. Pour
faire de l’Australie d’il y a cent ans,
l’Australie actuelle, il a fallu, en effet,
tout changer, tout modifier.
L’entrée de la section de Victoria au
quai d’Orsay nous donne une idée de ce
qu’est un coin de terre australienne, dans
ces parties où la pioche du mineur, où la
chari’ue du squatter n’ont pas encore
pénétré.
Tout est étrange dans cette contrée, si
dissemblable avec les autres continents.
La flore, la faune et l’homme même sont
représentés par dos types ancestraux qui
semblent être les survivants d’une époque
antérieure.
Les fougères, qui, chez nous, consti-
tuent simplement de simples plantes dont
le tronc reste enfoui dans le sol, s’élancent
ici dans les airs, et forment de vastes
forêts.
Les eucalyptus atteignent des hauteurs
de trente mètres et fournissent un bois
de construction et d’ébénisterie très ap-
précié.
La faune surtout nous offre les spéci-
mens les plus étranges; en bas du rocher,
on voit un animal ayant le corps d’une
loutre, mais avec la queue d’un castor et
dont la tète se termine par un bec corné
comme celui do nos palmipèdes.
C’ost l’ornilliorliynque, si curieux pour
les naturalistes et dont la structure inté-
rieure rappelle colle des oiseaux. À côté
de lui, semblable à un hérisson s’allonge
l’échidné, aux ongles forts et puissants,
qui lui permettent de creuser le sol pour
aller chercher les insectes et principale-
ment les fourmis dont il fait sa nourri-
ture.
Puis, au-dessus du rocher, une bande
do kanguroos, dressés sur leurs pattes
postérieures, montrant, sur la face ven-
trale, la poche marsupiale dans laquelle
la femelle place scs petits pendant l’allai-
tement.
Adossé au rocher, sous un abri fait de
branches d’eucalyptus et de feuilles de
fougères, un groupe attire surtout l’atten-
tion. L’artiste a représenté une famille
d’aborigènes australiens. Ces pauvres
gens sont les représentants les plus bas,
les plus dégrades de la race humaine. Les
cthnologistes les ont rangés dans la
famille andamène etils représentent pour
nous le type de l’homme primitif; c’est
1 homme a I âge de pierre, tel que nous
pouvons nous figurer les êtres dont les
débris ont été retrouvés dans les grottes
de Menton ou de Cros-Magnon.
Pendant longtemps l’aborigène d’Aus-
tralie n a connu pour tout instrument que
le couteau ou la hache de pierre, et une
<111110 toute particulier©, lo bomércin^
morceau de bois présentant une courbure
spéciale et dont il se servait avec une
merveilleuse adresse.
Pas ou presque pas d'organisation so-
ciale, la tribu à peine constituée, l’idée
religieuse apparaissant à peine, la race
indigène d’Australie offrait le type le plus
inférieur de notre espèce. Aussi n’y a-t-il
pas lieu de s’étonner de sa disparition
rapide.
Déjà la Tasmanie ne renferme plus
un indigène. En Australie, leur nombre
évalué sans aucune base d’approximation
à 170,000, il y a cinquante ans, n’est plus
désormais que de 40,000 environ.
Il s’agit là d’un phénomène nécessaire,
inévitable, conséquence du struggle for
life, (ht combat perpétuel pour la vie, des
lois fatales de l’évolution. Les peuples,
comme les espèces, mal armés pour la
lutte, doivent disparaître pour laisser la
place aux peuples ou aux espèces supé-
rieurs. C’est une condition nécessaire du
progrès. Au point de vue de la civilisation,
il est préférable de voir le continent aus-
tralien occupé par la race européenne,
intelligente, novatrice, que par quelques
milliers d’individus abrutis et incapables
de tout progrès.
Toutefois, au nom de l’humanité qui
ne doit jamais perdre ses droits, on doit
reconnaître que les moyens employés par
les colons anglais pour amener l’anéantis-
sement des aborigènes ne sont pas tou-
jours très loyaux. Trouvant que les ma-
ladies importées et Feau-de-vie ne suffi-
sent pas, ils emploient volontiers l’arsenic
ou la balle d’un rifle pour hâter l’œuvre
de mort.
Dans cinquante ans, l’aborigène aus-
tralien n’existera plus elles cthnologistes
n’auront, pour étudier ce type, que quel-
ques crânes, des photographies et des
maquettes telles que celles de l’Exposi-
tion.
Mais qu'importe? La Commission de
Victoria, la plus florissante des colonies
de l’Australasie, a inscrit en tête de l’ou-
vrage qu’elle a fait paraître pour FExpo-
silion, cette fière devise : Victoria, En
avant ! Les Expositions françaises de 18G7,
de 1878, de 1889 montrent en cffetqu’clle
marche toujours de l’avant.
Et ce développement merveilleux d’une
nouvelle nature, sur un terrain presque
vierge, entraînera nécessairement des
modifications politiques : déjà, en 1885,les
colonies sc sont groupées en une fédéra-
tion australienne, par le Federal Council
Act of Australasia, et dans onze ans,
peut-être, nous aurons à notre future
exposition la section des Etats-Unis de
l’Australasie.
Dr. P. L.
LES BRONZES D’ART
ET D’AMEUBLEMENT*
Nous retrouvons cette même exécution
irréprochable des bronzes d’ameublement
chez un certain nombre d’exposants voi-
sins ; chez M. Denière, notamment, et un
peu plus loin, chez MM. Beurdeley et
Dasson, dont les meubles se recomman-
dent autant par la perfection de leursbron-
zes que par le fini admirable de leur ébé-
nisterie. Mais MM. Dasson et Beurdeley,
comme, du reste, M. Denière, ne donnent
guère leurs soins qu’à des restitutions ou
à des reproductions et quand ils créent
un modèle nouveau, ils sont si bien guidés
par d’impitoyables réminiscences, qu’on
croirait à la copie d’une œuvre, ignorée
do Caffierri, d’IIervieux, de Duplessis, de
Masquillier ou d’un autre maître du siècle
dernier.
Cette mésaventure est arrivée, au sur-
plus, <ÏM. Dassonavcc l’admirable bureau
qu’il expose cette année et qui est digne
(les plus belles époques de la ciselure
française. M. Beurdeley en a éprouvé
une du môme genre avec un écran dont
nous avons donné précédemmen t la repro-
duction. Quant à M. Denière, ses sur-
moulages de Clodion ont l’air d’avoir été
ciselés par Thomire.
Avec moins de finesse dans l’exécution
et un caractère à la fois plus nouveau et
plus pratique, ou trouve, au Champ de
Mars, un grand nombre d’autres .spéci-
mens fort remarquables de notre industrie
bronziere. Je signalerai, notamment, les
lampes, suspensions et torchères exposées
par MM. Lacarrière et Délateur, deux
torchères particulièrement remarquables
modelées par M. E. Robert et deux can-
délabres modelés par M. Germain qu’a
envoyés la maison Houdebine et fils. Il
faut, indiquer encore des jardinières, pen-
dules, guéridons, vases montés, casso-
lettes, lampadaires,etc., dontMM. Raingo
frères, Lerolle frères, Gagneau et Fer-
nand Gervais présentent des spécimens
bien choisis, ouvrages d’un bon travail,
grassement modelés et ciselés avec une
finesse satisfaisante.
Parmi les pièces qui sortent de l’ordi-
naire, il convi ent de mentionner une vitrine
ingénieusement inspirée par l’horloge
célèbre qu’exécutèrent, au siècle dernier.
Passement et Dauthiau et qui orne encore,
à l’heure actuelle, le palais de Versailles.
Cette belle pièce exposée par M. Millet
père est d'autant plus intéressante que,
bienloin de perdre dans sa transformation,
le modèle primitif a, au contraire, gagné
en bonnes proportions, en solidité d’aspect
et en élégance. Les formes un peu étri-
4. Voir le n» 64.