L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARTS
conduit le gouvernail, disposition par laquelle
on peut à volonté, du navire même, diriger la
torpille à droite ou à gauche, la faire stopper,
enfin la mettre en feu. Un câble électrique relie
constamment, pour toutes ces opérations, la
torpille au navire, et c’est la longueur de ce
câble qui fixe l’extrême portée de l’engin.
A côté de ces torpilles automobiles dont
d'autres modèles ont encore été inventés durant
ces dernières années, les marines militaires
emploient des torpilles plus simples, appelées
torpilles portées La torpille portée est en
somme une gargousse remplie d’explosif, qu’on
fixe à l’extrémité d’une hampe, et qu’un canot
détaché du cuirassé va planter, pendant la nuit
ou à travers la fumée du combat, aux flancs
du navire ennemi On conçoit combien une
telle manœuvre est périlleuse, combien elle de-
mande d audace et de sang-froid. Le canot est
en général un petit canot à vapeur que le cui-
rassé porte à son bord et qu’il met à l’eau au
moment voulu Son action
est donc nécessairement de
courte durée; il ne doit
tenter que d’accomplir sa
mission et revenir rapide-
ment se mettre sous la pro-
tection de son cuirassé.
Les dégâts que peut pro-
duire la torpille sont si
désastreux qu’on s’est de
suite préoccupé d’en élar-
gir l’emploi, et de ne pas
réserver son usage aux
seuls gros navires ou à
leurs canots; on a cher-
ché à créer des bâtiments
beaucoup pins légers et
plus rapides, dont l’unique
rôle serait de remplacer
les canots porte-torpilles
mus, avec une vie auto-
nome ne dépendant plus
d'un cuirassé
Les premiers essais ten-
tés dans cette voie le fu-
rent par le célèbre con-
structeur anglais Thorny-
croft. Il réussit du premier
coup à créer des torpilleurs
dont les appareils moteurs
très rapides et très lé-
gers , mais cependant très
puissants, grâce à l’emploi du tirage forcé, et
à l’adoption des hautes pressions dans les
chaudières, assurèrent de suite le succès.
Par un sentiment bien naturel, on ne tarda
pas à vouloir demander aux torpilleurs bien
plus que ne pouvaient donner les premiers
construits. Quel dommage, disait-on, qu’ils ne
soient pas un peu plus grands pour pouvoir
affronter la haute mer, qu'ils ne soient pas un
peu plus logeables, qu’ils ne puissent pas ren-
fermer plus de charbon pour les chaudières,
plus de vivres pour l'équipage, afin de rester
plus longtemps en dehors du port; — et l’on
entra résolument dans la voie des agrandisse-
ments, et. comme toujours, en exagérant les
programmes on dépassa le but. Il suffit qu’un
jour les premiers torpilleurs construits par la
maison Normand du Havre se comportassent
vaillamment pendant un gros temps dans la
Méditerranée, pour qu’on déclarât l’expérience
faite, el qu’une école nouvelle se créât, adoptant
pour principe Tout pour le torpilleur et'par le
torpilleur
Le torpilleur était pour les nouveaux apôtres
le vibrion qui devait anéantir le géant. C’était
l’arme suffisante pour se jouer des cuirassés, et
pour les rendre complètement inutiles. Le cui-
rassé était dorénavant condamné, et les esca-
dres de l’avenir ne devaient plus comporter
que des torpilleurs.
Il a fallu depuis lors déchanter. Certes, l’expé-
rience a mis en lumière les qualités du torpil-
leur : il est demeuré évident qu’un blocus étroit
deviendrait bien difficile, sinon impossible,
quand l’escadre assiégeante serait toute la nuit
exposée à subir l’attaque inopinée et invisible
d’une nuée de petits bâtiments sortant tous
ensemble d’une crique inconnue, et pouvant
lancer leurs redoutables engins de destruction
avant même d’avoir été aperçus; mais dans
une sphère d’action plus vaste, quand on veut
exiger du torpilleur une véritable croisière en
haute mer, soit pour monter la garde, soit
pour signaler l’approche de l’ennemi, on lui
confie une mission au-dessus de la force des
Jardinière en marbre et bronzes dorés, exécutee par lamaison Barbedienne
machines si délicates qui l’actionnent, et de
l’énergie de la poignée d’hommes qui le conduit
11 a fallu enfin reconnaître que ce petit bâtiment
ne pouvait recevoir aucune arme défensive
importante, et que le gros canon dont on l’avait,
au début, affublé, était réellement un trop lourd
fardeau pour lui.
Actuellement, les écoles faites dans ces cinq
dernières années ont ramené à des conceptions
plus raisonnables.
Pour la plupart des torpilleurs, la vitesse a
été fixée à 20 nœuds.
On les a dotés de deux tubes lance-torpilles
et de deux canons à tir rapide pour se défendre
contre les embarcations armées; d’un petit
projecteur de lumière électrique pour fouiller
les sinuosités du rivage quand on les emploie
comme contre-torpilleurs; enfin de la quantité
de charbon nécessaire pour courir deux ou
trois jours le long des côtes, et pouvoir se
rendre d’un port à l’autre. On a ainsi réalisé un
type dont les dimensions principales sont :
Longueur : 34 à 35 mètres.
Largeur : 3m,50.
Tirant d’eau maximum : 2“,20.
Déplacement ; 50 à Ö5 tonneaux.
Vitesse : 20 nœuds.
Ces torpilleurs reçoivent 18 hommes d’équi-
page.
D’autres plus grands ont paru cependant
nécessaires pour être adjoints aux premiers,
en petit nombre, et de distance en distance. On
leur a donné plus de charbon et un peu plus
de vitesse pour leur permettre de surveiller
plus au large l’approche des côtes et servir
d’éclaireurs à leurs frères moins robustes,
restés dans les criques. Leur armement est le
même, mais leur longueur atteint 40 mètres,
et leur largeur 4 mètres. On cherche encore,
dans cette voie, à augmenter la puissance du
type par l’exagération de sa vitesse, et les
modèles sortis d’Angleterre réalisentun progrès
sérieux, en atteignant une vitesse de 23 nœuds,
mais avec une longueur de 45 mètres et un
déplacement de 130 tonneaux.
Enfin, comme dernier
échelon servant d’intermé-
diaire entre le torpilleur
et le croiseur rapide d’es-
cadr«, il nous faut signaler
l’aviso-torpilleur, dont le
lecteur verra à la classe 65
un échantillon par le mo-
dèle de la « Bombe » ,
comme du reste il trou-
vera des spécimens de tous
les torpilleurs dont nous
venons de parler.
L’aviso-torpilleur est le
courrier d’escadre, chargé
de faire communiquer les
navires entre eux, et de
les éclairer. 11 doit, au
besoin, pouvoir servir de
torpilleur, mais porte en
outre deux canons, l’un
de 37, l’autre de 47 milli-
mètres, qui en font un
contre - torpilleur redou-
table
Ses éléments principaux
sont :
Longueur : 60 mètres.
Largeur : 6m,50.
Déplacement : 350 ton-
neaux.
Vitesse : 18 nœuds.
Pour résister à cette nuée d’insectes qui le
talonnent, le puissant cuirassé n’a que deux
moyens : le projecteur électrique, et le filet
pare-lorpilles.
Le projecteur électrique lui permet de fouiller
l'horizon à grande distance, et de découvrir tes
torpilleurs suffisamment tôt pour les arrêter
par un boulet.
Les dernières manœuvres ont démontré
qu'avec un personnel bien familiarisé à la
manœuvre du projecteur, cette protection était
très efficace.
Le filet pare-torpilles est une immense car-
casse en fil de fer entourant le navire de toutes
parts, et chargée d’arrêter la torpille avant
qu’elle ait touché ses flancs. Elle est également
d’une très grande utilité, mais elle présente
l’inconvénient d’alourdir la marche du navire
au moment du combat — en temps ordinaire,
on la relève contre les parois. Le lecteur pourra
en voir un spécimen très intéressant à la
classe 41, dans l’exposition de la Société des
forges de Châtillon-Commentry.
E. T.