L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

_________________ 210 ______________ _____ Lft SCIENCE A L’EXPOSITION ______ LES PAQUEBOTS transatlantiques La rotonde de la Compagnie trans- atlantique a été l’un des principaux attraits de l’Exposilion du Champ de Mars. Chaque jour, et bien qu’oti n’y fût admis qu’en montrant pièce blanche, la foule s’entassait et s'étouffait dans le petit ré- duit circulaire de son Panorama, pour redescendre ensuite dans l’espèce d’aqua- rium à baies lumineuses, composant son Diorama. Noire journal donnera bientôt l’exacte description du Panorama et du Diorama de la Compagnie transatlan- tique. Notre but, dans ce premier article, c’est de parler, d’une manière générale, des grandes compagnies de transports maritimes, de dire comment leur création s’est imposée à notre époque, à quels besoins elles répondent, et quels «services la patrie peut en attendre, en paix ou en guerre. La Compagnie transatlantique étant, pour notre pays, la plus importante de ces entreprises, nous décrirons son organisation, et ferons connaître les ressources dont elle dispose, en navires et matériel. Enfin, les chanliers de con- struction maritime étant peu connus du public, nous donnerons la description des ateliers de Penhoët, dans lesquels la Compagnie transatlanliquefait construire les bâtiments de tout tonnage qui com- posent sa flotte. La Compagnie transatlantique date de 1861. Eu 1880, elle obtint par adjudica- tion publique le service postal entre la France, l’Algérie, la Tunisie, la Tripo- litaine, le Maroc, l’Espagne et l’Italie. En 1883, par la même voie d’adjudi- cation, elle devint concessionnaire de la ligne des États-Unis, des Antilles et du Mexique. La rémunération totale que la Compa- gnie transatlantique reçoit de l’Etat, pour transporter le courrier sur toutes ses lignes, à une vitesse déterminée, en effectuant des départs réguliers, à date fixe, avec un matériel de premier ordre, est d’environ onze millions par an. La Compagnie emploie près de 5,500 marins, qu’elle recrute facilement, d’ail- leurs, car c’est à la fois une chance et une distinction pour les marins que d’être attachés aux paquebots trans- atlantiques. L’avenir y est sûr, le présent avantageux; de sorte que les capitaines au long cours les plus réputés, comme les lieutenants de vaisseau de la marine de guerre les plus distingués, se disputent _________________ L’EXPOSITION DE PARIS _________________ le commandement de ses paquebots. L’État a donc eu grandement raison de se débarrasser des soucis d’une admi- nistration fort compliquée, en aidant à la création de compagnies de transports maritimes, dont il lire plus de bénéfices et d’avantages que d’une exploitation et d’une gestion directes. D’ailleurs, la marine de guerre, qui n’a pas été organisée dans ce but, serait peu apte à un service postal. Les navires croiseurs, avec les conditions multiples qu’ils ont à remplir, d’autre pari, ne pourraient même soutenir régulièrement la vitesse nécessaire à ces traversées. Nous citerons, comme exemple de celle vitesse, celle que réalisa le paque- bot la Bretagne, le jour où il vint au- devant de l’escadre cuirassée quiamenait au Havre le Président de la République, M. Carnot. La Bretagne fit, comme en se jouant, le tour de la flotte de guerre, pendant que cette dernière était en marche; et elle mérita les applaudisse- ments de tous les marins, émerveillés de son allure légère. Les services rendus par la Compagnie transatlantique, lors de l’expédition du Mexique, sont un exemple frappant, de son utilité. Le 17 février 1862, elle s’en- gageait à commencer, au mois d avril suivant, le service mensuel de Saint-Na- zaire à la Vera-CriiZj avec escales à la Martinique et à Lonfuegos. Pour son coup d’essai, elle improvisa un parcours annuel de 45,160 lieues marines; et le 14 juillet 1862, la Louisiane, chargée de dépêches, de passagers et marchandises, partait pour les Antilles et le Mexique. Dès lors, notre corps expéditionnaire du Mexique fut relié à la mere patrie parune ligne régulière d’excellents navires à vapeur. En 1881, pour l’expédition de Tunisie, M. Eugène Péreire proposa au ministre de la guerre de transporter quinze mille hommes, en quatre ou cinq jours, et immédiatement. Nos soldats arrivèrent en Tunisie sans fatigue, et prêts à com- battre. Or, en 1830, le transport des troupes de l’expédition d’Alger, qui se composait d’environ trente-sept mille hommes, avait demandé six mois de tra- vail préparatoire, ainsi que la mise en mouvement de tout le matériel et. de tout le personnel de la marine de guerre. Aujourd’hui ce mouvement pourrait s'effectuer en quelques jours, grâce aux puissants paquebots qui sillonnent la Méditerranée. Pendant l’expédition du Tonkin, la Compagnie transatlantique a rempli le même office. Sa besogne, 'vu la distance à parcourir (trente-lrois jours de naviga- tion),. était beaucoup plus difficile : elle _________ fut cependant accomplie à jour et à heure fixes, et dans un ordre parfait. L’expérience est donc faite, et l’on peut, sans exagération, affirmer que le problème de transporter des armées sur un point quelconque du globe est résolu par l’emploi des grands paquebots de commerce. Les sociétés maritimes sont aujourd’hui, pour une nation, un élément important de prospérité, pendant la paix, et une force considérable, en temps de guerre. LaCompagnie transatlantique exploite, conjointement avec les compagnies an- glaises, américaines et autres, les lignes de l’océan Atlantique et celles de la Méditerranée. Nous réunissons dans un tableau les noms, le tonnage et la force en chevaux-vapeur de la flotte actuelle de la Compagnie transatlantique, pour ses deux lignes de l’Océan et de la Médi- terranée. OCÉAN ATLANTIQUE. Force en chevaux- Tonneaux. Champagne.............. 7.000 Bourgogne.............. 7.000 Gascogne................ 7.000 Bretagne................. 7.000 Normandie............... 6.300 Amérique................ 4.700 France................... 4.700 Labrador................ 4.700 Canada................. 4.200 Saint-Germain............ 4.700 Saint-Laurent............. l. 200 Lafayette................. 3.600 Washington.............. 3.G00 Péreire.................... 3.200 Ville-de-Paris.............. 3.200 Olinde-Rodrigue........... 3.200 Saint-Simon................ 3.200 Ferdinand-de-Lesseps...... 2.900 Ville-de-Marseille__________ 2.900 Colombie.................. 2.900 Villo-de-Bordeaux.......... Villç-de-Brest............... Ville-de-Sai nt-Nazairc....... ............ Caldera.................... Salvador................... 2.800 1.700 2.800 2.200 2.800 2.700 2.-130 1.600 1.000 700 1.000 Saint-Domingue MER MÉDITERRANÉE. Ville-de-Tunis............. Moïse....................... Saint-Augustin............. Isaac-l’èi'cire............... Abd-el-Kader............... Charles-Quint. . . . Ville-de-Madrid. . . .......... Ville-do-Barcelone. Ville-d’Oran....... Ville-de-Bône. . . . cc co co co 00 C-: G>5 O OÎ es O C> o O O ■I. 830 1.830 •1.850 4.830 1.850 Ville-de-Rome............ 2.830 Ville-de-Naples............ -1.850 Kléber.................... 4.850 Guadeloupe............... -1.830 Afrique................... '1.250 Ajaccio................... 1.230 Bastia.................... 1 ■ 250 Désirade.................. 1.450 Corse..................... 4.230 Lou-Cettori..............' l.‘250 Maréchal-Canrobert........ 1.250 Mohamed-el-Sadok......... 4.230 Malvina.................. 1-200 Manouba.................. 1.000 Ville-de-Tanger............ 1.-100 Insulaire.................. 630 Dragut.................... 575 Mustapha-Ben-Ismaïl...... 573 La Valette................ vapeur. 8.000 8,000 8.000 8.000 7.000 3.300 3.300 3.300 ’ 3.300 3.200 3.300 3.200 3.200 3.300 3.300 2.800 ■1.000 1.700 1.700 1.700 700 2.000 2.000 2.000 a. ooo 2.000 2.000 2.000 2.000 2.000 s.ono 2.0Ü0 2.000 2.000 1.400 •1.159 •1.150 1.1 S0 1.000 1.150 I. -130 •1.160 4.130 4.150 750 750 650 bOO 600 600