ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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218 L’EXPOSITION DE PARIS L’ALIMENTATION « Il faut manger pour vivre et non point vivre pour manger. » Cette sen- tence qu’IIarpagon jugeait digne d’être retracée en lettres d’or, n’est cependant pas d'une vérité absolue, au moins dans sa seconde partie. H faut quelque peu vivre pour manger, puisque la nature a placé une jouissance dans l'acte qui en- tretient notre organisme à l’état de vie. Que l’homme n’en fasse pas le but prin- cipal de ses préoccupations, comme tous les êtres inférieurs, cela est méritoire, mais il n’en doit pas moins attacher un certain prix aux sensations agréables que lui procurent les divers modes de son ali- mentation; il est rationnel qu’il établisse entre eux divers degrés. Dans l’état so- cial où nous vivons, il est également d’un intérêt de premier ordre qu'il re- cherche les formules de nourriture les plus économiques; il n’y a donc pas lieu de s’étonner si notre Exposition a taillé une large place aux produits alimen- taires. Leur palais se trouve entre les ponts d’iéna et do l’Alma; il est baigné d’un côté par la Seine, il suit de Vautre le chemin do fer Decauville. La construc- tion est d’une simplicité avenante et coquette, sobre d’ornementation, sans dorure et sans enluminures, telle qu’il convenait pour abriter les joies paisibles de la vie. Au-dessus de la porte, en guise de colossal fronton, s’arrondit une futaille gigantesque que le vieux Silène eût choisie pour trône. C’est le tonneau gigantesque expédié par la maison Mer- cié, d’Épernay; il no contient pas moins de 1,600 hectolitres; son odyssée a dé- frayé les faits divers do la presse pari- sienne pendant une semaine; les ingé- nieurs qui ont tracé les routes n’avaient point prévu la circulation de majestés aussi "obondies; plus dîme fois il fallut abattre des pans de murs pour lui livrer passage. Sous ce géant s’ouvre la galerie qui sert de vestibule au temple de la gastro- nomie; il est plein de lumière, de bruit, d’animation. On fabrique dans son en- ceinte. sous les yeux du public, tou- tes sortes de succulences : à gauche, MM. Vanry, Guillout, Olibet ont installé une série dp. machines servant à la con- fection de biscuits anglais; un pétrin mé- canique fabrique une fournée entière en quelques minutes; une seconde machine lamine la pâte, une troisième la façonne et la découpe; elle passe do là dans un four Immense d’où, après un séjour de quelques instants, elle sort brûlante et dorée sous la forme de petits gâteaux croustillants. Les appareils de distillerie pour la fa- brication des liqueurs et des sirops fonc- tionnent sur la droite. Un peu plus loin, de vastes récipients hémisphériques en cuivre tournent perpétuellement des dragées et des bonbons qui vont d’oux- m unes s’aligner circulairement dans des boites sous une dentelle de papier. Une énorme machine à broyer le chocolat tient le bout de celle galerie. Un des ateliers de la grande usine de Noisiel, à laquelle cette machine appartient, se développe en perspective derrière elle sur une toile de fond. Un appareil réfri- gérant attire et retient la foule; les femmes et les enfants en encombrent les abords et se disputent les petits sorbets à la fraise, à la menthe, au citron, qu’il débite, enfermés dans un étui de papier. Ce laboratoire des produits destinés à la gueule est toujours plein d'un public non seulement friand, mais très curieux du fonctionnement dos machines et s’é- merveillant sans relâche de la rapidité et de la perfection de ces fabrications. Bien différente est la physionomie de la longue galerie où sont exposés les véritables tré- sors de la gastronomie et à laquelle on arrive en gravissant quelques marches. En bas, c’était l’agitation, lacohue, le va- carme, en haut on trouve la paix et le silence. A mesure, que l’on avance, le fra- cas des machines s’éteint, les visiteurs deviennent plus rares, ils cheminent sans bruit dans une clarté douce où, çà et là, chatoient discrètement les ors, les rubis, les émeraudes des flacons. Ici, la curio- sité a cessé d’être turbulente; on con- temple avec le calme et le recueillement qui conviennent à des gens sérieux et convaincus. On voit dans ces vitrines tout cc qui flatte le palais, tout ce qui réconforte l’estomac, tout ce qui so mange, depuis les pâtes, les fécules à potage, les con- sommés à la minute, jusqu’aux condi- ments, jusqu’aux desserts; rien n’y man- que, ni douceurs, ni plats de résistance ; collections dejambons, de saucisses, d’an- douillcs, d’andouillettes, de saucissons de toutes les tailles, de tous les calibres, de toutes les provenances; pâtés de foies gras de Chartres, de Pithivicrs, d’A- miens, etc., etc. Tripes à la mode de Caen; gibier de toute espece, depuis Fours jusqu’aux alouettes, en conserve, bien entendu. Ensomme, une collection de harnois de gueule assez formidable pour faire tomber Pantagruel en pâmoi- son. Cette industrie des conserves, qui joue le grand rôle dans cc défilé des victuailles solides, a fait depuis quelques années des progrès vraiment intéressants. Nous per- mettre de voir paraître sur notre table toute espèce de gibier et de poisson, lorsque leur vente est légalement prohi- bée, c’est fort peu de chose à notre avis; elles sont d’une tout autre utilité pour les explorateurs, pour les marins, qui, avec elles, au milieu des mers, dans les soli- tudes les plus sauvages, retrouvent les mets de la patrie. Enfin, et surtout, elles auront désormais une importance consi- dérable dans l’approvisionnement des armées. Ajoutons qu’elles conservent au- jourd’hui les aliments sans trop leur en- lever leur saveur spéciale; pour certains légumes, qui contractaient un goût désa- gréable au contact du métal, on garnit do bois l’intérieur des boites, et cette dou- blure préserve le contenu de toute altéra- tion. Les condiments sont en nombre, vinai- gres, huiles d’olive. Les vitrines les plus importantes sont colles du syndicat des commerçants do Salon et celles de l'Union des propriétaires de Nice. Les produits de la basse-cour et de l’étable ne sont pas oubliés. MM. Routier, Arnoult de Gambais présentent des collections d’œufs de poule, de dinde, d’oie et de canard ; MM. X 'oitellier, de Mantes, à un envoi non moins complot, ajoutent des œufs énormes d’oies de Toulouse, de pintades etde diverses variétés de faisans. A défaut de lait frais, on vous présente du lait concentré, les beurres les plus lins que fabriquent la Bretagne et la Nor- mandie, et enfin des asssortiinents de fromages véritablement épiquej dans leurs proportions : fromage de Roquefort, do Coulommicrs, de Brie, do Camembert, de Pont-l’Evêque, de Champagne, des monts d’Auvergne, du Jura, dos Pyré- nées et cent autres encore. Les fruits secs complètent ces spéci- mens du dessert ; Agen a envoyé ses plus superbes pruneaux. Aimez-vous le pain d’épice? Il y en a des blocs énormes : c’est à la maison Sigout que revient I honneur d’avoir exposé le plus gros. Si vous avez un faible pour los douceurs, vous n’avez qu’à gagner le quartier de la confiserie, en passant sous un arc de triomphe construit avec des paquets «le chocolats ; ce monument, — c’en est un, — dont le poids total arrive à 50,000 kilos, représente la production quotidienne de l'usine de MM. Menier; sa valeur en ar- gpiitn’ostpasdemoinsde 200,000 francs. Quand vous l’avez dépassé, vous vous trouvez dans ce pays de cocagne, que célébrait une chanson de notre enfance. Vos regards, de quelque côté qu’ils so tournent, ne rencontrent que des frian- dises, sirops, liqueurs douces et apériti- ves(!), dragées, pastilles, bonbons, fruits