L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L'EXPOSITION DE PARIS
'M
comporte la manutention du vin de
Champagne ; un chantier en travail avec
figures de cire de grandeur naturelle;
eniin, une collection de bouteilles de
toute taille, tant anciennes que moder-
nes, un assortiment de bouchons. Citons
encore unepetite vitrine dans laquelle sont
classés les minuscules mais redoutables
ennemis des vignes champenoises, parmi
lesquels on constate avec satisfaction que
le phylloxéra ne figure pas.
Le Midi a encore expédié ses excellents
vins de Saint-Georges et de Langlade; la
Haute-Garonne son aimable Villandrie;
la Corse, son vin de Sartène; Béziers,
Narbonne, Carcassonne, leurs meilleurs
produits. Cependant l’aristocratie du
caveau n’a pas accaparé toutes les places;
les vins roturiers ont trouvé des vitrines
pour se caser; c’est surtout en matière de
boissons qu’il faut satisfaire non seule-
ment tous les goûts, mais toutes les bour-
ses. Nous y avons dégusté même du vin
de raisins secs : il est joli de couleur et
agréable à boire, mais il laut le payer
50 centimes la bouteille et, pour une
boisson économique, destinée aux hum-
bles ménages, ce prix nous paraît bien
élevé; du vin de raisins irais ne coûte pas
beaucoup plus.
Les eaux-de-vie sont en nombre. Beau-
coup sont de bon aloi, car les négociants
do Cognac ont mis en avant tout ce qui
leur restait en cellier de grandes et peti-
tes champagnes; celles-ci sont devenues
si rares que ce n’est plus une figure de les
qualifier d’or liquide. La Bourgogne pré-
sente ses marcs et l’Ouest ses eaux-de-vie
de cidre, un produit jadis vulgaire, mais
qui devient de plus en plus apprécié. Des
comptoirs de dégustation permettent de
se livrer aux éludes comparatives les plus
approfondies sur les boissons que l’on
vient de passer en revue ; non seulement
elles peuvent avoir leur charme, niais
elles ne sont pas dispendieuses. Avec trois
ou quatre francs, un gourmet curieux fera
la connaissance de quantité de vins de
premier choix ; seulement il ne devra pas
s’étonner s’il titube quelque peu en s’en
allant.
Les colonies ont exposé leurs produc-
tions comestibles dans leurs pavillons
respectifs ; les Antilles ont envoyé leurs
sucres de canne, leurs rhums, leurs cafés.
Le pavillon de la Guadeloupe exhibe un
très intéressant modèle d’usine pour la
fabrication du sucre et du rhum. Dans les
envois de l’Algérie Pt de la Tunisie figu-
rent des pâtes alimentaires, des huiles,
desvins. L’exposition vinicole de l’Algérie
est d’une grande importance et témoigne
de l’extension merveilleuse, prise si rapi-
dement dans la France africaine par la
I culture de la vigne; elle pourrait, au
confits, coniilures, etc., etc. L atmos-
phère est tellement surchargée de leurs
douces senteurs que, malgré soi, on ,
passe sa langue sur ses lèvres pour en
surprendre le goût et que Ton se demanda
si les murs de ce temple du sucre ne
doivent pas être bons à croquer, comme
disait la chanson susdite.
Le sous-sol nous ramène à la gastro-
nomie sérieuse, dans la partie dont s ins-
pirent les po'îtes du Caveau; il est con-
sacré à tout co que la France produit de
boissons soit fermentées, soit distillées :
vins rouges cl vins blancs do tous les crus,
cidres et poirés de Normandie et de Bre-
tagne, bières du Nord, de l’Est, de Nérac
et de la région parisienne. Nos compa-
triotes de l’Alsace manquent à ce rendez-
vous, et ce n’est pas leur bonne volonté
qu’il en faut accuser.
L’Exposition des vins traduit glorieu-
sement les richesses vinicoles de notre
pays. On serait tenté d’oublier le phyl-
loxéra, le mildew et les tas de rot dont
nous sommes affligés, devant ces armées
de bouteilles. Tous les grands crus de
Bourgogne : romanée, chanibertin, cor-
ton, nuits, pommard, clos-du-roi, thorins,
pouilly, chablis, etc., etc., figurent dans
leurs rangs pressés. La Gironde lui
tient tète avec l’élite de scs produits :
lafitte, margaux, haut-brion, yquem,
saint-émilion, sauterne, barsac et tant
d’autres châteaux dont la renommée
s’étend aux deux mondes. Toutes les
bonnes marques du Bordelais sc retrou-
vent sur ces rangées d’étiquettes. Un
peu plus loin ce sont les vins chauds et
capiteux du.Rhône: ermitage, côte-rôtie,
saint-peray; puis ces cousins germains
des vins d’Espagne que nous donnent les
premières assises des Pyrénées-Orien-
tales. Ce serait une énumération homéri-
que que celle des titres illustres de ces
bouteilles dont l’éclat projette, dans le
demi-jour de cette cave, comme un reflet
du soleil qui dora ou rougit les grappes
dont ce nectar est extrait.
La section champenoise a le privilège
d’attirer de nombreux visiteurs. Non seu-
lement la popularité de cc vin des fêtes,
de la jeunesse et des amours résiste au
temps, comme aux concurrences, mais
F exposition organisée par le syndicat du
conimercß de ces vins est a lu fois très
importante cl très instructive. Le vigno-
ble champenois s’y déroule sur une
grandßcarte; au-dessous<1 clic, des plans
en relief permettent de suivre toutes les
phases de la culture de la vigne,, depuis
la plantation iusqu’à la vendange. Ailleurs
cc sont dos coupes de bâtiments laissant
voir l’intérieur des caves, des celliers, des
ateliers. Puis ce sont des panneauxrepré-
sontant les opérations si délicates que
besoin, devenir le cellier de la métropole
et cependant les progrès do sa viticulture
sont loin et bien loin d’avoir dit leur der-
nier mot.
Les nations étrangères ne sont pas res-
tées en arrière en ce qui concerne l’alimen-
tation. Le Portugal et l’Espagne, avecleurs
vins fameux, ont envoyé des chocolats,
des huiles, des olives, des pûtes, des
salaisons et de magnifiques fruits confits.
L’Italie, sesvermouthsdeTurinetdeMilan,
ses liqueurs, ses vins d’Etna, de Marsala,
de Zucco, de Syracuse, des miels, des
huiles, d’énormes fromages et ces pâtes
alimentaires dont la supériorité est con-
sacrée. Ce sont encore le miel, le lait con-
centré, les jambons fumés, l’absinthe, le
kirsch, la bière et les vins du Valais, qui
composent l’apport de la République
helvétique. Nous retrouvons encore une
riche collection de bières dans l’exhibition
belge; de très appétissantes conserves et
des liqueurs dont la réputation n’est plus
à faire, dans l’envoi des comestibles des
Pays-Bas. Avec son ale, son porter, son
whisky, l’Angleterre expose force jam! ons
et môme des codions entiers; la boulan-
gerie mécanique Baker fabrique du
matin au soir du pain pour accompagner
cette charcuterie, ainsi que des biscuits
anglais que l’on déguste avec du thé. Nous
devons signaler encore la vacherie britan-
nique, où uno demi-douzaine de vaches
fournissent aux amateurs des tasses de lait
frais si nombreuses que nous soupçonnons
ces bètes-là d’avoir reçu du ciel le pouvoir
do multiplier le liquide do leurs mamelles.
Citons encore d’excellents vins de Rouma-
nie et de Hongrie ; des thés et des sucres
parmi les envois de la Russie, et aussi des
vins très méritants du Caucase et de la
Crimée, sans compter une bière légère et
tonique des plus agréables à boire.
En résumé, l’Exposition alimentaire
de 1889 est la plus complète et la plus
intéressante qui ait jamais eu lieu. Elle
donne satisfaction à notre amour-propre
national, car tout en rendant justice aux
divers pays qui y ont participé, on peut
prétendre, sans chauvinisme, que le nôtre
l’emporte de haut par l’excellence et la
variété de ses produits. En ce qui concerne
les choses de la table, la France, garde son
antique suprématie. Nous devons lui en
souhaiter d’autres, mais il n’est pas con-
testable que celle-là ait son prix. La gas-
tronomie a une importance qu on ne
saurait nier ; elle sert à rapprocher los
hommes, elle rond l’existence aimable et
dispose à lïndulgcnce et à la modération
envers scs semblables, deux dispositions
d’esprit singulièrement précieuses par le
temps qui.court.
G. de Cherville.