L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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K9
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L’EXPOSITÎON DE PARIS
ment amusant que de les voir s’éloigner dans
l’espace, avec un balancement gracieux,
emportant vers une destination inconnue la
carte qui leur sera comme un passeport. C’est
M. Jules Lefebvre qui, ayantle premier apporté
à la Tour et lancé de la deuxième plate-forme
un petit parachute de papier, donna l’idée aux
administrateurs d’en mettre à la disposition du
public. Le trois septembre, à onze heures, nos
confrères du Figaro de la Tour lançaient le
premier ballon auquel était accrochée celte
carte postale :
Prière à la personne qui trouvera cette carte de
la renvoyer à Vadresse ci-jointe en indiquant la
date, l’heure et le lieu où cette carte aura été
recueillie.
Le lendemain, la carie, ramassée dans la
plaine de Bouillancy à une heure dix après
midi, c’est-à-dire deux heures après le lance-
ment, était rentrée à l’hôtel Drouot.
L’HISTOIRE
DES MOYENS DE TRANSPORT
Nicolas Sauvage. — Voilà un nom inconnu
qui est pourtant celui d’un des grands bienfai-
teurs de l’humanité. C’est du cerveau de cet
homme de génie que naquit l’idée d’établir des
carrosses qui, toujours prêts à partir, station-
neraient à certaines places et se tiendraient à la
disposition du public dans des quartiers désignés.
Comme Nicolas Sauvage habitait dans la rue
Saint-Martin une maison qui portait pour en-
seigne l’image de Saint-Fiacre, on donna à ces voi-
tures le nom de fiacres qui a prévalu contre les
dénominations d’urbaines ou de lutéciennes que
les raffinés préféraient. Ceci se passait en 1640,
et la spéculation, il faut croire, était lucrative,
car quelques années après les voitures de place
étaient en nombre considérable et une ordon- |
nance de police prescrivait le numérotage des
fiacres, « afin qu’il fût facile de les reconnaître et
de désigner au lieutenant de police les cochers
dont on avait à se plaindre. » Un règlement
de 1696 avait ainsi fixé le tarif : vingt-cinq sous
pour la première heure et vingt sous pour les
suivantes.
Et si vous me demandez quel rapport ces sou-
venirs de l’histoire de notre carrosserie natio-
nale ont avec l’Exposition, je ne puis mieux
faire que de vous renvoyer aux très curieuses
collections que MM. Lucien Faucon et Maurice
Leloir exposent au Palais des Arts libéraux.
Vous verrez là, parle menu, toute l’histoire des
moyens de transport scientifiquement divisée en
quatre parties :
1° L’homme seul.
2 ° L’homme s’aidant de divers instruments.
3 ° L’homme aidé par l’animal.
■ 1° Le véhicule mû par l’animal.
Les trois premières séries sont, on le devine,
Exposition rétrospective des moyens de transport.
Le traineau de l’impératrice Joséphine. — Cabriolet des premières années du xix’ siècle.
représentées par des gravures où l’on voit de
vulgaires piétons arpentant les grands chemins
et portant sur leur dos, comme le sage de la
Grèce antique, tout leur mobilier : on voit là des
bottes — que de bottes! — à revers, à enton-
noirs, à ailes de moulins; des souliers à la pou-
laine, à la molière; des patins, des chaises à
porteurs où, sur les panneaux de bois pein',
jouent dans les nuages des petits amours
joufflus; des traîneaux, parmi lesquels celui
de l’impératrice Joséphine, dont le siège est
gardé par deux sphinx de bois doré; des
vinaigrettes et des chaises à porteurs, ainsi
qu’on peut en voir à la Comédie-Française, aux
jours de répertoire, figurer dans les Précieuses
ridicules, ou telles qu’il en circule encore de nos
jours dans les rues de Beauvais... mais l’histoire
des voilures que les savants appellent : le véhi-
cule mû par l’animal, est bien autrement intéres-
sante encore.
Citadines, urbaines, deltas, lutéciennes, cou-
pés, carrosses, ligurent là en effigie ou en
réalité : l’histoire des omnibus occupe tout un
panneau, et, si vous le voulez, nous nous y
arrêterons un instant, vu la popularité dont
jouit encore de nos jours ce démocratique
moyen de transport. Lo nom seul est un chef-
d’œuvre : il est, dit Maxime du Camp, « à la
fois facile à retenir, étrange par son origine
exotique et contient une définition complète ».
Et savez-vous que c’est à Pascal, à Pascal l’au-
teur des Pensées et des Lettres provinciales qu’on
doit l’invention de ces carrosses publics dont
Loret, dans sa Muse historique, chantait ainsi
l'inauguration :
16 mars 1662.
L’établissement des carrosses
Tirés par des chevaux non rosses
(Mais qui pourront à l’avenir
Par le travail le devenir)
A commencé aujourd’hui même...
Mais, dès le début, les omnibus ou carrosses à
cinq sols, comme on disait alors, semblent rougir
de leur rôle démocratique, et un placard de
l’époque « fait savoir que, par l’arrêt de vérifi-
cation du parlement, défenses sont faites à tous
soldats, pages, laquais et tous autres gens de
livrée, manœuvres et gens de bras d’y entrer
pour la plus grande commodité et liberté des
bourgeois ».
Si l’on ajoute à cet ostracisme que les nobles
ne jugeaient pas de bon ton de se montrer dans
les omnibus, on comprendra aisément pourquoi
ces carrosses publics, destinés par le fait à une
clientèle trop restreinte, furent supprimés au
bout de quelques années.
Et ce n’est qu’en 1828 qu'ils reparurent,
traînés par trois chevaux attelés de front et
conduits par un cocher qui, à l’aide d’une pédale
à souffletsplacée soussespiedset communiquant
à trois trompettes, sonnait des fanfares lugubres
pour annoncer son passage. C’étaient alors les
favorites, les béarnaises, les dames blanches, les
batignollaises, les gazelles, les écossaises, les excel-
lentes, les parisiennes et d’autres qui, bientôt
réunies en une seule entreprise générale, per-
dirent peu à peu leurs dénominations particu-
lières, et prirent le nom commun d’omnibus.
Vous pourrez suivre au Palais des Arts libéraux
toutes ces transformations que nous ne faisons
qu’indiquer; et les collections de gravures ou
de prospectus qui vous les montreront sont une
des parties les plus amusantes de l’Exposition
rétrospective de l’histoire du travail humain
G. Lenotbe.