L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
CM
d’être fiers des Fannière, des F alizé, dos
Froment-Meurice, des Odiot, leurs dignes
successeurs.
(A sztivre.') Henry Havard.
L’ANTHROPOLOGIE CRIMINELLE
Le criminel attire la foule. Sans trop
savoir pourquoi, et principalement par
pure curiosité, elle s’attroupe autour de
lin, quand elle a chance de le rencontrer,
elle le dévisage comme un animal curieux,
avec horreur parfois, toujours avec inté-
rêt. Aussi ne manque-t-elle pas de se
presser en gros flots dans le petit espace
qui, à l’entrée delà galerie des Arts libé-
raux. a été consacré à l’Exposition de
l'école criminaliste italienne d’aujour-
d’hui, école dont le chef est M. Lombroso,
de Turin. L’exposition n’est point bien
considérable et n’est que faiblement com-
plétée par les quelques échantillons que
l’on peut voir au premier étage, à l’Expo-
sition du Laboratoire et de l’Ecole d’an-
thropologie. Au reste, le public peut bien
s’amuser, — il est de singuliers divertis-
sements, — à voir les objets qui lui sont
montrés :1e véritable intérêt lui en échappe
à coup sûr. II était, d’ailleurs, difficile, en
un espace aussi restreint que celui dont
disposent M. Lombroso et ses collabora-
teurs, d’exposer à la fois les objets qui
s’y trouvent, et d’expliquer les hypo-
thèses, les théories qu’ils en ont tirées,
et en fait il me parait presque impossible
que. le visiteur qui n’est point au cou-
rant de celles-ci, les puisse entrevoir, au
coursde sapromenade. Lesobjets exposés
sont de nature fort diverse : mais ce sont
les crânes et les moulages qui dominent,
crânes et moulages qui se rapportent tous
à des criminels avérés et qui, bon gré, mal
gré, ont fini par laisser leur tète entre
les mains de lu justice. Quelques cervelles
humaines, encore, provenant de ces
mêmes tètes. Les moulages exposés, et
dont malheureusement plusieurs ne
peuvent être vus, relégués qu’ils sont
dans le bas des armoires, en des recoins
où l’œil pénètre difficilement, ces moula-
ges, dis-je, faits en cire, d’après nature,
et coloriés, sont parfois d’un réalisme
surprenant. Il y a là, entre autres, une
tète de vieillard mort, les yeux mi-clos,
la mâchoire inférieure pendante, qui est
admirable de vérité. Cela peut ne pas
plaire aux artistes, — leur esthétique de
convention est déroutée, — mais l’anato-
miste, qui a ici, seul, qualité pour juger,
est émerveillé- — Ce vieillard représente
un criminel, comme d’ailleurs tous les
autres moulages : il vous est facile de
connaître son crime qui est écrit en toutes
lettres à côté de son effigie. — A côté de
lui, un autre personnage, plus jeune, assez
gras, dont les traits respirent la bienveil-
lance et le calme. Voilà un philosophe,
ai-jc pensé, une nature tranquille, qui ne
s'emporte point, qui prend les choses par
le bon côté, et vit dans la méditation. Que
fait-il ici? Par quelle erreur ccttc honnête
figure s’est-elle glissée dans ce repaire de
brigands ? A-t-on voulu opposer le visage
de l’honnètc homme au masque des mal-
faiteurs? L’erreur n’existe point, ou plu-
tôt elle est tout entière mienne : ce vi-
sage serein est celui d’un malpropre per-
sonnage dont le crime lut le stupro vio-
lenta. Fiez-vous donc aux apparences !
D’ailleurs, en regardant avec attention les
moulages exposés, 1 impression générale
qui se dégage est celle de l’expression quel-
conque des visages. Le criminel n’a pas
nécessairement l’air sinistre et pervers,
comme le croient souvent les bonnes gens ;
sa nature n’est point nécessairement écrite
sur son visage, et, à voir les moulages
exposés, on s’étonne qu’ils représentent
des criminels : il semble qu ils figurent
des gens quelconques tels qu’on en
rencontre par milliers dans les rues, tels
qu’on en coudoie chaque jour, et partout,
[lestbon, toutefois, denopass’abandonner
à cetto impression, et il faut tenir compte
du fait que ces moulages ont été faits sur
‘le cadavre, et le plus souvent sur un corps
soumis à la mort violente. Dans la majo-
rité des cas, l’expression habituelle du
criminel est profondément altérée par le
séjour en prison, par les angoisses du
procès, et enfin par Les affres des der-
nières minutes, avant la chute du coupe-
ret de la justice; d’autre part, la mort
amène le relâchement complet des mus-
cles, et ce relâchement des muscles fa-
ciaux modifie énormément l’expression,
qui est due en grande partie au jeu de
ces muscles. Le visage du criminel mort
de mort violente est généralement fort
différent du visage du criminel vivant : il
est aisé de s’en assurer en comparant les
photographies ante mortem avec les
moulages post mortem. A. l’Exposition
du Laboratoire d’anthropométrie, dans
le Pavillon de la Ville de Paris, l’on peut
voir la photographie de Pranzini : le mou-
lage, qui se trouve dans l’Exposition du
Laboratoire d’anthropologie, présente un
air bienveillant et béat qui n’était point
celui que I on voyait dominer clans la
physionomie de cet assassin.
A côté des moulages des tètes de
criminels, moulages d’une vérité admi-
rable, nous voyons une longue série de
crânes ayant appartenu à la même inté-
ressante catégorie sociale. A l’examen
superficiel, ils n’offrent rien de particu-
lier, et sil’on ne savait qu’ils ont appartenu
à des criminels célèbres, nul ne leur don-
nerait un regard. Les crânes des célébri-
tés italiennes ont pour notre public fran-
çais moins d’intérêt que ceux des grands
malfaiteurs français: aussi renvoyons-
nous les visiteurs à l’Exposition de l'Ecole
d’anthropologie : ils y verront, à côté des
moulages de Rivière, deFrey, de Pranzini,
les crânes de Marchandon, de Gagny, de
Lemaire, et même les cerveaux do Le-
maire, Campi,Ménesclou et Prévost. Puis,
des gravures, des dessins, dos albums,
représentant des criminels, ou des œuvres
de criminel : ici, un album do cai'ica-
tures par un épileptique; plus loin, une
série de photographies de meurtriers
réunie par M. Fiordispini. Sur une autre
paroi, des moulages de 5 ou 6 mains hu-
maines, depuis celles du géant Kalmouk,
de 2m,5-4 do hauteur, jusqu'à celles du.
« général » Tom Thunib. Ces mains du
géant Kalmouk sont quelque chose d’ef-
froyable, par leurs dimensionset la force
qu’elles devaient avoir. D’ailleurs, il y a
encore là une main d’un certain sergent
de ville qui doit inspirer un respect sé-
rieux, —le seul sérieux est celui qui se
mêle de quelque crainte ! — à ceux qui
ont noué connaissance avec elle. A si-
gnaler encore quelques pièces de la col-
lection de poteries criminelles réunie par
M. Lombroso, — nous y reviendrons plus
loin, — et une série très intéressante des
moulages do l’oreille humaine, exposée
par un savant français, par M. Voisin.
L’oreille est un organe qui varie beau-
coup, et quiconque se donne la peine
d’observer cet appendice est surpris de
voir combien les différences sont grandes.
D’ailleurs, au point do vue esthétique,
(’on est souvent frappé de la laideur, do
la vulgarité, de la grossièreté de certaines
oreilles, tandis que d’autres sont de
forme exquise. L'on n’emploie guère les
signes particuliers tirés des oreilles pour
l'identification des criminels, du moins à
ma connaissance ; il y a là, cependant,
une ressource qui n’est point à dédaigner,
cl dont on peut tirer quelque parti à la
Préfecture de police, où les criminels sont
photographiés de face et de profil. 11 est
vrai que de nos jours Fart de lïdcutifica-
lion a fait des progrès énormes, et le
Laboratoire d'anthropométrii' de la Pré-
fecture do police est pourvu des moyens
et des méthodes qui sont à la fois les plus
simples et les plus ingénieux : nous y
reviendrons plus loin. Pour le moment,
contentons-nous do signaler l'intéressante
collection de M. A. Voisin, collection où,
à côté du type normal, se trouvent réu-
nies les anomalies et les variations princi-
pales, dans les formes, les dimensions et
la svmétrie. Le même auteur s’est livré à
des recherches analogues au sujet du