L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
C4
L’EXPOSITION DE PARIS
L’ORFÈVRERIE*
Le désintéressement de la foule n’em-
pèchc pas, en effet, nos orfèvres de fabri-
quer à leurs risques et périls des ouvrages
extrêmement coûteux, et, pour la compo-
sition de ces ouvrages, de faire appel aux
artistes les plus distingués de notre temps.
N’est-ce pas, en effet, un véritable chef-
d’œuvre d’exécution magistrale que ce
grand et superbe vase qu’expose M. Fro-
ment-Meurice. Le dessin en a été tracé
par l’architecte Sédille et le statuaire
Allard a fourni les modèles de ses princi-
paux ornements. La forme en es tpuissante,
un peu massive peut-être ; l’ornementa-
tion est robuste; la façon accuse un art
achevé. Cette superbe inutilité a coûté
60,000 francs à l’orfèvre qui l’expose, et
M. Froment-Meurice n’a jamais été bien
convaincu qu’il trouverait un acquéreur.
A côté de ce beau vase, il faut contem-
pler dans, cotte même exposition deux
précieux souvenirs : l’épée de l’amiral
Courbe t prêtée par Ig Musée d’Amiens, et
le surtout en forme de nef exécuté pour
le mariage de la fille du comte de Paris
avec le duc de Bragancc. Cette dernière
pièce, d’une sveltesse charmante et d’un
faire précieux, est portée par des tritons
modelés par M. Chapu. Non loin de là
on aperçoit un Prix de course signé de
M. deSaint-Marceaux, et un broc en argent
repoussé dont le modèle a été fourni par
M. Lechevalier-Chevignard. On voit que
nos orfèvres parisiens ne se contentent pas
d’employer un personnel d’élite; ils ont
recours, quand il est nécessaire, aux pre-
miers dessinateurs et aux premiers sculp-
teurs de noire temps.
Cette collaboration que nous signalons
chez M. Froment-Meurice, se retrouve,
en effet, chez’nombre d’autres orfèvres.
M. Christofle expose, lui aussi, un grand
nombre de Testimoniaux et de Prix
portant des signatures illustres.
Nous voyons, chez lui, le joli groupe
modelé par M. Delaplanche qui fut offert
à M. Dietz-Monnin à la suite de l’Exposi-
tion do 1878. Lo prix du Jockey-Club
do 1879, gagné parle baron de Rothschild
et représentant la Victoire, est l’œuvre
du regretté Carricr-Bellcusc. Le prix du
Jockey-Club de 1886, appartenant àM. le
baron Schickler, a clé exécuté par le sta-
tuaire Mercié. Quantité d’autres prix des-
tinés aux agriculteurs, et distribués pé-
riodiquement par le gouvernement, sont
J œuvre de MM. Falguière, Longepied,
lliolle, Gauthcrin, Coutan. Par les repro-
ductions que nous en donnons, on peut
voir tout l'intérêt qu’offrent ces jolis ou-
vrages. Au point de vue de l’art, les pla-
1. Voir le n» 71.
teaux gravés par M; Roty ne sont pas
moins précieux.
Si des groupes, vases, statuettes donnés
en prix nous passons àl’orfèvrerie de table,
nous apercevons bien vite que la maison
Christofle n’a pas recours à des collabora-
teurs moins remarquables. Elle expose,
en effet, une table à thé à deux étages,
d’une exécution magistrale, composée
par M. Godin et modelée par M. Mallet ;
un service à thé couvert d’arabesques par
M. Levillain; deux services à café signés
par Chéret et Carrier-Belleuse ; enfin, on
trouve encore dans cette exposition tout
un ensemble de surtouts, soupières et
candélabres d’une ampleur superbe, et
qui, même lorsqu’ils ne sont qu’en bronze
argenté, ont pour auteurs des maîtres
connus.
Ajoutons qu’à côté de ces œuvres d’art
si remarquables, MM. Christofle et Cie
nous montrent les modestes ustensiles et
les fameux couverts en nickel argenté qui
constituent le fond de leur commerce, car
leur maison est une des plus importantes
du continent et depuis quarante ans qu’elle
existe, elle n’a pas présenté au contrôle
pour moins de 55 millions de francs
d’argenterie.
A côté de celle grande usine qui sait si
bien se servir de la fabrication courante
pour produire, sans préoccupation de
vente, des œuvres d’art*du meilleur aloi,
il est curieux de placer des artistes comme
les frères Fannière, qui résument en eux
toute leur industrie, inventent leurs mo-
dèles, les dessinent, les façonnent en cire,
les moulent en plâtre, les reprennent au
burin, les fondent et les cisèlent de leurs
propres mains, imprimant à chacun de
leurs ouvrages un accent spécial qui leur
est absolument personnel.
Depuis les plus vastes pièces comme le
beau surtout du Printemps qu’ils viennent
d'achever pour M. Teyssier, jusqu’aux
moindres salières et aux simples bouchons
de carafe, tout ce qu’ils produisent porto
la marque de leur originalité et je puis
dire qu’arrivés au déclin de leur carrière,
ccs deux frères, tendrement unis par une
collaboration de cinquante ans, ignorent
encore les repentirs et les défaillances.
Demandez à prendre en main, l’une
après l’autre, ces œuvres si parfaites de
galbe et d’aplomb et votre émerveillement
sera complet à la vue des moindres détails
rendus avec une ampleur et un fini irré-
prochables. Il fau t constater, en outre, que
de tous nos orfèvres, MM. Fannière sont
ceux qui ont su mettre lo mieux en œuvre
la figure humaine. Leurs compositions les
plus fines n’ont aucune maigreur ; les
corps sont modelés avec une sûreté abso-
lue, les attitudes sont justes, les muscles
semblent tressaillir. On admire dans leur
vitrine de simples saucières ornéeç de tri-
tons dont la forme superbe a la sérénité
d’une œuvre colossale. Des salières, sup-
portées par dé jolies naïades, semblent
être des statues grandes comme nature,
réduites par une sorte de mirage à de
minuscules dimensions.
Avec moins de personnalité, MM. Bapst
et Falize ont aussi produit en orfèvrerie
nombre d’œuvres considérables et d’une
qualité supérieure. Les beaux candélabres
en argent massif qu’ils exposent cette an-
née, de délicates pendules, toutes cou-
vertes de figurines et d’ornements gra-
cieux, leur belle Uranie, en ivoire sculpté,
montée en argent, or et émail, de superbes
surtouts peuvent compter au nombre des
couvres de premier mérite.
Parmi les créateurs il faut encore citer
AI. Vernaz, le gendre de Vechte, l’illustre
ciseleur du règne de Louis-Philippe, qui
exécute en collaboration avec sa femme,
des œuvres en repoussé un peu vieillottes
peut-être, niais d’une délicatesse singu-
lière, et AI. Dufresne de Saint-Léon qui,
émule de Benvenuto Collini, rêve de tra-
duire en d’énormes coupes, en vases gi-
gantesques et en piédestaux superbes les
généreuses suggestions de sa fantaisie
puissante.
Puis, parmi les orfèvres qui, sans se
poser en créateurs, se contentent, de faire
d’admirable argenterie de table et de
toilette, des soupières, des seaux à ra-
fraîchir, des surtouts, etc., il faut citer
MM. Boin-Taburet, Mérite, Boivin, Fray,
Bachelct, Midland, Louis Leroy, Aucoc,
Gserchet, Debain, Têtard, qui exposent
tous des spécimens fort remarquables,
attestant la perfection avec laquelle, en
dépit des difficultés énumérées plus haut,
on continue de fabriquer l’orfèvrerie, ,1e
dirai même que des progrès étonnants
comme forme et comme exécution ont
été réalisés depuis dix ans dans les ou-
vrages les plus vulgaires. Pour les objets
de la plus modeste valeur, l’orfèvrerie en
faux est aujourd’hui pourvue de modèles
relativement excellents. L’exposition de
M. Boulanger en est la preuve.
J’aurais voulu terminer cotte étude par
un coup d’œil jeté sur la production étran-
gère ; mais, pour les mêmes raisons que
tout le monde comprendra, il serait
dangereux, je dirai plus, il serait injuste
de juger cotte production, sur les trop
rares échantillons envoyés des divers
pays qui ont bien voulu répondre à notre
appel. Il est clair que l’Angleterre, à la-
quelle nos orfèvres ont, à differentes
reprises, fait de si nombreux emprunts,
n’a pas la prétention d’ètre exactement
représentée au Champ de Mars par la
Goklsmiths’ and Silversmiths’Conipajiy do
Regent Street etparlaGoldsmiths’Alliance