L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
252
L’EXPOSITION DE PARIS
de cheminée, à l’aide de laquelle on ar-
rive jusqu’au phare tricolore. On peut se
rendre parfaitement compte du jeu de l’ap-
pareil en face duquel on se trouve alors.
On n’a qu’à visiter la Galerie des Machines,
où la maison Sauter-Lemonnier illumine
chaque soir un appareil analogue, avec
un courant d’une énergie peul-ètre plus
grande encore. Les changements de teinte
et la pénétration du faisceau qui jaillit au
loin, ont donné lieu à des observations
sans nombre età des dissertations intaris-
sables. Que de gens, oubliant le précepte
ùc ia sagesse, qui dit qu’on ne dispute
point les couleurs, se sont pris de que-
relie pour savoir si la troi-
sième couleur ne s’appro-
chait pas trop de celle qui
se trouve près de la hampe
du drapeau de la monarchie
italienne? Des paris ont été
engagés pour connaître les
limites exactes do l’air illu-
miné par un ciel serein.
Sans les changemonts pé-
riodiques qu’ils éprouvent,
que de fois les feux du
grand phare eussent été
confondus avec ceux des
lointaines étoiles qui déco-
rent Ja voûte céleste.
On franchit le phare à
T aide d’une échelle qu’on
ne peut évidemment laisser
en place pendant la nuit,
à cause des ombres qu’elle
projetterait dans l’espace,
et qui, par conséquent, a été
rendue mobile.
Si l’on veut continuer la
route, il faut rentrer une
seconde fois dans le tube,
par lequel on arrive à la
dernière plate-forme, la
cinquième.
Comme l’on peut s’en
assurer, en l’inspectant du
bas de la Tour, avec une
lunette, cette plate-forme est si com-
plètement garnie d’une multitude d’in-
struments, que doux ou trois hommes
ont de la peine à s’y mouvoir. La place
est si bien utilisée par des automates
qiu l’être intelligent doit s’y faire petit,
humble.
On a cru devoir la protéger contre la
foudre, à l’aide de la tige d’un paraton-
nerre, qui a déjà donné lieu à bien des
débats scientifiques montrant la difficulté
avec laquelle les notions les plus simples
se popularisent.
Lorsque la Tour a été ouverte, une
multitude d’écrivains, habitués à parler
avec assurance de tout ce qu’ils ignoreph
ont annoncé à cor et à cri, qu’on devait
avant tout protéger la Tour contre la fou-
dre ! Des savants se sont imaginés que le
danger était si grand qu’il fallait établir
par-dessus le marché un système d’aver-
tissements, pour faire évacuer la Tour en
temps d’orage. D’autres n’ont eu de repos
que quand le fameux paratonnerre a été
garni d’une sorte de hérisson revêtu de
pointes de fer!
Au milieu de toutes ces assertions con-
traires aux assertions de Franklin, aux
saines traditions de la vraie physique
expérimentale, Jupiter a décoché quel-
ques-uns de ses carreaux.
Les roulements de la foudre ont semé la
Vue intérieure du Pavillon espagnol des produits alimentaires.
terreur dans tout le quartier de Grenelle,
et sur les coteaux de Passy. Nous avons
pu constater à plusieurs reprises les traces
évidentes du passage du fluide, sur des
arbres et sur des murailles, mais il est
malaisé de savoir si le monument qui
élève sa tète orgueilleuse jusque dans le
sein du nuage a été frappé. La seule chose
que l’on peut dire, c’est qu’il ne porte pas
la moindre cicatrice. Des milliers d’indi-
vidus qui l’habitaient aucun n’a reçu de
véritable secousse;, à peine si le gardien
du phare a vu voltiger quelques-unes de
ces étincelles légères, vacillantes, problé-
matiques, que les anciens Romains dési-
gnaient sous le nom Oignis fatuus.
Des pessimistes prétendaient que les
torrents d’électricité naturelle soutirés
par la Tour et dirigés dans les eaux de la
Seine, les rendraient inhabitables, quenos
poissons foudroyés viendraient tous le
ventre en l’air flotter à la surface. Jamais
au Bas-Meudon, àSaint-Ouen, à Asnières,
on n’a péché d'aussi frétillantes fritures,
et les saumons de la Californie élevés
dans les piscines du Trocadéro se sont
développés avec un succès, de nature, à
confondre tous ces prophètes de malheur,
tous ces physiciens séduits par les so-
phismes de la physique anglo-germani-
que.
Par condescendance pour des erreurs
manifestes, ils se sont pri-
vés de la, gloire de procéder
à des déterminations très
curieuses, très utiles, in-
dispensables au progrès de
la science. L’année du cen-
tenaire ne sera célèbre que
par la constatation officielle.
Leur nom ne sera attaché à
celui de la Tour que comme
celui de Zolle est popula-
risé par celui d’Homère.
L’étude systématique de
l’électricité atmosphérique
ne commencera donc que
du jour où l’on aura dé-
barrassé la cinquième plate-
forme de là tige que l’on a
si maladroitement plantée
au milieu de l’obsei'vatoire.
A moins qu’on ne la sur-
monte d’une tige encore
plus haute, dominant celle
qui existe, et mise en rap-
port avec un collecteur.
Heureusement, malgré
toute son importance, l’é-
lectricité atmosphérique est
bien loin à elle seule de
constituer toute la météo-
rologie. Même en laissant
de côté le potentiel de l’air,
il reste encore à faire une
multitude de déterminations intéres-
santes. On a le plus immense intérêt à
connaître la vitesse du vent, sa direction,
la température qùi règne, le degré de
la chaleur qu’apportent les rayons so-
laires, etc.
Là-haut, l’observateur est presque com-
plètement détaché delà terre; les vibra-
tions de la Tour lo bercent à peu près
comme s’il était à bord d’un navire, et
beaucoup plus à coup sûr que s’il était
dans une nacelle, fl voit naître et mourir
le jour avec une puissance et un éclat in-
comparables. Il assiste, positivement,
comme s’il y prenait une part active,
passionnée, à la lutte de la lumière et des
ténèbres, aux combats des rayons et des