ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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——7 L’EXPOSITION DE PARTS 258 L’ART A L’EXPOSITION L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DU TROGADÉRO . C’est une très curieuse synthèse des arts somptuaires en France depuis le moyen âge jusqu’à la Révolution. La pièce; est en trois actes et quaire tableaux — une vraie féerie. Les deux premiers tableaux sont consacrés au roman et au gothique. Le second acte appartient au seizième siècle, et le troisième, qui forme le dénouement, à celte charmante période des dix-septième et dix-huitième siècles. Nous sommes d’abord sous les Méro- vingiens et sous les Carlovingiens. Les émaux champlevés abondent : c’est l’or- fèvrenie de l’époque. Les vieilles écoles de Limoges et de Verdun triomphent avec leurs procédés d’émaillerie emprun- tés à Byzance et qui ont traversé les siècle^ sans s’altérer. Voici, tout d’abord, sur une grande plaque d’émail champlevé du douzième siècle où dominent les couTcurs bleue et verte, Geoffroy Plantagenet dans le cos- tume qu’il portait, au dire des. chroni- queurs, le jour de son mariage. Le comte d’Anjou a les cheveux et la barbe d’un blond roux. Son manteau fourré de menu vitir a été rejeté sur ses épaules. Sa main droite lient un glaive levé. Le bras gauche est recouvert d’une (arge où passent des léopards. Par sa raideur com- passée, Plantagenet rappelle les Sésoslris gravés sur pierre de l’ancienne Egypte. Le plus curieux des reliquaires a été envoyé par l’église de Conques, une petite paroiäße du Tarn, à quelques lieues de Rodez: C’est une châsse à peu près carrée qui dale du neuvième siècle. Elle est re- couverte de feuilles d’or placées sur des ais et repoussées au marteau. Sur le devant, le Christ est étendu sur la croix entre la Vierge et Marie-Magdeleine. Au- dessus d’eux brillent le soleil et la lune, tandis qu’aulour court une broderie légère de filigranes parsemés de petits cabo- chons et de ces pierres gravées qui se trouvaient en abondance dans les Gaules après le passage de la civilisation ro- maine. C’est toujours du môme trésor, l’un des plus riches de France, qui a failli être détruit en 93, que viennent Lanterne de saint Vincent et l’J. dit de Charle- magne, un simple triangle sans barre orné de nombreux cabochons sur les montants et d’une grosse loupe ronde en cristal de roche placée au sommet comme un diadème. La tradition raconte que Charlemagne avait distribué des lettres à ses principales abbayes en suivant l’ordre de ses préfé- rences. Conques eut la première de l’al- phabet, ce qui lui servit souvent à imposer sa suprématie dans la région et surtout à écraser sa rivale d.e Figeac qu’elle n’ai- mait guère. Giterai-je les peignes liturgiques en ivoire, une des curiosités symboliques de noire histoire religieuse ? Avant de mon- ter à l’autel pour dire leur messe, les évêques prenaient un peigne et le pas- saient à travers leurs longues chevelures, comme une image de la propreté. 11 y a doux de ces spécimens fort rares. L’un fort ancien, usé par l’âge et non par le service, n’a plus toutes ses dents. L’autre, datant du neuvième siècle, porte au milieu deux lions affrontés dans un cintre roman. C’est le peigne de saint Loup, conservé à ia cathédrale de Sens, et auquel on attribuait la vertu de guérir la gale. Autres objets ecclésiastiques en ivoire : les Tau, symbole de la juridiction épis- copale et abbatiale que les évêques et les abbés portèrent longtemps au lieu de crosse et que l’on prétend avoir été in- ventés par Thollon, le savant élève de saint Éloi. Celui du musée de Chartres servait de marque distinctive au onzième siècle à un abbé de Coulombs. Il est très fruste, avec une tète au milieu, et rappelle une béquille de canne de notre époque. Un autre, au musée de hi Seine-Infe- rieure, formé d’enroulements et de feuil- lages, est plus décoratif. Les vitrines de la seconde salle conti- nuent à nous présenter surtout l’histoire de l’art gothique. Déjà apparaissent les émaux translu- cides sur relief qui furenlle perfectionne- ment de l’émail champlevé. Admirables, ces émaux, qui ressemblent à de fines ciselures vues à travers une eau colorée. Lorsque l’or et l’argent devinrent moins rares, on s’en servit en plaques minces pour remplacer le cuivre. Aux tons lai- teux succédèrent alors les transparents. Le quatorzième siècle commença ce nou- vel art qui dura jusqu’au seizième siècle, où il eut son apogée avec Benvenuto Cel- lini. On peut étudier de près ce curieux travail en examinant dans la vitrine cen- trale une petite plaque ronde en argent prêtée par le musée de Saint-Lô et pré- parée au quatorzième siècle, pour recevoir l’émail translucide. Des guerriers sont ciselés sur cette plaque avec un relief qui ne dépasse pas quelques millimètres. Tout est à citer dans cette salle, où l’orfèvrerie forme un ensemble éblouis- sant. Bornons-nous à parler de l’Évangé- liaire de Charlemagne, que possédait autrefois Sion, le grand reliquaire aux armes d’Aragon et de Naples, la châsse de saint Nicolas d’Amiens, l'ostensoir du quinzième siècle du séminaire d’Yvetot, el les deux bustes en argent du quin- zième siècle, représentant probablement Ferdinand et Isabelle d’Aragon. Si nous passons de l’orfèvrerie à la di- nanderie, art populaire par l’originalité des ouvriers qui l’ont créé, la description devient bien difficile. Il faut voir ce que les collectionneurs ont accumulé de sou- venirs de celte chaudronnerie du moven âge née, dit-on, à Dinant-sur-Meuse : biberons, coquemars, bedasnes, mor- tiers, chandeliers aux formes étranges, aux sujets plus étranges encore, comme cette aquamanile qui représente, d’après le Lai d'Aristote, le philosophe morose dompté parla maîtresse d’Alexandre qu’il porte humblement en croupe sur le dos. Devant l’arinoire où M. Aimé Desmottes a réuni les meilleures statuettes de son musée de la place Royale, la foule sta- tionne longuement pour regarder les saintes en extase, les vierges inclinées sur la hanche et les groupes de person- nages reproduisant des scènes dcFAncien Testament. Ils étaient artistes, non par l’instruction, mais par l’âme, ccs vieux tailleurs d’images ! Leur dessin n’est pas toujours correct, mais quel sentiment profond dans les altitudes! Ali! la belle époque, où les ouvriers des cathédrales gothiques montés sur leurs échafaudages attaquaient la pierre suivant les caprices de leurs ciseaux cl produisaient des chefs-d’œuvre de vérité cl d’expression — jamais les mêmes, comme vous pouvez en juger par la façade de Paris et par celles de Reims. Notre-Dame Bourges et de de cet consacrée à La troisième salle est art merveilleux de la Renaissance où la fusion se fit entre l’art antique et l’art chrétien. Parlons d’abord des bois. C’est l’admi- rable table à éventail du musée de Com- pïègne que nous saluerons en premier. D’une belle patine blonde, clic a des cou- leurs exquises; ses tablettes sont suppor- tées par des chimères dont les seins rudes pointent en avant. Le grand dressoir de M. Chabrière Arlès, provenant de la vente Sennegond, est d’une crâne sculpture, mais d'une forme plus originale qu’élégante avec scs monstres féminins à longs cols servant de corbeaux pour soutenir le coffre aux panneaux sculptés d’arabesques et de chimères affrontées.