L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
§
01
vaste. Il du porche de l’église do
Saint-Gilles à la voûte du gros Horloge
de Rouen et se prolonge dans une galerie
dont la commission des monuments his-
toriques a disposé pour sou exposition
particulière.
Deux sphinx surveillent l’entrée de
celle salle (sphinx en terre cuite, enten-
dons-nous). Ce ne sont pas les profils
sévères de Père égyptienne ; mais des
(êtes de femmes sur des corps de lévriers
drapés dans desmantes Louis XV.Un lapis
frangé leur couvre le dos. Ces emblèmes
charmants du règne du plaisir semblent
vous sourire sous leurs perruques rele-
vées, où l’on sent la présence de la poudre.
Les meubles clairs, pimpants, frivoles,
qui parlent aux sens, abondent signés en
plein bois par les meilleurs faiseurs du
temps : commodes ventrues, consoles
l’ocailles, encoignures en bois des îles,
régulateurs couverts en bronze doré,
sièges en tapisseries de Beauvais, avec des
bergerades et des fables de La Fontaine
comme sujets ; et, parmi les plus gra-
cieux produits de celle époque, la vitrine
d’applique en acajou surmontée des
armes de France, à M. Stettiner, et le
petit bureau de dame à tambour, à des-
sin chinois, qui jette dans cel ensemble
une note fort gaie. Bien-coquet ce petit
meuble en bois des îles, avec dessus de
laque blanche, et qui n’a jamais subi
l’injure d’une restauration.
Nous irons maintenant voiries faïences
que M. du Sartel a classées avec art.
Sceaux a des jardinières 011 camaïeu
rose ; Moustiers, si bien étudié réceininenl
par M. Eugène Fougue, exhibe un plat
ovale sur lequel une Chasse àl’oui sd’après
Tempesta a été peinte par Gaspard Vii’y;
Nevers offre des buires bleues qu’on
dirait persanes et une grande vasque
verte soutenue par de grosses pattes
d’aigle ; Rouen montre des sucriers dont
la panse porte une ceinture jaune et pre-
sente, de celte époque appelée Xapogée,
un plateau où s’enlève, sur un fond brun,
une ronde d’enfants en camaïeu bleu.
Pourrions-nous oublier la porcelaine, à
l’époque où elle fut la reine de la céra-
mique par le succès de la pâte tendre et
par le goût exceptionnel de ses décora-
teurs? Après les beaux échantillons de
Saint-Cloud, de Chantilly et de Mennecy-
Villeroy, c’est Sèvres qui prend et retient
toute la place. Quelles fragiles et élé-
gantes fantaisies, ces tasses mignonnettes
réunies par Mme Breno ! Quel joli dessin
sur ces assiettes au chiffre de M1"1 Du-
barry, écrit en fleurettes ! Quels modèles
de goût, ces trois jardinières a éventail,
avec leurs bordures vertes, du baron
Gustave de Rothschild ! Et surtout quel
admirable profil, ce vase rose ajouré de
M. Edmond Bonnaffé s’est fait repré-
senter par le plus délicieux des modèles :
un panneau avec une nymphe couchée de
l’École de Jean Goujon. M. Foule expose
son Parnasse, un vrai poème, dont la
patine brune est tellement belle que l’on
dirait du bronze ciselé.
Ici, l’art religieux s’affirme de nouveau
avec deux reliquaires de premier ordre.
Le premier, celui <1g sainte Ursule, lui
donné en 1574, à son avènement, par
Henri III à la cathédrale de Reims. C’est
un navire émaillé, complètement gréé,
sur le pont duquel se tiennent onze da-
moisellcs autour de sainte Ursule, recon-
naissable à son vêtement d’hermine.' Ce
groupe personnifie la légende des onze
mille vierges, comme l’indique une in-
scription : De sainct Ursulle et des
XI mil vierges. Le second reliquaire, la
Résurrection, date de la fin du quinzième
siècle. Henri II le prit dans le trésor des
rois de France pour l’offrir comme eœ-
voto à la cathédrale d’Amiens, non sans
l’avoir au préalable orné de son chiffre et
de celui de sa Diane bien-aimée.
La céramique n’est pas moins éton-
nante. Le baron Alphonse de Rothschild,
Mrae d’Yvon et M. Spitzer ont envoyé
neuf pièces de cette merveilleuse faïence
aus nielles étonnantes qui est le paran-
gon de tous les grands collectionneurs et
qu’on appelait d’abord la faïence Henri II.
Tous les amateurs savent (pie feu Benja-
min Fillon avait fait ensuite adopter le
nom de faïence d’Oiron, croyant avoir
trouvé le véritable lieu de sa fabrication.
M. Bonnaffé vient de réduire cette attribu-
tion à néant en prouvant que l’immorlel
aiUisle inconnu travaillait à Saint-Por-
chaire.
Tant d’objets sollicitent notre attention
qu’il faut hâter noire marche, et nous
borner à mentionner les rustiques figu-
linés de Palissy, ses plats à reptiles et ;*
personnages ; puis la Nourrice et le
Vieilleur de ses continuateurs d’Avon;
les instruments de chirurgie incrustés
d’or; les cuirs ciselés, gravés, dorés au
petit feu; les médailles de Dupré ; les re-
liures aux armes des rois de France de
M. Morgand; les deux bustes en terre
cuite, Jeanne la Folle et Philippe le
Beau, àM. Gustave Dreyfus; les émaux
de Limoges de M. Charles Mannheim ; le
pourpoint de Charles IX du musée de
Chartres et toutes les broderies sorties
de l’aiguille des chasubliers de la Renais-
sance qui continuent l’histoire des orne-
ments sacerdotaux commencée dans les
salles précédentes.
Franchissons encore un portail. Nous
sommes dans la salle des dix-septième et
dix-huitième siècles. Là, le champ est
M. Grandjean ! Il n’y a rien de plus
parfait dans le genre.
De quelque côté que l’on se retourne,
cet art séducteur des règnes de Louis XV
et Louis XVI vous enveloppe c( vous
séduit. Ce sont les bustes, les éventails,
les épées de cour, le Louis XIV équestre,
en acier, de Girardon à M. Doistau; le
vase à godrons en marbre noir du comte
Pillel-Will ; la Vierge en argent repoussé
de Al. Dongé ; les dessins de M. Jossé, les
miniatures de M. le marquis de Tliuisy ;
les étuis à cire et en or de M. Kann; les
portesà deux vantaux deM. Robin Gogué;
les céladons montés de M. Spitzer; les
pendules gracieuses de MM. Vail, Stelli-
ner et Charles Mannheim.
Je vous le dis en vérité, c’est un éblouis-
sement pour les yeux, une fête pour 1 es-
prit, un enchantement pour le goût, que
cette Exposition du Trocadéro. Si. vous
aimez les arts, vous sortirez de celle
galerie de Passy complètement hypno-
tisé.
Paul Eudel.
LE PAVILLON ESPAGNOL
DES PRODUITS ALIMENTAIRES
(Vue de la façade sur les Invalides.)
Après avoir reproduit la façade principale 1 et
les salles intérieures 2 du pavillon où l’Espagne
a exposé scs produits alimentaires, nous
donnons aujourd’hui une vue de la façade du
même monument, qui regarde la place des
Invalides.
Dans la muraille s’ouvrent, au premier étage,
six grandes fenêtres blanches à vitraux, ai list i-
quement sculptées, surmontées de faïences de
Manise, où sont peints des animaux fantasti-
ques. Au-dessous, de larges carreaux vernissés
représentent des génies, en costume moyen âge,
agenouillés et soutenant des écussons.
Un double escalier de marbre, blanc, rose et
griotte, — échantillons des produits de Ilelva,
relie par 17 marches le rez-de-chaussée en
contrebas elles tourelles cl angle.
Au centre, une superbe porte mauresque, en
briques rouges, à ferrures anciennes, et divisée
en deux parties, interrompt le cordon de croi-
sillons qui donnent de la lumière à l’étage infé-
rieur, dont les inscriptions suivantes indiquent
Ici destination : < Viiios ® Productos ulitrißii“
ticios ».
Au-dessus de la porte, comme au-dessus de
celles des tourelles, une fresque représente, sur
fond jaune, l’aigle à double tête, ailes déployées,
et supportant l’écusson de Tolède. Dans la par-
tie supérieure, des tours et des lions en relief,
alternés, forment une gracieuse mosaïque.
Le mur de la façade est couronné par une
galerie à jour, qui se continue sur les tourelles,
et se termine par deux lions soutenant la tour
héraldique.
La façade antérieure de chacune des tou-
relles est divisée en trois panneaux par deux,
élégantes colonnettes, ornées de dauphins et
I
1. Voir le n” 52.
â. Voir le n° 43.