L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
L’ftRT fl L’EXPOSITION
LE MARBRE
C’est assurément une des matières les
plus magnifiques et les plus somptueuses
qu’on puisse employer dans la décoration.
Par sa dureté naturelle, par son beau
poli, par la netteté de ses profils, par la
variété do ses couleurs, par l’éclat que
lui a valu son nom, il est digne de figurer
à une place d’honneur dans nos habitations
et d’ètro compris parmi les matériaux
précieux auxquels l’artiste réserve ses
jlistes préférences.
Les plus belles statues et les vases les
plus riches sont, en effet, sculptés enmar-
bre. E.i outre, employé comme pavement
ou comme revêtement de muraille, il
communique aux pièces qu’il sert à ha-
biller un caractère particulier de somp-
tuosité et de grandeur. C’cstà lui presque
exclusivement que nos architectes ont
recours pour la confection de nos chemi-
nées; enfin il s’allie avec bonheur aux
métaux pour former des objets d’art à la
fois brillants et riches.
Certes, voilà bien des qualités variées
et précieuses, bien des privilèges qui no
sont pas à dédaigner. Et cependant, le
marbre, qui avait été fort en honneur
dans F Antiquité, et qui mémo avait été
employé par grandes masses, au point
qu’on en construisit des palais entiers et
des temples, le marbre, disons-nous, est
d’un usage relativement moderne.
Durant tout le moyen âge, les archi-
tectes et les sculpteurs n'eurent guère
recours à lui. « Cette matière dure et
longueàtravailler, écritM. Viollet-le-Duc,
ne pouvait convenir à des artistes qui n’a-
vaient pas les ressources suffisantes pour
mener à bonne fin des ouvrages de cetto
nature. » A cette première raison, il faut
ajouter la difficulté des transports, l’incer-
titude des routes, l’espèce de blocus dans
lequel vivaient los constructeurs à ces
époques troublées, et surtout l’habitude
qu’avaient les statuaires de peindre et de
dorer leurs ouvrages, habitude qui les
détournait d’employer pour leurs statues
une matière rare, rebelle au ciseau, et
d’un prix considérable.
C’est seulement à l'époque de la Re-
naissance que l’usage du marbre com-
mença à se généraliser chez nous. Les
guerres d’Italie y aidèrent d’une façon
singulière. La vue des palais qui, depuis
Gènes jusqu’à Naples, peuplaient la Pé-
ninsule, éveilla chez les seigneurs fran-
çais des idéesde luxe jusque-là inconnues.
Un grand nombre d’entre eux rappor-
tèrent en France des vases, des bustes.
Les plus riches, pour orner leurs châ-
teaux, so firent expédier des fontaines,
des èheminées et des statues. Un siècle
plus tard, il n’était pas d’intérieur un peu
riche où l’on ne trouvât des tables de
marbre, et dans les palais royaux on cou-
vrait les murailles de revêtements et le
sol de pavements, rappelant par leur
somptuosité les palais de la Péninsule.
Mais c’est surtout sens le règne do
Louis XIV que l’importation et la consom-
matioiidumarbre se développèrent. C’cstà
celte époque également que la profession
do marbrier, qui jusque-là avait été confon-
<1 ne avec cello des sculpleurs e t des tailleurs
de pierre, acheva do se dégager et de
prendre rang parmi les professions en
honneur. L’on a retenu les noms d’un
certain nombre de ces artistes industriels :
ceux de Pli. BuistcrquifournitIcscolonnes
du Val-de-Grâce, de Pasquier qui travailla
au Louvre, à Versailles et à Trianon, de
Pierre Mesnard qui fut occupé au Palais-
Royal et à Saint-Germain, do du Chesnoy,
fournisseur du prince de Conti, et encore
de quelques autres.
Un chiffre, au surplus, fera juger de la
consommation desmarbres àcette époque.
De l’année 1672 à 1680, durant une pé-
riode de neuf années, les fournitures,
pour Versailles seulement, montèrent à
la somme respectable de 738,094 li-
vres 18 s. Quelques années plus tard, le
commerce de cette belle matière avait
pris un toi développement que le duc
d’Antin, alors Directeur général des bâti
ments, n’hésita pas àse faire le pourvoyeur
attitré des marbriers de la capitale et c’est
de là qu’est venu le nom de marbre
d’Antin que portent encore aujourd’hui
certaines sortes de marbres demeurés en
usage.
Depuis lors, la consommation de ces
matériaux précieux à tant d’égards n’a pas
cessé d’aller en augmentant. De nom-
breuses carrières ont été livrées à l’exploi-
tation. La sûreté et la facilité des commu-
nications ont permis d’amener des pays
les plus lointains des quantités d’espèces,
sinon nouvelles, du moins singulièrement
variées. Le commerce des marbres à Paris
seul se chiffre par millions; et il n’est
presque pas de maison, si modeste qu’elle
soit, où Ton ne trouve au moins des che-
minées on marbre^
S’il fallait juger, toutefois, de ce déve-
loppement extraordinaire par l’Exposition
de celle année, on risquerait quelcpjo
mécompte. Les maisons importantes re-
présentées au Champ de Mars par des
expositions intéressantes sont en nombre
extrêmement restreint. La classe 18, dans
laquelle sont compris les marbres mis en
œuvre, ne compte pas plus de cinq à six
maisons parisiennes, auxquelles il con-
vient d’ajouter une maison marseillaise. I
Les marbriers de la capitale qui ont
exposé dans la classe 18 sont : MM. Par-
fonry, Loichemolle , Drouet-Langlois,
Gruot etBenezech; la maison marseillaise
est celle de AI. Cantini.
Cette dernière est, au point de vue de
la variété et de la beauté des produits
soumis à notre jugement, de beaucoup la
première; et cette supériorité s’explique
par sa situation tout exceptionnelle.
Etablis depuis près d’un siècle dans
notre grand port de mer méditerranéen,
les Cantini ont su intéresser un grand
nombre de capitaines et d’armateurs au
sucées do leur entreprise. Grâce à ces in-
termédiaires, leur nom est connu presque
dans les moindres bourgades do la côte
italienne, de l’Afrique et du Levant. Dès
qu’on découvre en ces pays lointains un
fragment important de marbre antique ou
un bloc de qualité exceptionnelle, c’est
aux Cantini que l’on pense, et c’est à leur
maison qu’on s’adresse. N’hésitant pas à
payer ces raretés le prix qu’elles valent,
il n’est pas étonnant qu’ils soient les
marbriers les mieux assortis de l’Europe,
Sous co rapport, leur exposition, qui
occupe une place d’honneur dans la
Galerie do trente mètres, ressemble à une
admirable carte d’échantillons des sortes
les plus belles et les moins communes.
Dans une curieuse balustrade à mollet,
ils ont réuni tout un assortiment des mar-
bres anciens et modernes les plus recher-
chés. Sur une colonne on cipolin, d’une
rareté extrême, ils ont placé un vase en
rougo antique do la plus fine qualité; un
baptistère on marbre onyx et une coupe
en onyx jaunâtre, do la teinte la plus
riche, montrent qu'ils possèdent de ce
marbre précieux des spécimens variés,
et une superbe Minerve polychrome rap-
pelle, sinon par l’exécution, du moins
par l’éclat do la matière les ouvrages
antiques les plus estimés.
Inutile d’ajouter que pour les grands
travaux de marbrerie, MM. Cantini peu-
vent mettre à la disposition des archi-
tectes tous nos marbres continentaux si
variés, si magnifiques parfois, et trop pou
employés dans la décoration de nos
demeures.
N’est-il pas curieux que dans les con-
trées du Nord qui ne possèdent pas de
carrières de marbre ou qui sont loin des
pays d’extraction, en Hollande, en Angle-
terre, en Danemark, on emploie le mar-
bre et surtout le marbre blanc par grandes
surfaces, qu’on en couvre les murailles et
le sol, et que chez nous on n’en fasse
guère usage que pour les cheminées, les
tables do restaurant, les lavabos et tables
de toilette, les dessus de commode, etc. ?
Pourtant, que de beaux marbres nous
pourrions mettre en œuvre! Le campan