L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
urnes, etc., chez MM. Denière, Barbe-
diennO, Dasson, Raingho Ireres, Viiran-
goz, et chez d’autres encore. Mais le
marbre ici est un peu trop considéré
comme l’accessoire, et les bronzes récla-
ment prcs(|uc exclusivement 1 attention
des amateurs.
Constatation fâcheuse, le marbre, mai-
grement représenté chez nous, est encore
plus mal traité dans les sections étran-
gères. La Russie expose do fort curieux
spécimens d’arbres agatisés; de Belgique,
la maison Puissant frères a envoyé des
plaques fort belles en griotte de Flandre,
Sainte-Anne, rouge fleuri, etc. ; 1 Angle-
terre expose quelques cheminées exécu-
tées par MM. Yates Ilaywoods and C°; la
Grèce a envoyé quelques spécimens de
ses antiques carrières. Enfin, lu section
italienne est encombrée do statuettes et
de bustes : sauf cela, je n’ai rien rencon-
tré qui ait attiré mon attention d’une
façon particulière.
Encore, pour l’Italie, le débordement
d’amours pleurnicheurs, de Savoyards
quémandeurs, de nègres musiciens, de
petits pécheurs désappointés, de bébés
hilarants, de fillettes soufflant dos bulles
de savon ou de mioches contemplant
leurs traits mal formés dans de vrais
miroirs, est-il particulièrement péni-
ble. Et l’on sc prend à regretter que les
frères Lapiui, les sieurs Andreoni, Fer-
nando Vichi, Antonio Frili, Romanelli et
Merlini, qui ont lait undéballagô extraor-
dinairement copieux de ces jolies choses,
aient cru devoir employer une matière,
relativement précieuse à un usage aussi
peu artistique.
IIemiy IIavaiid.
mélangé, le vert çampan, la griotte
coqnilléc, l’escalet bariolé, le villelïanche
violet et le sarancolin si décoratif, et les
autres marbres que l’on trouve dans les
Pyrénées; le marbre onyx qui abonde en
Algérie; le levento, lelanguedocque, sur-
tout le blanc veiné, dont nous possédons
sur divers points des carrières impor-
tantes; et, indépendamment des griottes
et du bleu fleuri que nous fournit l’Italie,
que de sortes encore inconnues sc cachent
dans les massifs inexplorés des Alpes et
de la Corse !
Mais l’usage n’est pas d’employer le
marbre dans los constructions do luxe,
même dans les plus coûteuses, et rien
n’est tyrannique comme l’usage. On so
contente de stuc et c’est ce qui explique
comment la plupart des maisons dont
nous transcrivons ici les noms n’exposent
guère (lue des cheminées.
Quelques-unes de ces cheminées sont
fort belles comme matière et comme
façons. Chez M. Parfonry on en remarque
une, en sarancolin des plus décoratives.
M. Loichemolle a envoyé une cheminée
Renaissance en marbre blanc d’un dessin
sobre et distingué. M. Drouet-Langlois
nous offre, outre trois petites cheminées
d’appartement en griotte, blèu turquin et
marbre blanc, d’une facture soignée, une
cheminée monumentale eu rouge royal
un peu lourde, mais dont le dessin ne
manque pas d'ampleur. Chez M. Benezcch
ce sont les brèches qui triomphent, et
chezM. Gruot nous avons relevé la pré-
sence d’une cheminée bleu turquin, avec
application do bronzes d’un agréable
modèle, et d’autres en rouge royal et en
sarancolin d’une belle qualité.
En outre do ces belles cheminées, il
nous faut citer le superbe vase à tète de.
gorgone, dessiné par M. Sédille, et l’a-
gréable fontaine en brèche de Tunisie,
envoyés parM. Parfonry; la belle colonne
de grand antique, exposée par M. Bcne-
zech, les demi-colonnes, les balustrades
et les vases de MM. Drouet et Loiche-
molle.
Est-ce tout ce que le Champ do Mars
renferme do remarquable on fait de
marbre? Certainement non. Si nous cher-
chons en dehors de la classe 18, relative
à la décoration, nous trouverons dans
la classe 41, qui comprend les mines et la
métallurgie, un échantillonnage très com-
plet do nos marbres pyrénéens : griotte
coquillée, escalct bariolé, sarancolin, ville-
franche violet, etc., exposé par MM. Ja-
cob lloltzer et Ci0. Dans les jardins on
remarque également un pavillon construit
en marbres variés de la vallée d’Ossau
(Basses-Pyrénées). Enfin, en cherchant
bien, on pourrait encore relever de fort
beaux échantillons de vases.
coupes, । main
*
LES AÎSSAOUAS
avait eu lieu la fracture, — déjà guérie d ail-
leurs, — on voyait une grosse touffe de che-
veux blancs. Aïssa dit au juif : « Vois! pour
accomplir ta promesse, je suis monté jusqu’au
quatrième ciel, vers l’ange qui lient dans ses
mains les pluies fécondantes ; je lui ai demandé
de l’eau, il a refusé; nous nous sommes battus;
dans la lutte, il m’a cassé le bras; mais je l’ai
terrassé et contraint à exaucer mon vœu. Va
donc par toute la ville, raconte ma victoire et
annonce que demain la pluie tombera : que cha-
cun répare ses maisons et visite ses terrasses,
car Fondée sera terrible.
Le lendemain, la pluie tomba si abondante
que ceux qui, par incrédulité, n’avaient point
suivi le conseil du marabout, virent leurs mai-
sons inondées ou détruites : Aïssa avait dis-
paru ; mais depuis cette époque, parmi ses des-
cendants directs, qui portent lenom d'Aïssaouas
ou Sidna-Aisser, naît, tous les siècles, un en-
fant marqué au bras droit, comme son aïeul,
d’une touffe de cheveux blancs.
Les Aïssaouas ont à Fez un vaste sanctuaire
qui est en quelque sorte la maison centrale de
la communauté; vers le mois de juillet, ils se
rendent, chaque année, dans la province de
Sousse, pour y faire leurs provisions de scor-
pions et do serpents, et se répandent ensuite
dans toute l’Algérie. Quelques-uns sont venus à
l’Exposition, et depuis trois mois, au concert
algérien de l’Esplanade des Invalides, ils se li-
vrent, devant lu foule cbuliic, à leurs excicices
favoris.
Ils sont là cinq hommes robustes et bronzés,
vêtus d’une chemise flottante, serrée à la taille
par un cordon : avec une ardeur toute reli-
gieuse, ils frappent à coups redoubles sur
d’énormes tambours de basque et sur des tara-
bouks retentissants, et la cacophonie va en aug-
mentant jusqu’au moment où ils supposent que
le dieu les a écoutés et que leurs sacrifices lui
seront agréables. Un profond silence règne
alors dans la salle. L’un des initiés s’approche
d’un réchaud de charbon placé aux pieds du
« maître » et respire avec volupté les gaz qui
s’en dégagent. 11 lève les yeux au ciel, s’accrou-
pit, se relève, imprime à sa tète un mouve-
ment de rotation vertigineuse, saute, rugit,
parcourt lascètte en hurlant comme un fauve...
il est prêt.
Alors il se précipite aux pieds du chef, le sup-
plie de lui donner la boîte où sont enfermés les
scorpions... on lui remet l’objet de sa convoi-
tise : l’Aïssaoua rayonne, il saisit la boîte dans
ses doigts, la tourne, la retourne en riant de
bonheur. Puis il en tire un scorpion, horrible
bête jaunâtre à queue hérissée: il le met sur ses
bras, sur son cou, le suspend à ses lèvres, et
tout à coup, d’un brusque mouvement de go-
sier, l’avale...
C’est curieux, émouvant même, mais peu ra-
goûtant. Et les exercices se succèdent, étranges,
troublants, presque horribles : l’un se perce la
joue d’une tige d’acier; l’autre, à l’aide d’une
vrille, fait sortir son œil de l’orbite ; un troi-
sième se fait un collier d’une couple de vi-
pères, et mord à belles dents, avec un air de
gourmand satisfait, leur corps froid qui se tor-
tille et s’enroule.
Les scorpions se font rares, à la longue, et
puis en voyage, n’est-ce pas, on mange ce qu on
trouve, et l’on ne doit pas se montrer difficile.
El une fois le tour terminé, vous voyez ces
braves gens reprendre tranquillement leurs
places, très calmes, souriant modestement des
mines effarées de l’assistance, et ne paraissant
pas autrement troublés à l’idée de digérer 1 hor-
Les Parisiens, qui crient à la soif lorsque
leurs édiles, dans un but d’économie, substi-
tuent pour une demi-journée l’eau de la rivière
à celle de la Vanne ou de la Dhuys, feraient
sans nul doute une révolution si on les laissait
quelques jours dans l’état où se trouvèrent
jadis les habitants de Meknès. Meknès est une
ville du Maroc, qui ne renferme qu’un puits,
lequel se trouva un jour assez desséché, par la
raison fort simple que depuis trois ans il n’était
pas tombé du ciel une goutte d’eau. Un juif des
environs, — l’histoire se passait au xvi° siècle,
__s’avisa de vendre aux habitants de la pluie à
jour lixe, toucha pour cette alléchante pro-
messe une forte somme, et s’en vint trouver un
saint marabout, nommé Aïssa, lui avouant
qu’en conciliant ce marché, il avait spéculé sur
le crédit qu’il lui supposait auprès du pro-
phète. Bref, il lui demanda un miracle.
Aïssa était bon homme; il ne promit rien,
mais s’enferma seul, pendant un jour entier,
dans la mosquée; lorsqu’il en sortit le lende-
il avait le bras cassé, et à la place où